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CONTRE-VÉRITÉ, plur. des contre-vérités. La contre-vérité a beaucoup de rapport avec l'ironie. Amende honorable, par exemple, est une contre-vérité, une vérité prise dans un sens opposé à celui de son énonciation; car, au lieu d'être honorable, elle est infamante, déshonorante.

CoQ-A-L'ANE, plur. des coq-à-l'âne des discours qui n'ont point de suite, de liaison, qui ne s'accordent point avec le sujet dont on parle. Faire un coq-à-l'áne, c'est passer d'une chose à une autre tout opposée, comme du coq à un

áne.

COUPE-GORGE (203), plur. des coupe-gorge : des lieux où on coupe la gorge.

COURTE-POINTE, plur. des courtes-pointes : ce substantif composé est une altération de contre-points, espèce de couverture où les pointes ou points sont piqués les uns contre les autres; couverture contre-pointée. La préposition contre étant changée en l'adjectif courte, les deux mots qui forment le substantif composé doivent prendre alors le s au pluriel. COUVRE-CHEF, plur. des couvre-chef: des coiffures propres à couvrir le chef ou la téte.

COUVRE-FEU, plur. des couvre-feu des ustensiles qui servent à couvrir le feu,

Voyez, pag. 182, pourquoi il faut écrire, même au singulier, couvrepieds avec un s.

CRÈVE-COEUR, plur. des crève-cœur des déplaisirs qui crèvent, qui fendent le cœur.

CUL DE JATTE, plur. des culs de jatte. Ici la partie est

(03) COUPE-JARRET: on écrit de même des coupe-jarret, des coupepáte, des coupe-tête. L'Académie écrit néanmoins des coupe-jarrets. Mais jarret est ici employé dans un sens vague, indéfini, dans un sens général; et certainement, quand on dit coupe-jarret, il ne s'agit pas du nombre des jarrets; autrement, un seul quelquefois feroit, en ce genre, plus d'ouvrage que quatre.

prise pour le tout ce sont des hommes nommés culs de jatte, à cause de la jatte sur laquelle ils se traînent.

Voyez, pag. 182, pourquoi il faut écrire, même au singulier, dents, Cure-oreilles avec un s.

Cure

CRIC-CRAC, plur. des cric-crac: c'est, dit M. Lemare, une onomatopée, c'est-à-dire un mot dont le son est imitatif de la chose qu'il signifie. TRICTRAC est ainsi formé, mais tric et trac étant sans tiret, on écrit, au pluriel des trictracs.

CROC-EN-JAMBES, plur. des crocs-en-jambes: plusieurs crocs que l'on forme en mettant son pied entre les jambes de quelqu'un pour le faire tomber.

DAME-JEANNE, plur. des dames-jeannes.- Voy. le substantif composé Pont-neuf.

Eau-de-vie, plur, des eaux-de-vie. On dit diverses eauxde-vie.

Voyez, pag. 183, pourquoi il faut écrire, même au singulier, entr'actes, entre-côtes, et essuie-mains avec un s.

FESSE-MATHIEU, plur. des fesse-Mathieu. Ce substantif composé est une altération de il fait St. Mathieu ; c'est-à-dire il fait comme St. Mathieu, qui, dit-on, avant sa conversion, étoit usurier. C'est par analogie avec cette expression qu'on appelle des fesse-cahiers, des copistes qui font bien vite, et le plus au large qu'ils peuvent, les cahiers, les rôles dont on les a chargés.

FIER-A-BRAS, plur. des fier-à-bras. Ce mot composé est une altération de fiert-à-bras, c'est-à-dire qui frappe à tour de bras.- Fier vient du latin ferit, il frappe. Nous avons re= tenu, dans la locution sans-coup-férir, l'infinitif de ce verbe.

FOUILLE-AU-POT, plur. des fouille-au-pot : des hommes, des marmitons dont la fonction est de fouiller, de visiter

le pot.

GAGNE-DENIER, plur. des gagne-denier: tous ceux qui gagnent leur vie par le travail de leur corps, sans savoir de métier. Il n'y a pas plus de raison, dit M. Lemare, pour écrire un gagne-denier que des gagne-denier; car, s'il s'agissoit du

nombre plutôt que de l'espèce, un seul homme pourroit être appelé gagne-denier, ou gagne-deniers. Ainsi, quelque opinion que l'on adopte, le singulier et le pluriel doivent avoir la même orthographe.

GAGNE-PAIN, plur. des gagne-pain: des outils avec les quels on gagne son pain.

GAGNE-PETIT, plur. des gagne-petit des remouleurs qui gagnent pcu, qui se contentent d'un petit gain.

GARDE-CÔTE (204), des gardes-côtes : des gardiens des côtes. GARDE-FEU, plur. des garde-feu: des grilles qui gardent, qui garantissent du feu.

Voyez, pag. 183, pourquoi l'on doit écrire, même au singulier, garde-fous avec un s.

GARDE-NOTE, plur. des garde-note: des personnes qui gardent note. On dit prendre note, tenir note; de même on doit dire garder note, d'où garde-note.

GATE-MÉTIER, plur. des gáte-métier des hommes qui gátent le métier, en donnant leur marchandise ou leur peine trop bon marché.

à

Voyez, pag. 183, pourquoi l'on doit écrire, même au singulier, gobemouches avec un s.

GRIPPE-SOU, plur. des grippe-sou: des gens d'affaires qui, moyennant le sou pour livre, c'est-à-dire une très-légère remise, reçoivent les rentes. C'est dans le même sens que l'on écrira des pince-maille. Maille, dit l'Académie, étoit une monnoie au-dessous du denier: Trois sous, deux deniers et maille. Il n'a ni sou ni maille. Des pince-maille sont des personnes qui pincent, qui ne négligent pas une maille. Ainsi les pince-maille sont de deux ou trois degrés plus ladres, plus avides que les grippe-sou.

(204) Observation. Si garde, en composition, se dit d'une personne, il a alors le sens de gardien, substantif qui doit prendre le s au pluriel : des gardes-champêtres, des gardes-marines, des gardes-magasins, des gardesmanteaux, etc.; mais si garde se dit d'une chose, ou se rapporte àune chose, alors il est verbe, et par conséquent invariable : des garde-vue, des gardemanger, des garde-robes, etc., etc.

:

HAUSSE-COL, plur. des hausse-col des plaques que les officiers d'infanterie portent au-dessous du cou, ainsi que le dit l'Académie, et non pas au-dessous des cous

HAUT-LE-CORPS, plur. des hauts-le-corps: les sauts, les premiers mouvements d'un homme à qui on fait des propositions qui le révoltent.

HAUTE-CONTRE, plur. des hautes-contre des parties de musique, des voix qui sont opposées, qui sont contre une autre sorte de voix.

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HAUTE-FUTAIE, plur. des hautes-futaies des bois, des futaies élevées, hautes.

HAVRE-SAC, plur. des havre-sacs : ce mot, dit Ménage, est entièrement allemand. Habersack signifie littéralement dans cette langue sac à avoine, du mot sack, sac, et haber, avoine. Sac est donc le seul mot qui doive prendre le pluriel.

HORS-D'OEUVRE, plur. des hors-d'œuvre : certains petits plats qu'on sert avec les potages et avant les entrées; avant que les convives se mettent à l'œuvre.

MOUILLE-BOUCHE, plur. des mouille-bouche des poires qui mouillent la bouche.

PASSE-DROIT, plur. des passe-droit: des graces qui passent le droit, des graces que l'on accorde à quelqu'un contre le droit. PASSE-PAROLE, plur. des passe paroles: des commande = ments, des paroles que l'on donne à la tête d'une armée, et qui, de bouche en bouche, passent à la queue.

PASSE-PARTOUT, plur. des passe-partout des clefs qui passent partout, qui ouvrent toutes les portes. L'Aca= démie écrit aussi des passe-partout.

PASSE-PASSE, plur. des passe-passe. Voyez le mot PIQUE=

NIQUE.

PASSE-PORT, plur. des passe-port: qu'il y ait un ou plu sieurs passe-port, dit M. Lemare, ce sont toujours des papiers pour passer le port, ou son chemin.

Perce-neige, PEACE-PIERRE, plur. des perce-neige: de petites plantes qui percent la neige, la pierre, qui croissent à tra. vers la neige, la pierre.

PIED-A-TERRE, plur. des pied-à-terre: des lieux, des lo= gements où l'on met seulement le pied-à-terre, où l'on ne vient qu'en passant.

PIED-PLAT, plur. des pieds-plats: on appelle, dit l'Aca démie, un pied-plat, un homme qui, par son état et par sa conduite, ne mérite que le mépris. Il paroit, selon M. Boniface, que cette locution s'est introduite dans le temps que les hommes de basse naissance portoient des souliers plats, et que les talons hauts étoient la marque distinctive de la

noblesse.

PIQUE-NIQUE, plur. des pique-nique : des repas où ceux qui piquent, qui mangent, font signe de la tête qu'ils paieront.

Les Allemands, dit M. Lemare, ont aussi leur picknick, qui a le même sens que le nôtre. Pichen signifie piquer, becqueter; et nicken signifie faire signe de latéte. — Piquenique est donc, comme passe-passe, un composé de deux verbes; il est dans l'analogie de cette phrase, qui touche, mouille.

PLAIN-CHANT, plur. des plains-chants: des chants plains, unis, simples, ordinaires de l'église.

PONT-NEUF, plur. des ponts-neufs : un pont-neuf est un nom que l'on donne à de mauvaises chansons, telles que celles qui se chantoient sur le Pont-neuf, à Paris. On écrit des ponts-neufs, d'après une figure de mots par laquelle on prend la partie pour le tout. Le fondement de cette figure est un rapport de connexion; l'idée d'une partie saillante d'un tout réveille facilement celle de ce tout. Dans le substantif composé pont-neuf, la partie saillante est un pont-neuf; mais comme l'idée de chanson prédomine toujours, on a dit un pont-neuf, et au pluriel des ponts-neufs, parce que le substantif composé pont-neuf, remplaçant le mot chanson, est susceptible comme lui de prendre la marque du pluriel.

C'est par la même figure que l'on dit cent voiles, pour cent vaisseaux; cent feux pour cent ménages; voilà de beaux loutres, pour signifier de beaux chapeaux faits avec le poil de la loutre; des rouges-gorges, pour des oiseaux qui

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