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Après les roubles, Claude Mo

sa place

de Dijon.

les ligueurs; il fut, en un mot, pour les hommes de bon vouloir, un auxiliaire prêt toujours à tout, un ferme et insurmontable rempart.

Le bon droit à la fin avait prévalu; la paix fut conhet reprend clue, et le parlement réintégré à Dijon, dans l'antique an barreau palais de ses séances. Claude Mochet alors, se hâtant d'échanger la pique et le corselet contre sa robe d'avocat, contre son chaperon, portés par lui autrefois avec tant d'honneur, retrouvés aujourd'hui avec tant de joie, était revenu, oublieux des hasards passés, reprendre sa place au barreau, debout toujours au pied de ces bancs fleurdelisés où siégeaient ses parents, ses amis, où il n'eût tenu qu'à lui de s'asseoir au milieu d'eux. Les états de Bourgogne, alors, l'ayant tout d'une voix nommé leur Conseil', pour son humble cœur c'en était assez; encore le verrons-nous se substituer plus tard, dans cette mission de confiance et d'honneur, Bénigne Bossuet, devenu en 1618 l'époux de sa fille.

Il est député, en 4614, par le tiers

bailliage de

Député en 1614 par le tiers état du bailliage de Diétat du jon aux états généraux du royaume, Claude Mochet, Dijon, parmi tant d'hommes éminents l'élite de la France, se anxas devait signaler par sa fermeté, par ses lumières, par son esprit résolu, mais conciliant tout ensemble. Plu

états généraux de France.

beau-père de Bénigne Bossuet; et la qualification de seigneur d'Azu, sans parler de plusieurs autres particularités, le fait toujours aisément reconnaitre. (Journal ms, du conseiller Brenot. Bibliothèque de Dijon.)

On appelait Conseils des états de Bourgogne des avocats attachés au corps des états (représenté par les élus), pour y donner leurs avis et pour y porter leurs remarques. Ils étaient au nombre de trois, et une somme de 200 liv. était allouée annuellement à chacun d'eux. (Une province sous Louis XIV, situation politique et administrative de la Bourgogne, de 1661 à 1715, par Alexandre Thomas; Paris, 1844, in-8°, p. 17, note, et 201.)

sieurs fois, et avec distinction toujours, il avait présidé la Chambre du tiers état. Ses compatriotes le voyant revenir parmi eux avec des marques d'honneur, dont le garde des sceaux Brûlart de Sillery, à qui il avait naguère sauvé la vie, sollicita spontanément pour lui et obtint le brevet, la province tout entière devait applaudir avec transport à des témoignages d'estime si bien mérités 2.

En 1595 seulement, Dijon, aveugle, rebelle si longtemps, ayant pu enfin se reconnaître, et les membres du parlement royaliste rentrant dans cette ville après un si long exil, de si héroïques efforts, de si généreux sacrifices, quel accueil fit Henri IV à des sujets si éprouvés et si fidèles! Tout le parlement, naguère désuni et fractionné, allant au complet reprendre ses séances et rendre la justice au nom du roi, le monarque déclara vouloir que ceux de cette cour qui, pour leurs souverains, pour le devoir, avaient tant fait, tant sacrifié, tant souffert rentrassent les premiers dans le palais, et tinssent, eux seuls, une solennelle audience d'ouverture, où ne pourraient siéger ceux qui naguère, déloyaux, égarés ou faibles, avaient été en Bourgogne les fauteurs, les auxiliaires, les instruments de la révolte. Et comme ces derniers, pleins de confusion, demandaient avec instance qu'on leur épargnât une humiliation si flétrissante: « Non (leur avait ré

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Ordre observé en la convocation et assemblée des estats généraux de France tenuz en la ville de Paris, en l'année 1614, etc., par Henri Greslin; Paris, chez Abr. Saugrain, in-8o de 56 pages. Recueil très-exact de tout ce qui s'est fait et passé de singulier et mémorable en l'assemblée générale des états tenue à Paris en l'année 1614, par Florimont Rapine, seigneur de Foucherainne; Paris, 1651, in-4°, p. 194, 201, 212.

2 De claris fori Burgundici oratoribus, dialogus, authore Carolo Fevreto, j.-c. (déjà cité).

Conduite des

magistrats Parlement de

fidèles du

Dijon, après les troubles.

pondu le monarque, indigné d'avoir été méconnu par eux si longtemps), non, je veux que ceux de Semur rentrent devant vous, en signe de leurs services; je le veux; ils ont suivy ma fortune, ils se feussent perdus avec moy, et vous m'eussiez aydé à ruyner ; je le veux 2. » Mais les Frémyot, les Bretagne, les Bossuet, non moins généreux aujourd'hui que naguère ils avaient été fidèles, ouvrant leurs bras à leurs confrères humiliés, Henri IV, attendri, les devait voir ce jour même se présenter tous ensemble à son audience, confondus, unis, en bon accord, comme s'ils ne se fussent séparés jamais, prêts tous à servir à l'envi le pays et un roi que nul n'avait pu connaître sans se vouer à lui sans réserve 3.

Claude Bretagne, premier du nom (bisaïeul de Jacques-Bénigne Bossuet), Jacques Bossuet, son aïeul, Antoine Bretagne, son grand-oncle, les conseillers Fyot, Ocquidem, Robelin, Baillet de Vaugrenant (sans parler des autres), pleins de ces généreux sentiments, avaient Claude Bre- su les inspirer à tous. Claude Bretagne devait mourir bean-père de en 1604, dans sa quatre-vingt-deuxième année, honoré des regrets de toute la province. Le commissaire aux août 1604, requêtes, Antoine, son fils, devenu, en mars 1597, conseiller en titre au parlement de Dijon, y devait siéger

tagne,

Jacques Bossuet • meurt le 16

âgé de 82 ans.

1 Devant, pour avant.

2 Journal ms. de ce qui s'est passé au parlement [ ligueur] de Bourgogne, pendant la ligue, par le conseiller Brenot. (Bibliothèque de Dijon, p. 128-129.)

3 La ligue en Bourgogne, ms, de la bibliothèque de Dijon, in-fol., no 444. 4 Claude Bretagne, 1er du nom, né le 27 nov. 1525, reçu conseiller le 19 juin 1555, mourut le 16 août 1604. ( Le Parlement de Bourgongne, par P. Palliot; Dijon, 1649, in-sol., p. 212-213.) Dans son épitaphe, on remarquait ces paroles : « In ea scilicet tempora natus, ut Respublica hoc sospite adversus perduelles sospes fuerit. » Ibid.

jusqu'en 1633, époque où nous verrons ses services signalés recevoir une éclatante récompense'.

Jacques seiller

est élu

vicomte

maïeur de Dijon. (1612-1615.)

Jacques Bossuet, qui, d'abord commissaire aux requêtes Bossuet, conainsi que son beau-frère, était aussi, en 1597, devenu honoraire, conseiller titulaire 2, après qu'il eut, pendant quinze années encore, siégé sur les fleurs de lis, venait en 1612 de se démettre, n'aspirant plus qu'au repos3. Mais la ville de Dijon, dans laquelle toujours il avait été en grande estime, l'ayant voulu avoir pour vicomte maïeur (maire), élu tout d'une voix à cette charge, la première de la cité, tout d'une voix encore il y devait être continué l'année d'après; et, pour dire le bien que dans ces fonctions nouvelles il fit au pays, seraient nécessaires ici de longs détails, auxquels nous n'avons pu donner place dans cette histoire".

A Jacques Bossuet Dieu avait donné deux fils dignes de lui: Claude (l'aîné), reçu conseiller dès 1610, magistrat des plus instruits, des plus capables, et que bientôt nous ferons mieux connaître. Mais Bénigne, son puîné, le père du grand Bossuet, l'un de ces heureux pères qui (comme un ancien l'a dit si bien) doivent l'immortalité à la vertu de leurs enfants, devra, par cette raison si décisive, être ici mentionné le premier. Après avoir été à Paris en 1612 et 1613 avocat postulant au grand conseil, revenu à Dijon chez le conseiller

Le Parlement de Bourgongne, par P. Palliot; Dijon, 1649, in-fol.,

P. 65.

2 Le Parlement de Bourgongne, par P. Pulliot, p. 239.

3 Idem, ibid.

4 Registres de l'hôtel de ville de Dijon, 20, 22, 24, 25 juin, 4 décemb 1612, 16 juin 1613 et jours suivants, 13 et 15 juin 1614 et jours suiv. 5 Registres de l'hôtel de ville de Dijon, 1612-1613-1614.

6 Le Parlement de Bourgongne, par P.Palliot, p. 279.

Seneca, de Beneficiis, lib. III, cap. 32.

8 Registres de l'hôtel de ville de Dijon, 7 mai 1613,

Bénigne Bossuet, avocat au

grand-conau parlement gogne, élu de Dijon. lui confe

seil, puis

de Bour

échevin

Mission que

cette ville.

Jacques, son père, vicomte maïeur de cette ville, Bénigne, en février 1618, avait épousé Marguerite MOCHet', fille de cet insigne avocat, de ce brave homme de guerre, de ce digne député aux états généraux de France, que Charles Fevret, son contemporain, nous a si bien fait connaître 2. Bénigne Bossuet, inscrit parmi les avocats au parlement de Bourgogne, y devait dans son beaupère trouver tout ensemble un ami, un protecteur et un modèle. Instruit, capable, actif, d'une droiture à laquelle tous rendaient hommage, la ville de Dijon l'avait, en 1624, puis en 1625, de nouveau, nommé échevin tout d'une voix; et cette ville, bientôt, se voyant contrainte de défendre avec énergie, dans Paris, ses anciens priviléges, contre les empiétements du parlement de Bourgogne, à l'illustre Charles Fevret, à Bénigne Bossuet, avec lui, devait être donnée charge d'aller suivre au conseil cette importante affaire; et si, pour Charles Fevret, dont les savantes productions seront à jamais en honneur, son nom, lui seul, est une louange, que ne devrons-nous pas penser aussi de Bénigne Bossuet, qu'on lui avait voulu adjoindre en une si grave conjoncture, et qui à Paris d'ailleurs prit lui seul tout le soin de ce procès? Voir chaque jour le chancelier, les membres du conseil, voyager à la suite de

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En l'église Saint-Jean de Dijon, le mariage entre Bénigne Bossuet, advocat en parlement, fils de M. Me Jacques Bossuet, conseiller audit parlement, et de damoiselle Claude Bretaigne (paroissien de Saint-Jean }, d'une part; et damoiselle Marguerite Mouchet (sic), fille de noble Claude Mouchet, advocat audit parlement, et de damoiselle Anne Humbert, paroissiens de Saint-Michel, d'aultre, a esté faict le dimanche 25o febvrier 1618. Magnien, curé de Saint-Jean. » (Registres de l'église de SaintJean de Dijon.)

2 De claris fori Burgundici oratoribus, auctore Carolo Fevreto, déjà

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