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LIBRAIRES-ÉDITEUR.

1642-1711

Au moment de la révocation de l'édit de Nantes, il restait à Montauban un autre libraire protestant, qui aurait dû renoncer à son commerce s'il n'avait préféré se conformer aux règlements.

Né vers 1615, Jean-Jacques Molis ou Moulis, dont la famille était alliée aux Astorg et aux Braconnier, libraires aussi, se maria le 26 août 1642 avec Delphine Bouchaud, fille d'un notaire montalbanais. Nombreux furent leurs enfants.

Probablement Moulis avait déjà terminé l'apprentissage auprès de son oncle Didier Braconnier, puisque dans l'acte de mariage il se dit marchand libraire. Mais nons n'avons trouvé son nom qu'en 1648, et sur un seul livre imprimé pour lui par Philippe Braconnier: La Conversion de M. Jarrige, ci-devant jésuite, etc.

En 1660 Jacques Moulis fournit à la ville 200 feuilles parchemin pour un registre destiné à la transcription des actes importants des archives municipales. Il reçut 46 livres pour le parchemin et 6 livres pour la reliure.

Notre libraire suivit l'exemple de Michel Poncet et resta en 1685 à Montauban, où il mourut le 15 juin 1690, âgé d'environ 75 ans ; l'acte de décès, inscrit sur les registres de l'église Saint-Jacques, indique qu'il était encore libraire.

Son fils Jean, marié en 1671 à Suzanne Olier, émigra d'abord, car on lit dans un rapport de l'Intendant: « Le nommé Moulis fils, marchand libraire, est signalé comme

passé en Angleterre, étant sous la puissance paternelle. » Mais il rentra en France, peut-être à la mort de son père et continua le commerce des livres, dans la maison habitée par sa famille, située couvert du fruit, place Royale. En 1711 la municipalité, pour régulariser ce couvert et en même temps faciliter l'entrée de la rue du Greffe, acheta six maisons, notamment celle de Jean Moulis, libraire, qui dès lors renonça à son industrie.

L'ÉDIT DE NANTES

Voici de nouveaux renseignements sur les imprimeurs et les libraires protestants qui exerçaient leur industrie à Montauban au moment de la révocation de l'édit de Nantes:

Le 6 septembre 1685 un arrêt du Parlement de Toulouse ordonne que les officiers de police doivent rechercher soigneusement les livres inscrits au Catalogue comme devant être supprimés. Ces recherches seront faites tant chez les imprimeurs et les libraires, que dans les maisons des Ministres et Anciens qui les retiendront. »

Voici l'analyse d'un curieux factum publié à ce sujet :

Le 9 août, les consuls de Montauban se présentèrent au domicile de Jean-Jacques Moulis, Pierre Braconnier, Michel Poncet, et apposèrent les scellés sur leurs maisons, livres et armoires. Ces libraires allèrent aussitôt à Toulouse réclamer à la Cour de Parlement réparation de cette entreprise et défense de la renouveler. Mais là, ils apprirent qu'on avait obtenu prise de corps contre eux. Ne se sentant coupables d'aucune contravention, ils

Le Catalogue des livres défendus est imprimé à la suite des « Actes des Assemblées générales du clergé de France, 1682-85, » publiés en 1686.

se rendirent volontairement en prison, et adressèrent requête de relaxe. Pendant ce temps, le lieutenant particulier de Montauban levait les scellés et visitait tous les livres, sans exhiber l'arrêt de la Cour. Il ne découvrit chez les prévenus, ni imprimerie, ni aucun livre dont la vente fût défendue.

La Cour ordonna de brûler un livre trouvé sous presse, chez Garrel, imprimeur, avec lequel on ne put établir la complicité de nos libraires, qui furent relaxés.

D'après un autre arrêt du 10 janvier 1686 « tous les livres faits contre la religion catholique doivent être remis par les imprimeurs et les libraires entre les mains des juges-mages et juges des lieux où ils résident, sous peine, pour les imprimeurs et les libraires, de 500 livres d'amende, et d'être privés pour toujours de tenir boutique ouverte. >>

Nous n'avons pas le Procès-verbal du brûlement des livres, fait à Montauban, mais on nous a communiqué une copie ancienne de celui de Saint-Antonin, dont l'original, daté du 4 mars 1686, existait dans les archives de cette petite ville, et était suivi de l'inventaire des livres brûlés le 1er mars devant l'hôtel de ville '.

Cet inventaire ne signale qu'une douzaine de livres de piété connus ou le Nouveau Testament; il y a seulement deux ouvrages, rares aujourd'hui, et qui furent envoyés à l'Intendant: L'Histoire de l'Église réformée, par Théodore de Bèze, réimprimée encore de nos jours, et les Pseaumes de David, mis en musique, en cinq parties, par Claudin le jeune.

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BIBLIOGRAPHIE MONTALBANAISE

Livres imprimés à Montauban, par Arnaud de Saint-Bonnet et ses successeurs jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes.

1639-1685

Pendant cette période, une des plus importantes pour notre industrie typographique, plusieurs ateliers ayant fonctionné en même temps, nous avons dû, pour maintenir l'ordre adopté dans les 4 premiers paragraphes, renoncer à faire suivre tous les écrits sous le nom de leur imprimeur, qui d'ailleurs manque souvent. On les trouvera donc classés à leur date; et quant au nom du libraire-éditeur ou de l'imprimeur nous le donnerons avec ses qualités la première fois qu'il paraîtra, et puis en abrégé, à moins de modifications. On comprend que presque tous ces ouvrages portant le nom de Montauban, nous supprimions aussi en général cette indication.

106. Le Directoire des Offices du diocèse de Montauban pour l'année 1639 fut payé 30 livres par l'Évêché à Arnaud de SaintBonnet le 14 février, et celui de 1640, au même prix, le 7 février; mais un seul de ces Calendriers (1732) à l'usage du Clergé a été retrouvé, quoique ils aient été imprimés tous les ans jusqu'à nos jours, sous le titre de Breve ou Ordo. Colomiès publia celui de 1617 à Toulouse, et Coderc ceux de 1633-38, 1642-43. Voir p. 110, 131-38. 107*. Officivm Pecvliare et Proprivm Festorvm Ecclesiæ et Dioecesis Montis-Albani. Iuxta ritum Romani Breviarii Clementis Octavi authoritate recogniti. Iussu Illus. et Rever. Annæi Muroveteri, Epis., ac Dom. Montis Albani. (Armes de Murviel.) - Montis Albani, typis Arnaldi à Sancto-Bonneto, sans date (1640), petit in-4° de 107 pages pour 1re partie et 111 pages pour la 2o, qui contient l'Office de saint Etienne et les Exorcismes contre la tempête, dont Saint-Bonnet fit un tirage à part. Voir page 137 la description de ce Propre, dont un exemplaire est aussi dans la bibliothèque de l'Évêché.

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Lettres patentes du Roy portant: confirmation des Edicts

Les livres dont le numéro d'ordre est suivi du signe sont classés dans la collection Forestié; pour les autres ouvrages nous indiquons, autant que possible, les bibliothèquez qui les possèdent, les bibliographies et les catalogues où ils sont inscrits.

(Armes de France). Montauban, Pierre Bertié, imprimeur du Roy, 1642, in-4° de 8 p.

Le titre de cette pièce, communiqué par un ami, porterait Bertié imp. du Roy, faveur que ni lui ni Coderc n'obtinrent pas. La preuve, c'est que les lettres patentes de 1649 accordent cette qualification à Rouyer, parce que l'imprimerie de la ville de Montauban est exercée par Vertié (lisez Bertiė), faisant profession de la R. P. R. » — Voir p. 170.

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109. La Conversion très heureuse de M. Daniel de Martin, ci-devant ministre de Castétis et autres lieux en Béarn. Montauban, Jean Rouyer, imprimeur de l'évêque et de la ville, 1644, in-16 de 76 pages. Voir p. 169; c'est le premier livre portant le nom de Rouyer. [Bibliothèque de Montauban.]

110*.

Indulgences et Statuts de l'Archiconfrérie du très saint Sacrement érigée dans le diocèse de Montauban. De l'ordre de messire Anne de Murviel. — Rouyer, M. DC. LXVI (lisez M. DC. XLVI, 1646), petit in-8° de 94 pages. Voir p. 170.

111*. Instructions chrestiennes et théologiques, où toute la Doctrine de l'Eucharistie est, en peu de mots, clairement expliquée, etc. Par l'ordre de messire de Murviel. Rouyer, 1646, à l'enseigne du Nom de Jésus, petit in-8° de VIII-266 pages et 32 p. de table. Epitre dédicatoire par Arnaud Peyronet, chanoine.

112. Theses logica (25) et morales (11), quæ in Academia Montalbanensis... tuebuntur. (Par Pierre Cruvel.) Petrus Vertierius, Acad. typog., 1647, 1 page in-fo à trois colonnes.

Les thèses soutenues devant l'Académie à Montauban ou à Puylaurens, et connues avant 1885, ont été indiquées par M. Nicolas, p. 351 à 376; depuis lors, 19 thèses datées de 1600 à 1603 nous ayant été signalées à la Bibliothèque de Grenoble, la Faculté de Montauban en a fait prendre une bonne copie par son bibliothécaire M. Ducos. M. de France en a acquis une de 1655. Aussi nous ne citons dans la Bibliographie que quelques thèses particulièrement intéressantes. Voir pages 92 et 116,

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et les n° 39, 100, 112, 120, 125, 145, 148 de la Bibliographie.

113*. Six Sermons sur divers textes de l'Escriture Saincte, prononcez en l'Eglise reformée de Nérac, par Jeremie Viguier, ministre du Saint Evangile. Philippe Braconier, libraire et impr., à l'enseigne de l'Espérance, 1647, in-12 de 359 p.

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Voir p. 165.

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