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nature, plus féconde encore au dedans qu'au dehors, capable de se communiquer sans division à trois personnes égales.

Là sont expliqués les mystères qui étoient enveloppés, et comme scellés dans les anciennes Ecri tures. Nous entendons le secret de cette parole: « Faisons l'homme à notre image (1) »; et la Trinité, marquée dans la création de l'homme, est expressément déclarée dans sa régénération.

Nous apprenons ce que c'est que cette Sagesse conçue, selon Salomon (2), devant tous les temps dans le sein de Dieu; Sagesse qui fait toutes ses délices, et par qui sont ordonnés tous ses ouvrages. Nous savons qui est celui que David a vu engendré devant l'aurore (3); et le nouveau Testament nous enseigne que c'est le Verbe, la parole intérieure de Dieu, et sa pensée éternelle, qui est toujours dans son sein, et par qui toutes choses ont été faites.

Par-là nous répondons à la mystérieuse question qui est proposée dans les Proverbes (4): « Dites-moi » le nom de Dieu, et le nom de son fils, si vous le » savez ». Car nous savons que ce nom de Dieu, si mystérieux et si caché, est le nom de Père, entendu en ce sens profond qui le fait concevoir dans l'éternité père d'un fils égal à lui, et que le nom de son fils est le nom de Verbe; Verbe qu'il engendre éternellement en se contemplant lui-même, qui est l'expression parfaite de sa vérité, son image, son Fils unique, l'éclat de sa clarté, et l'empreinte de sa substance (5).

(1) Gen. 1. 26. (2) Prov. VIII. 22. Xxx. 4. (5) Hebr. 1. 3.

(3) Ps. CIX. 3.

(4) Prov:

1

Avec le Père et le Fils nous connoissons aussi le Saint-Esprit, l'amour de l'un et de l'autre, et leur éternelle union. C'est cet Esprit qui fait les prophètes, et qui est en eux pour leur découvrir les conseils de Dieu, et les secrets de l'avenir; Esprit dont il est écrit (1): « Le Seigneur m'a envoyé, >> et son Esprit », qui est distingué du Seigneur, et qui est aussi le Seigneur même, puisqu'il envoie les prophètes, et qu'il leur découvre les choses futures. Cet Esprit qui parle aux prophètes, et qui parle par les prophètes, est uni au Père et au Fils, et intervient avec eux dans la consécration du nouvel homme.

Ainsi le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, un seul Dieu en trois personnes, montré plus obscurément à nos pères, est clairement révélé dans la nouvelle alliance. Instruits d'un si haut mystère, et étonnés de sa profondeur incompréhensible, nous couvrons: notre face devant Dieu avec les Séraphins que vit Isaïe (2), et nous adorons avec eux celui qui est trois fois saint.

C'étoit au Fils unique qui étoit dans le sein du Père (3), et qui sans en sortir venoit à nous, c'étoit à lui à nous découvrir pleinement ces admirables secrets de la nature divine, que Moïse et les prophètes n'avoient qu'effleurés.

C'étoit à lui à nous faire entendre d'où vient que le Messie promis comme un homme qui devoit sauver les autres hommes, étoit en même temps montré comme Dieu en nombre singulier, et absolument à la manière dont le Créateur nous est désigné : et (1) Is. XLVIII. 16. — (3) IS. VI. - - (3) Joan. 1. 18.

c'est aussi ce qu'il a fait, en nous enseignant que, quoique fils d'Abraham, il étoit devant qu'Abraham fút fait (1); qu'il est descendu du ciel, et toutefois qu'il est au ciel (2); qu'il est Dieu, Fils de Dieu, et tout ensemble homme, fils de l'homme; le vrai Emmanuel, Dieu avec nous; en un mot, le Verbe fait chair, unissant en sa personne la nature humaine avec la divine, afin de réconcilier toutes choses en lui-même.

Ainsi nous sont révélés les deux principaux mystères, celui de la Trinité, et celui de l'Incarnation. Mais celui qui nous les a révélés, nous en fait trouver l'image en nous-mêmes, afin qu'ils nous soient toujours présens, et que nous reconnoissions la dignité de notre nature.

de

En effet, si nous imposons silence à nos sens, et que nous nous renfermions pour un peu de temps au fond de notre ame, c'est-à-dire dans cette partie où la vérité se fait entendre, nous y verrons quelque image de la Trinité que nous adorons. La pensée, que nous sentons naître comme le. germe notre esprit, comme le fils de notre intelligence, nous donne quelque idée du Fils de Dieu conçu éternellement dans l'intelligence du Père céleste. C'est pourquoi ce Fils de Dieu prend le nom de Verbe, afin que nous entendions qu'il naît dans le sein du Père, non comme naissent, les corps, mais comme naît dans notre ame cette parole intérieure que nous y sentons quand nous contemplons la vé rité (3).

(1) Joan. VII. 58. (2) Id. III. 13.. (3) Greg. Naz. Orat. XXXVI, nunc xxx, n. 20; tom. 1, p. 554, ed. Bened. Aug. de Trinit. lib. ix,

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pas

Mais la fécondité de notre esprit ne se termine à cette parole intérieure, à cette pensée intellectuelle, à cette image de la vérité qui se forme en nous. Nous aimons et cette parole intérieure et l'esprit où elle naît; et en l'aimant nous sentons en nous quelque chose qui ne nous est pas moins précieux que notre esprit et notre pensée, qui est le fruit de l'un et de l'autre, qui les unit, qui s'unit à eux, et ne fait avec eux qu'une même vie.

Ainsi, autant qu'il se peut trouver de rapport entre Dieu et l'homme, ainsi, dis-je, se produit en Dieu l'amour éternel qui sort du Père qui pense, et du Fils qui est sa pensée, pour faire avec lui et sa pensée une même nature également heureuse et parfaite.

En un mot, Dieu est parfait; et son Verbe, image vivante d'une vérité infinie, n'est pas moins parfait que lui; et son Amour, qui sortant de la source inépuisable du bien en a toute la plénitude, ne peut manquer d'avoir une perfection infinie; et puisque nous n'avons point d'autre idée de Dieu que celle de la perfection, chacune de ces trois choses considérée en elle-même mérite d'être appelée Dieu : mais parce que ces trois choses conviennent nécessairement à une même nature, ces trois choses ne sont qu'un seul Dieu.

Il ne faut donc rien concevoir d'inégal ni de séparé dans cette Trinité adorable; et quelque in

etc.

cap. Iv et seq. tom. vi, col. 880 et seq. et in Joan. Evang. tract. 1, tom. 111, p. 2, col. 292 et seq. De Civ. Dei, lib. xI, cap. XXVI, XXVII, XXVI; tom. vii, col. 292 et seq.

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compréhensible que soit cette égalité, notre ame, și nous l'écoutons, nous en dira quelque chose.

Elle est; et quand elle sait parfaitement ce qu'elle est, son intelligence répond à la vérité de son être; et quand elle aime son être avec son intelligence autant qu'ils méritent d'être aimés, son amour égale la perfection de l'un et de l'autre (1). Ces trois choses ne se séparent jamais, et s'enferment l'une l'autre : nous entendons que nous sommes, et que nous aimons; et nous aimons à être, et à entendre. Qui le peut nier, s'il s'entend lui-même ? Et non-seulement une de ces choses n'est pas meilleure que l'autre, mais les trois ensemble ne sont pas meilleures qu'une d'elles en particulier, puisque chacune enferme le tout, et que dans les trois consiste la félicité et la dignité de la nature raisonnable. Ainsi, et infiniment au-dessus, est parfaite, inséparable, une en son essence, et enfin égale en tout sens la Trinité que nous servons, et à laquelle nous sommes consacrés par notre baptême.

Mais nous-mêmes, qui sommes l'image de la Trinité, nous-mêmes, à un autre égard, nous sommes encore l'image de l'Incarnation.

Notre ame, d'une nature spirituelle et incorruptible, a un corps corruptible qui lui est uni (2); et de l'union de l'un et de l'autre résulte un tout, qui est l'homme, esprit et corps tout ensemble, incorruptible et corruptible, intelligent et purement

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(1) Aug. loc. cit. (2) Aug. Ep. 111, ad Volus, nunc cxxxvII, cap. 11, n. 11; tom. 11, col. 405. De Civit. Dei, lib. x, cap. xxIx; tom. VII, col. 264. Cyril. Ep. ad Valerian. part. III Conc. Ephes. tom. II Concil. col. 1155 et seq. etc. Symb. Ath. etc.

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