Copie de la Lettre de Mr. le Maréchal de COIGNY à Mr. le Comte de GENSAC, du 17. Septembre 1744.

J'ai reçu, Monfieur, avec la Lettre que

vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, la copie de celle de Mr. d'Argenfon; fans doute qu'il n'avoit pas encore reçu la mienne , par laquelle je lui ai marqué qu'il étoit impoffible, que pendant une Opération auffi férieufe, que celle du Siege de Fribourg, votre confeil de Guerre pût fe tenir; les Officiers Généraux occupés de leur befogne, n'en auroient pas le tems. Il n'a pas dépendu de moi, que cette affaire n'ait été confommée, quand la chofe étoit poffible, Mr. le Maréchal de Noailles l'a fufpendue, & ce n'eft pas ma faute, j'ai fait la même réponse à Mr. d'Argenfon, ainfi je ne puis faire au tre chofe que de vous affurer que j'ai l'honneur d'être très parfaitement, &c.

Copie de la Lettre de Mr. de GENSAC à Mr. de COIGNY, du 28. Septembre 1744.

M

r. de Mauconfeil doit avoir eu l'honneur de vous rendre compte, Monfieur, que j'avois rendu mon Interrogatoire, & que cette affaire étoit en état d'être jugée, ne devant plus être queftion que d'en affembler le Confeil de Guerre; je vous fupplie donc, Monfieur, de vouloir bien donner vos ordres, en conféquence à Mr. de Montal, afin de faire affembler, fans aucun retardement les Officiers Généraux qui doivent le compofer, & qui en doivent connoître & de vouloir bien confiderer, que ma juftification en dépend, & que l'on ne peut la différer fans me faire un tort confidérable.

L'Arrivée du Roi que l'on nous annonce, eft une raifon de plus pour vou loir bien l'accelerer, vous favez, Monfieur, que dès le commencement vous eutes ordre de terminer cette affaire avant fon arrivée, & que l'intention de Sa Majefté eft que l'on n'y apporte aucun retardement; elle eft trop jufte de même

que vous, pour ne pas me rendre cette justice.

Je joints ici la lifte des Officiers Généraux, que vous avez déjà nommés comme étant les plus anciens, afin que vous puiffiez vous les remettre, auxquels il ne s'agit que de changer ceux qui font néceffaires pour le remplacement de Mr. de Quefnault qui eft mort, & Mr. de Croiffy, qui a été fait Lieute nant Général, au cas que vous jugiez à propos de les laiffer dans le premier ordre, & comme étant de votre Armée d'Alface, m'étant au furplus très égal d'avoir les Juges qu'il vous plaira nommer, & je vous demande feulement très inftamment de les nommer, & d'ordonner à Mr. de Montal de les affembler fans différer, j'éfpere de vous cette juftice.. J'ai l'honneur d'être, &c..

Etat des Officiers Généraux Nommiss » pour le Confeil de Guerre..

L

Lieutenants Généraux.

M&R S.

e Comte du Montal, Préfident; de Balincourt, de Clermont Tonnere d'Efpinoi, de Puttanges, de Male

zieux; Mr. Philippes a depuis joint l'Armée, & ill eft plus ancien que Mr. de Malezieux.

MRS.

Marichaux de Camp.

De Caraman

de Maulevrier, de

Quenault, de Croiffy, de la Marck, de Rupelmonde, du Châtelet. Mr. de Maupeou, & Mr. de Randan ont depuis joint l'Armée & doivent par leur ancienneté remplacer Mr. de Quenault qui eft mort, & Mr. de Croiffy qui a été fait Lieutenant Géné ral, & Mr. de Rubampré par fon ancienneté pourra remplacer Mr. de Ru pelmonde, qui eft en Baviere.

Mr. de COIGNY à Mr. d'ARGENSON, au Camp devant Fribourg, le 29 Septembra 1744

uoique je faffe, Monfieur, tout ce -qui dépend de moi, & que ceux qui font fous mes ordres mettent auffi tous. leurs foins pour preffer le Siege de Frie

bourg, je n'ai pu encore avec fureté ou vrir la Tranchée devant cette Place, par les raifons que je me crois obligé de vous détailler.

De quelque côté que l'on faffe l'attaque, il faut auparavant toute opération détourner la Riviere de Treiffanne, dont le nouveau Canal doit être de près de 4000. Toises de longueur, fur 33 pieds de large, & fur 6. pieds de profondeur.

M'étant déterminé par les confeils unanimes qui m'ont été donnés, à former mon Attaque depuis le Baftion 3. jufqu'à la Porte de Suabe, la néceflité de détourner cette Riviere eft devenue encore plus indifpenfable, mais le manque de Pionniers dans le Pays, & l'obligation où l'on eft d'en faire venir du Comté de Bourgogne, & de la Lorraine pour foulager l'Alface, font caufe en partie de nos retardemens.

Il faut, Monfieur, que vous ayez la bonté de vous fouvenir, que je n'ai à ce Siege que 65. Bataillons, le Régiment de Nice ayant été laiffé à Willingen.

C'est donc fur ces 65. Bataillons que je fuis forcé de prendre toutes les 24. heures 1000. hommes armés pour foutenir 4. 5000. travailleurs, de jour & de nuit;