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rien que du Roi, par l'honneur de votre protection; & je vous affure, Monfei gneur, que fans partie d'Apothicaire, il m'en coûte plus de 2000 livres depuis que je fuis paffé dans ce Pays-ci.

Ma fanté eft fi mauvaise depuis plus de deux mois, que quand Mr. le Maréchal de Marfin m'a vu, il m'a fort preffé de m'en retourner à Ulm; mais je fuivrai l'Armée jufqu'à extinction. J'ai facrifié ma vie au fervice du Roi, & il ne m'importe où je la finiffe, pourvu que je lui donne des marques de mon zele, & à vous, Monfeigneur, du refpect & de la reconnoiffance avec lefquels je ferai toute ma vie, &c.

Mr. de CHAMILLART à Mr. de MARSIN, à Verfailles, le 11 Mai 1704.

La Lettre que vous m'avez fait l'hon

neur de m'écrire, Monfieur, le 24 du mois paffé m'a été rendue. Je crois que lorfque nous recevrez celle-ci, vous n'aurez plus tant de peine à me donner de vos nouvelles. Mr. le Maréchal de Tal lärd a trouvé moyen depuis fon retour en Alface, d'entretenir avec vous un Com

merce auffi régulier, que fi nous étions. en pleine paix. Il eft heureux que de part & d'autre, vous ayez pu favoir ce que vous aviez à faire, pour vous rapprocher. J'attends avec grande impatience la relation de votre premiere Conférence. J'efpere que les mefures qui ont été prises, vous en fourniront les moyens. Je ne vous fais aucun détail me remettant entiérement à ce que vous dira mon dit Sr. le Maréchal de Tallard. Je fuis, &c.

Mr. de MARSIN à Mr. de TALLARD, au Camp de Duttlingen, le 12 Mai 1704.

J'ajoute ce mot à ma Lettre pour vous

dire encore, Monfieur, que nous partons d'ici avec l'Armée, après demain Mercredi 14 du préfent mois, pour aller camper par de-là Kerckheim, & le lendemain à Dannefching, où nous attendrons de vos nouvelles, prêts à nous avancer encore davantage, s'il eft néceffaire, & fi vous le fouhaitez. Mais il y a tout lieu de croire que les Ennemis ne nous. mettront pas dans cette néceffité, & qu'ils ne tiendront pas davantage dans les Poftes, qu'ils ont occupés dans les Monta

gnes & à la Maifon - Rouge pour en empêcher le paffage, qu'ils n'ont fait dans les Lignes qu'ils avoient tirées depuis le Lac de Conftance jufqu'au Danube.

J'ai appris par les Partis que j'ai envoyés aujourd'hui après eux, qu'ils font allés camper à Schemberg, fur le chemin de Ballingen, entre le Necker & le Danube, où ils fe doivent rassembler, & être joints par les Troupes de Brandebourg, du Duc de Wirtemberg, & celles qui ont hiverné dans la Franconie; mais cela eft encore à faire, & nous ferons joints auparavant, n'y ayant pas d'apparence que les Troupes qui gardoient les Montagnes, ofent s'y tenir, quand elles fe fentiront entre votre Armée & la nôtre, & éloi gnées de la leur. Nous arriverons à Donnefching le 15, c'eft à dire un jour plutôt que je ne vous l'avois promis, aimant mieux vous attendre que de vous faire attendre un moment, tant nous fommes polis en ce Pays-ci. J'ai l'honneur, &c.

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, au Camp de Duttlingen, le 13 Mai 1704.

J'ai

'ai reçu, Monfieur, le de ce mois la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 27 Avril. J'aurai celui de vous dire, pour y répondre, que je regarde comme un petit miracle la correfpondance que j'ai trouvé le moyen d'établir avec Mr. le Maréchal de Tallard. L'heureux fuccès de notre Marche jufqu'ici vous en doit paroître un grand, voyant qu'à l'approche de notre Ar mée, les Ennemis furpris de la diligence à laquelle ils ne s'attendoient pas, ont quitté les Retranchemens qu'ils avoient paffé tout l'hiver à faire, comme vous en ferez informé en détail par le Journal ci-joint; il eft inutile que je vous répete les mêmes chofes. J'y ajouterai feulement que je fuis perfuadé que les Troupes ennemies, qui occupent les Poftes des Montagnes pour empêcher le paffage de Mr. le Maréchal de Tallard, feront le même manege que celles qui étoient oppofées au nôtre, leur étant en tout fens impoffible, ou du moins très dangereux pour eux, de faire la gauffre entre fon Armée & la nôtre, d'autant plus.

que Mr. de Thungen avec les Troupes def tinées pour garder contre nous, leurs Li gnes depuis le Lac de Conftance jufqu'au Danube, s'eft retiré affés loin pour s'af fembler, & fe joindre à Mr. de Bareith & à celles de Wirtemberg, de Brandebourg & autres qui ont hiverné dans la Franconie; de forte qu'il y a tout lieu d'efpérer que la Jonction fera faite avant qu'ils foient en état de nous donner de l'inquiétude; car nous partons demain d'ici, pour aller nous mettre près de Donnefching, lieu du Rendez-vous où nous nous rendrons en deux Marches, & y arriverons le 15, c'est à dire un jour plu tôt que je n'avois promis à Mr. le Maréchal de Tallard: ce qui ne peut faire qu'un bon effet, puifque apparemment les Troupes employées à occuper les Poftes des Montagnes, voyant venir l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard d'un côté, & la nôtre s'avancer de l'autre, prendront le parti de fe retirer, ou hafarde. ront beaucoup en y demeurant, Mr. l'Electeur de Baviere étant déterminé à s'avancer autant qu'il fera néceffaire pour favorifer le paffage du fecours que le Roi nous envoie. Je vous envoie l'extrait d'une Lettre d'un Officier des Ennemis, qui fut interceptée avant-hier en.

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