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la cathédrale de Bamberg, que le pape Jean XVIII consacra, en 1019, sous l'invocation de saint Pierre. Outre ces fondations, il en fit encore plusieurs autres en divers lieux, lesquelles avoient toutes pour objet l'accroissement de la gloire de Dieu et le soulagement des pauvres.

Brunon son frère, évêque d'Ausbourg, Henri, duc de Bavière, et plusieurs autres personnes de sa famille, désapprouvèrent l'usage qu'il faisoit de ses revenus, regardant comme perdu tout ce qui étoit employé en bonnes œuvres. Le duc de Bavière et quelques autres seigneurs ne s'en tinrent pas à des plaintes ; ils prirent les armes contre, l'empereur en 1010: mais Henri les défit en bataille rangée; il pardonna aux princes engagés dans la révolte, et leur rendit leurs domaines dont il s'étoit emparé.

Quelque temps auparavant, les idolâtres qui habitoient la Pologne et l'Esclavonie avoient ravagé le diocèse de Meersbourg, et détruit plusieurs églises. Saint Henri marcha contre eux, après avoir mis son armée sous la protection des saints martyrs Laurent, George et Adrien; il attaqua les infidèles, et remporta sur eux une victoire complète. On dit que les trois Saints apparurent durant la bataille; qu'on les vit combattre à la tête des impériaux; que les barbares furent saisis d'une crainte subite au commencement de l'action; qu'ils se dispersèrent tout à coup, et se rendirent sans aucune résistance. Henri avoit communié la veille avec toute son armée, et s'étoit engagé par vœu à rétablir le siége épiscopal de Meersbourg, en cas qu'il fut vainqueur. La révolte des princes

Paul de Londres a 319 pieds; le dôme de la cathédrale de Milan en a 238, les tours de Notre-Dame de Paris en ont 20, la flèche des Invalides en a 324.

Tome VI.

K*

de Bohème fut aussi réprimée dès sa naissance.

Toutes ces victoires rendirent le Saint la terreur de ses ennemis. La Pologne, la Bohême et la Moravie devinrent tributaires de l'empire. Henri répara les églises avec magnificence, et rétablit les siéges de Hildeshem, de Magdebourg, de Bâle, de Misnie et de Meersbourg. Il envoya dans la Pologne et la Bohême des prédicateurs zélés pour instruire les idolâtres mais il n'est point vrai, comme quelques auteurs l'ont avancé, qu'il ait converti saint Etienne, roi de Hongrie, puisque ce prince étoit né de parens chrétiens; il le seconda seulement dans les pieuses entreprises qu'il forma pour amener à la connoissance de la vérité ceux de ses sujets qui ne connoissoient point encore Jésus-Christ.

De nouvelles affaires le rappelèrent en Italie. Il s'agissoit d'aller au secours de la chrétienté, et sur-tout du saint siége. Il vainquit les Sarrasins avec les Grecs leurs alliés, les chassa d'Italie, et mit un gouverneur dans les provinces qu'il avoit reprises sur eux; mais il laissa les Normands jouir paisiblement du pays qu'ils avoient enlevé aux infidèles, à condition toutefois qu'ils ne tourneroient point leurs armes contre Naples et Béné– vent (f). Il alla ensuite au Mont-Cassin. On le

(f) Dans le partage qui se fit entre Charlemagne et l'impératrice Irène, on convint que la Pouille et la Calabre appartiendroient aux Orientaux, et que Charlemagne et ses successeurs auroient le reste du royaume de Naples.

Vers l'an 660, les Sarrasins commencèrent à ravager la Sicile; bientôt après, ils se rendirent maîtres de cette île, ainsi que de la Calabre et de plusieurs autres contrées voisines. Othon I, surnommé le Grand, les chassa d'Italie, et garda la Pouille et la Calabré à titre de conquête. Les Grecs cédèrent les prétentions qu'ils avoient sur ces provinces, par le mariage d'Othon II avec Théophanie, fille de Romain empereur d'Orient, à laquelle on donna pour dot la Pouille et là Calabre. Ceci n'empêcha pas les Grecs de se joindre aux

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reçut à Rome de la manière la plus honorable. Pendant son séjour dans cette ville, il eut à la cuisse une contraction de nerfs fort douloureuse qui le rendit boîteux pour le reste de sa vie. En retournant en Allemagne, il passa par l'abbaye de Cluny. Etant dans le duché de Luxembourg il eut une entrevue avec Robert, roi de France, fils et successeur de Hugues Capet (g).

Pour éviter les contestations que pourroit occasionner le droit de prééminence, on convint que les deux princes se verroient sur les bords de la Meuse, qui, au rapport de Glaber, séparoit alors leurs états respectifs; mais Henri, impatient d'embrasser Robert, et de cimenter l'amitié qui l'unissoit avec lui, l'alla voir le premier dans sa tente, Sarrasins, pour dépouiller les Allemands d'un pays qui leur appartenoit; mais en 1008, Tancrède, gentilhomme normand, seigneur de Hauteville, passa dans la Pouille avec ses douze fils et une armée de braves, tous aventuriers ; ils remporta des avantages considérables sur les Sarrasins et les Grecs. Les Normands devinrent depuis ce temps-là ducs de Calabre, et comtes et ducs de la Pouille. Robert Guiscard, duc de la Pouille, augmenta ses domaines par la conquête de la Sicile, de Naples, et des terres situées entré cette ville et le Latium ou territoire de Rome. En 1130, Roger, aussi Normand, fut reconnu par le pape pour roi des Deux-Siciles.

(g) Le roi Robert aimoit l'église; ce fut un prince sage, courageux et savant. Il composa quelques séquences, qu'on a chantées autrefois à la messe, dans certaines églises, comme celle de l'Ascension, Rex omnipotens die hodiernâ, et celle de la Pentecôte, Sancti Spiritûs adsit nobis gratia. C'est peutêtre pour avoir confondu la seconde avec la célèbre séquence, Veni, Sancle Spiritus, que Trithème et le cardinal Bona ont fait honneur de celle-ci au même prince, quoiqu'elle appartienne au pape Innocent lil. Le roi Robert enrichit aussi les offices de l'église de répons et d'antiennes. On chante encore à Saint-Denis, en France, celui qui commence par ces mots : O constantia martyrum, et qui se trouve dans quelques processionnaux au commun des martyrs, quoique fait en particulier pour saint Denis et ses compagnons. On prétend que le pieux roi le commença de la sorte, pour faire cesser les im portunités de la reine Constance, qui le pressoit de faire quelqne chant à sa louange.

et le roi de France lui rendit ensuite sa visite. La guerre les avoit précédemment divisés, et la victoire s'étoit déclarée pour les impériaux; mais Henri vouloit régner en paix, et il avoit, par de sages négociations, cherché les moyens de ne plus prendre les armes. Dans l'entrevue dont nous parlons, et qui se fit en 1023, les deux princes s'entretinrent d'affaires concernant l'église et l'état, ainsi que de la meilleure manière d'accroître le règne de la piété, et de rendre leurs sujets heureux; ils ne prirent congé l'un de l'autre qu'après s'être donné des preuves de la plus sincère amitié.

Henri prit sa route par Verdun et Metz. De retour dans ses états, il les parcourut dans le dessein de faire fleurir par-tout la religion. Il enrichissoit les églises, soulageoit les pauvres, remédioit avec soin aux abus et aux désordres, prévenoit les injustices, et garantissoit le peuple de l'oppression. On eût dit qu'il ne vouloit avoir sur la terre d'autres héritiers que les indigens; il ne passoit dans aucun lieu sans les assister par d'abondantes aumônes, et sans y répandre la bonne odeur de sa piété.

Malgré la multiplicité des affaires dont il étoit comme accablé, il ne négligeoit pas pour cela les détails. Rien ne paroissoit lui échapper; mais son attention à remplir les devoirs publics de sa place ne lui faisoit point oublier le soin de son ame. Régler son intérieur lui sembloit la première et la plus essentielle de ses obligations. Sans cesse il se rappeloit que l'orgueil et la vaine gloire sont les plus dangereux de tous les vices; qu'ils sont les plus difficiles à découvrir, et que toujours ils sont les derniers vaincus dans cette guerre spirituelle que nous avons à soutenir. Il se rappeloit encore souvent que l'humilité est le fondement

de toutes les vertus, et que sur les progrès que nous y faisons, se mesure notre avancement dans la perfection chrétienne. Plus donc il étoit élevé dans le monde, plus il cherchoit à s'abaisser, et l'on a dit en parlant de lui, qu'on n'avoit jamais vu une humilité plus grande sous le diadême. Il n'avoit point de meilleurs amis que ceux qui le reprenoient librement de ses fautes; il avouoit surle-champ celles qu'il avoit commises, et réparoit les torts qu'il croyoit avoir causés. Il n'eut pas plutôt reconnu l'innocence de saint Heribert, archevêque de Cologne, contre lequel il s'étoit laissé prévenir faute d'être bien instruit, qu'il alla se jeter à ses pieds, où il demeura jusqu'à ce que le prélat l'eût assuré qu'il lui pardonnoit. Il chassa les flatteurs, qu'il regardoit comme les plus grandes pestes de la cour des rois (h). Par la pratique de la mortification, il sut captiver tous ses penchans sous la règle du devoir. La raison et la foi lui avoient appris que les plaisirs, même les plus innocens, étoient dangereux; qu'ils dissipoient l'ame; qu'ils en affoiblissoient la force, et qu'ils préparoient la voie au crime, à moins que l'on ne fût continuellement sur ses gardes.

La prière, et sur-tout la prière publique, faisoit les plus chères délices de ce prince. S'étant trouvé, en 1012, à la cathédrale de Strasbourg il y admira la modestie avec laquelle les chanoines, appelés alors frères de Sainte-Marie, célébroient l'office divin, le bel ordre qui s'y observoit, et la majesté qui régnoit dans le sanctuaire. Henri, plein de mépris pour les grandeurs humaines conçut le dessein de renoncer à la couronne, il

(h) L'empereur Sigismond donua un soufflet à un flatteur en lui disant que ses fades éloges étoient le plus grand affront qu'il eût jamais reçu.

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