Suppofant donc avec les Juifs le rapport du diametre à la circonférence du cercle comme 1 à 3, nous trouverons par le calcul que la mer d'airain étoit un cylindre de la capacité de 375 coudées facrées cubiques, lefquelles étant multipliées par 8, donnent 3000 gomeds ou pieds géométriques cubiques, d'où il fuit que la cubature du pied géométrique étoit la capacité du bathim ou métrétès des Hébreux. C'étoit donc par un calcul qui n'étoit pas parfaitement exact, & non en dépotant la mer d'airain, qu'on avoit évalué fa continence à 3000 métrétès. Nous donnerons dans la fuite d'autres preuves de ce que nous ne faifons que faire observer ici en paffant. Par un rapport plus exact entre le diametre & la circonférence du cercle, nous conclurons la capacité de la mer d'airain non de 2000, mais de 2094 bathos qui valent 246 muids & un tiers, mefure de Paris. M. le Maître de Sacy, dans fes figures de la Bible, donne à la mer d'airain la forme d'une demi-sphere, & il dit qu'elle fervoit à purifier les Prêtres lorfqu'ils entroient pour exercer les fonctions de leur Sacerdoce. Dieu avoit donné cet ordre à Moïse, ajoute-t-il, & ce faint Prophete avoit fait faire autrefois un grand baffin de cuivre qui étoit entre le Tabernacle & l'Autel, afin que les Prêtres fe lavaffent les pieds & les mains lorfqu'ils y entroient & qu'ils en fortoient. Sur cela j'obferve que fi ce vafe fervoit au lavement des pieds, il falloit que les Prêtres defcendiffent dedans; mais auroit-il été poffible qu'ils s'y tinffent debout & fans être expofés à tomber, fi le fond en eût été fphérique? Auroit-on pu y placer des fiéges? Non certainement, & la mer d'airain étant une demi-sphere, n'auroit pu absolument fervir à l'ufage auquel elle étoit deftinée. Au reste ce qui a trompé M. de Sacy, c'eft que Jofephe dit formellement que la mer d'airain étoit un hémisphere; mais cet l'avoit pas vue il n'en favoit que ce que lui en avoient appris les Livres faints qu'il compiloit & expliquoit à sa Auteur ne maniere. , La mer d'airain n'étoit pas comparable pour la continence à l'immenfe & célebre tonne d'Heidelberg, qu'on y voit dans le Château. Elle eft de cuivre & les cercles font de fer. Sur le devant font les armes de l'Electeur, & au-deffus un grand Bacchus accompagné de plufieurs Satyres avec quelques Infcriptions en vers allemands. Elle fert à mettre du vin, & contient 204 foudres, 3 olnus & 4 ankers, ce qui à raifon de 713 pintes le foudre, mesure de Paris, revient à environ 507 muids de Paris. Jofephe, après avoir fait la defcription de la mer d'airain ajoute que Salomon fit encore faire dix vafes qu'il appelle Cythrogaules. Ils étoient de cuivre, de forme ronde, & étoient également deftinés aux purifications des Prêtres; chacun de ces vafes avoit quatre coudées de hauteur fur autant de diametre, & contenoit quarante chous ou conges. On voit que cet endroit eft copié du troisieme Livre des Rois (VII, 38.), où on lit: Fecit quoque (Salo:non) decem luteres æneos: quadraginta batos capiebat luter unus, eratque quatuor cubitorum. Ces vafes, à ce qu'il paroît, avoient huit pieds géométriques de hauteur fur autant de diametre. Si donc nous fuppofons, comme dans l'article précédent, le rapport du diametre à la circonférence comme 1 à 3 trouverons qu'ils devoient contenir feulement 384 gomeds cubiques; mais en calculant fur le vrai rapport du diametre à la circonférence, on trouve qu'ils contenoient 402.1 gomeds cubiques chacun. Il est évident par-là qu'il faut lire dans l'hébreu arbameot, quadringentos, au lieu d'arbaim quadraginta; & que c'étoit en furvuidant ces vafes qui contenoient chacun 31.32 muids de Paris, & non en les calculant, qu'on avoit déterminé leur capacité à 400 métrétès. Ce paffage du troisieme Livre des Rois étoit corrompu dès le temps de Jofephe. nous Hérodote (lib. I, no. LXX.) parle d'une cratere de cuivre de la capité de trois cents amphores, destinée par les Lacédémoniens pour Créfus, Roi de Lydie, mais qui fut interceptée ou achetée par les Samiens & confacrée dans leur temple de Junon. Ce vafe devoit contenir 17.64 muids de Paris; l'amphore Afiatique contenant 36 xeftès, felon Cléopatre & le Scholiatte de Nicandre. Le même Hiftorien parle d'une autre cratere (lib. IV, n°. LXXXI.) qu'on voyoit à Exampée en Scythie, entre le Borifthène & l'Hypanis. Celle-ci conténoit fix cents amphores qui font 35.28 muids de Paris. Hérodote (lib. II, c. CLXXV.) raconte qu'Amafis, Roi » d'Egypte, fit apporter d'Eléphantis à Saïs, par une distance de » vingt journées de navigation (il n'y a pas plus de 200 lieues) » un édifice d'une feule pierre. Cet édifice avoit extérieurement » vingt & une coudées de longueur, quatorze de largeur & huit » de hauteur; & intérieurement dix-huit coudées & un pygon de femble y a ८ i une fource de très-bonne eau. Devant l'hermitage eft un petit potager qui fournit des herbages & des fleurs. L'Hermite dont il eft ici queftion eft mort en 1708. ARTICLE II. Examen de la grandeur de plufieurs hommes auxquels l'antiquité donne une taille gigantesque. M. Fréret a recueilli la plupart de ces ftatures extraordinaires, nous les rapportons ici en y faifant l'application de nos mefures. Manéthon, cité par Syncelle, nous apprend que le fameux Séfoftris avoit quatre coudées, trois palmes & deux doigts. Manéthon, Prêtre Egyptien, décrivant la taille d'un Roi d'Egypte, en a donné la mefure en grandes coudées Egyptiennes. Ainsi Séfoftris avoit 91.148 pouces du pied de Roi de hauteur. Toute prodigieufe qu'étoit cette taille, elle eft au-deffous de celle du Hollandois dont parle Ryckius; il avoit huit pieds & demi du Rhin, qui reviennent à 98.6 pouces du pied de Paris. Nous lifons dans Hérodote (lib. VII, c. CXVII.) que lorsque Xercès étoit campé près de la Ville d'Acanthe, un Prince Achéménide, nommé Artachée, pour qui il avoit une considération particuliere, mourut de maladie. Il étoit d'une taille extraordinaire parmi les Perfes, dit l'Historien, car il ne s'en falloit que quatre doigts qu'il n'eut cinq coudées Royales de hauteur. Il avoit environ 74 pouces & demi. Ce Prince étoit bien moins grand que le payfan Suédois, vu par Rudfbeck (Atlantis, vol. III, p. 245.), qui ayant huit pieds de Suéde de hauteur, avoit 87.8 pouces du pied de Paris. Selon Pline (lib. VII, cap. XVI.), on vit fous le regne d'Augufte un géant & une géante appellés Pufio & Secundilla, qui avoient dix pieds un quart; je penfe que ce font des pieds géométriques: dans ce cas, ces géans dont les fquellettes fe voyoient dans les jardins de Sallufte, avoient cent huit pouces ou neuf pieds de Roi. Artaban, Roi des Parthes, avoit envoyé un géant à l'Empereur Tibere. Jofephe (Ant. Jud. L. XVIII.) qui le nomme Eléazar, nous apprend qu'il avoit cinq coudées. Si c'étoient des coudées Babyloniennes, ce géant n'avoit que 77 pouces de France. Le Le géant Gabbara, envoyé d'Arabie à l'Empereur Claude, avoit, felon Pline ( à l'endroit cité), neuf pieds & autant d'onces, ce qui fignifie, je pense, neuf pieds géométriques & une fpithame; il avoit donc cent pouces ou huit pieds 4 pouces. L'Empereur Maximin avoit, felon Capitolin (in Maximino, c. 7.), huit pieds quatre onces de hauteur, qui reviennent à 95 pouces, ou 7 pieds 11 pouces de France. Nous avons parlé de la taille de Goliath en traitant du pygon, & de celle d'Hercule en traitant du ftade Grec. Nous finirons cet article par quelques endroits des Anciens au fujet de la taille militaire parmi les Romains. Une loi de Valentinien (Cod. Theodof.) la fixe à cinq pieds fept onces: in quinque pedibus & feptem unciis ufualibus delectus habeatur. M. le Beau, dans fon Hiftoire du Bas-Empire (lib. VII, art. XLVII.), dit que fous Conftance, vers l'an 353, l'âge militaire étoit de 19 ans. Il ajoute que la taille varioit à la volonté des Princes & felon les différens pays; la plus baffe étoit de cinq pieds Romains, la plus haute de fix. On exigeoit pour l'ordinaire au-deffus de cinq pieds, tantôt six, tantôt fept & tantôt dix pou ces ou onces. Végéce dit qu'au temps de Marius on choififfoit des hommes de fix pieds, ou au moins de cinq pieds dix pouces, pour remplir les premieres cohortes des Légions: In primis legionum cohortibus. ARTICLE III. Digreffion tendant à prouver que l'Amérique a été connue des Anciens. Les parties occidentales & méridionales de l'Afrique ont été peu connues dans les anciens temps, ou plutôt les connoiffances qu'on avoit pu en avoir dans les fiecles les plus reculés n'ayant pas été écrites, fe font effacées de la mémoire des hommes durant un affez long temps. Il y a eu une époque où la navigation fut tellement négligée, qu'au rapport de Strabon il falloit huit ans pour faire tout le tour de l'Afrique; ce qui paroît néanmoins peu vraisemblable: car en fuppofant tout le contour de cette partie du monde de 6300 lieues de 25 au degré, il s'enfuivroit que les Navigateurs n'auroient fait qu'un Dd |
