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Le lendemain 20 Avril, on se rendit à l'église des Cordeliers où l'on dit la grand'messe chantée en musique. M. Riguet, grand-aumônier, officia pontificalement accompagné des prélats qui l'avoient suivi la veille. Au moment de l'offrande, le grand-maître des cérémonies, après avoir salué les cours souveraines, s'inclina profondement vers S. A. R. à qui il présenta un cierge dans lequel on avoit fiché douze pièces d'or qu'elle offrit au prélat officiant, qui le remit à un des assistans.

Les princes CHARLES et FRANÇOIis allèrent de même à l'offrande, après laquelle le P. d'Aubenton prononça l'oraison funèbre. Après le Libera, chanté en musique, on sortit de l'église.

Les vêpres et vigiles des morts furent chantées vers quatre heures après midi, ce qui fut continué pour la messe aussi les deux jours suivans de la même manière. Au troisième jour, après la messe, on transporta le corps du catafalque dans la chapelle ronde. On l'y déposa sur une estrade magnifique, et on y apporta toutes les pièces d'honneur. S. A. R., les princes, les seigneurs, les cours souveraines s'y rendirent en cérémonie. Après les prières ordinaires, les abbés jetèrent de l'eau bénite sur le corps, puis S. A. R. et les princes. Après quoi tout le monde se retira au palais, où le Duc LÉOP OLD fit remercier tous les corps; on donna un grand repas à tous les députés des villes de la province.

Le corps demeura pendant toute l'année exposé dans la chapelle, et fut gardé nuit et jour par deux gardesdu-corps et 'deux suisses. Les Cordeliers continuèrent pendant quarante jours des prières non interrompues auprès du corps, et à la fin de l'année on lui fit encore un service solennel avant de le descendre dans le

caveau.

La seule différence qui se trouve entre cette pompe funèbre et celle du Duc LEOPOLD, qui ne fut descendu et inhumé dans le caveau que le 28 Mars 1730, un an après son décès, c'est qu'après que son corps fut transporté du catafalque en la chapelle ronde, le héraut d'armes annonça trois fois, à haute voix, la mort du Duc LEOPOLD; puis répéta de mème par trois fois :

vive, vive S. A. R. Me le Duc FRANÇOIS III, notre souverain seigneur et maître.

COLLEGE-UNIVERSITÉ.

LE Roi LOUIS XV, par des patentes données à Compiègne aux mois de Juillet et Août 1768, ayant transféré l'université de Pont-à-Mousson à Nancy, pour y reprendre, au 1er Octobre suivant, le cours des études dans toutes les facultés, celles de théologie et de philosophie furent établies au ci-devant noviciat des Jésuites avec les classes des humanités et le pensionnat du collége. Les écoles de droit furent placées dans l'ancien collége, et celles de médecine dans les salles du collège royal de médecine.

Ces dispositions eurent lieu dès le mois de Novembre suivant. Des prêtres séculiers furent substitués aux PP. Jésuites pour les facultés de théologie et des arts. Mais la faculté de droit fixée au vieux collège qui s'écrouloit, et celle de médecine qui n'avoit qu'un établissement précaire et par emprunt de territoire, demandèrent à la commission de la régie des biens des Jésuites de pourvoir à un établissement commun. L'ancienne place de Grève parut convenir, et vu les changemens qu'on faisoit de ce côté de la ville, pouvoir être remplacée par une place plus vaste et plus commode pour le commerce des habitans. En conséquence on prit la résolution de vendre les bâtimens de l'ancien collége, et de l'argent qui en proviendroit, d'en faire un bâtiment qui serviroit aux deux facultés et à la bibliothèque publique, et contribueroit encore à l'embellissement de la ville. Le vieux collège fut donc vendu, et le bâtiment qui sert depuis le mois de novembre 1778 aux trois premières facultés, appelé pour cette raison l'Universite, fut commencé.

Pour accorder cet emplacement et une fontaine à la faculté de médecine, l'hôtel-de-ville demanda les églises de l'ancien collége où la paroisse Saint-Roch faisoit ses offices depuis son érection en 1731, en payant un loyer aux Jésuites propriétaires, et l'église du collège ci-devant du noviciat des Jésuites, pour y

établir la paroisse S. Nicolas, qui pareillement depuis l'an 1731, date de son érection, faisoit ses exercices dans l'église des Capucins. On voit dans la délibération de la chambre de ville et police de Nancy du 8 Août 1770 les motifs qui l'ont portée à faire cette cession, 1. que les bâtimens nécessaires aux exercices de l'université étant un édifice public, il est naturel d'employer un terrain public pour sa construction; que celui de la place de Grève paroît d'autant plus convenable, que si d'un côté il se trouve situé près de l'entrée principale de ladite ville, dans un de ses quartiers les plus fréquentés, au moyen sur-tout des communications qui viennent d'être ouvertes (la nouvelle place de Grève qui conduit de la ville-vieille à la ville-neuve, et de la campagne par la nouvelle porte de Stainville,) d'un autre côté, cette place ne se trouve formée que par de simples murs de clôture qui bornent son enceinte ( de la Visitation qui n'avoit pas encore construit son église, et des Minimes) avec quelques petits bâtimens sans simétrie et sans ornemens, qui en rendent l'aspect difforme et irrégulier; 2.° qu'un édifice considérable par son étendue, et régulier dans ses proportions, contribuera à augmenter les embellissemens d'une capitale déjà si digne de la curiosité des étrangers, et fera disparoître à leurs yeux le contraste choquant que présente la difformité de cette place comparée tant avec la splendeur de celles auxquelles elle aboutit, qu'avec la forme nouvelle qu'a donnée à cette ville la magnificence du feu Roide Pologne, 3.o que la place de Grève se trouvant dans un quartier peu fréquenté, où elle ne servoit qu'aux exécutions et aux marchés de vins et fourrages, il est facile d'employer d'autres lieux à ces usages 4.° qu'il ne peut y avoir aucune difficulté d'accorder pour la faculté de médecine les eaux nécessaires aux opérations qu'elle exige; 5. enfin que la chambre ne peut mettre trop de zèle à concourir à l'exécution d'un projet aussi utile, d'autant plus que la cession de l'église de l'ancien collége et de celle actuelle de l'université sera un dédornmagement pour la ville, d'où il résultera une diminution de dépenses. En conséquence la chambre accord ledite terrair de la place de Grève pour l'employer en tout ou en partic

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à la construction d'un édifice public pour les exercices et les écoles de l'université, et un filet d'eau de quatre lignes de diamètre dans la bassine près des PP. Minimes de Nancy, sans que la ville soit tenue d'aucuns frais à cet égard, à charge 1. que la totalité dudit terrain, faisant face à la rue de l'Esplanade, sera bâtie dans des proportious simétrisées et régulières, soit que le tout soit employé ou non auxdites écoles; 2.° que l'église de l'ancien college appartiendra à la ville en l'état où elle se trouve avec ses dépendances, l'appartement du marguillier et les terrains adjacens à ladite église, etc.; 3. que l'église actuelle du collége-université appartiendra pareillement à la ville, ensemble le terrain servant de petite cour au collège entre les chapelles des Apôtres et des Martyrs, saufs les droits des fondateurs; 4. qu'il sera également cédé à la ville, pour l'aggrandissement de la sacristie, un terrain de vingtquatre pieds dans la cour du pensionnat; 5.° que les vases sacrés, argenterie, ornemens abandonnés au collègeuniversité seront remis audit hôtel de-ville, etc. 6.o; que les principal, professeurs et régens dudit collège auront droit de dire la messe dans ladite église, et qu'il leur sera fourni tout ce qui est nécessaire pour la messe; enfin qu'ils auront droit d'y faire certains offices réservés à l'université et au collége, etc. Le tout fut approuvé par un arrêt de la commission,

Les choses restèrent en cet état jusqu'en 1776. Alors les revenus des biens des Jésuites ne paroissant pas suffisans au payement de leurs pensions, à l'entretien des biens et à l'honoraire des professeurs et régens des colléges de Nancy, Pont-à-Mousson et Epinal, LOUIS XVI donna de nouvelles patentes qui accordent les cours de philosophie et d'humanités desdits colléges à la congrégation des Chanoines reguliers de Notre-Sauveur; et pour marquer aux principaux, professeurs et régens qui avoient desservi pendant huit ans lesdits colleges, la satisfaction que S. M. avoit de la manière dont ils avoient rempli leurs fonctions, elle leur accorda en forme de pension viagère, la pension émérite qui leur étoit promise après vingt ans d'exercice.

La Faculté des Arts exerçant dans ce collège, est ainsi composée en la présente année 1788. Chanoines réguliers.

M. Nicolas Dieudonné, principal et doyen-né de la faculté.

M. Jean-Baptiste Lionnois, prêtre séculier, ancien principal et doyen honoraire de la faculté.

M. Quirin Deshaye, professeur de physique.

M. François-Xavier Vallier, professeur de mathé– matiques.

M. François-Xavier Birclain, professeur de logique: M. Jacques-Alex. Chamerois, professeur de rhé, torique.

Régens des Humanités.

MM. Richier, Masson, Mauvais, Burguet, Robert et Haingray.

MAISON DE FORCE OU DÉPÔT DE MENDICITÉ.

DERRIÈRE le collége et le jardin des PP. Capucins est placée la Maison de force, dite maintenant la Réclusion et Dépôt de mendicité, ayant son entrée à l'extrémité de la rue Saint-Nicolas que l'on appelle encore le faubourg, parce qu'il en faisoit une partie avant la construction de la ville-neuve. Le Duc LEOPOLD, toujours occupé du bonheur de ses sujets, et pour décharger les habitans de cette ville du logement des militaires, fit, dès le commencement de ce siècle, édifier cette maison pour un corps de caserne propre à loger l'infanterie, après avoir placé la cavalerie près de la porte Saint-Jean. Les Jésuites et les Capucins s'étant fait adjuger la ruelle, dite des Capucins, qui terminoit leurs jardins, et ayant acheté les maisons et terrains qui formoient la face orientale de cette petite rue qui redressoit celle de Saint-Nicolas, ce prince, à la considération de plusieurs seigneurs de sa cour et en faveur desdits religieux, n'exigea point qu'ils rendissent les terrains qu'ils avoient achetés, non plus que la petite rue qu'ils avoient unie à leurs jardins. Il acheta

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