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fenser, et après leur avoir donné des instructions courtes, mais touchantes, il mourut tranquillement en 533, à l'âge de 65 ans. On avait une telle vénération pour ses vertus, qu'on l'enterra dans l'église, contre la coutume de ce temps-là. Nous lisons dans l'histoire de sa vie, que Pontien, évêque voisin, apprit par une vision qu'il jouissait de la bienheureuse immortalité. Ce grand homme s'était proposé S. Augustin pour modèle. Il se faisait gloire d'être son disciple: aussi s'appliqua-t-il continuellement à imiter sa conduite, à étudier sa doctrine et à se pénétrer de son esprit.

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Le nom de S. Fulgence est marqué au 1 janvier dans plusieurs calendriers faits peu de temps après sa mort, et dans le calendrier romain. Quelques-uns le mettent au 6 mai, jour où se fit la translation de ses reliques dans la ville de Bourges, qui possède encore ce précieux trésor a.

NOTICE DES ÉCRITS DE S. FULGENCE.

Les écrits qui nous restent de S. Fulgence, sont : 1° les livres des deux Prédestinations à Monime, composés vers l'an 521. Le saint docteur emploie le premier à montrer que, dans le sentiment de S. Augustin, Dieu ne prédestine point les hommes au péché, mais seulement à la peine ou au supplice qu'ils ont mérité par leurs péchés. Il prouve dans le second que le sacrifice est offert à la sainte Trinité, au nom de laquelle l'Eglise catholique confère le baptême; et il répond ensuite aux objections des Ariens. Dans le troisième, il réfute les Ariens qui abusaient de ces paroles, le Verbe était avec Dieu, pour autoriser leurs impiétés.

2o Réponses aux dix objections des Ariens, composées vers l'an 521. Ces objections avaient été envoyées par le roi Trasimond. Elles étaient fort longues, et d'un style aussi obscur que barbare. Le saint les réduisit, les divisa par ar ticles, et y joignit des réponses aussi claires que solides.

3o Les trois livres au roi Trasimond. Ils contiennent des réponses à diverses questions proposées au saint de la part du roi Trasimond. L'arianisme y est très-bien réfuté.

4° Plusieurs lettres. La première est adressée à un jeune seigneur dont la femme, malade à l'extrémité, avait fait vœu de continence. Il y est prouvé qu'un tel vœu exige le consentement mutuel des deux époux. Dans la seconde, S. Fulgence console une dame romaine nommée Galla, de la mort de son mari, et l'exhorte à pratiquer les vertus propres à l'état de viduité. Ces vertus sont la continence, la simplicité dans les parures et les ameublemens, la frugalité, l'aumône, etc. On trouve dans la lettre adressée à Proba, sœur de Galla, de très belles choses sur l'excellence de la virginité, sur la tempérance, la mortification, l'humilité. L'autre lettre à Proba est une bonne instruction sur la prière et la componction du cœur. La lettre à l'abbé Eugippius est un éloge de la charité fraternelle, dont le principal fruit est de prier pour le prochain. Il est prouvé, dans la lettre au sénateur Théodore, que l'exemple des grands influe

a On met cette translation vers l'an 714. (Voyez Baillet et le Gallia Christ. nov. tom. 1, p. 121.) L'histoire que nous en avons est une production du dixième siècle qui mérite peu de créance: mais la tradition constante de l'Eglise et du diocèse de Bourges ne permet pas de contester la réalité de la translation. (Voyez l'Hist. Littéraire de la Fr. tom. 6, p. 206.) L'église de Bourges où se gardaient les reliques de S. Fulgence portait le nom de ce saint. Son chef était dans l'église du séminaire archiepiscopal, qui était anciennement une abbaye appelée Montermoyen.

beaucoup sur les autres hommes, et que l'humilité fait la vraie grandeur du 'chrétien. La lettre à une vertueuse dame, nommée Vénantie, renferme une vive exhortation à l'esprit de pénitence, et des avis salutaires contre le désespoir.

5o Le livre de la Foi orthodoxe à Donat. C'est une explication exacte des mystères de la Trinité et de l'Incarnation. Donat, dont il est ici question, était un jeune seigneur très-vertueux, qui avait demandé à notre saint la solution d'une difficulté qui lui avait été proposée par les Ariens.

6o Le livre à Victor contre le sermon de Fastidiosus, prêtre arien, aussi décrié par ses mœurs licencieuses que par sa doctrine impie. Il fut composé vers l'an 523.

7o Le livre de l'Incarnation du Fils de Dieu. Il y est prouvé que le Fils seul s'est incarné, et non le Père ou le Saint-Esprit. Il y est prouvé encore qu'en Dieu la trinité des personnés ne détruit point l'unité de nature. Ce livre est adressé à un nommé Scarilas.

8o Les lettres au diacre Ferrand. Če diaère avait consulté S. Fulgence sur ce qu'on devait penser du baptême d'un Ethiopien, qui, à la vérité, avait désiré ce sacrement, mais qui l'avait reçu en maladie, étant privé de l'usage de la parole et de toute connaissance dans le moment de l'administration. Le saint docteur répond, dans sa première lettre, que le baptême avait été valide et nécessaire à cet Ethiopien. Il éclaircit dans la seconde cinq questions qui lui avaient été proposées sur la Trinité et l'Incarnation.

9° La lettre à Jean et à Vénérius, l'un archimandrite, et l'autre diacre de Constantinople. On y trouve la réfutation des erreurs des Semi-Pélagiens.

10° Le livre de l'Incarnation et de la Gráce. Les députés des moines de Scythie ayant consulté les évêques d'Afrique exilés en Sardaigne, sur la doctrine qu'il fallait tenir touchant le nestorianisme, l'eutychianisme et le semi-pélagianisme, S. Fulgence fut chargé de leur répondre au nom de tous ces illustres confesseurs. Il composa pour cet effet le livre dont nous parlons. Dans la première partie, il réfute les Nestoriens et les Eutychiens, et les Semi-Pélagiens dans la seconde.

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11o La lettre au comte Régin. Ce comte avait écrit à S. Fulgence, 1o pour le prier de lui dire si le corps de Jésus-Christ était corruptible; 2o pour lui demander un réglement de vie convenable à un homme engagé dans la profession des armes. Quant au premier point, le saint docteur répondit que le corps de JésusChrist étant un corps mortel, était sujet à la faim, à la soif, à la douleur et à la corruption. La corruption dont il s'agit ici ne doit s'entendre que d'une altération des parties du corps, et de sa séparation d'avec l'âme. Il faut encore remarquer que l'on ne considérait point Jésus-Christ dans l'état de gloire où il est entré après sa résurrection. Âu défaut de S. Fulgence, que la mort avait enlevé, le diacre Ferrand se chargea de donner le réglement de vie.

12o Le livre de la Trinité à Félix, notaire. Le saint docteur y explique le mystère de la sainte Trinité; il y distingue la grâce de l'état d'innocence, de celle que Dieu donne dans l'état de la nature tombée; et il soutient, comme une chose certaîne, que les corps de tous les hommes ressusciteront chacun dans leur propre sexe; que les bons jouiront d'une félicité éternelle, et que les méchans seront condamnés à des supplices qui ne finiront jamais.

13° Les deux livres de la Rémission des péchés, adressés à Euthymius. Il y ́est prouvé qu'il ne peut y avoir de rémission des péchés, sans une sincère pé nitence, et hors du sein de la véritable Eglise.

14° Les trois livres de la Vérité, de la Prédestination et de la Grâce de Dieu. Le saint docteur y montre, 1° que la grâce est un don de la miséricorde divine; 2o qu'elle ne détruit point le libre arbitre; 3° que l'élection à la grâce et à la gloire est toute gratuite. Ils sont adressés à Jean et à Vénérius, dont nous avons parlé plus haut.

15o Le livre de la Foi à Pierre, composé vers l'an 523. Un laïque, nommé Pierre, voulant aller à Jérusalem, pria notre saint de lui donner une règle abrégée de foi qu'il pût étudier, afin de ne pas tomber dans les piéges des hérétiques. Fulgence lui adressa ce livre qui contient quarante ou même quarante-un articles, selon quelques imprimés. Il y explique les mystères de la Trinité et de l'Incar

TOME I.

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nation, ainsi que ce qui concerne le saint sacrifice de l'autel; il y établit la nécessité de professer la vraie foi, et de vivre dans le sein de l'Eglise catholique. · 16o Le livre de la Foi contre l'évêque Pinta. Cet évêque, de la secte des Ariens, ayant écrit contre les trois livres de notre saint au roi Trasimond, ceJui-ci lui répliqua par un ouvrage particulier qui n'est point venu jusqu'à nous. Tous les critiques conviennent que la Réponse à Pinta, qui porte le nom de S. Fulgence, n'est point de lui, 1° parce que le style de l'auteur de cette réponse est différent de celui de S. Fulgence; 2° parce qu'il cite l'Ecriture selon l'ancienne version italique, au lieu que S. Fulgence la cite selon la version vulgate; 3° parce qu'il n'entendait point la langue grecque, dans laquelle S. Fulgence était fort habile; 4o enfin parce que S. Fulgence, au rapport de l'auteur de sa vie, renvoyait, dans son ouvrage contre Pinta, à ses livres au roi Trasimond, et que l'on ne trouve rien de tel dans celui dont nous parlons.

17o Les Sermons ou Homélies. De près de cent qui portent le nom de S. Ful gence, il n'y en a que dix qui soient incontestablement de ce Père.

Les écrits de S. Fulgence annoncent un homme doué d'une grande pénétration d'esprit, qui savait éclaircir ses idées, et les rendre avec précision. Mais la crainte de n'en avoir point dit assez pour bien développer sa matière, l'a rendu diffus, et l'a fait tomber dans des redites. Ses raisonnemens sont solides et concluans, et portent toujours sur l'autorité de l'Ecriture et de la tradition.

La plus complète de toutes les éditions des œuvres de S. Fulgence est celle qui parut à Paris en 1684, in-4°. Celle de ses ouvrages sur la grâce, donnée à Rome, en 1759, par Foggini, est la plus exacte.

S. ALMAQUE, MARTYR.

ALMAQUE OU Télémaque, solitaire d'Orient, était pénétré de douleur en pensant aux barbares combats des gladiateurs, qui entraînaient dans le péché des villes et des provinces entières, et qui causaient la damnation d'un si grand nombre d'âmes. Ce fut dans le dessein d'arrêter, s'il le pouvait, un mal si digne de larmes, qu'il quitta son désert pour aller à Rome. Il n'eut pas plutôt vu les gladiateurs s'entr'égorger, qu'il courut à eux pour les séparer; mais son zèle lui coûta la vie. Il fut renversé par terre et mis en pièces le 1er janvier 404. Au reste, l'effusion de son sang produisit les plus salutaires effets, puisqu'elle procura à l'empe

reur Honorius l'occasion d'abolir entièrement les horribles combats des gladiateurs qui avaient subsisté jusqu'alors, malgré les edits de Constantin, de Constance, de Julien et de Théodose Ier. Le nom de S. Almaque se trouve dans le vrai Martyrologe de Bède, et dans le romain". V. Théodoret, Hist. l. 5, c. 26.

a Les Martyrologes de Bède, d'Adon, d'Usuard, etc. font mémoire de S. Almaque, martyrisé à Rome pour s'être fortement opposé aux superstitions païennes qui avaient lieu le jour de l'octave de la Nativité de Notre-Seigneur, c'est-à-dire le jour de la Circoncision. Adon ajoute que les gladiateurs le mas sacrèrent par l'ordre d'Alypius, préfet de Rome. On trouve effectivement un préfet de ce nom sous le règne de Théodose ler, père d'Honorius. De toutes ces circonstances, Baronius a conclu dans ses notes sur le Martyrologe Tomain, que notre saint était le même que le S. Télémaque dont parle Theodoret en quoi il a été suivi par Bollandus et Baillet. Mais Chastelain, not. sur le Mart. rom. p. 8, et Benoît XIV, in Festo Circumc. tom. 10, p. 18, pensent qu'on les doit dis

Ste EUPHROSYNE, VIERGE,

Ste EUPHROSYNE, née à Alexandrie, était fille unique d'un homme de grande considération, nommé Paphnuce. Elle conçut dès son enfance un grand désir de se consacrer à Jésus-Christ dans l'état religieux; mais elle trouva des obstacles à ses desseins de la part de son père. Voyant qu'il lui était impossible de les surmonter, elle s'enfuit secrètement à l'âge de dix-huit ans ; et l'on dit que, pour se mieux cacher, elle se revêtit d'un habit d'homme. Un tel déguisement est sans doute contraire à la loi naturelle, à la loi positive de Dieu et aux canons de l'Eglise, à moins qu'il n'y ait une extrême nécessité, comme serait le cas de sauver la vie à un homme. Mais il pouvait être excusé dans notre sainte, par l'ignorance invincible des règles, par la droiture et la simplicité de son cœur. Euphrosyne alla se présenter, sous le nom de Smaragde, à l'abbé Théodose, qui gouvernait un monastère voisin d'Alexandrie, où il y avait trois cent cinquante religieux, Par son conseil, elle s'enferma seule dans une cellule, où, sous la conduite d'un habile directeur, elle partageait son temps entre le travail des mains, les pratiques de la mortification, et les divers exercices de la piété chrétienne. Son père, qui visitait souvent le monastère, allait la voir sans la connaître, et recevait d'elle d'excellens avis pour la conduite spirituelle de sa vie. Ce ne fut qu'au lit de la mort qu'elle lui déclara qu'elle était sa fille Euphrosyne. Elle mourut entre ses bras au cinquième siècle, après avoir passé trente-huit ans dans la solitude. Paphnuce fut si touché de son exemple, qu'il se retira dans le même monastère. Il demeura dix ans dans la cellule de sa fille, et y mourut en odeur de sainteté. Le Ménologe des Grecs honore la mémoire de Ste Euphrosyne le 25 septembre, tinguer l'un de l'autre, et que S. Almaque souffrit long-temps avant S. Télémaque. Nous avons adopté le sentiment des premiers.

Wake nie l'existence de notre saint, dans son livre de l'Enthousiasme, et prétend qu'on a fait par ignorance un S. Almaque d'un mot Almanachum, placé à la tête du calendrier, Chastelain a fait sentir l'impertinence de cette conjecture, et a démontré que Wake n'avait jamais lu les anciens manuscrits. Le mot Almanachum ou Almanach est arabe d'origine, selon Scaliger et Saumaise. Le Croze dit qu'il se trouve dans Porphyre, cité par Eusèbe, Præpar. Evang. l. 3, c. 4; ce qui porterait à croire qu'il a une origine égyptienne. Mais quelle qu'en soit la sígnífication dans Porphyre, M. du Cange, si connu par ses grandes recherches, assure qu'il est barbare, et qu'on ne le voit, ni dans les Ephémérides, ni dans les calendriers manuscrits. Le mot Almanach, qui n'est connu en Europe que depuis les croisades, vient de deux mots arabes, al, grand, et mana, compte ou calcul. Ménage conjecture que les Arméniens s'en sont servis les premiers, pour signifier un calendrier. Voyez Ménage dans ses Origines de la lan gue française, au mot Almanach.

Conc. Gangrens, can. 13.

Son nom est marqué au 1er janvier dans le Martyrologe romain et dans le nouveau Martyrologe d'Evreux. Ses reliques, qui furent autrefois apportées d'Egypte en France, sont honorées à Reaulieu, près de Compiègne. Quelques-uns ont cru que Ste Euphrosyne d'Alexandrie était la même que Ste Euphrasie ou Eupraxie. Voyez les actes de notre sainte par un anonyme: Tillemont et Baillet les regardent comme incertains; mais Baronius en fait cas, et Bulteau les a suivis dans son Histoire monastique d'Orient, l. 1, c. 16, n. 2, p. 196.

S. OYEND, TROISIÈME ABBÉ DE CONDAT.

OYEND fut élevé dès l'âge de sept ans sous la conduite de S. Romain et de S. Lupicin, tous deux frères et fondateurs du monastère de Condat . Il fut fait abbé de ce célèbre monastère, après la mort de Minause, dont il avait été coadjuteur. Sa vie était trèsaustère : il ne faisait tous les jours qu'un repas, après le soleil couché, encore mangeait-il fort peu : hiver et été, il portait la même tunique, et ne quittait jamais le cilice. Ce fut par une suite de ce même zèle pour la pénitence, qu'il endurcit son corps aux rigueurs du froid et à plusieurs autres sortes de mortifications. La sérénité de son visage annonçait la tranquillité de son âme : il était d'une douceur inaltérable, et à l'épreuve de toutes les injures. Il avait trouvé le grand art de s'unir intimement à Dieu par la prière continuelle. Sa dévotion était si tendre, qu'une pieuse parole suffisait pour l'enflammer visiblement, et pour le ravir en extase. Ces saintes dispositions s'accrurent encore durant sa dernière maladie. Enfin le moment de consommer son sacrifice étant arrivé, il envoya chercher le prêtre chargé de faire l'onction des malades ; il la reçut sur la poitrine, selon la coutume de ce temps-là, et mourut cinq jours après, âgé de soixante-un ans, vers l'an 514'.

S. Oyend ne fut jamais prêtre, quoiqu'on l'eût souvent pressé de recevoir le sacerdoce. Il était très-versé dans les langues grecque et latine, et dans la connaissance des livres sacrés. Il eut un grand soin de faire fleurir, dans son monastère, toutes les études

a En latin Eugendus ou Augendus.

La célèbre abbaye de Condat, bâtie sur le mont Jou, autrement mont Jura, en Franche-Comté, porta le nom de Saint-Oyend jusqu'au 13° siècle, qu'elle prit celui de Saint-Claude. Il s'est formé peu à peu une ville auprès de cette abbaye. En 1743, le pape Benoit XIV y érigea un évêché, et fit une cathédrale de l'église. Les chanoines, pour être reçus, devaient prouver seize quartiers de noblesse, huit paternels et huit maternels.

1 Mabill. Annal. Bened. an. 510, tom. 1, p. 23 et 24.

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