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sents devaient avoir un sens mystérieux et exprimer la profession de foi des Mages, soit en tant que ceux-ci révélaient de cette façon le mystère de la Trinité et leur foi à ce mystère et qu'ils l'adoraient en Jésus-Christ, soit en tant qu'ils désignaient ainsi que l'enfant adoré était Dieu, roi et homme, et qu'ils vénéraient la puissance royale, la majesté divine et l'humanité de Jésus-Christ. Les Mages reconnurent ces trois titres dans le Sauveur, car, lorsqu'ils s'informèrent de Jésus-Christ, ils dirent, comme nous l'avons vu plus haut: Où est celui qui est né, voilà son humanité; qui est né roi des Juifs, voilà sa royauté; nous sommes venus pour l'adorer, voilà sa divinité. La puissance royale est figurée en Jésus-Christ par l'or; on le donne au roi pour payer le tribut, parce que l'or, à cause de sa primauté sur les autres métaux, est un don digne des rois; l'or nous montre donc que cet enfant est roi, et que cette offrande convient à sa dignité. L'encens figure la majesté divine, on l'offre à Dieu en sacrifice, et il nous prouve que Jésus est Dieu, et de plus qu'il est prêtre, et prêtre incomparable, puisque l'encens était aussi donné aux prêtres. La myrrhe enfin désigne son humanité; elle sert à embaumer les morts, et Jésus-Christ, roi et prêtre, a voulu mourir pour le salut de tous. - Ainsi, dit saint Augustin 1, on offre de l'or à cet enfant, comme roi; on lui sacrifie de l'encens comme à Dieu, et on lui présente de la myrrhe, , parce qu'il doit un jour mourir pour le genre humain.

La triple offrande des Mages, avons-nous dit, avait un sens mystérieux. En effet, nul ne peut véritablement por

4 Saint Augustin: Serm. sur l'Epiphanie.

ter le titre de chrétien, s'il ne confesse que Jésus-Christ est Dieu, roi, et qu'il a souffert pour nous : triple qualité figurée par les présents des rois. C'est la pensée de saint Rémi Les Mages n'offrirent pas, dit-il, chacun un présent, mais chacun trois présents, et proclamèrent ainsi la divinité, la royauté et l'humanité de Jésus-Christ.

Voilà nos modèles, imitons-les. Offrons donc à Jésus. de l'or pour lui prouver notre foi à sa royauté universelle; de l'encens pour lui montrer que nous confessons qu'il est vrai Dieu et Créateur de toutes choses; de la myrrhe, pour lui prouver que nous sommes persuadés que, pour nous, il s'est fait homme. Ces dons, avec leurs significations respectives, nous révèlent donc de grandes vérités. la mort de Jésus-Christ comme homme, sa résurrection comme Dieu, et le jour de son jugement comme roi.

Quant à moi, Seigneur Jésus, marchant sur les traces de vos serviteurs, je vous adore siégeant dans la gloire auprès de Dieu, votre Père, d'où vous étendez votre sceptre sur l'univers, et je vous remercie de m'avoir illuminé des clartés qui m'enseignent que vous êtes le Roi immortel des siècles, Dieu de Dieu, né d'une Vierge et mort pour nos péchés.

D'après saint Bernard, les Mages offrirent de l'or pour soulager la pauvreté de la Mère et le dénuement du Fils; de l'encens pour purifier le mauvais air qui était répandu autour d'eux dans la vile demeure où naissait le Sauveur; de la myrrhe, enfin, pour fortifier les membres tendres et délicats de l'enfant.

Après avoir offert à Jésus-Christ ce qui lui revient de droit, ce qui est sa propriété, offrons-lui ce qui nous appartient. Jésus-Christ est roi, Dieu et homme, nous le

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croyons, voilà son bien. Pour nous, ce que nous possédons, nous le tenons de Dieu. Or, nous avons une triple offrande à lui faire, et qui lui est agréable. D'abord notre âme elle est désignée par l'or; car, de même que l'or l'emporte sur les autres métaux par sa valeur intrinsèque et par son éclat, de même notre âme, aux yeux de Dieu, ne le cède à rien par son prix et sa beauté; 2o notre corps, figuré par la myrrhe, car la myrrhe est amère, et nous devons soumettre notre corps aux amertumes de la mortification et des souffrances; 3° une vie irréprochable et sainte, figurée par l'encens : l'encens n'exhale son parfum que s'il est mis en contact avec le feu; de même notre vie n'est d'agréable odeur pour Dieu que si nous la faisons passer par le feu de la tribulation.

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Nous devons offrir aussi à Jésus-Christ l'or de notre amour, parce qu'il a enduré pour nous sa Passion cruelle; l'encens de nos louanges, en lui rendant des actions de grâces pour ses bienfaits; la myrrhe de notre compassion, en méditant sur sa mort.

Dans le sens moral, l'Église possède aussi de l'or : c'est la sagesse parfaite, la doctrine pure et la foi véritable; de l'encens, ce sont la prière, les bonnes et saintes pensées, une vie toute de Dieu; de la myrrhe, ce sont l'amertume de la pénitence, la mortification de la chair et les bonnes œuvres. L'or est offert par les docteurs, l'encens par les martyrs et les confesseurs, et la myrrhe par les pécheurs qui font pénitence. Car toute offrande est constituée de ce triple présent. Ainsi, les dons des Mages figurent la vérité de la foi et toute la discipline de l'Église.

D'après saint Bernard, nous offrons de l'or au Sauveur, lorsque nous abandonnons complétement les choses de

ce monde. Mais cela ne suffit pas au mépris monde nous devons joindre une grande ardeur à demander les biens du ciel. Nous faisons ainsi monter vers Dieu le parfum de notre encens qui figure les prières des âmes pieuses et saintes. Nous devons, de plus, châtier notre chair et la réduire en servitude. Donnnez donc à votre prière les deux ailes du mépris du monde et de la mortification du corps et des passions, à coup sûr elle pénétrera le ciel et montera devant Dieu comme la fumée de l'encens; et avec l'or et l'encens vous offrirez de cette manière à Dieu la myrrhe. Ainsi, les Mages honorèrent JésusChrist par une triple offrande: celle de leur corps, puisqu'ils se prosternèrent ; celle de leur âme, puisqu'ils adorèrent; celle de leurs biens, puisqu'ils donnèrent des présents; et c'est là tout ce que possède l'homme, son corps, son âme et ses biens temporels.

Les Mages sont au nombre de trois, pour nous apprendre que ceux qui embrassent la foi chrétienne doivent professer ouvertement le mystère de l'indivisible Trinitė; ou bien que ceux qui adorent Dieu, doivent posséder les trois principales vertus chrétiennes, qui sont : la foi, l'espérance et la charité; ou enfin parce que ceux qui désirent voir Dieu, doivent consacrer toutes leurs pensées, toutes leurs paroles, toutes leurs actions, ou en d'autres termes, leur mémoire, leur intelligence et leur volonté à la pratique du bien, en évitant le mal. Ce qui fait dire à saint Grégoire : C'est avec raison que les saints sont appelés rois, car en se rendant maîtres des mouvements de leur chair, ils les régissent à leur gré et les dominent.

1 Saint Grégoire: Lib. XXVI, Moralium, cap. xxvI.

Selon saint Isidore, les rois sont ainsi nommés, parce qu'ils régissent bien leurs sujets; celui donc qui fait le bien peut être à bon droit décoré du nom de roi, mais il n'en est plus digne, s'il fait le mal. Les Mages partent de l'Orient, signifiant par là la prospérité humaine qui . consiste dans les richesses, les honneurs et les plaisirs. L'étoile qui leur apparut réprésente la Vierge Marie, dont le nom signifie Étoile de la mer. Or cette étoile apparaît aux rois Mages, ou plutôt aux chrétiens qui sont rois de leurs passions, afin de les diriger, à travers les écueils de la mer orageuse de ce monde, vers le port du salut, qui est Jésus-Christ; et lorsqu'ils l'ont trouvé, ils l'adorent en lui offrant leurs présents, l'or de la charité, l'encens de la prière et la myrrhe de la mortification.

Le même jour où Jésus naquit en Judée, sa naissance fut révélée aux Mages en Orient. Ils virent en effet une nouvelle étoile représentant un enfant dont la tête était surmontée d'une croix toute resplendissante d'or, et ils entendirent une voix qui leur disait Allez en Judée; c'est là que vous trouverez le roi des Juifs qui vient de naître. Ils partent à l'instant et sans hésiter, pénètrent courageusement dans le pays et offrent leurs présents au Roi du ciel nouvellement né. Ces trois Mages avaient été figurés autrefois par les trois courageux soldats qui allèrent puiser pour David, leur roi, de l'eau à la citerne de Bethléem. En effet ces soldats, sans craindre l'armée des ennemis, traversent courageusement leur camp et vont puiser l'eau tant désirée ; de même, les Mages, sans redouter la puissance d'Hérode, entrent courageusement dans Jérusalem et s'informent du lieu où est né le nouveau roi. Les soldats pénètrent à Bethléem pour y chercher

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