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IV.

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EMPOISONNEMENT PAR L'ACIDE ARSÉNIEUX ET LE MERCURE COULANT. Un homme de 36 ans, robuste, à qui sa femme donne un bouillon, est pris immédiatement de vomissements violents, suivis de douleurs du bas-ventre, sans déjections alvines, de cardialgie, d'angoisses insupportables, de soif inextinguible, et meurt en 30 heures. A l'autopsie, l'estomac, rouge, enflammé et sa muqueuse détruite, contient beaucoup de sérosité verdâtre, une poudre blanche et une grande quantité de mercure coulant. L'intestin était gangrené et en partie roulé et tordu sur lui-même. Dans le rapport on conclut à un empoisonnement par le sublimé corrosif, dont une partie 'aurait été réduite en mercure coulant par la chaleur du lieu; explication inadmissible, et Hoffmann démontra que la poudre était de l'acide arsénieux. La femme avoua qu'elle avait d'abord administré de l'arsenic, puis du mercure coulant pour donner le change.

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V. EMPOISONNEMENT PAR LES CANTHARIDES, UNE PATE PHOSPHORÉE ET ARSENICALE. Chez un homme, mort le 21 janvier 1849, et exhumé le 24 avril, l'estomac, les intestins, tachés d'un jaune vif, contenaient une grande quantité de bouillie jaune verdâtre, et de petits points jaunes isolés. Les taches, mises en digestion dans un soluté de bicarbonate de potasse, passent au rouge vif. Le soluté, traité par l'acide sulfurique et le proto-sulfate de fer, ne donne pas une coloration rose comme les taches d'acide azotique. Les points jaunes, chauffés avec du flux noir, donnent de l'arsenic. La bouillie, légèrement acide, offrait, à la la vue, des grains d'un blanc jaunâtre, qu'on a cru être de farine de maïs; des grains noirâtres et des parcelles vertes, dorées, brillantes, qui ont été reconnues pour de la poudre de cantharides ; il y en avait aussi dans les gros intes

tins.

. La bouillie est délayée dans l'eau distillée et filtrée; le

liquide, concentré au 8m, était très-acide; saturé par le bicarbonate de potasse, évaporé à siccité, repris par l'eau, et traité par l'azotate d'argent, il donne un précipité abondant de phosphate d'argent, qui, bien lavé, délayé dans l'eau et soumis à un courant de gaz sulfhydrique, a été transformé en sulfure. La liqueur filtrée, suffisamment concentrée, offrait tous les caractères de l'acide phosphorique. Chauffée avec du charbon dans un tube de verre réfractaire, à une forte lampe d'émailleur, elle donnait des vapeurs de phosphore, inflammables à l'air; formait, avec l'eau de baryte, de chaux un précipité blanc, soluble dans un excès d'acide, et les acides azotique et chlorydrique; avec l'azotate d'argent, après avoir été saturée par la potasse, un précipité jaune; enfin, le résidu de la bouillie, ainsi l'estomac, les intestins, préalablement hachés, soumis pendant 24 heures à l'action du chlore, dégagé de l'hypochlorite de chaux par l'acide chlorhydrique, versé goutte à goutte, ont fourni de l'arsenic à l'appareil de Marsh. Les 2/3 du foie, traités de même, en ont aussi donné.

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que

Les experts ont supposé que l'empoisonnement était dû à de la pâte phosphorée, à laquelle, surtout en Allemagne, on ajoute souvent de l'acide arsénieux. Les témoins ont en effet déclaré qu'ils avaient vu l'accusée tremper un paquet d'allumettes dans de l'eau chaude, dans le but, disait-elle, de détruire les rats (Boissenot).

Nous rapportons: 1° tome 1°, page 555, un cas d'empoisonnement par le verdet et le nitrate acide de mercure. La personne a succombé en trois heures aux mêmes accidents que par les poisons caustiques; 2° tome II, page 64, celui d'une petite fille qui, après avoir pris une demi-cuillerée d'une potion, composée de 1 gramme de calomel et 120 grammes d'eau de laurier cerise, a succombé immédiatement dans les convulsions. Ce cas a soulevé une question très-importante, à savoir si la mort était due à l'acide cyanhydrique, ou au sublimé résultant de la réaction

du calomel sur cet acide. 3° Aux assises de l'Arriége, M. Filhol a constaté un empoisonnement criminel, chez une jeune fille, par l'alun et le sulfate de fer; fait intéressant, car, dans plusieurs expertises, la question a été posée, si ces deux sels sont toxiques. 4° Aux rapports toxicologiques, nous citons un cas où, une personne ayant succombé dans un milieu asphyxiant, l'expert a cependant démontré symptomatologiquement que la mort était due à l'opium. 5° Aux assises d'Amiens (1828), les experts ayant constaté seulement la présence de l'arsenic dans les matières suspectes, la défense prétexta que l'accusé avait acheté chez un pharmacien un mélange d'acide arsénieux et d'alun : acquittement. 6° Aux assises de la Drôme (1852), dans un empoisonnement par l'arsenic et le laudanum, les experts conclurent à la présence de l'arsenic dans l'estomac, le foie, etc., en quantité suffisante pour déterminer la mort, et ajoutèrent qu'ils n'avaient pu constater celle du laudanum, à cause du temps qui s'était écoulé depuis la mort. M. Stass, cependant, a décelé ce poison après treize mois d'inhumation. 7° Dans l'affaire Boccarmé, le coupable avait versé de l'acide acétique dans la bouche du patient pour dissimuler l'empoisonnement par la nicotine, ce qui a exigé beaucoup de tâtonnements analytiques, pour arriver à la découverte du vrai poison (voyez Rapports).

CHAPITRE VIII.

Questions toxicologiques.

Depuis que la chimie toxicologique a porté son investigation dans les organes où le poison a pénétré par absorption, est parvenue à en déceler les plus petites traces, des questions chimico et médico-légales très-ardues, souvent difficiles à résoudre, ont été soulevées. La défense a attribué une tout autre origine au poison : 1° à la terre des cimetières; 2° à celui que peuvent renfermer normalement ou accidentellement nos organes, qui a été donné antérieurement comme médicament ou répandu dans l'atmosphère; 3° à son introduction dans le tube intestinal après la mort, etc. La question de quantité a été aussi agitée, ainsi que la valeur toxicologique des symptômes, des lésions, de l'analyse chimique, des expériences et observations sur les animaux, etc. Nous discuterons seulement, dans autant d'articles distincts, les questions les plus générales, celles qui s'appliquent aux poisons les plus importants.

I.-Quest. Poisons provenant de la terre des cimetières.

L'arsenic faisant partie des terrains de sédiment, du dépôt des eaux minérales, ferrugineuses, alcalines, salées, etc., de la cendre et de la suie du charbon de terre, étant d'ailleurs très-employé dans les arts, l'industrie, en agriculture pour chauler le blé, détruire les animaux nuisibles, en médecine vétérinaire et humaine, cela explique pourquoi, dans la plupart des expériences et expertises légales on l'a retiré de la terre des cimetières. Il doit en être de même de l'antimoine, du cuivre, du fer, du plomb, du zine, etc., corps si usités, si répandus dans la nature. Cependant les questions suivantes, dans les cas d'exper

tise légale, n'ont guère été soulevées que pour quelquesuns d'entre eux, l'arsenic, le cuivre, le phosphore, le fer, peut-être en raison de la fréquence des homicides par ces poisons.

A.—Un terrain naturellement arsénical, cuivreux, etc., peut-il céder ces poisons aux cadavres?

MM. Flandin, Van den Broeck, etc., admettent la possibilité du fait, se fondant sur ce que l'arséniate de chaux, de fer, etc., peuvent être dissous soit par l'acide carbonique, à la manière du carbonate de chaux, qui forme les stalactites; soit par l'acide azotique, qui se forme pendant les orages; soit par les carbonates alcalins, l'ammoniaque de l'atmosphère ou provenant de l'altération spontanée du cadavre, des matières organiques; soit enfin par des actions électriques. M. Van den Broeck s'appuie 1° sur ce que l'arséniate de chaux est soluble dans l'acide carbonique à une très-forte pression, celle que l'on emploie pour la fabrication des eaux minérales; 2° sur ce que le mispikel, au contact de l'air, passe à l'état d'acide sulfurique et d'arséniate neutre de fer, soluble dans cet acide. Ces circonstances, dans le cas qui nous occupe, doivent rarement se présenter, ces acides se trouvant en présence de bases plus puissantes, la chaux, l'oxyde de fer. Aussi MM. Orfila, Devergie, Chevallier, Lassaigne, Barse, etc., leur attribuent peu d'influence pour rendre soluble l'arsenic, le transmettre au cadavre; ils se basent sur les expériences et les faits suivants.

I. AFFAIRE D'ÉPINAL (Assises des Vosges, 1840). Des cadavres du sieur Noble et de la femme Jérôme, inhumés depuis deux mois dans une terre arsénicale, le foie du premier donna de l'arsenic (il y avait empoisonnement); celui de l'autre n'en donna pas. Les débris des deux cadavres, après 6 mois d'inhumation dans le même terrain, fournirent les mémes résultats cependant, les restes de la femme Jérôme étaient en partie putréfiés, les plan

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