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du Corps. Il feroit à fouhaiter pour le bien de ce pauvre Peuple, qu'on l'inftruisît à fond dans les Principes de la vraye Religion, d'autant plus qu'il écoute volontiers & avec beaucoup de docilité tout ce qu'on lui dit de Dieu, de fa Bénédiction & de fes. Bienfaits, de la Vie éternelle &c. Il eft vrai, qu'on avoit fait de bons établissemens pour cet effet, & j'en ai rendu compte au commencement de cette Relation; mais la plupart des Colonies fe font retirées de même que leurs Miniftres, & les Nonveaux - Convertis fe difperfent fuccellivement parmi le refte de la Nation; en forte qu'il y a lieu de craindre, que le peu de connoiffance. de Dieu, du Meffie & de la Religion qu'on avoit femée dans ce Pays, ne fe diffipe en peu d'années, & que: ce Peuple malheureux ne refte encore longtemps ou à jamais dans få funefte ignorance *..

* Le Miffionnaire Egede avoit com pofé en 1724 un Catéchifme pour

Leurs Funérailles.

Il me reste à dire un mot des Fu nérailles des Groenlandois. Quand quelqu'un vient à mourir, fes plus proches parens s'emparent d'abord du corps, & l'enterrent avec beau→ coup de lamentations. Ils étendent le cadavre avec tous fes habits fur le fond d'une foffe faite de gazons & de pierres, & le couvrent d'une couple de peaux & enfuite d'une quantité de pierres & de gazons. Ils mettent à côté de lui tous fes uftenfiles de Pêche & de Chaffe, comme fon Canot, fon Arc, fes Fléches, Harpons &c. après les avoir coupés & brifés par morceaux car les vivans ne s'approprient en aucune façon ce qui a appartenu à un mort, qu'ils croyent même fi impur, que perfonne n'oferoit le toucher à l'excep

les Groenlandois dans la langue du Pays avec la Verfion Danoife à côté. Le Manufcrit original fe trouva dans la Bibliothéque de Danefchiold, d'ou left paffé dans celle du Roi à Copen hague

tion de fon plus proche parent >
qui le
porte feul fur fon dos quand
on l'enterre. Ils plaignent beaucoup
leurs Morts. Les Parens & leurs Al-
liés s'affemblent au commencement
trois fois par jour, & enfuite, quoi-
que moins fouvent, pendant toute
une année. Ils s'afféyent à terre &
pleurent le mort en mettant la tête
dans les mains & ayant les coudes.
appuyés aux genoux. Si quelqu'un
meurt fans laiffer de Parens, tout
le monde l'abandonne, & le cada-
vre refte dans l'endroit où il eft
mort*. La caufe de cette étrange
coûtume eft la prétendue impureté
que le Mort communique felon eux
à tous ceux qui oferoient le tou-
cher, à l'exception de fon plus pro-
che parent.

Je finirai ma Relation par quel- Origine ques conjectures hazardées fur l'Ori- de ce Peu gine de ce Peuple fingulier. Je crois pic. avoir lieu de préfumer que leurs An

* V. L'Auteur de la Perluftration de

Groenland. pag. 43.

cêtres fortent de l'Afie Septentrio nale, & particulicrement des Tartares de Samogitie ou de Sibérie, & que felon l'ufage des Peuples nombreux du Nord ils ont été expulfés de leur Païs pour établir une Colonie ailleurs. Il eft vraisemblable

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qu'ils ont pris leur chemin par laNou-velle Zemble *, & pénétré de là juf ques ques dans le Groenland Oriental d'autant plus que les Vallées de l'un & l'autre Pays & les bras de Mer qu'il leur a fallu paffer, n'étoient pas encore fi chargés de neiges & de glaces qu'ils le font aujourd'hui. Ils y ont fans doute exterminé les Chré

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* Ceci paroît d'autant plus vraifemblable, qu'il eft certain par des découvertes nouvellement faites, que la Nouvelle Zemble tient par un Ifthme au Côté Oriental de la Sibérie proche l'Embouchure du Fleuve Oby. V.. la Defcription de la Partie Septentrionale & Orientale de l'Europe de M. Strahlenberg, dans l'Introduction pag.

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tiens qui y demeuroient, & fe font établis à leur place. Une partie de çes Tartares a paffé dans le Groenland Occidental, où ils ont de même détruit les habitans. Les Hiftoriens donnent à ces nouveaux Peuples le nom de Skrellinger fauvages, & ils ajoûtent qu'ils ont tué les Chrétiens de ce Pays, fans dire la moindre chofe de leur origine. Une Tradition des Sauvages du Détroit de Davis porte, que leurs Ancêtres avoient maffacré à leur arrivée les anciens Habitans du Pays; mais ils ne difent pas d'où ils venoient non plus que les autres Groenlandois, dont ils ont été peu à peu feparés par les Montagnes de glace & les Mers Glaciales, jufqu'à avoir même oublié leur religion & leurs anciens ufages. Au refte mes conjectures font fondées fur quantité de reffemblances que je trouve entre les Groenlandois fauvages & les Tartares mentionnés, foit pour la ftature ou la maniere de vivre & de s'habiller *. Les Tungufi Nisoviens ont auffi des rames avec une feuille à cha

*V. les Voyages de Mofcovie de Tome II

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