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1212.

pose au prin

Auguste, la

Leurs sujets, catholiques et hérétiques, las d'une guerre, la plus dévastatrice qu'il y ait jamais eu, s'accoutumèrent à se souffrir. Philippe-Auguste, quand cette espèce de ligue commença à se dissoudre, envoya Louis, son fils avec des troupes et l'appareil imposant de la souveraineté. Il appela auprès de lui les grands, peu accoutumés à la soumision. Il les obligea de rendre hommage, et de prêter serment de fidélité au roi son père, Raimond, comte de Toulouse, recouvra une partie de ses états. Simon, comte de Montfort, fut décoré du titre de saint, parce qu'il étoit mort les armes à la main contre les hérétiques; et Philippe gagna à cette guerre, dont il se mêla peu, de faire respecter les droits de sa couronne, dans des pays qui les méconnoissoient depuis Charlemagne. Cependant il resta dans ces contrées un levain d'insubordination toujours prêt à fermenter.

Jein-sans- Terre, taché du sang Le pare pro d'Artur, son neveu, couvert de l'opce Louis, fils probre d'une conduite licentiense qui de Philippe-le rendoit méprisable, joignoit à ces griefs des violences contre le clergé. d'Angleterre. Ce dernier crime lui attira d'abord des pape Innocent III lui fit parvenir par des légats qu'il lui

Couronne

121213.

remontrances que
le

envoya, ensuite des injonctions de ren-1212-13. dre au clergé les biens qu'il lui avoit enlevés; enfin l'excommunication et la déchéance du trône. Cette déchéance se marquoit par l'exhortation aux sujets, de renoncer à leur serment de fidélité. On ne sait si c'est dans cette occasion que joignant l'ironie à la cruauté, Jean, ne voulant pas, dit-il, souiller ses mains du sang d'un prélat, fit revêtir l'archevêque de Cantorbéry d'une tunique de plomb dans laquelle il mourut.

1

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abandonné

du

pape.

1213.

Après la promulgation de la sentence Le prince d'excommunication, qui commença mettre du trouble dans l'Angleterre, les légats passent en France, et proposent la couronne au prince Louis fils de Philippe-Auguste, et neveu du monarque anglais, comme ayant épousé Blanche de Castille, fille d'Eléonore sœur de Jean. Le roi acquiescant au desir de son fils, et croyant l'occasion favorable, sans s'amuser à attaquer le roi d'Angleterre dans ses terres du continent se prépare à porter la guerre dans son île. Neuf cents embarcations sont rassemblées à l'embouchure de la Seine, chargées de troupes prêtes à partir. Jean, pour détourner l'invasion, a recours à la même puissance qu'il avoit provoquée; il offre au pape de

213.

FRANCE. se constituer vassal et tributaire du saint-siége, de reconnoître qu'il tient du souverain pontife sa couronne, et de lui- payer tous les ans mille marcs sterlings à la St.-Michel. A ces conditions, Jean devient le fils dévot de l'église, un prince modeste, un roi très-bénin, et par la même bulle qui lui donne ces titres, le pape défend à Louis d'attaquer le fief de l'église. Philippe suspend ses préparatifs qui lui avoient coûté beaucoup d'argent; mais, afin de n'en pas perdre tout le fruit. il tourna ses armes contre Ferrand, comte de Flandres, dont il envoya ravager les côtes par sa flotte, et qu'il attaqua par terre en personne.

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Ferrand étoit fils de Sanche 1, roi de Portugal, et arrière-petit-fils de ce Henri, cadet de Bourgogne, que nous avons vu s'établir en Portugal, au temps de la première croisade. Il devoit son comté à la protection du roi de France qui avoit favorisé son mariage avec Jeanne, comtesse de Namur, fille ainée de Baudoin, premier empereur latin de Constantinople, et héritière de son comté de Flandres ; mais le roi, pour prix de ces faveurs, avoit retenu les vilies d'Aire et de St.-Omer. Ferrand, p'us riqué de la retenue, que recon

noissant des bienfaits, redemanda ces villes, essuya des refus, et désespérant de se les faire restituer par ses seules forces, eut recours à l'empereur Othon qu'il savoit ennemi de Philippe. La guerre contre le Flamand fut mêlée de succès et de revers. Le roi fit des conquêtes assez importantes; mais il perdit la plus grande partie de sa flotte, qui fut surprise et brûlée.

1213.

L'expédition contre Ferrand paroît Ligue contre avoir eu pour principal but de rompre la France. les premiers efforts d'une ligue formée 1213-14fo contre la France. Jean-sans-Terre et

Othon en étoient les chefs. Une haine commune les unissoit; elle étoit cimentée par les liens de la parenté. Ils avoient appelé ou admis à cette union plusieurs seigneurs du nord et du couchant de la France, entre lesquels se trouvoit, outre Ferrand, Renaud comte de Boulogne, un des principaux instigateurs de l'entreprise. Les confédérés tinrent à Valenciennes une assemblée où ils se partagèrent lat France. Ferrand devoit avoir l'Isle-deFrance et Paris; Renaud, le Vermandois; le roi d'Angleterre les pays d'outre-Loire, et l'empereur tout le reste. Les capitaines allemands auroient pour récompense les fiefs et les riches pos

1213-14.

Bataille de

Bouvines. 1214.

par

sessions de l'église. Presque tous étoient
excommuniés, ou pour leurs forfaits
ticuliers, ou par leur liaison avec Othon,
excommunié lui-même : aussi firent-ils
entre eux cette convention remarqua-

ble
, que quand ils auroient vaincu Phi-
lippe, le seul protecteur de l'église,
ils extermineroient pape, évêques,
moines, et
et ne laisseroient que les
prêtres nécessaires au culte, qui n'au-
roient, comme dans la primitive église,
d'autres revenus que les aumônes des
fidèles, sans qu'il leur fût permis d'ac-
cepter désormais aucune fondation.

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Pour l'accomplissement de ces projets, Othon amena contre la France une armée qu'on dit de cent cinquante mille hommes sans compter la cavalerie. Elle entra par la Flandres. Avec tous ses efforts, Philippe n'avoit pu rassembler que cinquante mille hommes, tant cavaliers que fantassins. Du reste, le courage, l'ardeur, la capacité militaire, étoient égales dans les chefs des deux armées. Après plusieurs marches et contre-marches, elles se rencontrèrent dans la plaine de Bouvines, sur une des rives de la Meuse, à peu de distance de la ville de Lille. La bataille se donna le 25 juillet, un des jours les plus chauds de l'année, sous

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