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sur les Juifs, qui sont ses enfans. L'orgueil des Chaldéens (c'étoit le caractère de la nation et l'esprit de tout cet empire) est abattu sans retour. Le superbe est tombé, et ne se relevera pas, disoit Jérémie (1); et Isaïe devant lui: Babylone la glorieuse, dont les Chaldéens insolens s'enorgueillissoient, à été faite comme Sodome et comme Gomorrhe (2), à qui Dieu n'a laissé aucune ressource. Il n'en est pas ainsi des Juifs: Dieu les a châtiés comme des enfans désobéissans qu'il remet dans leur devoir par le châtiment, et puis touché de leurs larmes il oublie leurs fautes. «< Ne crains point, ô Jacob, dit le » Seigneur (3), parce que je suis avec toi. Je te châ»tierai avec justice, et ne te pardonnerai pas comme >> si tu étois innocent: mais je ne te détruirai pas » comme je détruirai les nations parmi lesquelles » je t'ai dispersé ». C'est pourquoi Babylone, ôtée pour jamais aux Chaldéens, est livrée à un autre peuple; et Jérusalem, rétablie par un changement merveilleux, voit revenir ses enfans de tous côtés.

CHAPITRE VIII.

Retour du peuple sous Zorobabel, Esdras et Néhémias.

Ce fut Zorobabel, de la tribu de Juda et du sang des rois, qui les ramena de captivité. Ceux de Juda reviennent en foule, et remplissent tout le pays. Les dix tribus dispersées se perdent parmi les Gentils, à la réserve de ceux qui sous le nom de Juda, et réunis sous ses étendards, rentrent dans la terre de leurs pères.

(1) Jer. L. 31, 32, 40. — (2) Is. xIII. 19. — (3) Jer. xlvi. 28,

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Cependant l'autel se redresse, le temple se rebâtit, les murailles de Jérusalem sont relevées. La jalousie des peuples voisins est réprimée par les rois de Perse devenus les protecteurs du peuple de Dieu. Le pontife rentre en exercice avec tous les prêtres qui prouvèrent leur descendance par les registres publics les autres sont rejetés (1). Esdras, prêtre lui-même et docteur de la loi, et Néhémias gouverneur réforment tous les abus que la captivité avoit introduits, et font garder la loi dans sa pureté. Le peuple pleure avec eux les transgressions qui lui avoient attiré ces grands châtimens, et reconnoît que Moïse les avoit prédits. Tous ensemble lisent dans les saints livres les menaces de l'homme de Dieu (2): ils en voient l'accomplissement l'oracle de Jérémie (3), et le retour tant promis après les soixante-dix ans de captivité, étonne et les console: ils adorent les jugemens de Dieu, et réconciliés avec lui, ils vivent en paix.

:

CHAPITRE IX.

les

Dieu prêt à faire cesser les prophéties, répand ses lumières plus abondamment que jamais.

DIEU, qui fait tout en son temps, avoit choisi celui-ci pour faire cesser les voies extraordinaires, c'est-à-dire les prophéties, dans son peuple désormais assez instruit. Il restoit environ cinq cents ans jusques aux jours du Messie. Dieu donna à la majesté de son Fils de faire taire les prophètes durant tout ce temps, pour tenir son peuple en attente (3) 1. Esd. 1. 1.

(1) I. Esdr. 11. 62.

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(2) II. Esd. 1. 8. VIII, IX.

de celui qui devoit être l'accomplissement de tous leurs oracles.

Mais vers la fin des temps où Dieu avoit résolu de mettre fin aux prophéties, il sembloit qu'il vouloit répandre toutes ses lumières, et découvrir tous les conseils de sa providence, tant il exprima clairement les secrets des temps à venir.

Durant la captivité, et surtout vers les temps qu'elle alloit finir, Daniel, révéré pour sa piété, même par les rois infidèles, et employé pour sa prudence aux plus grandes affaires de leur Etat (1), vit par ordre, à diverses fois, et sous des figures différentes, quatre monarchies sous lesquelles devoient vivre les Israélites (2). Il les marque par leurs caractères propres. On voit passer comme un torrent l'empire d'un roi des Grecs: c'étoit celui d'Alexandre. Par sa chute on voit établir un autre empire moindre que le sien, et affoibli par ses divisions (3). C'est celui de ses successeurs, parmi lesquels il y en a quatre marqués dans la prophétie (4). Antipater, Seleucus, Ptolomée et Antigonus sont visiblement désignés. Il est constant par l'histoire qu'ils furent plus puissans que les autres, et les seuls dont la puissance ait passé à leurs enfans. On voit leurs guerres, leurs jalousies, et leurs alliances trompeuses; la dureté et l'ambition des rois de Syrie; l'orgueil, et les autres marques qui désignent Antiochus l'illustre, implacable ennemi du peuple de Dieu; la brièveté de son règne, et la prompte punition de ses excès (5). On voit naître enfin sur la

(1) Dan. II, III, V, VIII. 27. · (2) Id. 11, VII, VIII, X, XI. (3) Id. VII. 6. VIII. 21, 22. — (4) Id. viii. 8. . (5) Id. xi.

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fin, et comme dans le sein de ces monarchies, le règne du Fils de l'homme. A ce nom vous reconnoissez Jésus-Christ; mais ce règne du Fils de l'homme est encore appelé le règne des saints du Très-haut. Tous les peuples sont soumis à ce grand et pacifique royaume : l'éternité lui est promise, et il doit être le seul dont la puissance ne passera pas à un autre empire (1).

Quand viendra ce Fils de l'homme, et ce Christ tant désiré, et comment il accomplira l'ouvrage qui lui est commis, c'est-à-dire la rédemption du genre humain, Dieu le découvre manifestement à Daniel. Pendant qu'il est occupé de la captivité de son peuple dans Babylone, et des soixante et dix ans dans lesquels Dieu avoit voulu la renfermer, au milieu des vœux qu'il fait pour la délivrance de ses frères, il est tout-à-coup élevé à des mystères plus hauts. Il voit un autre nombre d'années, et une autre délivrance bien plus importante. Au lieu des septante années prédites par Jérémie, il voit septante semaines, à commencer depuis l'ordonnance donnée par Artaxerxe à la Longue-main, la vingtième année de son règne, pour rebâtir la ville de Jérusalem (2). Là est marquée en termes précis, sur la fin de ces semaines, la rémission des péchés, le règne éternel de la justice, l'entier accomplissement des prophéties, et l'onction du Saint des saints (3). Le Christ doit faire sa charge, et paroître comme conducteur du peuple après soixante-neuf semaines. Après soixante-neuf semaines (car le prophète le

(1) Dan. 11. 44, 45. vii. 13, 14, 27. — (2) Id. 1x. 23, etc. (3) Ibid. 24.

répète encore) le Christ doit être mis à mort (1): il doit mourir de mort violente; il faut qu'il soit immolé pour accomplir les mystères. Une semaine est marquée entre les autres, et c'est la dernière et la soixante-dixième : c'est celle où le Christ sera immolé, où l'alliance sera confirmée, et au milieu de laquelle l'hostie et les sacrifices seront abolis (2), sans doute, par la mort du Christ, car c'est ensuite de la mort du Christ que ce change ment est marqué. Après cette mort du Christ, et l'abolition des sacrifices, on ne voit plus qu'horreur et confusion: on voit la ruine de la Cité sainte, et du sanctuaire ; un peuple et un capitaine qui vient pour tout perdre; l'abomination dans le temple; la dernière et irrémédiable désolation (3) du peuple ingrat envers son Sauveur.

Nous avons vu que ces semaines réduites en semaines d'années, selon l'usage de l'Ecriture, font quatre cent quatre-vingt-dix ans, et nous mènent précisément, depuis la vingtième année d'Artaxerxe, à la dernière semaine (4); semaine pleine de mystères, où Jésus-Christ immolé met fin par sa mort aux sacrifices de la loi, et en accomplit les figures. Les doctes font de différentes supputations pour faire cadrer ce temps au juste. Celle que je vous ai proposée est sans embarras. Loin d'obscurcir la suite de l'histoire des rois de Perse, elle l'éclaircit; quoiqu'il n'y auroit rien de fort surprenant, quand il se trouveroit quelque incertitude dans les (2) Ibid. 27. (3) Ibid. 26. 27.

(1) Dan. 1x. 25, 26.

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(4) Voyez ci-dessus, Ire part. vii et vш® Epoq. l'an 216 et 280 de Rome, pag. 40 et 56.

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