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Richerius,

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même; mais elle eft fameufe dans l'Hiftoire de Lorraine, par le meurtre qui fut commis vers l'an 1217. le 3. d'Avril, fur la perfonne de Renaud de Senlis, Evêque de Toul, tué par les ordres de Maherus, ou Mathieu de Lorraine, auparavant Evêque de Toul, dépofe en 1211. & alors Grand - Prevôt de Î'Eglife Collégiale de Saint-Diey.

Voici comme Richerius, Religieux de SeCronic. Se-nones, Hiftorien contemporain, raconte ce non.1.3.6 fait. Renaud de Senlis, Evêque de Toul, étant venu pour faire la vifite dans les Montagnes de Vôges, arriva la veille de Pâques, en l'Abbaye de Saint Sauveur, qui dépendoit de fa Crofle Epifcopale ; il y paffa la Fête de Pâques, & vint de-là en l'Abbaye de Senones, qui en est éloignée d'environ cinq ou fix lieuës, accompagné de Laïques & d'Eccléfiaftiques, en la compagnie defquels, Renaud prenoit grand plaifir. Le Lundi de Pâques il arriva à Senones, & y fut reçu dans l'Hôtel Abbatial avec fa Compagnie, &y coucha. Le même jour arrivèrent à l'Abbaye deux efpéces d'Espions du Prevôt Maherus, envoyés de fa part, pour avoir des nouvelles fûres de la route de l'Evêque, on ne s'en & le lendemain ils partirent fans

défia pas, dire adieu.

Le Prélat dit la Meffe, & dîna au Monaftère, puis il partit pour l'Abbaye de Moyenmoutier; il y demeura très peu de tems, & en partit pour fe rendre à l'Abbaye d'Etival, qui n'en eft éloignée que d'une lieue. D'Etival, il prit la route de l'Abbaye d'Autrey, où il vouloit coucher le même jour; mais étant arrivé à la Burgonce, il fe trouva dans un chemin fi ferré, qu'il ne pouvoit fe détourner ni à droite ni à gauche, ayant d'un côté la Montagne couverte d'Arbres épais, & de l'autre, un Marais avec des Hal

liers.

Le Prevôt Maherus qui étoit informé qu'il devoit paffer par-là, avoit encore fait abbatre des broffailles, pour embaraffer le chemin, & empêcher qu'on ne pût s'en détourner, ni pafler ailleurs, ni à pied ni à cheval. Tout d'un coup ceux que Maherus avoit apofté fur le chemin, fondirent fur Etienne, Abbé de Saint Manfuy, qu'ils renversèrent de fon cheval, le dépouillèrent, le blefsèrent, & le laissèrent étendu dans le chemin. Ils traitèrent de même les autres perfonnes qui accompagnoient le Prélat. Puis venant à lui, ils le dépouillèrent, le traitèrent ignominieusement ; & un jeune homme nommé Jean, qu'on difoit être petit-fils de Maherus, tirant fon poignard, lui en donna trois coups, l'un dans la poitrine, & les deux autres par-derrière, & le tenverfa mort fur la place il fut enfin

jetté nud, dans le Marais, le long du chemin.

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Le Prevôt Maherus n'étoit pas loin de-là à cheval, tenant son arbalêtre à la main, fes gens lui vinrent rendre compte de ce qu'ils avoient fait il vint, & voulut voir fi l'Evêque respiroit encore, puis il fe retira dans la Montagne avec fes gens. Il n'y demeura pas long-tems, craignant toujours qu'on ne pourfuivít la vengeance d'un tel attentat il alla fe cacher dans un Château nommé Bileftein dans les Aubourgs, entre Sainte-Marie-aux-Mines & Ribauviller, où il y avoit des Soldats (ou des Gentilshommes: Milites,) avec lesquels il vêcut quelques tems. Il y porta avec lui les caffettes où l'Evêque avoit fes Ornemens Pontificaux, fes fandales, les Saintes Huilles, & le Saint-Crême, & il y amena auffi les chevaux & tous les équipages de Renaud Richer affure qu'il a vû toutes ces choses.

La vengeance divine éclata bien-tôt contre l'Auteur de ce meurtre ; Maherus ayant appris que Thiébaut Duc de Lorraine fon neveu, venoit à Saint-Diey, avec beaucoup de Nobleffe, pour y célébrer la Fête de la Pentecôte, y vint auffi, mais en fecret, car il favoit que les Parens de l'Evêque Renaud, publioient que ce meurtre s'étoit fait du confentement du Duc, foupçon dont il étoit très offenfe; auffi Maherus n'ofa paroître en fa préfence. Il fe retira dans le voisinage au Château de Clermont fur la Montagne, où il paffa comme il put, la Fête, avec peu de gens, car tout le monde le fuyoit. Il s'informa fousmains de fes amis, s'il oferoit fe préfenter devant le Duc Thiebaut, fon neveu, pour lui demander pardon.

On lui confeilla de n'en rien faire, ainfi il fe tint au Château de Clermont; mais le Duc Thiebaut ayant passé la Pentecôte à S. Diey, monta à cheval avec un Gentilhomme, nommé Simon de Joinville; &'étant arrivé à un petit ruiffeau près de Nonpatelize, Maherus fe prefenta à fa rencontre: Thiebaut en colére, dit au Gentilhomme qui l'accompagnoit, fi vous m'aimez, percez-le de votre Lance: Simon répondit qu'il se garderoit bien de porter fes mains fur un homme de cette qualité. Thiebaut lui prit fa Lance & en perça Maherus, qui s'étoit jetté à fes pieds, & lui demandoit pardon.

Quelques uns paffans par là, & le voyant étendu dans le ruiffeau, le portèrent à SaintDiey: de là il fut transféré au Château deClermont, fa demeure ordinaire, & y fut mis dans un Cerceüil, que l'on fufpendit entre le Ciel & la terre fous le toit de la Chapelle de la Madelaine; & enfin on le jetta dans une de ces fofles où l'on prend les Bêtes fauvages, &

on

on amaffa fur lui quantité de pierres & de bois : telle fut la fin de Maherus. Nonpatelize est un petit Village du Ban d'Etival, fitué entre cette Abbaye & la Burgonce, à peu de diftance égale de l'une & de l'autre. Il paroit que le Duc Thiebaut prenoit le chemin d'Etival & de Ravon, pour s'en retourner à Nancy.

BUSCHVILLER, ou BOUXVEILLER.

BUSCHVILLER, Ville & Château appartenant à un Evêque de Metz. En 1401. Jacques Sire de Lichtemberg, le Jeudy après la fainte Lucie, fait fes reprites auprès de Georges de Baden, Evêque de Metz, des Château & Ville de Buschviller, avec tous fes droits, & appartenances, & auffi de la Ville d'Inghe& auffi de la Ville d'Ingheviller, avec tous fes droits & appartenances. Buschviller eft un petit Canton dans les Pays réunis de Lorraine; aux confins de l'Alface, entre la Principauté de Lutzelstein, & la Seigneurie de Neuville &de Lichtemberg. Louis dernier Mâle de cette dernièreMaifon,ne laiffa Audiffre Geograph. que deux Filles, qui furent fes héritières. Anne *. 2. p. 377 époufa Philippe Comte de Hanau ; & Elifa beth, Simon Vecker, Comte de Deux-Ponts. Philippe IV. Comte de Hanau acquit la portion du Comte des Deux-Ponts, par fon mariage avec Margueritte - Loüife, Fille de Jacques, Comte des Deux-Ponts; & depuis ce tems, les Comtes de Hanau ont poffedez cette Seigneurie, laquelle confifte au Ban de Buschviller & d'Einghviller; & des Villages d'Oberfulzbach, Niderfulzbanh, Outweiler, Menquenhof, Quifchtwiller, Mittelhonfen, Otzenheim, Frankenheim & Volthim. Piganiol Piganiol de la Force, dit que Bouxveiller de la Force, Defcripeft une petite Ville fituée dans un fond, envition de la ronnée de trois Montagnes, qui en font fi France, t. proches, que de-là on voit diftinctement ceux p. 341. qui font dans les rues. Son Enceinte eft de

6.

vingt-cinq pieds de maçonnerie de hauteur, percée de Crenaux affez éloignés les uns des autres, & flanquée de Tours d'espace en efpace. Il y a un chemin en rond couvert de Tuiles, qui communique tout au tour de la Place. Il reite au pied du mur quelques veftiges d'une fauffe Braye quil y avoit autrefois; de même que du révêtement du Fofsé qui eft large de huit à neuf toifes, & dans lequel eft une petite fontaine, dont on peut retenir l'eau quand on veut.

Le Comte de Hanau a fon Château dans l'endroit le plus bas de la Ville; il n'y a d'autres défenfes que des Fofsés qui l'entourrent, & qui ont dix ou douze toifes de largeur, fur dix de profondeur : les environs de cette Ville font très fertiles.

BUSSAN S. BUSSANS, Buffanum, Village du Diocèfe de Toul, Annexe de Saint Maurice, célébre

par fes Eaux aigrelettes; c'eft le dernier Village du Diocèfe de Toul, dans les Montagnes de Vôges, à la fource de la Mofelle, fur le chemin de l'Alface, d'Arches, de Remiremont, de Leftraie, & du Val de St. Amarin.

1

Il y a à Buffans une Chapelle fous l'invocation de Ste. Barbe, où le Curé de Saint Maurice dit la Messe, excepté les jours folemnels. La vertu des Eaux de Buflans, eft principalement contre les inaux de Reins, la Gravelle, & autres incommodités de cette nature.

Le Chapitre de Remiremont nomme à la Cure de faint Maurice, & par-conséquent à Buffans fon Annêxe. La Dîme se partage entre le Chapitre de Remiremont pour les deux tiers, & le Curé pour l'autre tiers. Bailliage: de Remiremont; Parlement de Nancy; Souveraineté de Lorraine.

A douze cens pas en remontant la Mofelle, le voyent les Sources d'Eaux Minérales,` dont nous venons de parler. Les Habitans du lieu appellent ces Eaux Salmade. Le Baffin eft creusé dans le Roc, d'où il fort en quatre ou cinq Sources. Ces Eaux font froides, aigres, alcalines, diffolvantes; le Poiffon n'y peut vivre. Mr. Le Maire, Médecin à Remiremont, a fait imprimer dans la même Ville in 12. en 1750. un Effay Analytique des Eaux de Buffans. On fe propofe de faire bâtir quelques logemens auprès de la Source, pour la commodité des Buveurs.

1

M. Backer, Docteur en Médecine, a auffi publié un Traité de l'Incorporation, Vertu Propriété des mêmes Eaux de Buffans, à Lunéville. On peut voir dans ces Traités, ce qui regarde les Eaux de Buflans. On vend de ces Eaux à Nancy, à Lunéville, à Remiremont, à Plombières, car on n'eft pas aftraint à les prendre fur les Lieux.

BUZY.

Buzy, Village du Bailliage d'Etain, Diocèfe de Verdun, fitué fur la rive gauche de l'Orne, une lieuë & demie au deffus d'Etain, deux au deffous de Conflans en Jarnify, & huit de Pont-à-Mouffon, eft le Chef-lieu d'un Ban confidérable, où fe trouvent les Villages de Buzy, Darmont, Parfonrupt, Saint Jean-les-Buzy, & le Hameau d'Haucourt.

Il y a une Eglife Paroiffiale dédiée à Saint Martin, dont la collation appartenoit autrefois à l'Abbé de St. Martin, près les Murs de Metz, & aujourd'hui à la Primatiale de Nancy, à laquelle les biens de cette ancienne Abbaye font unis, avec ceux du Prieuré de Notre Dame de Nancy. De la Paroiffe de Buzy, dépend le Village de Saint Jean, Annêxe; Darmont, Eglife fuccursale, & Hautcour, Hameau.

A a

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Philippe de Florenges, Seigneur de Buzy, donna occafion à ceux de Verdun de le piller: vers l'an 1340. M. Claude Joly, fameux Prédicateur, dont les Prônes ont été imprimés plufieurs fois après fa mort, & qui mourut Evêque d'Agen, en 1678. étoit natif de Buzy.

Dans le même Diocèse de Verdun, nous connoiffons Buzey, Village fitué près l'Abbaye de Châtillon, fur la Rivière d'Oftain. S. Quentin eft Patron de l'Eglife, dont la présentation eft à l'alternative à l'Abbé de Châtillon, & à celui de Gorze.

Il y a beaucoup d'apparence que tous ces lieux nommés Buzy, Buzey, Bouzeval, &c. tirent leurs noms de Bouze, Fiente de Vaches, ou de Bœufs, nom qui vient de l'Hébreu Bouze, fiente, excrémens, ordure; ou de l'Allemand, Waze, limon, fange, parceque Ces Villages font boüeux & mal propres.

BUZANCY.

BUZANCY, Village du Diocèfe de Verdun, eft une Seigneurie qui a été longtems pofsédée par la Maison d'Apremont.

C

CARIGNAN, Voyez Y voŸ. CARME, CARMOIS. Pays, Canton.

ARME, le Pays de Carme, Carmenfis Pagus. On le place dans la Voivre, aux environs de Mandre-aux-quatre Tours, de Pierre-fort, du Bois de la Reine. M. de Lifle marque diftinctement le Pays de Carme, dans Benoit, la Voivre, fur les Mémoires du R. P. Benoit Hiftoire Piccart, Capucin, qui cite un Titre de l'Abde Toul, baye de Saint-Mihiel, donné par Charles le pag. 73. Chauve, où il dit que Bouconville étoit dans le Pays de Voivre, fur le Ru de Maid, dans le Pays de Carme, in Pago Carmenfi fuper Fluvium Maticum Boconifvilla. Je ne connois en ces Cantons-là aucun lieu du nom de Carmes, ou Charmes, ou Charmois. Je crains qu'il n'y ait faute dans la Copic du Titre, & qu'il ne faille lire Carponenfi ou Scarponenfi, au lieu de Carmenfi. On ne trouve le nom de Pagus Carmenfis en aucun autre endroit; mais Bouconville peut fort bien être compris dans Scarponois, ou Pays de Scarpont.

CASTON COURT. CASTONCOURT, en Latin Cafton-curtis, ou fimplement Cafton ou Gafton, Village fitué fur la Meuse, Diocèfe de Verdun, entre Cumeniéres au Nord, & Charni au Midy; ou

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Lorraine,

425. 542.

Lorraine,

8.1.p.4240 425.

fi l'on veut, entre Verdun au Midy, & Forges au Septentrion. Ce lieu étoit autrefois con- Hiftoire de fidérable, puifqu'en 952. l'Evêque Berenger, & le Roi Othon confirment les biens de l'Abt.1.p.361. baye de S. Vanne de Verdun, & y nomment à Caftoncourt, une Eglife. Et le Pape Léon IX. Hiftoire de en 1049. confirme une demie Metairie, ou un demi ménage appartenant à l'Abbaye de S. Maur de Verdun, ad Cufton-curtem & manfum dimidium, avec une Chapelle. Et en 1046. Hiftoire de Verdun, Thierri Evêque de Verdun, reconnoit que l'Abbaye de S. Maur avoit une Eglife à Caf- Preves. ton; ce qui infinue qu'il y avoit en ce lieu deux Eglifes, puifque nous avons vû qu'en 952. L'Abbaye de S. Vanne y en possédoit déja une.

CASTRES, CASTEL, ou BLIS - CASTEL.

CASTRES, OU Caftel, eft fouvent rappellé dans les monumens de ce Pays & des enviróns, comme Capitale d'un Comté fitué dans le Pays de la Sâre & de la Blifle. J'ai donné dans le fecond Tome de l'Hiftoire de Lorraine, deuxième Edition, page xxiij. aux Prolégoménes des Remarques fur le Comté de Caftres, & fur les Seigneurs qui l'ont possédé, & je crois y avoir montré que Caftres ou Caftel, étoit la même que Blif-Caftel, fitué fur la Bleuve ou la Bliffe, entre les DeuxPonts à l'Orient, & Sarbrik au Couchant. Caftres avoit anciennement titre de Comté, & ce Comté a été pofsédé affez longtems par des Princes Cadets de la Maison de Lorraine.

pag. 389.

Caftres étoit anciennement Fief de l'Eglife de Metz l'Empereur Othon I. donna Caf- Meurisse tres en 960. à l'Eglise de Metz, & l'on trou- Hiftoire de ve des reprifes du Lundi après la S. Luc 1270. Metz, qui prouvent que Putelanges & Caftres font pag.477. Fiefs de l'Eglife de Metz. Bouchard d'Avef- Ibid. p. nes, Evêque de cette Eglife, en 1283. vendit 480. fon Patrimoine pour racheter le Comté de Caftres fitué fur la Bleuve, duquel reprennent en Fief plus de foixante Gentilshommes, & le donna pour jamais à fon Eglife. Il paroit que cette Terre paffa dans la Maifon des Comtes de Lunéville, au douziéme Siècle, puifque nous trouvons en 1135. 1157.1166.1173.1178. 1179. Folmarus Comes Caftellenfis, & uxor ejus Clementia, Filia Mathildis & Folmari Comitis de Lunéville. Et en 1131.Henri Comte de Caftres donne cent livres de rente à l'Abbaye de Lunéville.

Je crois que le Comté de Caftres passa à la Maison de Lorraine, en la perfonne de Sigebert d'Alface, Seigneur da la Terre de Seisberg en 1176. 1208. 1214.

Il eft cerain que Thierri de Lorraine, fils du Duc Thierri, qui régna depuis 1070. jufqu'en 1115. fut Comte de Caftres, Sei

gneur de Bitche, & enfuite Comte de Flandres, où il a régné pendant affez longtems, & fa Poftérité après lui.

En 1276. Renaud Comte de Caftres étant mort, Henri Comte des Deux-Ponts, Exécuteur de fes dernières volontés, affigna jour aux Héritiers du Défunt, pour leur diftribuer à chacun ce qui leur reviendroits mais Laurent Evêque de Metz, prétendit que c'étoit un Fief mafculin de fon Eglife, le réunit au Domaine de fon Evêché, & en inveftit Henri Comte des Deux-Ponts, de même que de la Terre de Putelanges en 1275. Ce Comté de Caftres revint enfuite à l'Evêque de Metz en 1284. & en cette année Burchard d'Avefne, Evêque de cette Eglife, le racheta pour la fomme de vingtmille Livres Meffins, puis l'engagea à Ferri III. Duc de Lorraine, pour pareille fomme. Burchard voulut enfuite retirer ce Comté, mais le Duc refufa de le rendre; & fur ce refus, l'Evêque lui fit la guerre, qui dura jufqu'en 1290. On peut voir l'Hiftoire de ce Comté, plus au long dans le fecond Tome de l'Hiftoire de Lorraine, feconde Edition, page xcv. xcvj. & fuivante, aux Prolégoménes.

Pour donner une idée plus diftincte des Château, Comté & Seigneurie de Caftres, & de fa dépendance de l'Evêché de Metz, je vas tranfcrire le difpofitif de l'Arrêt de réunion du Comté de Caftres, à l'Evêché de Metz du 28. Juin 1680. où l'on verra les raisons de cette réunion, & les piéces qui furent produites à la Chambre Royale établie à Metz, à cet effet.

Un ancien Cartulaire intitulé, Régître des Fiefs, tiré de la Chancellerie de l'Evêché de Metz, couvert de carton, auquel en la page 24. eft une reprife faite par Henri, Comte de Caftres, auprès de Jean, Evêque de Metz, du Château de Caftres, avec fes appartenances, au Mois de Décembre 1226. ledit A&te contenant qu'il eft fon Hommelige, qu'il a reçû dudit Evêque, ledit Château de Caftres & fes dependances, à la charge de lui en prêter la foi, & qu'après fon décès, & celui de fa Femme, Caftres doit échoir à ses Fils, ou à fes Filles, & que l'Evêque de Metz le doit défendre contre le Duc de Lorraine, & que réciproquement ledit Comte de Caftres doit aider l'Evêque, contre le Comte de Sarbruk & autres.

Autre Cartulaire en velin, intitulé ; Régître fecond des Fiefs, trouvé dans la Chancellerie de l'Evêché à Vic,auquel en la page 57.eft une reprife par Elifabeth Comtefle de Caftres, du confentement de Bertholde Comte de Sols, & de Jean Evêque de Metz, dudit Château de Caftres & de fes appartenances, & de tout le Franc-aleu de fon Père, en datte du len

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demain de l'Annonciation de Notre Dame 1238. rendable audit Evêque pour s'en fervir contre tous, inalienable fans fon confentement, avec prohibition à ladite Elifabeth & à fon Mari,de faire feauté à autre Seigneur, qu'auprès l'Evêque deMetz & fes Succeffeurs, & à condition qu'après fes Fils & fes Filles, ledit Fief pourra être tenu par l'une de fes Sœurs aux mêmes conditions, & que les Soldats & Gardes du Château feront le ferment de fidélité à l'Evêque, après les Archevêque de Tréves, & Evêque de Verdun, en cas qu'elle auroit d'eux les Fiefs que fondit Père en tenoit.

Traité en la page fuivante du même Cartulaire, du Lundi après la Fête de S. Luc 1275. par lequel, Henri Comte de Salm, s'oblige à Laurent Evêque de Metz, de ne laiffer à Ferri Duc de Lorraine, le Comté de Caftres, ni de Putelanges, ni le cinquième qu'il y prétendoit fans la permiffion dudit Evêque de Metz, reconnoiffant que Caftres & Putelanges font Fiefs de l'Evêché de Metz, liges & rendables; réciproquement l'Evêque promet de ne faire aucun accord avec ledit Duc, qui puiffe nuire audit Henri, mais l'aider ; & parce que ledit Evêque prétendoit ledit Fief de Caftres être échu à l'Evêché, au défaut des Mâles ; & Henri au contraire ftipu lant pour fes enfans, foûtenoit qu'il le devoit donner aux enfans dè cinq Sœurs, dont il en avoit épousé une, ou aux enfans d'une d'icelles ; eft accordé que l'aîné dudit Henri, aura la cinquième partie de Caftres & de Pu→ telanges en Fief, & que les quatre autres portions demeureront à l'Evêque, jufqu'au ! jugement de la contestation, & que fi ledit Comté étoit adjugé audit Evêque, il en laifferoit la moitié en foi & hommage audit Fils aîné, y compris fon cinquième ; que s'il n'en pouvoit exclure les enfans defdites cinq Sœurs, ni ledit Duc, & qu'il fallût acheter ou racheter ledit Comté de Caftres, ledit Evêque en auroit la moitié, ledit Fils aîné dudit Comte de Salm, l'autre moitié en payant fa part, & que l'un ne pourroit acheter ou racheter fans l'autre, voulant payer la moitié. Que fi ledit Fils aîné n'avoit deniers, l'Evêque lui prêteroit pour un an, & ne le remboursant après l'an, l'Acquêt demeurera audit Evêque.

Un Mandement de Henri Comte de Salm, & de Henri, Jean & Ferri fes enfans, dans ledit Cartulaire couvert de carton en la page douze en datte de la troifiéme Férie après la Nativité Notre Dame 1284. à leurs hommes de Fief du Comté de Caftres, & injonction de faire foi & hommage à Bouchard Evêque de Metz, & à fon Eglife.

Un autre Cartulaire tiré de la même Chan

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chard Evêque de Merz, le Duc Ferri, & Henri Seigneur de Forbach, du Mercredi avant la Saint Mathieu 1291. où il eft dit que le Duc Ferri rendra à l'Evêque de Metz, Caftreuves & ce qui en apprens, eft le même que Caftres ou Bliscaftel dont nous parlons dans cet article, & qui dépendoit alors de l'Evêque de Metz.

cellerie de Vic, intitulé le vieil Régître des
Fiefs, auquel en la page 115. eft une Ordon-
nance dudit Bouchard Evêque de Metz,
dattée du fecond jour après la Fête Saint
Mathieu, au Mois de Septembre 1286. du
confentement de fon Chapitre, par laquelle
après avoir déclaré qu'il a acquis pour fon
Evêché, Caftres fcis fus & au deffous d'une
Montagne, le Comté dudit Caftres & fes
appartenances, il exemte les Bourgeois de
toutes tailles, à la réserve de deux Sols Mef-
fins payables en deux termes, à la S. Jean-
Baptifte & à Noël; établit les Fours-Ban-
naux, le Ban-Vin pendant quinze jours, le
droit de Marché à volonté, les amendes
fuivant les ufages de Hombourg, à charge teaux
charge
auffi d'être logé & fa fuite, la première nuit,
&c. Et font tenus lefdits Bourgeois de lui
lefdits Bourgeois de lui
prêter ferment de fidélité.

Un Ordre de Fridéric, Prevôt de Straf-
bourg & Archidiacre de Metz, dans ledit
Cartulaire en vélin, à la page 34. en dat-
te du Samedi après l'Epiphanic 1297. aux
Officiers & Commandans des Châteaux de
Turquestein, Lutzelbourg & Caftres, les
avertit qu'il a rendu ces Châteaux aux En-
voyés de Gérard Evêque de Metz, leur
mande & prie de lui obéir, rendre compte.
des revenus,
& fervir fans contradiction.
Reftitution en parchemin par Fridéric de
Lichtemberg, Prevôt de Strasbourg, & Ar-
chidiacre de Metz, des Châteaux de Lut-
zelbourg, Turquestein, Caftres & Lichtem-
berg, aux Adminiftrateurs & Vice-gérens
de Gérard, élû de Merz, dattée de la veille
de l'Affomption de la Sainte Vierge 1297.
defquels Châteaux il avoit la garde, de l'au-
torité du Chapitre de Metz; & reconnoif-
fance dudit Fridéric, comme il en a repris
la garde defdits Administrateurs jufqu'à
l'arrivée dudit Gérard.

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Déclaration en parchemin, d'Ademart, Evêque de Metz, en datte du Dimanche d'après la Fête de S. Vincent 1338. contenant que Jean Burchard & Olry, Frères, Seigneurs de Fénétranges, lui ont rendus les Lettres d'engagement par lui faites audit Henri, de la Fortereffe de Caftres, & de fes dépendances, pour 1700. Livres Tournois: promet d'en pourfuivre la reftitution contre l'Archevêque de Tréves, le Comte de Sarbruk, & Valleran Comte de Deux-Ponts, qui s'en étoient emparez, & au cas qu'il les retireroit à moins de 1700. Livres Tournois, qu'il en uferoit à l'arbitrage du Comte de Sarverden, & de Nicolas de Salm. (a) Je conjecture que Caftreuves, dont il eft parlé dans un accommodement fait entre Bou

(a) Honteim, Hift. Trevirenf. t. 3. p. 7.

(*) Henri de Vinchefue, Evêque de Verdun, depuis

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Aujourd'hui la Terre de Blifcaftel reléve de l'Electeur de Treves, comme Fief mafculin, & eft possédé par le Comte de Lapierre. LA CHALADE, Abbaye de l'Ordre de Citeaux. L'ABBAYE de la Chalade, Ordre de Cîteaux, eft fituée fur la petite Rivière de Bieme, dans la Forêt d'Argonne, à une lieuë au deflus de Vienne-le-Château, Diocèse de Verdun, Frontière de la Lorraine & de la Champagne, à deux lieuës de Ste. Menhoud, tirant vers le Chaumontois.

Cette Abbaye doit fon origine à trois Religieux de l'Abbaye de S. Vanne, qui animés de l'efprit de ferveur, & défirans vivre dans une plus grande retraite, fe retirèrent au lieu nommé la Chalade, dans la Forêt d'Argonne, & y bâtirent un Oratoire & quelques Cellules au commencement du douzième fiecle. Mais l'un de ces trois Religieux nommé Robert, ayant été élû Abbé de Beaulieu, Abbaye fituée dans la même Forêt, fes deux Compagnons l'y fuivirent, & laissèrent leur Eglife, & leurs Cellules à Vauthier, Seigneur du lieu, qui les donna à Gui Abbé des trois Fontaines. Cet Abbé y envoya une Colonic de fes Religieux pour y bâtir un Monastère, avec l'agrément de Henri (b) Evêque de Verdun, à qui S. Bernard (c) avoit recommandé cette affaire.

Hervé, Seigneur de Vienne-le-Château, engagea l'Abbé Gui, à demander ce lieu à Valeran fon neveu, qui en étoit Seigneur ; il l'obtint, & on commença à bâtir le Monaftère. Hervé contribua beaucoup à la dépenfe, & Alberon de Chiny, Evéque de Verdun en confacra l'Eglife, vers l'an 1130. alors Hervé quitta fa Femme, fon Fils unique & tous fes biens, & fe confacra à Dieu dans ce Monaftère. Le jour auquel il devoit confommer ce facrifice, il se fit traîner à la Chalade, par un de ses valets, la corde au col, comme un criminel, en présence de tout le peuple, qui fondoit en larmes à la vue d'un fpectacle fi extraordinaire. Son exemple y attira beaucoup de perfonnes de qualité, qui vinrent s'y confacrer à la pénitence. L'Eglise du Monastère, eft dédiée à la Sainte Vierge; Hervé y demeura jufqu'à 1127. jufqu'en 1129. (7) 3. Bernardi Epift. 63.

la

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