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AN.1239.

Ric. S. Germ.
Alberic. 123.

1032.

2.572.

XXVII.

La fainte cou

Paris.

Phil Mon ques.

P. 227.

Du Cange hift.
CP. liv. IV. n.

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ne devoient point fe preffer de partir inconfiderement fans l'avoir à leur tête; & ils leur rendirent les lettres qu'il leur écrivoit fut ce fujet, contenant fes excuses de ce qu'il ne paffoit pas encore. Ces oppofitions du pape & de l'empereur reduifirent les croisez à un très-facheux état ; ils ne favoient quel parti prendre, & ils n'étoient plus unis. Plusieurs retournerent chez eux, murmurant contre les prélats qui les avoient engagez à cette entreprise; plufieurs s'embarquerent à Marseille avec le roi de Navarre, qui partit de ce port au mois d'Août, & passa à la terre fainte; & plufieurs de ceux-là demeurerent en Sicile attendant les grands qui devoient venir au printems : plufieurs se rendirent à Brindes par la permiffion de l'empereur Frideric.

L'empereur de CP. Baudouin de Courtenai étoit rone apportée à encore en France, où il affembloit tout ce qu'il pouvoit de croisez pour paffer en Romanie. Pour fubveAlberic.p.572. nir aux frais de fon voïage & de fa guerre contre les Grecs, il engagea fon comté de Namur au roi faint Loüis, dont il étoit parent, pour cinquante mille livres Parifis, & lui donna la couronne d'épines de N. S. Hi Sufcet, engagée aux Venitiens. Il dit donc au roi & à la reine Blanche fa mere: Je fai certainement que les feigneurs enfermez dans CP. font réduits à une telle extrêmité qu'ils feront obligez de vendre la sainte courone à des étrangers, ou du moins la mettre en gage. C'est pourquoi je defire ardemment de vous faire paffer ce précieux tréfor, à vous mon coufin, mon seigneur & mon bienfaicteur & au roïaume de France ma patrie. Je vous prie donc de vouloir bien la recevoir en pur don. Baudoüin parloit ainsi craignant

Cor. Sp. Duchefne.se. S.;.

400.

Du Cangen.11.

que le roi ne fist conscience d'acheter une telle relique AN.1239. à prix d'argent. Le roi fort réjoui de cette propofition rendit beaucoup de graces à Baudouin & accepta la donation; c'étoit en 1238.

Auffi-tôt il envoïa à CP. deux freres Prescheurs Jacques & André pour l'execution de l'affaire. Jacques étoit prieur du convent de fon ordre à CP. avoit fouvent vu la fainte courone, & étoit bien inftruit de ce qui la concernoit. L'empereur Baudoüin fit partir avec eux un envoïé chargé de fes lettres patentes, par lefquelles il ordonnoit aux feigneurs de délivrer la fainte courone aux envoïez du roi. Etant arrivez à Conftantinople ils trouverent que les barons de l'empire preffez d'une extrême neceffité avoient engagé la fainte courone aux Venitiens, pour une grande fomme d'argent, à condition que fi elle n'étoit retirée dans la S. Gervais, c'est-à-dire, le dix-neuviéme de Juin, elle demeureroit aux Venitiens, l'engagement étant converti en vente; & que cependant la relique feroit transportée à Venise. Les barons de CP. aïant lû les lettres de l'empereur leur maître, convinrent avec les Venitiens que les envoïez du roi S. Louis porteroient la relique à Venife avec des ambaffadeurs de l'empire & des plus grands de leurs citoïens. La caiffe qui contenoit la relique fut fcellée des feaux des feigneurs François de CP. Ceux qui la portoient y avoient tant de confiance qu'ils s'embarquerent vers Noël de l'année 1238. dans la saison la moins propre à la navigation; & Vatace l'empereur Grec averti par fes efpions de cette tranflation, avoit envoïé plufieurs galeres aux differens détroits où les François devoient paffer. Toutefois il ne leur arriva

aucun accident, & ils arriverent heureusement à Ve

AN.1239. nife.

Ils mirent la relique en dépôt dans le trefor de la chapelle de S. Marc, & frere André y demeura pour la garder; mais frere Jacques revint promptement trouver le roi S. Louis, & lui raconta & à la reine fa mere l'état des affaires dont ils eurent une grande joïe. Le roi & l'empereur Baudouin envoïerent donc des ambaffadeurs à Venife avec freres Jacques chargez d'amples inftructions, & de l'argent neceffaire pour retirer la relique, & on écrivit à l'empereur Fri

deric de donner efcorte & fecours aux ambaffadeurs s'il étoit befoin : ce qu'il accorda. Ils trouverent à Venife des marchands François, qui fur l'ordre du roi leur offrirent tout l'argent qu'ils defiroient. Les Venitiens eussent bien voulu retenir la relique, mais ne pouvant aller contre leur traité ils la rendirent en recevant leur païement. Les ambassadeurs en aïant reconnu les fceaux fe mirent en chemin, & eurent toûjours beau tems, enforte qu'il ne tomba point de pluye fur eux pendant la marche, quoiqu'il plût fouvent quand ils étoient arrivez au gîte. Quand ils furent à Troyes en Champagne, ils en envoïerent avertir le roi, qui partit en diligence accompagné de la reine fa mere, de fes freres, de Gauthier archevêque de Sens, de Bernard évêque d'Auxerre, & de quelques autres feigneurs, & rencontra la relique à Villeneuve l'archevêque près de Sens.

On ouvrit la caiffe de bois, & on verifia les sceaux des feigneurs François & du duc de Venise apposez fur la chaffe d'argent, dans laquelle on trouva un vafe d'or contenant la fainte courone. L'aïant dé

couverte on la fit voir au roi & à tous les affiftans qui répandirent beaucoup de larmes, s'imaginant voir J.C. même couronné d'épines. C'étoit le jour de S. Laurent. Le lendemain onzième d'Août 1239. la relique fut portée à Sens. A l'entrée de la ville le roi & Robert conte d'Artois l'aîné de fes freres la prirent fur leurs épaules, étant l'un & l'autre nus pieds & en chemife: ils la porterent ainfi à l'églife metropolitaine de S. Eftiene, au milieu de tout le clergé de la ville, qui vint au-devant en proceffion très-folemnelle. Le lendemain le roi partit pour Paris, où le huitième jour fe fit la reception de la fainte courone. On dreffa près l'abbaïe S. Antoine un grand échaffaut, fur lequel étoient plufieurs prélats revêtus pontificalement on montra la chaffe à tout le peuple, puis le roi & le comte d'Artois encore nus pieds & en chemife la porterent fur leurs épaules à l'églife cathedrale de N. Dame, & de-là au palais, où elle fut mife dans la chapelle roïale, qui étoit alors celle de S. Nicolas.

le

Mais quelques années après le roi aïant encore reçû de CP. une partie confiderable de la vraïe croix & plufieurs autres reliques, fit bâtir la fainte Chapelque nous voïons, de l'architecture la plus riche & la plus élegante qui fût alors en ufage; & y fonda un chapitre pour faire l'office divin devant les faintes reliques. L'églife de Paris celebre la fête de la susception de la fainte courone le onzième jour d'Août; & l'hiftoire en fut écrite dès-lors par Gautier Cornu archevêque de Sens.

AN. 1239.

Dubois bift, exv. 47. 11.

clef. Parif. lib.

XXVIII.

Concile de

Tours.

La même année 1239. Juhel archevêque de Tours y tint avec les fuffragans un fecond concile, où il pu- exs.p.ss.

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AN. 1239.

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catus.

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blia treize canons ou articles de reformation, dont le premier porte: Avec l'approbation du S. concile : ce qui montre que cette formule n'étoit pas particuliere au pape & à fes legats. Ce concile ordonne qu'en chaque paroiffe il y aura trois hommes clercs ou laïques députez pour rendre compte à l'évêque ou à l'archidiacre, quand ils feront interrogez, des scandales contre la foi & les bonnes mœurs. Les facremens feront adminiftrez gratis, mais fans préjudice des pieuses coûtumes. Les curez ou recteurs, comme on les nomme encore en Bretagne, n'excommuniront point leurs paroiffiens de leur propre autorité : autrement la fentence fera nulle.

Les archidiacres, archiprêtres, ou autres juges ecCang.glof.allo- clefiaftiques n'auront hors de la ville ni officiaux ni alloüez, c'est-à-dire lieutenans; mais exerceront leur jurifdiction en perfone, fous peine de nullité. Les excommunications feront portées mûrement après les monitions & les intervalles convenables; fi les excommunicz n'obéïffent, on excommunira ceux qui iront avec eux aux marchez, aux fours & aux moulins,& enfin ceux qui boiront ou mangeront avec eux. On implorera même contre eux, s'il eft befoin, le bras feculier; mais on ne prononcera point d'excommunication generale contre ceux qui communiqueront avec eux, pour éviter le peril des ames. Défenfes aux moines de Labin hift.v11. fervir dans les églises paroiffiales. Défense aux clercs & aux moines d'avoir des fervantes dans leurs maisons & leurs prieurez ; & aux beneficiers ou clercs engagez dans les ordres, de rien laisser par testament à leurs bâtards ou à leurs concubines. Ces reglemens ne donnent pas une idée avantageuse de la face de

c. 13.

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l'églife.

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