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LIVRE IV, CHAPITRE 1.

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157 ténébreuse et resplendissante, pour annoncer ses rapports avec le ciel et les enfers, ou avec l'hémisphère supérieur et inférieur; caractère distinctif de Mercure dans la théologie ancienne. Nous en donnerons des raisons plus au long dans notre, Traité des mystères, lorsque nous parlerons de la procession d'Isis rapportée par Apulée 1; nous y verrons son union avec l'Isis Egyptienne, qui avait la forme d'Io, union aussi intime que celle qui existe entre le grand chien, gardien d'Europe et astre d'Isis, et le signe du taureau, où furent placées Io et Europe; nous y verrons aussi la pompe Isiaque, décrite par Ovide2, dans laquelle Io, fille d'Inachus, est accompagnée de l'aboyeur Anubis, comme le signe céleste du taureau, dans lequel la lune a son exaltation, est toujours accompagné aux cieux du chien d'Io, ou du Mercure, qui la soustrait à Argus, au moment où elle va devenir la Déesse Isis . C'est par cette raison que, dans toutes les cérémonies en honneur d'Isis, on retrouve toujours son fidèle compagnon Anubis, ou le génie cynocéphale*, et que, dans les processions Egyptiennes, les chiens ne manquaient pas de précéder la pompe, comme Sirius précède celle des corps célestes, au mouvement desquels il était censé présider dans la théologie des Egyptiens et des Perses, comme nous l'avons déjà dit plus haut. Clément

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Apul. Métam., 1. 11.-2 Ovid. Métam., 1. 9, fab. 13, v. 19. 3 Ibid. Mét., 1. 1, fab. 18 et 19, v. 45, etc.- 4 Diod. Sic., 1. 1, p. 78; Ælius Lamprid., c. 9; Spartian in Pescenio, c. 6; in Caracalla, c. 9.

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d'Alexandrie voit, dans les chiens sacrés qui paraissaient aux processions Egyptiennes, des emblèmes du mouvement des astres dans les différens hémisphères. Le lecteur qui aura bien saisi les rapports que le chien avait avec les principaux points de la sphère, avec les lieux de l'exaltation de la lune, avec le départ de l'année, n'aura pas de peine à reconnaître comment ses aspects, ses levers et ses couchers se liaient à la marche de la fameuse Isis, soit l'année, soit la lune qui la divise en douze mois. C'est là, sans doute, l'origine du culte rendu au chien en Egypte, et cela dès la plus haute antiquité, qui lui donnait une espèce de prééminence sur les autres animaux sacrés. Il avait des temples particuliers, connus sous le nom d'Anubeia, ou de sanctuaire d'Anubis . Il était du petit nombre des animaux sacrés dont le culte était commun à toute l'Egypte. Ces animaux étaient, parmi les quadrupèdes, le chien, le boeuf et le chat, dit Strabon *. Ces deux derniers étaient consacrés à la lune, dont le boeuf Apis portait l'empreinte sur son corps, comme on l'a vu à l'article d'Apis ou du boeuf sacré des Egyptiens. Le chien était spécialement honoré chez les Hermapolitains, dont la ville tirait son nom de celui de Mercure ou du génie cynocéphale, en qui nous avons fait voir un Mercure égyptien. Ptolémée place le

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1 Clem. Alex. Strom., 1. 5, p. 567.-2 Plut. de Iside, p. 368. 3 Lucian in Tox., t. 2, p. 75. 4 Strab., 1. 18, p. 812; Juvénal, sat. 15, 8.— 5 Ibid.

nome d'Hermopolis au soixante-unième degrê quarante minutes de longitude et au vingt-huitième degré vingt-six minutes de latitude',

Nous terminerons ici ce que nous avions à dire sur Anubis, considéré comme le Dieu Mercure des Egyptiens, et honoré sous le symbole du chien, image vivante du chien céleste, paranatellon du cancer, dans lequel Mercure a son siége, dans la distribution qui fut faite des douze signes entre les Dieux. Il n'est rien dans tout cet article qui ne nous rappelle sans cesse au ciel, et qui ne vienne à l'appui de l'origine que nous avons donnée au culte idolâtrique des animaux en Egypte. Ce que nous avons dit jusqu'ici sur le boeuf, sur le lion, sur le loup et sur le chien, en est une preuve complète. Joignons ici ce que nous avions déjà dit à ce sujet, en parlant de la Déesse de Syrie ou du Dagon Phénicien et du culte du poisson oxyrinque, des serpens d'Esculape et de Sarapis, du bouc de Mendés et du bélier Hammon, des différens taureaux et des statues à forme de taureau, des coqs, des éperviers, sous le nom de Nergal et de Nesroch; de l'âne sous celui de Tartac, du chien sous celui de Nebo, dans les quinze derniers chapitres de notre troisième livre. Il ne reste donc plus aucun doute sur l'origine astrologique du culte des animaux et des images représentant des animaux, ou composées de parties d'animaux qui ont leur type

1 Ptol. Geog., l. 4, p. 121. 14, et ci-dessus, c. 17, 18.

2 Tom. 4, 1. 3, c. 7, 8, 9,

dans les constellations. Ainsi, le cygne céleste, en aspect avec la constellation des gémeaux, dont un s'appelle Apollon, et qui est elle-même le signe où ce Dieu a son siége dans la distribution des douze grands Dieux', dut être naturellement consacré à Apollon ou au Dieu qui préside au signe dont il est paranatellon, par la même raison que le chien le fut à Mercure, qui présidait au cancer dont le chien céleste est paranatellon. Aussi le cygne fut-il effectivement consacré à Phoebus ou au Dieu Apollon". Je crois cette origine plus naturelle que celle que l'on tire de ses talens pour la musique, talens que nous ne lui connaissons guère. Il est même plus vraisemblable que le préjugé ancien, sur son talent musical, vient plutôt de ce qu'il était consacré au Dieu de la musique Apollon. Car enfin si les cygnes eussent eu autrefois un chant harmonieux, ils l'auraient encore aujourd'hui.

Ce que nous avons dit du cygne s'appliquera à l'aigle, au vautour, au corbeau, en général à tous les animaux qui ont leur image parmi les constellations, et leur culte dans les temples sera une conséquence du grand principe astrologique que nous venons de développer et d'appuyer d'exemples. Il sera bon, pour les reconnaître, d'étudier les sphères anciennes et le planisphère de Kirker, où l'on trouve des animaux constellations qui ne sont pas

1 Manil. Astr., 1. 2, v. 438.—2 Ælian de Anim., l. 14, c. 13, 1. 11, c. 1.

dans la sphère des Grecs. Par exemple, on trouve le crocodile et le hibou dans le planisphère de Kirker, et l'ibis dans les sphères d'Abenezra1. Aujourd'hui on ne les retrouve plus dans nos sphères. Cette remarque n'est point à négliger.

Quant aux autres animaux qui jamais n'ont eu leur image dans les cieux, tels que le chat, le scarabée, l'ichneumon, la musaraigne, l'hippopotame, et peut-être même l'ibis et autres, qui ont été consacrés par le culte Egyptien2, on en cherchera l'origine dans l'écriture hieroglyphique. Ils en étaient les caractères, comme les animaux des constellations eux-mêmes l'avaient été originairement, lorsqu'il fut question de diviser le ciel, et d'en grouper les astres, en raison des rapports qu'ils avaient avec les phénomènes sublunaires et avec les opérations agricoles. Plutar que3, Clément d'Alexandrie dans les Stromates, Hor-Apollon dans ses deux livres sur les hiéroglyphes 5, Macrobe et d'autres auteurs ont essayé de nous donner des idées des diverses propriétés qui avaient été observées dans les habitudes et le caractère de ces animaux, sur lesquelles avait été basée leur signification hiéroglyphique. Quoique toutes leurs explications ne soient pas également satisfaisantes elles s'accordent au moins en ce point important, savoir, que ces animaux n'étaient honorés que

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1 Kirker, OEdipe, t. 2, part. 2, p. 201. 2 Strabon., 1. 17, p. 812, 813; Herod., 1. 2, c. 65, etc.3 Plut. de Isid., p. 376, 830, etc. Id. Symp. quæst. 5. 4 Clem. Alex. Str., 1. 5. 5 Hor-Apoll. Hieroglyph. 6 Macrob. Sat., 1. 1, c. 21..

TOME V.

II

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