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assez épouvantées, au gré des révolutionnaires, par tout ce qu'elles entendaient dire des affreux et nombreux holocaustes qui avaient lieu chaque jour dans les grandes villes, au moyen de la fatale machine; on voulait les terrifier davantage s'il était possible, en conduisant sous leurs yeux, en leur faisant toucher du doigt, l'instrument de mort lui-même, tout fumant du sang des victimes.

Malheureusement la Commission militaire, qui se fit ainsi un jeu de l'effroi des habitants des campagnes, ne crut pas devoir se contenter de cette dégoûtante exhibition de la guillotine. Il lui sembla que son expédition ne pouvait dignement s'accomplir sans être marquée par l'immolation de quelque ennemi de la République. A la Haye, elle s'arrêta avec son bourreau et l'appareil du supplice pour mettre en jugement un laboureur de la commune de Cussay, nommé René Guérin, que l'on accusait d'être contre-révolutionaire. Condamné à mort, ce malheureux, qui était environné de l'estime générale, fut exécuté le 13 février 1794, sur la place publique de la Haye, à l'endroit même où plus tard on érigea une statue à Descartes.

A la suite de cet exploit, la Commission militaire continua sa tournée par le Grand-Pres

signy, Preuilly, St-Flovier, et Loches, et, vers le 24 février, elle rentra à Tours, pour y ordonner d'autres exécutions.

Ce serait vainement que l'on chercherait aujourd'hui dans les dépôts publics, à Tours, les papiers et registres de la Commission militaire créée par Guimberteau. En exécution d'un arrêté du Comité de sûreté générale, dont nous aurons occasion de parler dans le chapitre XVIII, ces documents furent envoyés à Paris, et nous ignorons ce qu'ils sont devenus.

Quant aux registres de la Commission militaire qui eut Senard pour président, ils sont conservés au greffe de la cour impériale ou du tribunal civil d'Angers.

XV.

Le Comité de surveillance révolutionnaire de Tours. Liste de onze habitants d'Amboise emprisonnés comme contre-révolutionnaires, et de vingt ecclésiastiques

de Tours arrêtés comme suspects.

ex-membre de l'Assemblée législative.

Arrestation d'un

Les Comités de surveillance étaient bien dignes de fonctionner à côté des Commissions militaires. Destinées l'une et l'autre à asservir les populations par la Terreur, ces deux institutions unissaient fraternellement leurs efforts lorsqu'il s'agissait de frapper ceux que l'on appelait des contre-révolutionnaires. Le Comité de surveillance recherchait les victimes et les arrê – tait; la Commission militaire les envoyait à l'échafaud.

Le premier Comité de surveillance qui ait existé à Tours fut établi le 27 vendémiaire,

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an II (18 octobre 1793), par arrêté des représentants du peuple en mission près de l'armée de l'Ouest. Voici le texte de cet arrêté :

<< Au nom de la République française, une et indivisible;

« Les représentants du peuple près l'armée de l'Ouest, réunis à Saumur;

<< Considérant combien il importe de comprimer les malveillants dans la ville de Tours, par des mesures révolutionnaires;

« Considérant qu'ils machinent contre la Liberté, dans la plus grande sécurité ;

« Considérant que la ville de Tours est une de celles que l'infâme Pitt avait choisies pour l'exécution de son exécrable complot,

« Arrêtons ce qui suit :

« Art. 1er. II sera formé dans la ville de Tours un Comité de surveillance révolutionnaire.

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« Art. 3. Ce Comité est chargé de surveiller les contre-révolutionnaires, de déjouer tous

leurs complots, et de faire mettre en état d'arrestation toutes les personnes connues par leur incivisme.

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« Art. 4. Il exercera ses fonctions dans toute l'étendue du département d'Indre-et-Loire, et correspondra à cet effet avec tous les Comités de surveillance des communes.

« Art. 5. Les membres composant le Comité recevront une indemnité de sept livres par jour, dont ils seront payés par le payeur général du département, excepté ceux qui seront salariés par la Nation.

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du peuple de ses opérations.

« Art. 8. Le payeur général du département d'Indre-et-Loire tiendra à la disposition du Comité une somme de 1,800 liv. pour subvenir aux dépenses de la mission dont il est chargé.

<< Saumur, le 27e jour du 1er mois, l'an II de la République.

« Signé : RICHARD. » (1)

(1) Ce représentant créa, à la même époque, à Amboise, un Comité de surveillance, qui fit arrêter dans cette ville, un certain

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