LETTRE VIII. Euvres de Jurifprudence de M. Bouhier, LL.eft beau, Monfieur, de voir un digne Magiftrat élever un monument fuperbe à la gloire d'un autre Magiftrat; & M. Joly de Bevy s'honorer du titre d'Editeur des Œuvres de M. Bouhier. Le Portrait de l'Auteur figure bien à la tête du Recueil; & on lit avec intérêt, l'Infcription de la Buherii os infigne videns mirabere. Qui f La dédicace de cet Ouvrage, aử Roi, le rend de plus en plus impofant; & l'intérêt va toujours croiffant quand on lit l'hommage rendu à fa mémoire par le Père Oudin; c'est quelque chofe de touchant, que de voir ce fçavant ami du Préfident Bouhier, entretenir fon digne petit fils, des vertus, des études & des derniers momens de fon ayeul le début infpire le plus tendre intérêt. « Votre ayeul vous aimoit avec atendreffe, & je le dis avec d'au» tant plus d'affurance, que l'ami20 tié dont il m'honoroit, m'a mis très-fouvent à portée d'être témoin du plaifir qu'il avoit à vous voir. Je l'ai vu chercher & reconnoître avec fatisfaction, dans les traits de votre: vifage & dans votre humeur, une heureuse reffemblance, & une conformité fenfible d'inclinations avec » ceux à qui vous devez le jour. » A peine commenciez- vous à mar> cher, qu'il admiroit votre goût » pour les livres, & cette facilité avec laquelle vous lui répétiez ce » que vous aviez lu; il espéroit tout » d'une mémoire fi belle, qui, cul» tivée avec foin, vous promettoit les plus heureux progrès dans les » fciences; il penfoit avec plaifir que » vous foutiendriez un jour l'honneur "de fa Bibliothèque, connue & louée » par tant de grands hommes, & que vous en fervant avec fruit, vous l'augmenteriez encore. Chaque » jour il l'enrichiffoit de quelques » livres choifis ; & alors il répétoit » volontiers ce vers de Virgile: 1 Infere Daphni, pyros: carpent tua poma nepotes Pardon Monfieur ; ces détails: touchans me font oublier qu'il s'agit des Œuvres d'un fçavant Magiftrat. Je ne voyois plus que le bon père. Le Préfident Bouhier étoit illu d'une famille vouée à la Magiftrature depuiss 1512. Il naquit le 17 Mars 1673 Des études brillantes annoncèrent ce qu'il feroit un jour, & il lui en eft toujours refté un goût délicieux pour les Sciences, les Belles Lettres, & fur-tout là Poëfie, goût qui ne fit que s'accroître & s'éclairer dans le commerce des Duman, des Taffinot, des Petit, de des Monnoie. Cependant fa principale étude fut celle de la Jurifprudence: les autres lui fervoient de délaffement; Préfident à Mortier, à 31 ans, il foutint dès-lors. la dignité de fa place, & fe montra à la fois, digne Magiftrat, Sçavant rare, & bon père. Il faut lire dans l'éloge même du Père Oudin, tonsles détails de fa vie publique & privée: il fe maria deux fois, & n'eut point d'enfants de fon fecond mariage: i fut nommé à l'Académie le 30 Juin 1727; & c'eft à lui que Voltaire fuccéda en 1746. Il mourut le 17 Mars 1646, âgé de 73 ans; la mort fut celle d'un Philofophe Chrétien, comme : avoit été fa vie.. Le catalogue de fes ouvrages paroît immenfe; le premier volume con- tient avec des diicours académiques,, J prononcés par lui & après lui, une foule d'obfervations & de recherches fur la Coutume de Bourgogne; car c'eft à cet objet que fe rapportoient toutes fes Etudes, fi l'on en juge du moins par ce premier Volume: les autres ouvrages embraffent la Jurif prudence je vous en rendrai compte en vous annonçant les autres Volumes. Je ne puis qu'applaudir à cette belle & utile entreprise; & fais des vœux pour que les importantes fonctions de PEliteur lui permettent de la mettre bientôt à fin. Je Suis &c. LETTRE IX. Idées fur la Météorologie; par J. A. de Luc, Lecteur de la Reine de la Grande Bretagne, des Sociétés Royales de Londres & de Dublin, de l'Académie des Sciences, & Correfpondant des Académies des Sciences de Paris, de Montpellier & de Rotterdam, deux volumes in-8°. A Paris, chez la veuve Duchefne, Libraire, rue St. |