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lencia designavit quod nos aput talem locum tali die convenire minime differamus, cum domino Ferrando, comite Flandriarum, qui suum vobis, sicut asseritis, denegavit obsequium, pugnaturi. Sed hoc vobis et Pictavie non credimus expedire, quia, si fuerimus absentes, inde grave dispendium poterit provenire. Nos igitur vobis et terre vestre providere volentes, vobis bona fide consulimus quatinus remanere nos in Pictavia permittatis, quia, nisi caute providerimus, inimici regie majestatis Rupelle portui poterunt aplicare, necnon absencia nostra totam Pictaviam occupare.

VI. Sanctissimo patri ac domino Honorio, Dei gratia summo pontifici, Philippus, eadem gratia rex Francorum, salutem et devotum cum omni humilitate famulatum. A vestre benignitatis memoria, sicut credimus, oblivio non abrasit quod preces nostras, quas pro dilecto et familiari nostro magistro Stephano Parisiensi vobis porreximus, decano et capitulo Aurelianensibus sibi scripsistis, exorantes ut eundem magistrum in fratrem admittentes et canonicum, sibi locum in capitulo, stallum in choro, justa ritum sue consuetudinis, assignarent. Super quo noverit vestra paternitas quod, sicut preces nostras pro eodem clerico repulerunt, sic vestras ducentes pro nullis, mandati vestri extiterunt penitus contemptores. Unde vestram iterum rogamus sanctitatem humiliter exorantes quatinus quod de dicto clerico incepistis vobis placeat consummare, et nobis executores super hoc negocio prebeatis, qui mandatum adimpleri faciant apostolicum et sepe fatum clericum in Aurelianensem canonicum promoveri.

VII. — Serenissimo domino Philipo, Dei gratia Francorum regi, Alfusus, eadem gratia Catellensium rex, salutem in eo qui dat salutem regibus. Dubitare mori nemo debet pro Christi nomine, cum legatur Christum mortem pro populo pertulisse. Semen Chanaam et non Juda, violenta progenies, incirconcisus populus et immundus, maculate mentis et consciencie gentiles, regno (1) proximi sunt et confines. Vasa mortis in manibus suis continentes, nos et sancte fidei professores, tam innata malicia quam assueta perfidia, persequntur; ab eis nichil minus quam mortem expectamus. Proh pudor! In ministros altaris non desinunt degrassari. Gaudium eorum est et affectus mutilare servos simul et filios crucifixi. Memorati quidem ydolatre, Trinitatis hostes, nostrum sanguinem sitientes, in nostras animas conjurarunt. Sed nos offerre volentes nos met ipsos sacrificium in odorem suavitatis, in instanti die maii, cum eis, qui viam pacis minime cognoverunt, ante quorum oculos timor Dei non est, sumus procul dubio (2) conflicturi, firmiter confidentes quod, licet pauci simus, et ipsi multiplicati sint in equis et curribus necnon et numero, de celo no bis adveniet fortitudo. Cum igitur murum integritati solidum debeatis et vallum fidei providere, serenitati vestre preces porrigimus cum singultu, quatinus de regno vestro

(1) Il faut sans doute suppléer ici le mot nostro. signes d'abréviation ajoutés aux lettres p et l.

(2) Le manuscrit porte pel duo, avec des

vernaculos expeditos et armatos milites ad nostrum coadjutorium transmittatis, nichil in aliquo dubitantes quia, si sanguis noster in conflictu Christi respondet sanguini, vere poterimus inter martyres computari.

Le manuscrit auquel sont empruntées les sept lettres qui précèdent parait avoir été copié dans la première moitié du XIIe siècle. Il vient de l'abbaye du Jard, du diocèse de Sens, comme le prouvent: 1° les mots «Iste liber est Sancti Johannis de Jardo », tracés en caractères du XIIIe siècle au haut de la première page; 2° une note ajoutée, probablement en 1374, au bas du folio 40 v°:

Karole, stirps grata Francorum regis amata,
Ac sublimata super omnes prima vocata,
Radix dulcoris, salve, flos pulcher honoris,
Ortu flos floris Francorum ros et amoris.
Lilius ecce datur flos armis cui sociatur
Et sublimatur delphynus eo decoratur.

Anno Domini MCCC° septuagesimo quarto, in die sancti Michaelis archangeli fuit apud Jardum supradictus Karolus, qui dedit eodem die duo ornamenta aurea ad majus altare.

La Summa dictaminis contenue dans le manuscrit d'Angers est copiée en caractères extrêmement fins; elle en occupe les folios 17-19 vo. Elle vient incontestablement des écoles d'Orléans; l'abbaye de Saint-Euverte y est souvent mise en scène. Les noms de Philippe Auguste, d'Honorius III, de Manassès, évèque d'Orléans (1207-1221), et de Foulque, doyen d'Orléans (1 2 10-1216), reviennent à plusieurs reprises. La date de la compilation doit donc ètre fixée aux environs de l'année 1220.

y

NOTICE

SUR

LA RHÉTORIQUE DE CICERON,

TRADUITE PAR MAÎTRE JEAN D'ANTIOCHE,

MS. 590 DU MUSÉE CONDÉ,

PAR

M. LÉOPOLD DELISLE.

Dans les recherches auxquelles ont donné lieu les anciennes traductions françaises des auteurs de l'antiquité, il n'a point été question jusqu'ici d'un travail entrepris à la fin du XIIe siècle sur un ouvrage de Cicéron, dont la mise en français présentait de grandes difficultés. Nous avons cru utile de le faire connaitre par d'assez amples extraits.

Il s'agit des deux traités qu'on appelait, au moyen âge, Rhetorica vetus ou prima et Rhetorica nova ou secunda, et dont les véritables titres sont De Inventione libri duo et Ad Herennium libri quatuor. La traduction en fut exécutée par un certain maître Jean d'Antioche, à la requète d'un chevalier de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, frère Guillaume de Saint-Étienne. Elle fut achevée en 1282 à Saint-Jean d'Acre.

L'auteur de la traduction, « Johan d'Anthioche, que l'en apele de Harens, selon ses propres expressions, est, sans aucun doute, le mème que « maystre Harent d'Anthioche », dont nous possédons une traduction des Otia imperialia de Gervais de Tilbury (1).

Quant à Guillaume de Saint-Étienne, chevalier de l'Hôpital, nous le con

Ms. français 9113 de la Bibliothèque nationale. Un autre exemplaire du même ouvrage forme le n° 19 du fonds Barrois dans la bibliothèque d'Ashburnham Place.

naissons pour avoir été commandeur de Chypre, depuis 1296 jusqu'en 1303, et pour avoir composé un recueil de statuts et de documents relatifs à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (1), sur lequel M. Delaville Le Roulx (2)

d'intéressants détails.

a donné

Ce qu'on sait de la vie et des œuvres de Jean d'Antioche et de Guillaume de Saint-Étienne sera exposé dans une notice du tome XXXIII de l'Histoire littéraire de la France. Ici nous devons nous borner à décrire le volume qui nous a conservé la traduction de la Rhétorique, et à en extraire des passages suffisants pour faire apprécier l'œuvre de Jean d'Antioche.

Le seul manuscrit jusqu'ici connu de la traduction de la Rhétorique est conservé à Chantilly, dans le Musée Condé, sous le no 590. Nous donnerons un peu plus loin les raisons qui nous ont décidé à le considérer comme un exemplaire original.

C'est un volume de 164 feuillets de très beau parchemin, hauts de 350mm et larges de 242; il se compose de vingt cahiers, dont les deux premiers sont dépourvus de signatures, et les autres, cotés I-XVIII. L'écriture en est fort soignée; elle est disposée sur deux colonnes. Tout porte à croire que la copie a été faite soit dans l'Orient latin, soit dans une des régions de l'Europe où les scribes avaient l'habitude d'employer les c cédillés (3). La date de la transcription ne doit guère s'éloigner de celle de la rédaction. C'est en effet sur cet exemplaire qu'a été faite une revision de très peu postérieure à l'achèvement de l'oeuvre du traducteur.

Maître Jean d'Antioche a fondu les deux Rhétoriques de Cicéron en un seul corps d'ouvrage, qu'il a intitulé « Rettorique de Marc Tulles Cyceron »,

(1) Ms. français 6049 de la Bibliothèque nationale.

(2) Bibliothèque de l'École des chartes, 1887,

t. XLVIII.

(3) Nous trouvons, entre autres exemples: maçonerie, au fol. 9; ça dessous, au fol. 9 v°; façons, au fol. 86, col. 2; encomençames, au fol. 95 v° col. 1; françois, au fol. 161, col. 1

et 2.

(4) Dans le manuscrit, le mot rhetorique est généralement écrit rethorique; parfois retori

(4)

et

que (fol.
9 v° et 11 v°); assez souvent rettori-
que, le double t étant figuré par la liaison ha-
bituelle du c et du t (ct), sur les fol. 1 col. 1,
1 vo col. 2, 2 vo col. 2, 3 col. 1, 6 v° col. 1.
Dans ce cas la liaison et doit équivaloir à tt,
comme ailleurs à un double c. On trouve au
fol. 47 col. 2, les deux cc figurés par la liai
son et dans le mot occupée. J'ai cru pouvoir
rendre par tratter le mot traiter, que le scribe a
écrit tracter en employant la liaison des

lettres ct.

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