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ISABELLE.

Que sans plus de soupirs Il conclue un hymen qui fait tous mes désirs, Et reçoive en ce lieu la foi que je lui donne De n'écouter jamais les vœux d'autre personne. (Elle fait semblant d'embrasser Sganarelle, et donne sa main à baiser à Valère.) SGANARELLE.

Hai! hai! mon petit nez, pauvre petit bouchon,
Tu-ne languiras pas longtemps; je t'en répon.
(à Valère.)

Va, chut! Vous le voyez, je ne lui fais pas dire,
Ce n'est qu'après moi seul que son âme respire.
VALÈRE.

Eh bien! madame, eh bien! c'est s'expliquer assez;
Je vois, par ce discours, de quoi vous me pressez,
Et je saurai dans peu vous ôter la présence
De celui qui vous fait si grande violence.

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Oui, vous serez contente, et dans trois jours vos yeux Oui, le trépas cent fois me semble moins à craindre Ne verront plus l'objet qui vous est odieux.

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Que cet hymen fatal où l'on veut me contraindre;
Et tout ce que je fais pour en fuir les rigueurs
Doit trouver quelque grâce auprès de mes censeurs.
Le temps presse, il fait nuit; allons, sans crainte au-
A la foi d'un amant commettre ma fortune. [cune,
SCÈNE II.

SGANARELLE, ISABELLE.

SGANARELLE, parlant à ceux qui sont dans sa maison.

Je reviens, et l'on va pour demain de ma part...
O ciel!

ISABELLE.

SGANARELLE.

C'est toi, mignonne! Où vas-tu donc si tard? Tu disais qu'en ta chambre, étant un peu lassée, Tu t'allais renfermer, lorsque je t'ai laissée;

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Pour ces sortes de gens qui changent chaque jour.
D'oublier votre sexe, et tromper l'espérance
D'un homme dont le ciel vous donnait l'alliance?
SGANARELLE.

Il le mérite bien; et j'en suis fort ravi.

ISABELLE.

Enfin de cent raisons mon dépit s'est servi
Pour lui bien reprocher des bassesses si grandes,
Et pouvoir cette nuit rejeter ses demandes :
Mais elle m'a fait voir de si pressants désirs,
A tant versé de pleurs, tant poussé de soupirs,
Tant dit qu'au désespoir je porterais son âme
Si je lui refusais ce qu'exige sa flamme,
Qu'à céder malgré moi mon cœur s'est vu réduit;
Et pour justifier cette intrigue de nuit,

Où me faisait du sang relâcher la tendresse,
J'allais faire avec moi venir coucher Lucrèce,
Dont vous me vantez tant les vertus chaque jour :
Mais vous m'avez surprise avec ce prompt retour.

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Mon honneur, qui m'est cher, y court trop de hasard; | Veut que du moins l'on tâche à lui rendre l'honneur. Adieu. Retirez-vous avant qu'il soit plus tard.

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Holà!

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Cela s'en va sans dire. Entrez dans cette porte,
Et, sans bruit, ayez l'œil que personne n'en sorte:
Vous serez pleinement contentés de vos soins;
Mais ne vous laissez point graisser la patte, au moins.

LE COMMISSAIRE.

SGANARELLE.

Comment! vous croyez donc qu'un homme de jus-
[tice...
Ce que j'en dis n'est pas pour taxer votre office.
Je vais faire venir mon frère promptement:
Faites que le flambeau m'éclaire seulement.

(à part.)

Je vais le réjouir cet homme sans colère.
Holà!

(Il frappe à la porte d'Ariste.)

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Vous tairez-vous? vous dis-je.

SGANARELLE, à Ariste.

Or çà, je vais vous dire

La fin de cette intrigue.

(Ils se retirent dans le fond du théâtre.) SCÈNE IX.

LÉONOR, SGANARELLE, ARISTE, LISETTE.

LÉONOR.

O l'étrange martyre! Que tous ces jeunes fous me paraissent fâcheux! Enfin, quoi qu'il avienne, Je me suis dérobée au bal pour l'amour d'eux.

VALÈRE.

Isabelle a ma foi ; j'ai de même la sienne,

Et ne suis point un choix, à tout examiner, Que vous soyez reçus à faire condamner. ARISTE, à Sganarelle.

Ce qu'il dit là n'est pas...

SGANARELLE.

Taisez-vous, et pour cause; (à Valère.)

Vous saurez le secret. Oui, sans dire autre chose, Nous consentons tous deux que vous soyez l'époux De celle qu'à présent on trouvera chez vous.

LE COMMISSAIRE.

C'est dans ces termes-là que la chose est conçue,

LISETTE.

Chacun d'eux près de vous veut se rendre agréable. LÉONOR.

Et moi, je n'ai rien vu de plus insupportable;

Et je préférerais le plus simple entretien
A tous les contes bleus de ces diseurs de rien.
Ils croyent que tout cède à leur perruque blonde,
Et pensent avoir dit le meilleur mot du monde,
Lorsqu'ils viennent, d'un ton de mauvais goguenard,
Vous railler sottement sur l'amour d'un vieillard;
Et moi, d'un tel vieillard je prise plus le zèle
Que tous les beaux transports d'une jeune cervelle.
Mais n'aperçois-je pas...

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