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viandes de porc, de charcuterie, oeuf de brochet, crabes, etc.); de certaines boissons (vin nouveau, boissons froides); d'une affection morale. L'effet des aliments, des matières des vomissements sur les chats, les chiens, dans l'empoisonnement par les champignons, etc., a servi à éclairer le diagnostic.

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Le choléra asiatique, qui depuis 1832 s'est montré aussi sporadiquement, peut débuter brusquement, mais, le plus souvent, il est précédé de diarrhée et autres symptômes prémonitoires. Une fois déclaré, sa marche est ordinairement plus prompte que celle de l'empoisonnement. Dans l'intervalle des évacuations, les malades n'éprouvent pas de douleurs gastro-abdominales; ou bien elles sont moins intenses, offrent plutôt le caractère nerveux, oppressif, spasmodique, qu'inflammatoire; il n'y a pas de saveur spéciale. La période asphyxique est aussi plus prompte, plus intense. La peau est plus glaciale, l'épiderme plus ridé, plus flasque; la cyanose plus générale, plus marquée; la voix plus creuse, plus éteinte; les crampes, les douleurs des membres sont aussi plus fréquentes. Enfin, et c'est là le caractère pathognomonique, les matières des vomissements, des selles, sont blanchâtres, ressemblent à une décoction de riz, ont une odeur fade caractéristique; il n'y a ordinairement aucune trace d'inflammation dans le tube intestinal. Les follicules de Brunner, surtout vers la fin de l'ileum, sont plus développés, ont la forme de petits corps durs, arrondis, opaques, de la grosseur d'un grain de chènevis. Nous insistons sur ces caractères diagnostiques, parce que, à l'époque du choléra épidémique, des morts, attribuées à cette maladie, ont été reconnues plus tard être le résultat d'un empoisonnement criminel, après un an et plus d'inhumation.

Dans la Haute-Saône, en 1849, le choléra avait cessé ses ravages, lorsque deux jeunes mariés, incommodés au sortir de table, succombent en deux jours. On attribue leur mort

à cette maladie. L'enquête démontra qu'ils avaient été empoisonnés par l'arsenic, et que les mêmes criminels avaient fait périr ainsi six autres personnes.

En mai 1849 Célina Lepère, âgée de 13 ans, est prise, le matin, de vomissements, de douleurs épigastriques, de déjections, de refroidissements, et succombe en 6 heures. Étant coloriste, on soupçonne un empoisonnement par le vert arsénical. A l'autopsie, assez forte injection des méninges; poumons congestionnés, sang fluide, noir, poisseux; dans le ventricule droit, nombreuses taches ecchymosiques; rien dans la bouche, l'œsophage; vers le pylore, trois taches brunâtres circonscrites, très-peu foncées. A partir de cet orifice jusqu'à la fin de l'intestin grêle, la muqueuse est couverte dans toute son étendue d'un nombre considérable de follicules isolées ou agminės, dont le volume est augmenté, offrant enfin les caractères de l'affection cholérique; ils ne se laissent ni dérouler, ni serrer par la pression, etc.; pas la moindre trace de phlegmasie, de congestion; très-peu de liquide, épais, trouble. M. Tardieu conclut que Célina Lepère a succombé au choléra.

Le choléra, dans sa période comatique, peut en imposer pour un empoisonnement par les narcotites: le délire, les hallucinations, la contraction ou la dilatation pupillaire qui précèdent ou accompagnent ce dernier, les antécédents serviront de diagnostic.

Gastrite, entérite, colite, GasTRO-ENTÉRO-COLITE.—La cause des accidents gastro-intestinaux, de nature inflammatoire, déterminés par les poisons administrés avec les matières alimentaires ou par doses successives, est restée ignorée pendant un certain temps, et souvent n'a été reconnue qu'aux débats. Aux rapports, nous citons un cas d'avortement avec gastro-entérite simple qui nécessita l'analyse pour remonter à la cause. Dans la plupart des autopsies, c'est d'après les lésions gastro-intestinales, souvent

sans caractère bien tranché, qu'on établit la nécessité d'une expertise. L'erreur est donc possible quant aux symptômes, aux lésions.

Dans l'empoisonnement, les effets locaux sont prompts, en quelque sorte immédiats, ce qui est assez rare dans ces maladies, qui le plus souvent sont précédées de symptômes prodromiques pendant plusieurs jours; ensuite ils sont plus intenses, continus, ainsi que les effets généraux, et n'offrent ni exacerbation, ni rémittences aussi longues, à moins qu'une nouvelle dose de poison soit administrée. Les matières des vomissements, des selles, plus abondantes, plus répétées, peuvent offrir des caractères spéciaux. Les effets constitutionnels, lorsque le poison a été absorbé, sont aussi bien plus graves, et la période hyposthénique ou d'affaissement plus prompte. La géne de la respiration, la cyanose ou plutôt l'asphyxie résultant de la liquéfaction du sang ne s'observent pas dans ces maladies, qui, en outre, ne sont pas aussi rapidement mortelles, et il est rare qu'elles envahissent à la fois les diverses parties du tube intestinal, ce qui est fréquent dans l'empoison

nement.

Quant aux lésions dans le gastro-entéro-colite, la muqueuse est d'un rouge clair ou brun foncé, uniformément ou par arborisations, par plaques, par un pointillé très-fin, épaissie ou amincie, friable, ramollie, et offre parfois de petites ulcérations. Dans l'empoisonnement, ces lésions sont moins générales, plus profondes, siégent surtout sur les parties les plus anfractueuses, coexistent souvent avec des taches brunâtres, comme gangréneuses, des escarres, des ulcérations, des colorations spéciales, etc. Si ces caractères manquent, sont insuffisants, il faut recourir à l'analyse.

PERITONITE.-Elle est très-rare dans les cas d'empoisonnement, à moins qu'il n'y ait perforation du tube intestinal,

et alors même elle n'a pas le temps de se développer, la mort étant très-prompte. La douleur abdominale générale ou correspondant à la portion du péritoine affectée, superficielle, aiguë, s'exaspérant par la plus légère pression, le contact des couvertures, intolérable dans les efforts de vomissements, pour uriner, aller à la selle ou tout autre mouvement, le décubitus dorsal forcé, le peu d'abondance des matières évacuées, leur nature, le ballonnement, la matité du ventre, la crainte de satisfaire la soif pour ne pas exaspérer les douleurs, le peu d'étendue de la respiration, et enfin les lésions dans les cas de mort, en outre des symptômes généraux et précurseurs, serviront à établir le diagnostic.

Dans la métro-péritonite, les mêmes symptômes, en outre de ceux fournis par l'utérus, pourront établir le diagnostic. Si l'intoxication s'était effectuée par cette voie, il faudrait tenir compte des symptômes inflammatoires, des lésions du vagin si c'était un poison caustique. M. Tardieu cite deux femmes chez qui il y avait soupçon d'empoisonnement, l'une morte d'une péritonite simple, en dehors de l'état puerperal; l'autre, atteinte d'une péritontie tuberculeuse, localisée principalement dans le péritoine et les intestins.

VOMISSEMENTS, COLIQUES SPASMODIQUES OU IDIOPATHIQUES. -Il n'est pas rare d'être appelé auprès des personnes qui sont prises spontanément, ou après quelques symptómes prodomiques, de vomissements muqueux ou bilieux, de coliques avec ou sans diarrhée. L'absence de fièvre, d'inflammation gastro-intestinale, la non-continuité des vomissements, des coliques, le peu de douleur de la région gastro-abdominale à la pression dans les intervalles; la manifestation des accidents, même lorsqu'il n'y a pas eu depuis quelque temps des boissons, d'aliments ingérés ; la nature des boissons, des aliments dans le cas contraire; l'état hystérique ou nerveux de la personne; la suppression

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du flux menstruel, de la sueur, etc.; l'apparition de ces maladies sous l'influence d'une contrariété, d'une affection morale, sont autant de circonstances qui peuvent établir le diagnostic.

Les COLIQUES HÉPATIQUES, NÉPHRÉTIQUES, UTÉRINES peuvent donner lieu aussi à des symptômes gastro-intestinaux assez graves, mais elles se distingueront à leur caractère particulier, au siége, à l'invasion de la maladie.

VERS INTESTINAUX.

Un soldat meurt à l'instant où il venait de boire; pour toute lésion on trouve dans le duodénum un certain nombre de lombricoïdes, qui avaient piqué en plusieurs endroits l'intestin et le pylore; l'un d'eux avait sa tête engagée entre la muqueuse et la musculeuse (Mahon). Un boulanger, de Saint-Ponts, meurt à la suite d'accidents qui firent naître des soupçons d'empoisonnement pas d'autre lésion que de lombrics dans le tube digestif. Dans plusieurs cas légaux (affaire Gérard), se fondant sur des faits de cette nature, sur ce que Gautieri, Raspail, etc., admettent la possibilité de la perforation du tube intestinal par ces entoozoaires, prétextant qu'ils peuyent agir, en outre, comme corps étranger ou secréter une liqueur nuisible, la défense a interprété ainsi la mort. Rudolphi, Bremser. Dujardin, etc., n'admettant pas, chez les lombrics, d'organe propre à perforer le tube intestinal, à sécréter une liqueur nuisible, et, très-souvent, leur présence n'ayant été accusée qu'à l'autopsie, il est douteux qu'ils puissent produire cet effet, quoique, dans certains cas, ils donnent lieu à des accidents nerveux ou gastrointestinaux plus ou moins graves. Il importe de s'assurer si la perforation par où a passé le ver n'est pas due à une altération pathologique, si les vers trouvés dans l'œsophage, le larynx, n'y ont pas pénétré après la mort, L présence du poison dans les organes où il a pénétré par absorption résoudrait d'ailleurs la question.

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