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lieu où l'on conduit les zigues? Cette cigogne se rapproche étrangement de la vergne cygault.

Je cite, pour complément d'instruction, la signification ‹ jour, donnée au mot bohémien cigo par MM. Baudrimont et Francisque Michel, et l'ancien argot cigue, qui voulait dire pièce d'or. La première acception donnerait, pour la vergne cygault, la ville du jour, la réunion brillante, avec ses feux et ses lumières; la seconde, la ville riche, vers laquelle convergent les écus. Le petit violon ou pochette, h.-all. gige, it. giga, esp. guiga, et la danse du même nom, fr. gigue, fournissent une autre induction; la vergne cygault, gigault ou zigault», serait la ville de musique et de danse.

Les trois acceptions conviendraient à caractériser un champ de foire.

DANCE, subst. f. Figurativement pour les postures de celui qui reçoit le fouet, ou les convulsions du pendu.

Nopces ce sont; c'est belle melodie...

Dance plaisante et mets delicieux.

Ball. VII.

« Si aucuns de leurs compagnons a été angué, ils disent : il a été marié, et un tel a dansé à ses nopces, c'est-à-dire qu'il y a esté fouetté. Bouchet, III, 130. Dans le slang dance at his death, danser à sa mort, être pendu. Fut le souper bel et gent, bien dancé et continué toute la nuit. Froissart, liv. IV, p. 93. Je cite ce dernier exemple à cause du souper dancé qui semble. avoir été traduit par le second vers du Jargon.

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DAVID, DAVYOT, nom propre. Le roi David, qui

jouait de la harpe, patron des musiciens ambulants, et par conséquent des gueux. Cette explication nous est fournie par Oudin: Parent de David, qui joue de la harpe, larron. Curios. fr. (Voyez ci-après Harpe.)

Vous qui tenez vos terres et vos fiefz
Du gentil roy Davyot appelé.

Ball. VIII.

Vive David, saint archquant la baboue.

Ball. X.

DELOUER, v. a. Blâmer. C'est le contraire de louer.

La fin en est telle qu'elle deloue.

Ball. X.

Delouer, plus correctement deslouer, bas latin dislaudare (Du Cange), c'est-à-dire blâmer et déconseiller, selon les deux sens du verbe louer qui a signifié conseiller et approuver. Je vous loue de prendre tel parti, c'est-àdire je vous le conseille, doit être interprété ainsi je vous loue au cas où vous prendrez tel parti; je vous déloue d'en prendre un autre.

« Sa femme... laquelle ne feut jamais consentant ne contente qu'il acceptast ledict office, mais luy avoit tousjours desloué et deffendu à son pouvoir.» Jean d'Auton. Annales de Louis XII, 1506-7. — Assez l'en desloua le roy Claudas. Lancelot du Lac, t. III, fo 31 r°, c. 2.

Mais cil ne les voellent loer

Qui tous biens seullent desloer.

Chát. de Coucy, v. 39.

On trouve dans les contes d'Eutrapel: Mon marcher de travers à marche deslouée », c'est-à-dire disloquée. Mais

ce participe vient du verbe desloyer, de desligare (Du C.) et se conjuguerait desloye dans l'exemple ci-dessus du Jargon. Grammaire à part, disloquer vaudrait ici tout autant que dissuadé ou blâmé, puisqu'il s'agit de la fin réservée à ceux qui s'exposent au dernier supplice.

DESBOURER, v. a. Équivalent de desbouser. (V. ce mot.) Voler, dépouiller.

Et babignez tousjours aux ys

Des sires, pour les desbourer.

Ball. I.

C'est le contraire d'embourrer, qui signifie remplir.

Femme pour embourrer son bas
Perdra plainement la grant messe.

COQUILLART, I, 151.

Et mesmement tant de pisseuses

Qui se font rembourrer leurs bas.

JODELLE. Eugène.

DESBOUSER, v. a. Prononciation ancienne de desbourser, enlever la bourse, dépouiller, voler.

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Et desbousé de son cuer ou sa poue.

Ball. X.

Pour mieux polir et desbouser musars...
Pour mieux blanchir et desbouser coquars.

Ball. XI.

Que nous fault il? force pendus
Pour bien fournir notre foullouse;
Par Juppin! trop on les desbouse
Qu'il n'a que du vent trop souvent.
Vie de S. Christophe.

Le mot bouser existe dans la langue; il signifie techniquement former l'aire d'une grange avec un mélange de terre et de bouse de vache (Littré); bousiller, c'est travailler en bousillage, faire une besogne de peu de valeur, mal faire, mais c'est toujours faire ou construire; desbouser pourrait être défaire et, par extension, démolir ou dépouiller. Mais je m'en tiens à debourser, qui, étant le vrai sens, doit être le vrai mot.

L'éditeur de La Curne propose de lire débouté. C'est qu'il ne connaissait pas les textes du Jargon.

*DESCARIEUX, adj. pl. Qui n'a pas de caire, c'est-àdire pas d'argent; le contraire de carieux. V. ci-dessus Caire et Carieux.

Se gruppez estes descarieux.

Ball. I.

Ce vers paraît reproduit, avec une variante qui n'en doit pas altérer le sens, au deuxième huitain de la ballade IV:

Se gruppez estes desgrappez.

L'espagnol donne descarriado, fourvoyé. Oudin.

En plusieurs passages, les ballades du Jargon insistent sur le danger de se laisser prendre lorsqu'on a le butin sur soi. La même idée se retrouve dans la scène de Jargon de la Comédie des Proverbes, p. 59 : « Le Coesre. C'est lorsque l'on est nanty qu'il faut craindre la harpe. »

DESGAUDIR, v. a. Le contraire de gaudir, attrister. V. Gaudir.

De la hanter ma fueille est desgaudie.

Ball. IX.

Le mot est d'exemple unique sous cette forme et avec cette acception; mais on trouve dégaudir, au sens de réciter, dans la phrase suivante : Et avec ce (les Génoises) sçavent si bien degaudir leur leçon que rien ne leur en fault apprendre. J. d'Authon, Ann. de

Louis XII pour 1502.

Entre gaudir et desgaudir, de signification contraire, mais de source commune, il faut noter esgaudir (s'), verbe réfléchi, venant non pas de gaudium, joie, mais de gault, forêt S'esgaudir, Picardis nostris, venatione in silvis indulgere, vel in silvis sese deambulatione reficere. Du C. sous Gau.

:

*DESGRAPPEZ, part. pl. Littéralement décrochés, décramponnés, c'est-à-dire démunis d'armes ou de ruses, autrement dit pris sans vert» :

Se gruppez estes desgrappez.

Ball. IV.

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