L feille en s'emparant tant de l'acide uni à la base alkaline que de l'acide furabondant; il fe forme un précipité d'oxalte calcaire qui, après avoir été lave & fèché, pèfe cent foixante-quinze, & la liqueur qui furnage tient trente-deux de méphite de potaffe, c'eft-à-dire à peu-près autant qu'on en obtient par la décompofition du fel par le feu. Mais M. Bergman remarque très-bien que ce procédé pe peut fervir à retirer l'acide libre comme pour le tartre, parce qu'il y a cette différence que l'acide vitriolique ne peut reprendre la base calcaire a cet acide. MM. Savary & Wiegleb ont effayé d'obtenir l'acide pur en traitant le fel d'ofeille à la diftillation, foit feul, foit avec un acide capable de retenir fa bafe. Une once (480 grains) de fel d'ofeille blanc ayant été diftillée à feu nu dans une petite cornue, avec l'attention d'augmenter le feu par degrés, il s'eft élevé en vapeurs très-fubtiles une liqueur claire comme de l'eiu, qui avoit un goût plus fort que celui de l'acide acéteux, mais dont l'odeur n'avoit cependant rien d'acide, & qui pefoit 150 grains, il n'y eut aucune trace d'huile. On trouva un réfidu d'un gris clair, du poids de 160 grains, qui s'échauffa confidérablement avec l'eau diftillée, qui, pendant fa diffolution, laiffa précipiter deux grains de terre brune, & qui fournit par l'évaporation 156 grains d'alkali. Pendant l'opération, il fe fublima au col de la cornue environ quatre grains d'un fel concret fort acide qui y forma comme des cercles. Le produit de cette diftillation eft de l'acide oxalin pur; mais M. Wiegleb vit bien que la quantité de ce produit ne répondoit pas à la quantité de cet acide contenue dans le fel d'ofeille, puifqu'il y avoit fur les poids un déchet de 166 grains, malgré toute l'attention qu'il avoit apportée pour qu'il ne pût rien fe diffiper, Au lieu d'en conclure comme M. Savary, que l'acide qui manquoit avoit été converti en alkali, il jugea « que l'acide qui • avoit paffé à la diftillation ne venoit que de la >portion qui étoit dans le fel au-delà du point » de faturation de l'alkali; & que la quantité, qui > fervoit proprement à cette faturation, & qui > étoit fans doute la plus confidérable, n'avoit pu être féparée de la même manière, & par conféquent avoit été détruite par le feu, comme il > arrive à tout acide végétal uni à une base alka» line». Pour s'en affurer, M. Wiegleb effaya de dégager cette portion d'acide par un acide plus puiffant; il verfa 120 grains d'acide vitriolique fur 480 grains de fel d'ofeille, & il diftilla à feu nu dans une cornue bien luttée avec fon récipient; il n'obtint cependant encore que 200 grains de liqueur, à la vérité plus chargée d'acide que le produit de la précédente diftillation, & dans laquelle il affure n'avoir pu découvrir aucune trace d'acide vitriolique. Il répéta l'opération en doublant la dofe d'acide vitriolique, & le produit ne fut pas plus confidérable, au même degré de feu; en l'augmentant fur la fin, il recueillit encore trente grains de liqueur, mais pour lors très-chargée d'acide vitriolique; le réfidu de ces diftillations étoit du vitriol de potaffe. Il paroît que M. Wiegleb n'a jugé de la pureté des premiers produits de ces opérations que parce que le précipité qu'il occafionnoit dans les diffolutions de plomb étoit foluble dans l'acide nitreux, & en fuppofant que le vitriol de plomb eft infoluble dans cet acide; mais M. Bergman qui, le premier, a indiqué cette épreuve, a depuis averti qu'elle n'étoit pas fùre. Il n'y aura plus d'incer titude quand cette liqueur aura été effayée par une diffolution de terre barotique, qui eft le réaclif le plus infaillible pour découvrir l'acide vitriolique. On pourroit même, fi on le vouloit, dépouiller complettement les produits de ces diftillations de tout acide vitriolique, fans y porter aucune fubftance étrangère, en les précipitant par une dissolution d'oxalte barotique par excès d'acide. Voilà donc déja des procédés pour obtenir l'acide oxalin libre & pur, mais il me refte à en faire qui eft encore plus expéditif, & dans lequel il connoître un autre qui eft dû au célèbre Scheele, paroît qu'il doit y avoir moins de perte. Il confifte à faturer l'acide furabondant du fel d'ofeille par l'alkali volatil, & à verser dans la liqueur une diffolution de nitre barotique; il fe fait fur-le-champ échange de bafes par le moyen d'une double affinité; l'acide nitreux s'empare des deux alkalis, & la terre barotique forme avec l'acide oxalin un fel peu foluble qui fe précipite au fond de la liqueur. Cet oxalte barotique eft à fon tour décomposé par l'acide vitriolique en vertu de l'affinité plus puiffante qu'il exerce fur cette bafe; & comme il régénère avec elle le vitriol barotique, ou fpat pefant, abfolument infoluble, on trouve dans la liqueur l'acide pur, que l'on fépare du précipité par décantation. On doit feulement avoir l'attention de ne pas mettre plus d'aċide vitriolique qu'il n'en faut, & fi cela étoit arrivé, de le reprendre, en ajoutant de l'oxalte barotique diffous dans l'eau bouillante, ou même en état concret, Cet acide pur, dit M. Bergman, n'a pas encore été fuffifamment examiné, il paroît s'approcher d'avantage de celui du fucre que de celui du tartre; il eft cependant différent de l'un & de l'autre car l'oxalte de potaffe décrépite au feu, s'y fond, noircit peu, & fe laiffe décompofer par le méphite de potaffe, ce qui ne convient pas au tartre de potaffe; & le faccharte de potaffe ne reflemble nullement aux fels formés de l'union des acides tartareux & oxalin avec cet alkali. Cela n'a pas empêché quelques Chymiftes, & en particulier M. Weftrumb, de regarder l'acide du fucre comme le principe acide identique du tartre, du fel d'ofeille &c. Nous examinerons ailleurs les raifons fur. lefquelles ils fondent cette opinion, Voyez ACIDE SACCHARIN. Les expériences de MM. Savary & Wiegleb confirment les caractères spécifiques de l'acide oxalin L'eau. & établiffent comme il fuit le fystême pur, 'de fes propriétés. 1. Par l'évaporation à un feu doux, il donne un fel concret en aiguilles qui a une faveur fort acide. 2o. Expofé au feu, il fe volatilise en entier, ou plutôt, comme le dit M. Bergman, il fe détruit, mais il fe bourfouffle moins que l'acide tartareux, &ne noircit pas comme lui. 3°. La diftillation de ces cryftaux rougit fortement les couleurs bleues végétales. 4°. Traité à la diffolution, il donne un phlegme beaucoup plus acide que celui qu'on obtient de l'acide tartareux, & fans aucune trace d'huile. 5°. Il ne paroît avoir aucune affinité avec le phlogiftique; & lorfqu'on le traite avec le noir de fumée ou la pouffière de charbon, il ne donne aucune odeur d'hépar. 6°. Il diffout avec effervefcence les méphites terreux & alkalins, & forme avec eux des fels neutres. Voyez OXALTE CALCAIRE, OXALTE DE POTASSE, &c. 7°. Il n'attaque point l'or, ni l'argent, ni le cuivre, ni le bismuth. 8°. Il diffout l'argent précipité de l'acide nitreux par l'alkali volatil. 9°. Il corrode le plomb fans le diffoudre. 10. Il attaque directement le fer, l'étain, l'antimoine & le zinc, Voyez les propriétés de ces fels aux articles oX ALTE DE FER, OXALTE DE ZINC, &c. 11. Suivant M. Savary, il donne avec l'efpritde-vin une liqueur éthérée. Voyez ETHER OXALIN. M. Bergman donne les affinités de cet acide dans l'ordre qui fuit, en avertiffant feulement que le rang de la magnéfie n'est pas encore bien déterminé. De mercure. De platine. L'efprit-de-vin. Cet acide décompofe le vitriol calcaire & trouble la liqueur à raifon du nouveau fel peu foluble qui s'y forme; ce qui le rend propre à fervir de réactif pour les eaux féléniteuses. Il décompofe de même le muriate calcaire. Ilenlève l'argent, le mercure & le plomb à l'acide nitreux. Il ne trouble pas la diffolution de muriate mercuriel corofif. Il décompofe l'acète de plomb. M. Paeken, dans fa differtatton de fale acido effent. tartari, rapporte que fi on verse dans la difsolution d'argent ou de mercure, de l'acide oxalin faturé d'alkali fixe végétal ou oxalte de potaffe en liqueur, la terre métallique forme un précipité falin qui eft fulminant, lorfqu'on l'expofe à un grand feu. Cette expérience a été répétée au cours de Chymie de l'Académie de Dijon: le précipité a été mis dans une cuiller de fer fur des charbons ardens; peine a-t-il fenti la chaleur, qu'il s'eft difperfé avec bruit. §. III. De l'acidule oxalin. Le fel d'ofeille imparfaitement faturé eft luimême fufceptible, comme nous l'avons dit, d'exercer, fans fe décompofer, une action fur plufieurs fubftances; il conftitue par conféquent un vtai diffolvant, que nous nommerons déformais acidule oxalin, pour le diftinguer de l'acide oxalin libre. Pour avoir l'acidule oxalin bien pur, il faut le diffoudre, filtrer la diffolution froide, la rapprocher enfuite par l'évaporation, & la faire cryftallifer par refroidiffement. Le fel du commerce préparé en grand n'eft jamais exempt d'impuretés: M. Bergman a même obfervé que la proportion de fes principes conftituans varioit confidérablement. Quelquefois cent parties de ce fel lui ont donné, par la combuftion & l'élixation, trente-une parties de potaffe, & la faturation de l'acide furabondant exigeoit 112 d'alkali végétal; un autre fel a laiffé au feu 3 de potaffe, & il n'en falloit que quatre-vingfept pour faturer l'excès de fon acide. D'où il réfalte que dans le premier l'acide furabondant étoit à l'acide faturé :: 7 : 2, & dans le second :: 7:3. M. Bergman croit que cette différence peut venir de la nature du fol où la plante a végété, ou du procédé de la fabrication; au refte, l'acide libre forme toujours la portion la plus confidérable, & de là vient que fon acidité eft plus fenfible que celle de l'acidule tartareux. 37 100 Il est évident que la folubilité de ce fel doit varier fier en raison de la proportion de fes principes. Suivant M. Wenzel, 960 parties d'eau bouillante prennent 675 de ce fel, ce qui eft fort différent de ce que nous avons rapporté des obfervations de MM. Savary & Wiegleb. Comme on fait que l'acide pur eft très-foluble, que l'acide complettement faturé fe diffout également en beaucoup plus grande quantité, il feroit intéreffant de déterminer quelles font les proportions d'acide & d'alkali qui donnent le compofé le moins foluble. L'acidule oxalin rougit très-fenfiblement l'infufion de tournefol: M. Wenzel s'eft fervi de cette propriété pour déterminer le point de faturation, dans fes expériences fur la combinaison de ce fel avec les différentes bafes. L'oxalte de potaffe peut être préparé directement par l'acidule oxalin, en achevant de faturer l'acide avec le même alkali. M. Wenzel dit que 294 grains d'acidule oxalin prennent 120 grains de potaffe feche, obtenue par la détonnation du nitre; mais on fent que ces proportions doivent varier fuivant la qualité du fel d'ofeille qu'on emploie. L'acidule oxalin uni aux autres bafes forme, comme je l'ai dit, des fels à trois parties, que nous nommons, pour les diftinguer, oxaltes trifules. (Voyez OXALTE TRISULE CALCAIRE, BAROTIQUE, &c. Suivant l'observation de M. Wenzel, la diffolution des terres faturées d'acide méphitique s'opère avec une vive effervefcence. Suivant M. Savary, l'acidule oxalin diffout le fer & le zinc, attaque l'étain & l'antimoine, corrode feulement la fuface du plomb, & ne fe charge des autres métaux que lorfqu'ils ont été auparavant privés d'une partie de leur phlogiftique. Il est remarquable qu'il donne avec la plupart des terres métalliques des fels cryftallifables & non déliquefcens. (Voyez OXALTE TRISULE d'argent, de cuivre, &c.) Le fer n'eft point précipité de cette diffolution par l'alkali, c'est-à-dire, qu'il refte en combinaison avec l'oxalte de potaffe. Les affinités de l'acidule oxalin suivent le même ordre que celles de l'acide oxalin pur, du moins n'a-t-on pas encore apperçu de différence; mais il est évident que toutes les fois que ce fel double n'eft pas décompofé par la nouvelle bafe qu'on lui préfente, fes affinités doivent être dans un degré inférieur de puiffance, précisément comme le vitriol de potaffe,n'attire plus auffi puiffamment la portion d'alkali, fans laquelle il peut exifter en état de fel neutre, & le laiffe aller facilement à l'acide nitreux, quoique plus foible, Ce fel acidule décompofe à la diflillation le nitre & même le fel commun; ce qu'il ne peut faire, que parce qu'il a une plus grande fixité, que les acides nitreux & muriatique ; cependant ces acides emportent toujours avec eux un peu d'acide oxalin libre. li enlève la terre calcaire aux acides vitriolique & muriatique, Il trouble la diffolution d'argent. Chymic. Tom. I. ACIDE OXALIN (Pharmacie). On n'a pas en core fait ufage en médecine de l'acide oxalin pur, mais feulement de l'acidule oxalin, connu fous le nom de fel d'acétofelle, fel d'ofeille. Les Suiffes, qui font un objet de commerce de ce fel, le tirent indiftinctement de l'acétofelle ou alleluia, de l'ofeille des jardins & de l'ofeille fauvage, furnommée ronde. Comme ce fel ne diffère pas effentiellement, quel que foit celui de ces végétaux dont il a été extrait, il importe peu qu'on l'ait retiré de l'un ou de l'autre. Mais ce fel eft cher, & fa cherté engage fouvent à lui fubftituer du vitriol de potaffe ou tartre vitriolé avec excès d'acide. Cette fraude, eu égard aux propriétés de l'acide vitriolique & du tartre vitriolé (voyez les articles de ces fubflances falines), eft de la plus grande conféquence. La crainte d'eniployer, pour acide oxalin véritable, un sel fi différent, exige que tous les pharmaciens s'affurent, par des épreuves décifives, de la qualité de celui qu'ils tiennent dans leurs boutiques. M. Scheele, qui s'eft convaincu par des expériences de la réalité de cette fupercherie, nous a fourni les moyens de la reconnoître. Nous avons répété fes expériences, qui nous ont donné les mêmes résultats. Nous y avons joint quelques obfervations qui viennent à l'appui des conféquences qu'on doit en tirer, & nous allons les expofer ici les unes & les autres, afin qu'on puiffe, par leur fecours, s'affurer de la qualité du fel vendu fous le nom de fel d'acétofelle. Le véritable acide oxalin concret, felon Bergius, fe cryftallife en groupes formés de cry ftaux figurés en coins obtus à faces planes, raffemblées parallèlement, & qui font d'un verd obfcur avant qu'ils n'aient été purifiés. Mais par fa purification, ce fel prend une couleur d'un blanc cendré, fes cryftaux font en prifmes, dont les faces font un peu convèxes, & qui fe terminent en pointe fine. Ceux du faux acide oxalin, quoiqu'extrêmement petits, ont la forme des cryftaux de vitriol de potaffe terminés en pyramides triedres. L'un & l'autre de ces fels ont une faveur trèsacide; mais le véritable, étendu fur du linge & un peu humecté, n'en altère pas le tiffu; l'autre brule & détruit l'endroit qu'il touche. Co En mettant fur une fpatule de fer rougie au feu quelques cryftaux du véritable acidule oxalin, il y a une très-légère décrépitation; il fe fond, bouilIonne, ne donne que très-peu de vapeurs & prefqu'infenfibles à la vue & à l'odorat; il refte fur la patule une fubftance blanchâtre que les épreuves ordinaires démontrent être de la potaffe. La même expérience faite avec le fel fufpect donne une vapeur fulphureufe très - remarquable, ne fe fond point, ne bouillonne pas, décrépite avec violence, fe difperfe par la décrépitation, & les fragmens reftés fur la fpatule font encore un fel neutre. Ces deux fels fe diffolvent dans l'eau, mais le véritable à la dofe de quarante grains & plus par once, l'autre à celle de douze à treize. L'acidule oxalin pur eft diffoluble dans l'efpritde-vin à feize grains par once. Le faux, ainfi que M. Macquer l'a obfervé du vitriol de potafe, ne s'y diffout qu'en quantité inappréciable. Enfin, fi dans une diffolution du véritable acide oxalin on verfe de l'acète de plomb en liqueur, il y a fur-le-champ un précipité blanc, qu'une addition d'acide nitreux fait difparcître, en rendant au mêlange fa première limpidité. Mais la même expérience, tentée fur la diffolution du faux fel d'ofeille, n'a pas le même réfultat, le précipité blanc n'eft pas rediffous par l'acide nitreux, parce que l'affinité de cet acide avec le plomb eft inférieure à celle du vitriolique avec le même métal. M. Scheele, auquel, comme nous l'avons dit plus haut, nous fommes redevables de la connoiffance de la plupart des faits que nous venons d'expofer, ne s'eft pas borné à ces expériences pour conflater la nature du fel, qu'avec raifon il fufpectoit. Il l'a foumis à l'analyfe, & il l'a imité par la fynthèfe. La première de ces opérations lui a donné, dans. le récipient, de l'acide vitriolique, & dans la cornue, du vitriol de potaffe. Il a fait diffoudre de cette efpèce de vitriol dans de l'acide vitriolique, & l'a fait cryftallifer, & il a eu un fel en tout femblable à l'acidule oxalin factice. On peut fe difpenfer d'apprécier, par l'analyfe, l'acidule oxalin concret ou fel d'ofeille du commerce, les épreuves indiquées fuffifent pour démafquer la fraude lorfqu'elle a lieu, & il eft du devoir de tout apothicaire de prendre ce parti. La difficulté de fe procurer un acidule oxalin qui méritât de la confiance, a empêché jufqu'à préfent de multiplier les expériences capables de conftater les propriétés médicinales de ce fel. On fait feulement qu'il eft neutralifant des acres bilieux & alkalefcens, un léger roborant, un anti-feptique, anti-phlogiftique, & confequemment un rafraichiffant, un doux apéritif, un tempérant, un diurétique froid. On l'emploie à raison de ces différentes pro priétés en potions, en tifanes, en gargarifmes 3 dans les premières, à la dofe de douze grains à demi-gros; dans les autres, à celle d'un gros & demi & plus par livre d'infufion appropriée. Ce fel, à cette dernière dose, dans de l'eau fucrée, donne une limonnade fort agréable (voyez LIMONNADES): on en forme des tablettes, connues fous le nom de paftilles de citron, de limonnade sèche. Voyez LIMONNADES, PASTILLES. L'analogie de ce fel avec l'acidule tartareux, nommé crême de tartre, doit faire préfumer qu'on pourroit le fubftituer avec avantage à ce dernier, fur-tout vu fa diffolubilité, qui en rend l'ufage plus commode. Comme dans l'un & dans l'autre il y a un fel neutre de potaffe avec excès d'acide, & que c'eft à ce fel qu'on doit attribuer la qualité purgative de l'acidule tartareux concret,ou créme de tartre, il eft probable que l'acidule oxalin concret pourroit aufli être employé comme purgatif. On peut obtenir l'acide oxalin dégagé de toute bafe par le procédé ci-devant indiqué d'après M. Schéele. La méthode de M. Retzius ne convient pas ici, parce que l'acide vitriolique ne décompofe l'oxalte calcaire; nous en avons fait ufage pour déterminer la proportion des principes dans le fel d'ofeille de nos boutiques, & nous avons vu par-là qu'il contenoit treize onces & demie d'acide pur, & deux onces & demie de potaffe. pas L'acide oxalin pur auroit probablement des propriétés médicinales analogues à celle de fon fel, mais feroit plus neutralifant, plus rafraîchiffant, plus roborant, aftringent, & fes propriétés fe rapprocheroient beaucoup de celles de l'acide acéteux; fa rareté ne permet pas de multiplier les épreuves, mais nous ne croyons pas qu'on doive en avoir beaucoup de regret, vu que l'acide acéreux, infiniment moins cher, aura des effets encore plus avantageux, à raifon du principe huileux qui entre dans fa compofition. On ne connoît pas encore les effets de fes combinaifons avec rec différentes bafes, mais on peut préfumer qu'ils ne différeront pas beaucoup de ceux des acètes & des tartres. Nous tâcherons de les apprécier, & nous ferons mention des refultats de nos expériences. Voyez OXALTES. L'acidule oxalin a une propriété intéressante à connoître, qui eft d'enlever les taches d'encre de deffus le linge. On fait que tous les acides, en rediffolvant le fer précipité par la noix de galle, & d'où dépend la couleur noire de l'encre, font difparoître cette couleur; mais les acides minéraux brûlent le linge par leur force attractive; celui-ci ne produit pas cet effet: pour s'en fervir, on en met quelques grains fur la tache, & on l'humecle avec de l'eau, ou bien ou verfe fur la tache quelques gouttes de fa diffolution. ACIDE PHOSPHORIQUE. Cet acide a été auffi nommé, par quelques-uns, acide de l'urine, parce que l'on n'a long-temps retiré le phosphore que de Turine; aujourd'hui cette dénomination doit être abandonnée, foit parce que l'acide phofphorique fe trouve aufli dans d'autres matières animales, foit parce que l'urine contient encore un acide tout différent qu'il convient de diftinguer, & auquel nous avons cru devoir appliquer plus fpécialement le nom d'acide ourétique, où de l'urine. §. I. Précis hiftorique de fa découverte. L'acide phofphorique n'a pas été connu des aneiens, ni aucun des fels qui en font formés; à peine trouve-t-on dans leurs ouvrages des traces de quelques obfervations de l'effet de l'urine fur les métaux, ou de fon ufage dans des médicamens; il n'a commencé à être foupçonné par les Chymiftes que depuis la découverte du phofphate natif de l'urine fel fufible, fel microcofmique), & du phofphore. Il est même étonnant que l'on ait autant tardé à porter quelque attention fur la première de ces fubftances, qui fe montre fpontanément dans le réfidu de l'urine évaporée. Suivant M. Spielman Schockwitz et le premier qui ait décrit ce fel dans une thefe foutenue à Hall en 1699, fous la préfidence d'Hoffman. A la vérité, M. Pott fait remonter bien plus haut fa découverte, puifqu'il cite à ce fujet Raimond Lulle, Paracelfe, Ifaac le Hollandois & Vanhelmont ; mais il convient qu'on n'en trouve, dans leurs écrits, que des traces obfcures, & c'est principalement d'après les manufcrits de Turneiffer & d'autres Alchymistes qui étoient tombés entre fes mains, qu'il porte la connoiffance de ce fel à plus de deux fiècles. Il eft bien certain que c'eft fans fondement qu'on en a fait honneur à Boerhaave, qui en parle comme d'une fubflance déja connue des adeptes, qui s'en promettoient de merveilleux effets fur les métaux, & d'ailleurs Schockwitz & Lemort avoient décrit avant lui fa préparation d'une manière non équivoque. En laiffant dans l'oubli, comme elle le mérite, l'opinion de quelques enthoufiaftes qui ont cru pouvoir appliquer au phofphore quelques expreffions du fecond livre des Machabées, il y a moins d'incertitude fur l'époque de fa découverte. Leibnitz, qui en étoit bien inflruit, ena donné l'histoire dans les mêlanges de Berlin, de 1710; il y rapporte que le phofphore fut trouvé par Brandt, Chymifte allemand, de Hambourg, vers l'an 1667, peu de temps après que Baudoin eut trouvé la propriété phosphorique de la pierre de Boulogne. Brandt fit cette découverte, en travaillant fur l'urine humaine, pour en tirer une liqueur propre à convertir l'argent en or, fuivant un procédé qu'il avoit lu dans l'ouvrage de quelque adepte. Il fit part de fa découverte à Kraft & à Kunckel, tous les deux attachés à l'électeur de Saxe, & qui fe rendirent à Hambourg pour y voir la préparation du nouveau phofphore. Quelque temps après, Kraft paffant par Hanovre, montra ce phénomène à Leibnitz, & de là étant allé en Angleterre, il ne manqua pas de le communiquer à l'illuftre Boyle. Leibnitz fit venir de Hambourg le premier inventeur par ordre du duc d'Hanovre, & l'ayant fait travailler devant lui, apprit toutes les circonftances de l'opération. Il affure avoir fait connoître le premier ce phofphore en France, par l'échantillon qu'il envoya à Hyghens, qui le fit voir à l'académie royale des fciences, & parce qu'il en communiqua le procédé à Tfchirnaufen, lorsqu'il retournoit à Paris. Quoique Leibnitz ne paroiffe affirmer dans ce récit que les faits qui étoient de fa connoiffance particulière, il a été relevé fur plufieurs circonftances importantes : il eft bien vrai que Kraft & Kunckel s'étoient d'abord affociés pour faire l'acquifition du fecret de Brandt; mais Kraft l'ayant acquis pour lui feul, Kunckel fe mit à travailler pour le retrouver, quoiqu'il ne fût autre chofe du procédé, finon que l'on y employoit l'urine, & il y réuffit; c'eft ce dont on ne peut douter, en lifant ce que Kunckel en a écrit dans fon laboratoire chy mique, & ce que Sthal en dit dans les trois cents expériences, &c. Ce fuccès n'étant plus cette fois l'effet du hafard, mais le fruit de fes recherches, les Chymiftes ont cru devoir lui faire honneur de l'invention de ce phofphore, en le nommant encore aujourd'hui phofphore de Kunckel. On ne croit pas non plus, comme le fuppofe Leibnitz, que Kraft ait communiqué à Boyle le procédé du phofphore: ce célèbre phyficien le remit fous cachet, en 1680, au fecrétaire de la fociété royale de Londres, & il ne fut ouvert qu'après fa mort, en 1693 (n°. 193 des tranfactions). Il n'eft pas vraifemblable qu'un favant, jouiffant de la réputation la mieux établie, eût voulu s'approprier ainfi la découverte d'autrui, s'il ne lui en avoir point coûté de recherches pour s'en mettre en poffeffion; il eft plus naturel de penfer que Kraft ne fit réellement que lui montrer le produit de l'opé ration, & lui indiquer peut-être la matière princi pale. Quoique Kraft ait pofitivement assuré à Sthal qu'il lui en avoit expliqué tout le procédé, M. Macquer a raifon de dire que ce témoignage d'un brocanteur de fecrets ne mérite pas grande confiance. Kunckel & un Chymifte allemand, Godefred Hatwitz, qui travailloit dans le laboratoire de Boyle, furent long-temps les feuls occupés à préparer en grand le phofphore; c'eft parce que ce dernier en fourniffoit à tous les phyficiens d'Europe qu'il avoit reçu le nom de phofpore d'Angleterre. Quoique le procédé eût été publié par Kraft, dans le traité des phofphores de l'abbé de Commières, imprimé dans le mercure galant du mois de juin 1683, que le jour nal des favans du mois de mars de la même année eût publié quelques expériences du docteur Slare fur cette fubftance, en annonçant précisément qu'elle étoit tirée de l'urine, qu'Albinus en eût indiqué la préparation dans une thèfe imprimée à Francfort en 1689, qu'elle eût été décrite dans les mémoires de l'académie de 1692, par Homberg, qui l'avoit vu |