Images de page
PDF
ePub

cherent de s'échauffer & de s'enflammer.Mais comme elles avoient été ferrées fort humides, & qu'el les n'avoient pû s'échauffer affez pour refuer & perdre leur humidité, elles s'étoient moifies; de forte que les épis étoient couverts d'une fleur blanche. Dans le vuide pratiqué au milieu du meulon on avoit mis fur le plancher de la Grange, & feulement pour effayer, une longue rangée de fagots, confiftant en trois fagots mis les uns fur les autres. Mais les fagots étant petits, & fait d'un bois trop droit, ne laiffoient que très-peu de paffage à l'air; au lieu que s'ils euffent été faits d'un bois plus tortu, l'air auroit pû y paffer plus librement. Le fuccès de cette premiere tentative, fut que les épis les plus proches des fagots s'étoient colés ensemble, & que le grain y avoit germé: Au lieu que ceux qui étoient aux environs des berceaux étoient plus fecs & meilleurs ; ce qui à la verité ne s'éten doit pas fort loin.

162. J'ai rapporté ici le fuccès de cette expérience avec les berceaux, afin qu'un Fermier intelligent puiffe juger par-là du degré de fervice qu'il pourroit en retirer pou pour les meulons, ou tas de gerbes de différentes groffeurs, & qui feroient plus ou moins humides Car felon la variété de ces circonftances, ils feront plus ou moins utiles, ou même nuifibles. En effet il eft néceffaire que le meulon s'échauffe à un certain degré, pour que l'hamidité fe diffipe. On ne fçauroit conclure de cette expérience, que les berceaux ne peuvent être bons dans aucun cas; parce que l'orge pour lequel ils ont été employés, étoit fi fort mouillé, que fans leur fecours le meulon auroit non-feulement couru rifque de s'échauffer, mais que même le feu auroit pu s'y mettre. Il eft certain que ces berceaux partagent un grand meulon, en quatre meulons plus petits. Ils feront donc utiles par cette raison, lorfque les gerbes qu'on entaffera, fe

ront trop humides, pour être ran. gées dans un feul grand meulon & qu'elles pourront l'être fans inconvenient en petites meules; outre qu'ils contribueront à fécher de plus en plus le grain, qui commençoit déja à être fec, lorfqu'on l'a ferré dans la Grange.

163. J'ai éprouvé qu'on pouvoit fécher la poudre à Canon qui étoit humide, en y foufflant de l'air felon la méthode ci- deffus auffi-bien qu'elle fe defféche dans les Etuves dangéreufes des Poudriers. Car ayant vû que l'air chaffé par un foufflet ordinaire, paffoit très-librement à travers l'épaiffeur de feize pouces de poudre à Canon, de maniere qu'il faifoit foulever un morceau de papier que j'avois mis deffus; j'en donnai avis à M. Norman, Propriétaire du Moulin à poudre de Moulfey près de Hampton - court. M. Norman m'envoya fon premier garçon, avec douze livres de poudre humide, que nous mimes dans une

boëte, à la hauteur de fept pou ces, fur une toile claire, qui étoit foutenue par un lacis de ficelle, à un pouce & demi du fond de la boëte.

164. Le 20 Janvier V. S. ayant adapté vis-à-vis l'un de l'autre les tuyaux de deux foufflets ordinaires, dans des trous faits à la boëte au-deffous de la toile, nous pouffames l'air avec force à travers la poudre à Canon, & nous pefâmes la boëte toutes les deux heures, pour voir de temps en temps de combien elle diminuoit de poids. Au bout de vingt-quatre heures de fouffle elle fe trouva diminuée d'une livre fix onces, par l'évaporation de l'humidité, & la diffipation de la pouffiere & de quelques grains de poudre. Six livres de la même poudre, fechées dans l'Etuve du Moulin, ne diminua que de cinq onces & demie;ce qui caufa cette diminution, qui étoit environ la moitié plus grande par l'opération des foufflets, venoit

done de la pouffiere & de quelques grains de poudre, que le vent avoit entraîné. Mais on pourra éviter cette perte, au moyen des grandes chambres qu'on deftinera pour y fécher la poudre.

165. La poudre ainfi expofée au vent des foufflets, étoit fi bien féchée, qu'on la trouva auffi forte à l'épreuve, qu'aucune portion de la même poudre nouvellement defféchée au feu, autant qu'elle pouvoit l'être.

166. Le 30 Mars fuivant V. S. par un temps fort fec, & un vent d'Eft, je repetai la même expérience, fur douze livres de poudre à Canon humide, que m'envoya M. Underhill, de fon Moulin à poudre de Hounflow - Heath: Je la mis dans une hoëte, qui étoit fi grande, qu'elle n'y occupoit que la hauteur de deux pouces & demi. Après qu'elle eût été éventée pendant deux heures, je la trouvai diminuée de près de deux

« PrécédentContinuer »