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de votre Seigneur; mais Dieu honore particulièrement de grâces celui qu'il veut; or il est le maître de grandes faveurs.

100. Nous n'abrogerons aucun verset de ce livre, ni n'en ferons effacer un seul de ta mémoire sans le remplacer par un autre ; meilleur ou pareil. Ne sais-tu pas que Dieu est tout-puissant ? 1

101. Ne sais-tu pas que l'empire du ciel et de la terre appartient à Dieu, et que vous n'avez d'autre protecteur ni de défenseur que lui?

102. Voudriez-vous demander à votre prophète (à Mohammed) ce qu'on demandait à Moïse 2 autrefois. Sachez donc que celui qui échange la foi contre l'incrédulité, celui-là quitte le beau milieu du chemin.

103. Beaucoup d'entre ceux qui possèdent les Écritures désireraient vous ramener à l'infidélité après que vous avez déjà cru, (c'est par pure jalousie), et après que la vérité s'est montrée clairement à leurs yeux. Pardonnez-leur; passez outre, jusqu'à ce que Dieu fasse surgir une de ses œuvres 3.

104. Acquittez-vous avec exactitude de la prière, faites l'aumône; le bien que vous aurez fait, vous le retrouverez auprès de Dieu, qui voit vos actions.

105. Ils disent: Les juifs ou les chrétiens seuls entreront dans le paradis. Mais ce ne sont que leurs désirs. Dis-leur: Où sont vos preuves? apportez-les si vous êtes sincères.

106. Non; c'est plutôt celui qui se sera livré entièrement à

Voyez sur les abrogation dans le Koran la notice sur Mahomet, placée en tête de cette traduction.

De leur faire voir Dieu.

'Mot à mot jusqu'à ce que Dieu vienne avec son ordre ou avec son affaire, ear le mot amr, qui signifie ordre, arrêt, commandement, s'emploie tout aussi souvent dans le sens de chose, affaire, événement; la chose ou l'affaire de Dieu, c'est quelque événement marquant, un fait providentiel qui change face des choses. C'est l'acception la plus fréquente de ce mot dans le Koran, bien que dans certains passages ces deux sens se confondent, puisque tout commandement n'a lieu que d'après un ordre de Dieu.

'Le texte porte: celui qui se fera mouslim (musulman). Ce mot veut dire : résigné à la volonté de Dieu, qui s'est livré entièrement à Dieu. Nous ferons observer, en passant, que les mahométans établissent une distinction entre mouslim, musulman, et moumin, croyant. Le premier se rapporte au culte extérieur, aux pratiques religieuses établies par Mahomet; le dernier implique la foi vive et sincère. Pour citer un exemple, les Persans (les Chiites), dans leur haine centre les Turcs (Sunnites), veulent bien reconnaître qu'ils sont mouslimin (musulmans), mais ils ne sauraient leur accorder le nom de mouminin (vrais croyants).

Dieu et qui aura pratiqué le bien, qui trouvera sa récompense auprès de son Seigneur; la crainte ne l'atteindra pas, et il ne sera point affligé.

107. Les juifs disent : Les chrétiens ne s'appuient sur rien; les chrétiens, de leur côté, disent: Les juifs ne s'appuient sur rien, et cependant les uns et les autres ils lisent les Ecritures; ceux qui ne connaissent rien 1 tiennent un langage pareil. Au jour de la résurrection, Dieu prononcera entre eux sur l'objet de la dispute.

108. Qui est plus injuste que ceux qui empêchent que le nom de Dieu retentisse dans les temples, et qui travaillent à leur ruine? Ils ne devraient y entrer qu'en tremblant. L'ignominie sera leur partage dans ce monde, et un châtiment cruel leur est préparé dans l'autre.

109. A Dieu appartiennent le levant et le couchant; de quelque côté que vous vous tourniez, vous rencontrerez sa face 2. Dieu est immense et il sait tout.

110. Ils disent: Dieu a un fils. Par sa gloire, non 3; dites plutôt que : Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre lui appartient, et tout lui obéit.

111. Unique dans les cieux et sur la terre, dès qu'il a résolu quelque chose, il dit : Sois, et elle est.

112. Ceux qui ne connaissent rien disent : Pourquoi donc Dieu ne nous adresse-t-il pas au moins la parole, pourquoi un signe du ciel ne nous apparaît-il pas ? Ainsi parlaient leurs pères; leur langage et leurs cœurs se ressemblent. Nous avons fait éclater assez de signes pour ceux qui ont la foi.

113. Nous t'avons envoyé avec la vérité et nous t'avons chargé d'annoncer et d'avertir. L'on ne te demandera aucun compte de ceux qui seront précipités dans l'enfer.

114. Les juifs et les chrétiens ne t'approuveront que quand tu

'Par ces mots : ceux qui ne connaissent, ceux qui ne savent rien, Mahomet entend les Arabes idolâtres, comme n'ayant jusqu'alors reçu aucune révélation, aucun livre sacré, par opposition aux juifs et aux chrétiens, qui possédaient les Écritures.

2

Ce verset se trouve abrogé par le verset 139 du même chapitre. Le temple de la Ka'ba, à la Mecque, a été définitivement désigné comme le point vers lequel les musulmans doivent se tourner en priant.

'Toutes les fois que Mahomet cite ces paroles: Dieu a un fils, des enfants. des filles, etc., qui expriment selon lui la croyance des chrétiens et des Arabes idolâtres, il s'empresse d'ajouter sobhanahou, par sa gloire, c'est-à-dire loin de sa gloire ce blasphème.

auras embrassé leur religion. Dis-leur: La direction qui vient de Dieu est seule véritable; si tu te rendais à leurs désirs, après avoir reçu la science 1, tu ne trouverais en Dieu ni protection ni

secours.

115. Ceux à qui nous avons donné le Livre (les Écritures), et qui le lisent comme il convient de le lire, ceux-là croient en lui; mais ceux qui n'y ajoutent pas foi seront voués à la perdition.

116. O enfants d'Israël! souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblés; souvenez-vous que je vous ai élevés au-dessus de tous les humains.

117. Redoutez le jour où une âme ne satisfera point pour une autre âme, où aucun équivalent ne sera accepté d'elle, où aucune intercession ne servira à rien, où ils (les infidèles) ne seront point

secourus.

118. Lorsque Dieu éprouvait Abraham par certaines paroles, et que celui-ci eut accompli ses ordres, Dieu lui dit : Je t'établirai l'imam des peuples 2. Choisis-en aussi dans ma famille, dit

Mon alliance, reprit le Seigneur, ne comprendra

Abraham.
point les méchants.

119. Nous établîmes la maison sainte 3 pour être la retraite et l'asile des hommes, et nous dîmes : Prenez la station d'Abraham pour oratoire. Nous recommandâmes à Abraham et à Ismaël ceci : Rendez pure ma maison pour ceux qui viendront en faire le tour, pour ceux qui y viendront vaquer à la prière, faire des génuflexions et des prostrations*.

120. Alors Abraham dit à Dieu : Seigneur, accorde la sécurité à cette contrée, et la nourriture de tes fruits à ceux qui croiront en Dieu et au jour dernier. Je l'accorderai aux infidèles aussi,

'C'est-à-dire, après la révélation du Koran.

'C'est-à-dire, chef spirituel, chargé de diriger les hommes dans l'accomplissement des œuvres de dévotion, de présider aux prières, etc.

'C'est le temple de la Ka'ba (à la Mecque) dont la fondation est attribuée à Abraham, aidé par son fils Ismaël. Ce temple a subi de nombreux changements; mais on montre encore aujourd'hui l'endroit où Abraham se tenait en travaillant à la construction de la charpente du temple; cet endroit est appelé place ou station d'Abraham. Au nombre des cérémonies religieuses pratiquées pendant le pèlerinage de la Mecque, était celle de faire sept fois le tour de la Ka'ba : cette pratique s'était conservée parmi les Arabes idolâtres. Mahomet l'a conservée comme une cérémonie religieuse datant de l'époque de l'établissement du culte unitaire par Abraham.

'Par les mots: vaquer à la prière, il faut entendre ici un acte déterminé de dévotion qui consiste à se tenir assis ou à genoux dans une mosquée pendant des heures ou même des journées entières. Cela s'appelle itikaf.

mais ils n'en jouiront qu'un espace de temps borne; ensuite je les refoulerai vers le châtiment du feu. Quelle affreuse route que la leur !

121. Lorsque Abraham et Ismaël eurent élevé les fondements de la maison, ils s'écrierent: Agree-la, ô notre Seigneur, car tu entends et connais tout.

122. Fais, ô notre Seigneur, que nous soyons résignés à ta volonté (musulmans), que notre postérite soit un peuple résigné à ta volonté (musulman) 1; enseigne-nous les rites sacrés, et dàigne jeter tes regards sur nous, car tu aimes à agréer la pénitence et tu es miséricordieux.

123. Suscite au milieu d'eux un envoyé pris parmi eux, afin qu'il leur lise le récit de tes miracles 2, leur enseigne le Livre 3 et la sagesse, et qu'il les rende purs.

124. Et qui aura de l'aversion pour la religion d'Abraham, si ce n'est celui qui se ravale sottement soi-même ? Nous l'avons élu dans ce monde, et il sera dans l'autre au nombre des justes.

125. Lorsque Dieu dit à Abraham : Abandonne-toi à moi, il répondit Je m'abandonne au Dieu maître de l'univers.

126. Abraham recommanda cette croyance à ses enfants, et Jacob en fit autant; il leur dit : O mes enfants! Dieu vous a choisi une religion, ne mourez pas que vous ne soyez musulmans (résignés à Dieu).

127. Etiez-vous présents lorsque Jacob fut près de mourir et lorsqu'il demanda à ses enfants : Qu'adorerez-vous après ma mort? Ils répondirent: Nous adorerons ton Dieu, le Dieu de tes pères, Abraham, Ismaël et Isaac, le Dieu unique, et nous nous livrons à lui (nous sommes musulmans).

128. Cette génération a passé, elle a emporté avec elle le prix de ses œuvres; vous recevrez aussi celui des vôtres, et on ne vous demandera point compte de ce que d'autres ont fait.

129. On vous dit: Soyez juifs ou chrétiens, et vous serez sur

* Voy, ci-dessus la note du verset 109. Mahomet, en mettant dans la bouche d'Abraham le mot mouslim (musulman), qui îîttéralement veut dire livré à Dien, résigné à la volonté de Dieu, veut rattacher sa religion au culte primitif, au culte d'Abraham. C'est en même temps la religion naturelle de l'homme, selon lui. La tradition attribue à Mahomet ces paroles : « Tout homme nait musulman; ce sont ses parents qui le rendent juif, chrétien ou mage (adorateur

*Mod & mot, qui leur lise tes signes. Le mot signe étant applicable aux versets * hre Ana, en pent hi adjoindre le mot hire.

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le bon chemin. Répondez-leur : Nous sommes plutôt de la religion d'Abraham, vrai croyant, et qui n'était point du nombre des idolåtres.

130. Dites

Nous croyons en Dieu et à ce qui a été envoyé d'en haut à nous, à Abraham et à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux douze tribus; nous croyons aux livres qui ont été donnés à Moïse et à Jésus, aux livres accordés aux prophètes par le Seigneur; nous ne mettons point de différence entre eux, et nous nous abandonnons à Dieu.

131. S'ils (les juifs et les chrétiens) adoptent votre croyance, ils sont dans le chemin droit; s'ils s'en éloignent, ils font une scission avec nous; mais Dieu vous suffit, il entend et sait tout. 132. C'est là le baptême de Dieu; et qui peut mieux donner le baptême que Dieu 1? C'est lui que nous adorons.

133. Dis-leur: Disputerez-vous avec nous au sujet de ce Dieu qui est notre Seigneur et le vôtre? Nous avons nos actions, et vous avez les vôtres. Nous sommes sincères envers Dieu.

134. Direz-vous qu'Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les douze tribus, étaient juifs ou chrétiens? Dis-leur : Qui donc est plus savant, de Dieu ou de vous? Et qui est plus coupable que celui qui cache le témoignage dont Dieu l'a fait le dépositaire? Mais Dieu n'est point inattentif à ce que vous faites.

135. Ces générations ont disparu. Elles ont emporté le prix de leurs œuvres, de même que vous emporterez celui des vôtres. On ne vous demandera point compte de ce qu'elles ont fait.

136. Les insensés parmi les hommes demanderont : Qu'est-ce qui les a détournés de leur Kebla 2, de celle qu'ils avaient d'abord adoptée ? Réponds-leur : L'Orient et l'Occident appartiennent au Seigneur; il conduit ceux qu'il veut dans le droit chemin.

137. C'est ainsi que nous avons fait de vous, ô Arahes! une

'Par baptême, les commentateurs entendent la religion que Dieu établit pour les hommes en les créant, et dont les marques subsistent dans l'homme, de même que les traces de l'eau sur les vêtements du baptisé. Cette interprétation est loin d'être satisfaisante. Mahomet n'a-t-il pas plutôt employé ce mot en vue des chrétiens, pour dire que c'est sa religion qui était une vraie renaissance qu'ils devaient adopter? Nous ferons observer, en passant, que le mot dont se sert ic Mahomet, sebgha, signifie littéralement la même chose que baptême, proprement: immersion; mais que les chrétiens se servent aujourd'hui du mot ta'mid (confirmation).

2 Dans ce verset Mahomet fait allusion aux non musulmans qui, en voyant les musulmans se tourner tantôt d'un côté du ciel, tantôt de l'autre en faisant la prière, ne pouvaient pas s'expliquer ce changement.

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