Sur certains petits vers, qu'il n'a pas approuvés; Et l'on veut assoupir la chose en sa naissance. ALCESTE. Moi, je n'aurai jamais de làche complaisance. PHILINTE. Mais il faut suivrel'ordre; allons, disposez-vous. ALCESTE. Quel accommodement veut-on faire entre nous? PHILINTE. Mais, d'un plus doux esprit... ALCESTE. Je n'en démordrai point, les vers sont execrables. PHILINTE. Vous devez faire voir des sentimens traitables. Allons, venez. De trouver bon les vers dont on se met en peine, Je soutiendrai toujours, morbleu, qu'ils sont mauvais, Et qu'un homme est pendable après les avoir faits. Où vous devez. CÉLIMÈNE. : Allez vite paroître ALCESTE. J'y vais, madame; et, sur mes pas, Je reviens en ce lieu pour vider nos débats. ACTE TROISIÈME. SCENE I. CLITANDRE, ACASTE. CLITANDRE. CHER marquis, je te vois l'ame bien satisfaite. ACASTE. Parbleu, je ne vois pas, lorsque je m'examine, A tous les beaux endroits qui méritent des ah! Je me vois dans l'estime, autant qu'on y puisse être, Fort aimé du beau sexe, et bien auprès du maître. Je crois qu'avec cela, mon cher marquis, je croi Qu'on Qu'on peut, par tout pays, être content de soi. CLITANDRE. Oui. Mais trouvant ailleurs des conquêtes faciles, Pourquoi pousser ici des soupirs inutiles ? ACASTE. Moi! parbleu, je ne suis de taille ni d'humeur, elles; Que, pour se faire honneur d'un cœur comme le mien, Ce n'est pas la raison qu'il ne leur coûte rien; Et qu'au moins, à tout mettre en de justes balances, Il faut qu'à frais communs se fassent lesavances: CLITANDRE. Tu penses donc, marquis, être fort bien ici? ACASTE. J'ai quelque lieu, marquis, de le penser ainsi. CLITANDRE. Crois-moi détache-toi de cette erreur extrême! Tu te flattes, moncher, ett'aveugles toi-même. ACASTE. Il est vrai, je me flatte, et m'aveugle en effet. CLITANDRE. Mais qui te fait juger ton bonheur si parfait? Je me flatte. ACASTE. CLITANDRE. Sur quoi fonder tes conjectures ACASTE. CLITANDRE. En as-tu des preuves qui soient sûres? Je m'aveugle. Je m'abuse, te dis-je. ACASTE. CLITANDRE. Est-ce que, de ses vœux, Célimène t'a fait quelques secrets aveux ? ACASTE. Non, je suis maltraité. CLITANDRE. Réponds-moi, je te prie. ACASTE. Je n'ai que des rebuts. CLITANDRE. Laissons la raillerie, Et me dis quel espoir on peut t'avoir donné. ACASTE. Je suis le misérable, et toi le fortuné: CLITANDRE. Oh çà, veux-tu, marquis, pour ajuster nos vœux, Que nous tombions d'accord d'une chose tous deux ? Que, qui pourra montrer une marque certaine D'avoir meilleure part au cœur de Célimène, L'autre ici fera place au vainqueur prétendu, Et le délivrera d'un rival assidu? ACASTE. Ah! parbleu, tu me plais avec un tel langage, Et, du bon de mon cœur, à cela je m'engage. Mais, chut. SCÈNE II. GÉLIMÈNE, ACASTE, CLITANDRE. CÉLIMINE, Encore ici? 1 CLITANDHE. L'amour retient nos pas. CÉLIMÈNE. Je viens d'ouïr entrer un carrosse là-bas. Savez-vous qui c'est ? De quoi s'avise-t-elle, et qui la fait venir? ACASTE. Pour prude consommée en tous lieux elle passe; Et l'ardeur de son zèle... CÉLIMÈNE. Oui, oui, franche grimace. Dans l'ame, elle est du monde; et ses soins tentent tout Pour accrocher quelqu'un, sans en venir à bout; |