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un campagnard bien lourd, bien bête et bien commode ; il se présente sous le déguisement de ce dernier, et prouve & Marton qu'il vaut mieux, pour elle, avoir un compagnon adroit qu'un sot, dont l'indiscrétion peut la perdre. Il la force à lui donner des regrets; enfin, ils font la paix; et, pour gage du traité, ils se marient.

MASCARADE. Troupe de personnes masquées ou dé guisées, qui vont danser et se divertir, surtout en tems de Carnaval. Ce mot vient de l'italien mascarata, et celui-ci de l'arabe mascara, qui signifie raillerie, bouffonnerie. C'est Granacci qui composa le premier, et qui fut le premier inventeur des Mascarades, où l'on représente des actions héroïques et sérieuses. Le Triomphe de PaulÉmile lui servit de sujet, et il y acquit beaucoup de réputation. Granacci avait été élève de Michel-Ange, et mourut en 1543.

MASCARADES AMOUREUSES (les), comédie en un acte, en vers libres, avec un divertissement, par Guyot de Merville, au théâtre Italien, 1736.

Clitandre, jeune homme de qualité, fils de Damon, estamoureux de Colette, jeune paysanne, qu'il a vue à Nanterre. Il s'est travesti en paysan, et a pris le nom de Lucas, pour mieux cacher sa condition. Sous ce déguisement, il ne manque pas d'occasions de voir et d'entrenir Colette, et il parvient à s'en faire aimer. Clitandre n'avait d'abord regardé ce projet de galanterie, que comme un simple amusement; mais le mérite simple et naturel de la jeune paysanne, fait une si vive impression sur son cœur, que toutes ses réflexions sur la disproportion qui se trouve entre Colette ct lui, ne servent qu'à changer son humeur gaie et Tome VI

K

badine, en une sombre mélancolie, qui altère pen-à-peu sa santé. Dorimon, son père, s'en apperçoit; allarmé pour les jours d'un fils chéri, il interroge Arlequin, son valet, et apparemment son confident, qui lui apprend le sujet de cette tristesse: ce père, aussi bon, aussi tendre, que son fils est soumis et vertueux, lui demande l'explication de ce changement. Clitandre lui avoue sa nouvelle passion, et lui yante, en même-tems, le mérite et les vertus de Colette. Dorimon, qui préfère à tout la vie de son fils, lui dit, qu'il ne s'opposera pas à ce mariage; il lui permet même d'en parler à Mathurin, père de Colette; mais comme ce paysan paraît prévenu pour son état, qu'il préfère à celui des grands et des riches, Clitandre fait trouver bon à son père, qu'il reste toujours déguisé sous le nom de Lucas, puisque ce déguisement l'a si bien servi auprès de Colette. Dorimon y consent, et fait la demande de Colette à Mathurin, pour un jeune homme de sa connaissance, dont l'établissement l'intéresse au dernier point; lui promettant même d'avoir soin de sa famille, s'il veut approuve ce mariage. Mathurin consent avec plaisir à cette union, pourvu, dit-il, qu'elle soit au gré de Collette, qu'il ne veut contraindre en aucune façon. Dorimon, voulant aussi connaître Colette et ses sentimens pour l'époux qu'on lui a proposé, a un entretien avec elle: il est charmé de son caractère, et ne balance point à donner les mains à tout ce qui peut seconder un mariage, qui doit faire le bonheur de son fils. Clitandre, toujours déguisé, arrive; Colette lui apprend le péril qui le ménace, en lui disant que Dorimon vient de la demander à Mathurin, pour un jeune homme de sa connaissance. Lucas se divertit un moment de l'embarras de sa maîtresse, et lui apprend enfin, qu'il est lui-même cet amant que Dorimon lui destine.

L'amour de Clitandre pour Colette, a fait naître le désir à Arlequin, son valet, de faire aussi quelques conquêtes à Nanterre. Il a trouvé la nièce de Mathurin, nommée Finette, fort à son gré, et en est devenu amoureux. Cette jeune paysanne est non-seulement très-portée à la coquetterie ; mais elle prétend encore épouser un gentilhomme. Nicolle, servante de Mathurin, et cousine d'Arlequin, l'a informé de ces circonstances; là-dessus Arlequin prend un fort bel habit de son maître, et, sous ce travestissement, il vient faire la demande de Finette à Mathurin. Nicolle, de son côté, fait savoir à Finette l'arrivée d'un grand seigneur qui vient pour l'épouser; Finette change d'habit, et se pare de tout ce qu'elle a de plus beau pour recevoir son époux futur. Arlequin arrive ; il a une conversation avec Finette, qui est charmée des grâces et des manières de ce seigneur ; ils sortent pour aller faire un tour de jardin. Arlequin revient seul, et demande à Mathurin sa nièce en mariage; il la lui accorde. Le Tabellion apporte le contrat de mariage de Colette et de Lucas. Après la signature, il présente à Mathurin celui de Finette et du prétendu grand seigneur. Clitandre l'arrache des mains du notaire, et fait connaître Arlequin pour son valet, et non pour le prétendu de Finette. Celle-ci, par dépit, déchire elle-même le contrat, et se retire. Dorimon survient; il apprend à Mathurin et à Colette, que le faux Lucas est son fils; enfin Mathurin est ravi d'un mariage aussi avantageux pour sa fille. Cette pièce est très-bien écrite et obtint du

succès.

MASCRÉ, avocat en parlement, a composé en 1671 la Prosarite, ou l'Ennemi de la Vertu, comédie en cinq actes, dont il ne reste que des fragmens.

MASCRIER (l'abbé), né à Caen en 1697, mort à Paris en 1760, à fait jouer en 1732 avant la Saur Ridicule, comédie de Montfleury, un prologue en vers, intitulé le Caprice et la Ressource. Nous avons de lui une description de l'Egypte et une traduction des commentaires de César. Il nous a donné en outre des éditions de Martial et des mémoires de Feuquière, etc.

MASQUE. Partie de l'équipage des acteurs de la Grèce et de Rome, dans les jeux scéniques. C'était une espèce de casque qui couvrait toute la tête, et qui, outre les traits du visage, représentait encore la barbe, les cheveux, les oreilles, et, jusqu'aux ornemens que les femmes employent dans leur coëffure; du moins c'est ce que nous apprennent tous les auteurs qui en parlent comme Festus, Pollux, Aulugelle, etc.; c'est aussi l'idée que nous en donne Phèdre, dans la fable si connue du Masque et du Renard personam tragicam fortè vulpes viderat, etc... C'est d'ailleurs un fait dont une infinité de bas-reliefs et de pierres gravées ne nous permettent point de douter. Il ne faut pas croire cependant que les Masques de théâtre aient eu tout d'un coup cette forme ; il est certain qu'ils n'y parvinrent que par degrés, et tous les auteurs s'accordent à leur donner de faibles commencemens. Ce ne fut d'abord, comme tout le monde sait, qu'en se barbouillant le visage, que les premiers acteurs se déguisèrent ; et c'est ainsi qu'étaient représentées les pièces de Thespis: quæ canerent agerentve, peruncti facibus ora. Ils s'avisèrent dans la suite de se faire des espèces de Masques avec des feuilles d'arction, plante qui était quelquefois nommée personata chez les Latins, comme on le peut voir par ce passage de Pline: Quidam Arction personatam vocant, cujus folio nullum est

con

latius ; c'est notre grande Bardane. Lorsque le poème dramatique eut toutes ses parties, la nécessité où se trouvèrent les acteurs de représenter des personnages de différens genres, de différens âges et de différens sexes, les obligea de chercher quelque moyen de changer tout-à-coup de forme et de figure; et ce fut alors qu'ils imaginèrent les Masques dont nous parlons; mais il n'est pas aisé de savoir qui en fut l'inventeur. Suidas et Athénée en font honneur au poëte Horile temporain de Thespis; Horace au contraire, en rapporte l'invention à Eschile: post hunc personæ pallæque repertor honestæ, Æschilus. Cependant Aristote, qui en devait être un peu mieux instruit, nous apprend au cinquième chapitre de sa Poétique, qu'on ignorait de son tems à qui la gloire en était due; mais, quoique l'on ignore par qui ce genre de Masque fut inventé, on nous a néanmoins conservé le nom de ceux qui en ont mis au théâtre quelque espèce particulière. Suidas, par exemple, nous apprend que ce fut le poëte Phrynicus, qui exposa le premier Masque de femme au théâtre, et Néophron de Sicyone, celui de cette espèce de domestique, que les anciens chargeaient de la conduite de leurs enfans, et d'où nous. est venu le mot de Pédagogue. D'un autre côté, Diomède assure que ce fut un Roscius-Gallus, qui, le premier, porta un Masque sur le théâtre de Rome, pour cacher le défaut de ses yeux, qui étaient bigles. Athénée nous apprend aussi qu'Eschile fut le premier qui osa faire paraître sur la scène des gens ivres dans sa pièce des Cabires; et que ce fut un acteur de Mégare, nommé Maison, qui inventa les Masques comiques de valets et de cuisiniers. Enfin, nous lisons dans Pausanias, que ce fut schile qui mit en usage les Masques hideux et effrayans dans sa pièce des Euménides; mais. qu'Euripide fut le premier qui s'avisa de représenter ces furies. avec des serpens sur leur tête. La matière de ces Masques,

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