C'est craindre, menacer, et gémir trop long-temps. Vous couronner, madame, ou le perdre à vos yeux. SCÈNE VIII. ANDROMAQUE, CÉPHISE. CÉPHISE. Je vous l'avois prédit, qu'en dépit de la Grèce ANDROMAQUE. Hélas! de quel effet tes discours sont suivis ! Madame, à votre époux c'est être assez fidèle : ANDROMAQUE. Quoi! je lui donnerois Pyrrhus pour successeur? Ainsi le veut son fils que les Grecs vous ravissent. Qui vous fait remonter au rang de vos aïeux, Qui foule aux pieds pour vous vos vainqueurs en colère, Qui ne se souvient plus qu'Achille étoit son père, Qui dément ses exploits et les rend superflus? Racine. I. 19 ANDROMAQUE. Dois-je les oublier, s'il ne s'en souvient plus ? Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Enfin, voilà l'époux que tu me veux donner. CÉPHISE. Hé bien, allons donc voir expirer votre fils : ANDROMAQUE. Ah! de quel souvenir viens-tu frapper mon ame! Ce fils, ma seule joie, et l'image d'Hector? Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas, Il demanda son fils, et le prit dans ses bras : «S'il me perd, je prétends qu'il me retrouve en toi. Je l'en puis détourner, et je t'y vais offrir?... Allons trouver Pyrrhus. Mais non, chère Céphise,/ CÉPHISE. Que faut-il que je dise? ANDROMAQUE. Dis-lui que de mon fils l'amour est assez fort...... CÉPHISE. Madame, il va bientôt revenir en furie. ANDROMAQUE. Hé bien, va l'assurer.... CÉPHISE. De quoi? de votre foi? ANDROMAQUE. Hélas! pour la promettre est-elle encore à moi? O cendres d'un époux! ô Troyens! ô mon père ! O mon fils, que tes jours coûtent cher à ta mère! Allons. CÉPHISE. Où donc, madame? et que résolvez-vous? Allons sur son tombeau consulter mon époux. FIN DU TROISIÈME ACTE ACTE QUATRIÈME SCÈNE I. ANDROMAQUE, CEPHISE. CÉPHISE. AH! je n'en doute point; c'est votre époux, madame, C'est Hector qui produit ce miracle en votre ame: • Il veut que Troie encor se puisse relever Avec cet heureux fils qu'il vous fait conserver. Pyrrhus vous l'a promis. Vous venez de l'entendre, Madame; il n'attendoit qu'un mot pour vous le rendre. Croyez-en ses transports; père, sceptre, alliés, Content de votre cœur, il met tout à vos pieds; Sur lui, sur tout son peuple il vous rend souveraine. -Est-ce là ce vainqueur digne de tant de haine? Déjà contre les Grecs plein d'un noble courroux Le soin de votre fils le touche autant que vous : Il prévient leur fureur; il lui laisse sa garde. Pour ne pas l'exposer, lui-même il se hasarde. 2 Mais tout s'apprête au temple; et vous avez promis... ANDROMAQUE. Oui, je m'y trouverai. Mais allons voir mon fils. |