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de J. C.], lui donna en fief le pays d'Aran et une grande partie de l'Aderbaïdjan. Eldigouz devint ensuite maître de Hamadan, d'Isfahan et de Rey; puis il épousa la veuve du sultan Thoghrul, frère de Mahmoud et de Masoud, mort en l'an 529 de l'hégire [ 1134 de J. C. J. Il eut de cette princesse Pahlawan et Kizil-Arslan. Eldigouz devint bientôt le maître absolu de l'empire des Seldjoukides, dont il disposoit à son gré, en l'an 556 de l'hégire [ 1161 de J. C. ]. Eldigouz, comme nous l'avons déjà dit, mourut en l'an 568 de l'hégire [ de J. C. 1172 et 1173].

(38) C'est sans doute d'Ivané, fils de Libarid, que descendent les Orpélians qui existent encore en Géorgie, où ils jouissoient dans ces derniers temps d'une assez grande puissance, puisqu'ils possédoient presque toute la province de Somkhithi, où est la ville de Samschvildé. On donne actuellement à leur race le nom de Kaplan-Schvili, c'està-dire, famille du léopard. Sulchan s'est distingué dans les lettres; Démétrius et Jean Orpélian ont rendu de grands services à la Russie dans les dernières guerres de Géorgie, en 1803. ( Voyez Guldenstedt, Reise nach Georgien, tom. I.", pag, 265, 352 et 361. Eugénius, Georgien, oder historisches Gemälde von Grufien in politischer, kirchlicher und gelehrter hinsicht, pag. 125 et 126. Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Ecorgien, tom. I.", pag. 396 et 397; tom. II, pag. 50, 305 et 306.)

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(39) Il nous est tout-à-fait impossible de déterminer l'époque précise de la mort de George III, et de l'élévation au trône de sa fille Thamar, Tchamtchéan (Histoire d'Arménie, tom. III, pag. 148) place, comme notre historien, ces événemens en l'an 1184, tandis que les Géorgiens les mettent en l'an 1171. ( Eugénius, Georgien oder historisches Gemälde von Grusien, &c., pag. 26. — Klaproth, Reife in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, pag. 178.)

CHAPITRE V.

(1) George III ne laissa pour héritier en mourant qu'une fille nommée Thamar, que, pour ses grandes actions, les Géorgiens placent parmi leurs plus illustres monarques, avec Vakhtang Gourgaslan et

David le Réparateur. Ses conquêtes et ses vertus lui ont fait donner, malgré son sexe, le nom de oz Mep'he, qui signifie roi. Selon les Géorgiens, au commencement de son règne (Klaproth, Reife in den Kaukasus und nach Georgien, "tom. II, pag. 179 et 180 ), eHe soumit Tauriz [Thavrisi] et Marand [Maranda], et elle étendit sa domination jusqu'à Mianeh et Kazwin [Miani-Kasmina ], et de là jusqu'au Sistan et à la mer Caspienne; ce qui nous paroît exagéré. On voit bien par les écrivains Persans, Arabes et Arméniens, que les Géorgiens soumirent alors presque toute la partie de l'Arménie au nord de l'Araxes, mais il ne paroît pas qu'ils aient pu se maintenir dans l'Aderbaïdjan, où ils firent des invasions. Thamar conquit encore, selon les Géorgiens, une portion de l'Anatolie, la ville de Trébizonde, tout le pays des Abkhaz, et le mont Caucase. Nous observerons seulement sur cela qu'elle devoit avoir hérité du pays des Abkhaz de ses ancêtres. La reine Thamar, encore selon le témoignage des Géorgiens, régna depuis l'an 1171 jusqu'en 1198, ce qui est sujet à beaucoup de difficultés pour les deux époques. On a déjà pu voir ce que nous avons dit de la première, pour le temps de la mort de George III; nous observerons, quant à la seconde, qu'une inscription de l'an 650 de l'ère Arménienne [ 1201 de J. C. ], qui se trouve à l'église d'Oukhd-Haridjaï, dans la province de Schirag, auprès des ruines d'Ani, prouve que dans cette année la reine Thamar étoit encore vivante. Cette inscription a été publiée en français par M. Klaproth, dans la traduction qu'il a donnée, à l'aide de M. Harouthioun Asdovadzadour, de la Relation Arménienne de Jean Ouosk'herdjan, prêtre de Vagharschabad. Voyez cet ouvrage, p. 53. Cette inscription contient une donation faite à l'église de Haridjai par Zak'haré, émir sbasalar de Géorgie et d'Arménie, du vivant de la reine Thamar; mais M. Klaproth, trompé sans doute par ce qu'il a rapporté de cette reine, dans son Voyage du Caucase, d'après les récits des Géorgiens, dit que le prince Zak❜haré avoit élevé l'église de Haridjaï à la mémoire de sa souveraine sérénissime la reine Thamar, tandis que dans l'original Arménien que M. Asdovadzadour a eu la bonté de me faire remettre à son départ pour la Russie, on lit ces mots, Յաղագս կենդանութն ւ իմոյ բարեպաշտ Թամար թա LS, qui signifient, pour la conservation de la vie de mon maître,

la pieuse reine Thamar. On voit donc, d'après cela, que Thamar régnoit encore en l'an 1201, et que nous ignorons l'époque de sa mort, car les historiens Arméniens que nous connoissons ne nous apprennent rien sur ce point. Je pense cependant que cet événement arriva en l'an 1206 ou 1207, parce que l'historien Ibn-alathir (ms. Arabe non coté, tom. VI, pag. 196) place en l'an 603 de l'hégire (1206 et 1207 de J. C.) la mort d'un roi de Géorgie qui ne peut être que la reine Thamar, car son fils George Lascha, qui lui succéda, ne mourut que long-temps après.

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(2) Voici, selon Eugénius (Historisches Gemälde von Grusien, p. 26, 27 et 28), comment les annales Géorgiennes parlent du mariage de la reine Thamar avec un prince Russe. « Tamar fut l'épouse d'un prince Russe, dont on ne rapporte point le nom (l'Histoire des >> Orpélians nous apprend qu'il s'appeloit George et non André, comme >>le dit M. Klaproth). Voici en abrégé les circonstances de ce mariage. » Tamar étoit l'unique héritière du trône après la mort de George III. » Les prêtres et les nobles Géorgiens desiroient qu'elle se choisît un >> époux, et que les princes des différens peuples recherchassent sa main. >> Un des grands du royaume, nommé Aboulasan, qui étoit alors à » Téflis, dit dans le conseil qu'il connoissoit un jeune et vaillant prince » Russe, fils d'André Bogolubskoi (a), que son père avoit laissé mineur » sous la tutelle de son oncle Vsevolod, qui l'avoit envoyé comme un » banni à Savalt, d'où il s'étoit enfui pour aller vers le khan de Kiptchak (il est difficile de croire qu'il y eût alors des khans dans cette région), » dans la ville de Sevintch. Sur cet avis, les grands de l'état et » les ecclésiastiques furent d'accord qu'on lui permît de venir vers » Téflis, et qu'on envoyât sur son chemin, vers le khan de Kiptchak. » Le prince vint, et Tamar le vit; elle se soumit au conseil, et le prit » pour époux. Au commencement de son règne, le prince Russe se » conduisit de manière à mériter l'approbation générale. Il marcha » souvent vers les frontières à la tête des troupes Géorgiennes, et il fit >> des conquêtes considérables de tous les côtés du royaume. Mais à » la fin, il abandonna cette sage conduite, pour se livrer à la licence » la plus effrénée. Cette manière d'agir fut cause que les princes et

>>

(4) Il est difficile de déterminer lequel c'étoit des fils d'André Jeuriewitch Bogolubskoi, qui cut einq ou six enfans.

»les ecclésiastiques résolurent de casser son mariage avec la reine. » Tamar, satisfaite de cette résolution universelle, rompit le lien du » mariage: cependant, en congédiant son mari, elle lui fit des dons >> considérables. Ce prince se retira d'abord dans le pays situé sur le » Pont-Euxin, d'où il passa à Constantinople. Au bout de quelque » temps, il revint de cette ville et rentra dans la Géorgie, où il soumit >> quelques provinces (M. Klaproth, désigne particulièrement la ville » de Khutaïsi, dans l'Imireth), qui lui prêtèrent serment de fidélité. II » rassembla alors une armée assez forte, marcha vers Téflis et fut » battu. Malgré cela, il se prépara pour une seconde entreprise, dans » laquelle il fut encore vaincu. Les troupes de Téflis étoient com» mandées par Tamar elle-même, George fut alors abandonné par son » armée, et il pria cette princesse de lui accorder seulement la permission de sortir de la Géorgie, ce qu'elle lui accorda; elle lui >> donna encore une garde d'honneur pour l'accompagner. Depuis ce » temps, on ne connoît plus rien de ce qui concerne ce prince. » Henri Brenner parle (Series principum Iberiæ, p. 30) des mêmes événemens; et M. Klaproth rapporte (Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 179 et 180), à quelque chose près, les mêmes faits.

(3) Aucun autre des historiens Arméniens que nous connoissons ne parle de cette guerre; Vartan dit seulement (dans Tchamtchéan, tom. III, p. 151) qu'en l'an 1185, Kizil-Arslan, atabek de l'Aderbaïdjan, s'empara de la forteresse de Dzarhak’har, située dans le voisinage d'Ani, qui appartenoit antérieurement à un émir Musulman appelé Kharatchaï, qui l'avoit enlevée à Basile, évêque d'Ani. Les Arméniens d'Ani, pour se délivrer des persécutions de la garnison Musulmane, vinrent assiéger le fort, qui fut pris, et où ils tuèrent la femme et les enfans d'Alischer, émir de Tovin, qui n'osa pas prendre les armes pour se venger, non plus que Kizil-Arslan.

(4) Henri Brenner (Series principum Iberia, p. 30), appelle David le second mari de la reine Thamar; il ajoute qu'il étoit fils d'un prince du pays d'Ouseti, contrée au nord de la Géorgie. M. Klaproth, dit aussi (Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 180) qu'il se nommoit David, et qu'il possédoit le pays d'Ouseti; mais il ajoute qu'il étoit issu de la race des Pagratides. Le nom de Savslan ou Soslan, que lui donne notre auteur, étoit peut-être un surnom, car son petit fils s'appeloit comme lui David Soslan. ( Voyez Eugénius,

Historisches Gemälde von Grusien, p. 29.- Klaproth, Reise in den Kaukafus und nach Georgien, tom. II, p. 185)

(5) Selon M. Klaproth (tom. II, p. 180), le mot Lascha signifie excellent ou éclatant, dans la langue des Abkhaz. On voit dans une note communiquée à Adler (Museum Cuficum Borgianum, p. 164) par le P. Avoutandil, Géorgien, que le nom de Lascha avoit été donné à ce prince parce qu'il avoit de grosses lèvres ; et nous nous rangeons de ce dernier avis.

(6) L'archevêque de Siounie les appelle ainsi, parce qu'ils suivoient la doctrine de l'église d'Arménie.

(7) On peut voir ce que j'ai dit de ces princes, de leur origine et de leur puissance, dans mon premier volume, pages 380, 381, 382, 434

et 435.

(8) Dans l'original U Vumu, l'émir sbasalar, en persan

امیر سیاهسالار

(9) La dignité d'atabek fut sans doute instituée par les rois de Géorgie, à l'imitation des sultans Seldjoukides, et il paroit que les officiers qui en étoient revêtus, avoient la direction de toutes les affaires intérieures du royaume. La haute Géorgie ou le territoire d'Akhal-tsikhé porte encore aujourd'hui le nom de Sa-Atabago, c'està-dire, territoire de l'atabek (Klaproth, tom. II, p. 44); ce qui vient probablement de ce que les atabeks de Géorgie avoient le gouvernement particulier de ce pays.

(10) La ville d'Anpert, dont je n'ai pas parlé dans ma Description géographique de l'Arménie, étoit au nord de l'Araxes, dans la petite province d'Arakadzodn, dépendante de l'Ararat. Cédrénus l'appelle Ampier, Auries (tom. II, p. 764).

(11) Aucun autre écrivain Arménien ne parle des conquêtes que les Géorgiens firent à cette époque, sous les ordres des deux frères Zak’haré et Ivané. Les Arabes et les Syriens n'en ont parlé que trèssuccinctement, et ils se sont attachés à ce qui concerne les expéditions entreprises contre la ville de Khélath. Voici ce qu'ils en disent. En l'an 599 de l'hégire [1202 et 1203 de J. C. ], les Géorgiens, selon Abou❜lféda (Annal. Moslem. tom. IV, p. 206), se rendirent maîtres de la ville de Dowin [Tovin ], dans l'Aderbaïdjan, qui appartenoit au prince Abou-bekr, fils de Pahlawan, fils d'Ildikouz. En l'an 1516 de l'ère des Seleucides [ 1204 et 1205 de J. C.], Abou'lfaradj raconte

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