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soit des caractères gravés, soit des figures, sont encore assez rares, et il a été un temps où on soutenait qu'on ne trouvait sur aucune d'elles ni caractères ni figures.

L'une des premières remarques à ce sujet est due à Renouard, dans ses Essais histor. sur la prov. du Maine, I, 15, où il dit que dans la commune d'Aron, sur le chemin de Mayenne à Jublains, existe une pierre sur laquelle on voit une figure grossière d'homme avec des griffes; il ajoute que dans la commune d'Hambers, sur le chemin de ce bourg à Jublains, au sommet d'un monticule nommé le tertre chardon, une autre pierre porte, gravée à om, 11 de profondeur, une figure grossière d'homme, dont les pieds et les mains sont armés de griffes. L'épine des reins, le postérieur, cum duobus testiculis, le gras des jambes et les pieds, sont empreints dans la pierre. Cette figure semblerait plutôt assise que couchée, parce qu'il n'y a point d'emplacement gravé pour le buste. On l'appelle la chaire au Diable.

L'abbé Lebeuf, bien longtemps avant Renouard, n'y a vu, sur le marchepied, que l'empreinte de deux pieds en griffes.

M. Verger, de Nantes, a donné, en 1835, une notice sur la pierre de la commune d'Aron, qu'il a dessinée, mais sur laquelle il n'a retrouvé qu'une seule griffe, sans figure humaine. Il nomme cette pierre la chaire au Diable, tandis

que cette dénomination paraîtrait devoir s'appliquer à la pierre signalée par Renouard sur la commune d'Hambers. Mais quant à cette dernière pierre, il n'a pas été possible à M. Verger d'en faire l'examen. Ce monument est détruit. Un propriétaire s'en est emparé pour construire une métairie. Ainsi disparaissent, dit avec grande raison M. Verger, toutes nos antiquités, qu'il serait si facile au gouvernement de conserver, en les déclarant nationales et en les payant aux propriétaires!

Ces empreintes différaient des figures du port Fessan, en ce qu'elles étaient gravées en creux, tandis que celles-ci sont sculptées en relief.

Deux pierres-piliers ou peulven de la commune de Fredion, dans le Morbihan, l'une d'environ 1,65 de hauteur, et l'autre de 3o,30, portent leur partie supérieure des têtes humaines grossièrement façonnées. Elles sont mentionnées dans l'Essai sur les antiquités du Morbihan par l'abbé Mahé, 1825, p. 101. Mais ces simulacres demanderaient un nouvel examen.

Toutes ces figures, tant en creux qu'en relief, semblent justifier l'exactitude de ces deux vers de Lucain, lib. iij, 412:

Simulacraque moesta deorum

Arte carent cæsis que exstant informia truncis.

NOTICE

SUR

L'ENCEINTE DE PÉRAN

(CÔTES-DU-NORD)

Par M. GESLIN DE BOURGOGNE, correspondant de là commission des monuments historiques.

NOTE PRÉLIMINAIRE.

Cette notice a été communiquée à la Société, dans ses séances du 9 avril 1846 et du 19 juin même année, par M. Charles Lenormant. Celui-ci, dans un voyage en Bretagne, au mois de septembre 1845, avait été conduit sur les lieux par M. Geslin de Bourgogne, et c'est après s'être convaincu de l'importance du monument qu'il engagea l'autorité départementale à faire exécuter des fouilles, dont M. Geslin de Bourgogne accepta avec empressement la direction. Les renseignements que procurèrent ces fouilles inspirèrent à leur auteur des idées assez différentes de celles que M. Lenormant avait cru pouvoir déduire d'un examen rapide : aussi, tout en accueillant le travail qui lui était transmis, ce savant crut-il devoir engager son correspondant à pousser plus avant ses explorations. C'est ce qui a donné lieu aux notes imprimées à la suite de la Notice, et dans lesquelles quelques-unes des premières observations se trouvent notablement modifiées. M. Lenormant a revu le monument en 1846, et croit pouvoir répondre de l'exactitude des derniers aperçus. On aurait pu fondre ensemble ces deux travaux; mais sur un sujet qui ne pourra

manquer de provoquer de nouvelles recherches, on a mieux aimé livrer au public un procès-verbal sincère des divers aspects sous lesquels s'est successivement présenté un monument auquel on n'avait jusqu'ici signalé rien de semblable. M. Geslin de Bourgogne n'a pas la prétention d'avoir découvert le camp de Péran : M. Lenormant n'a pas davantage celle de l'expliquer. M. de la Puisaye, qui, dans le Publicateur des Côtes-du-Nord, du 24 mai 1845 avait devancé notre travail, s'était-il déjà acquitté de cette tâche de manière à rendre superflue l'intervention de nouveaux explorateurs? C'est ce dont jugera le lecteur, s'il veut bien comparer l'article de M. de la Puisaye avec notre Notice.

(Note de M. Ch. Lenormant.)

Au commencement de novembre 1845, M. le préfet des Côtes-du-Nord, dont l'attention avait été appelée sur l'enceinte de Péran par M. Charles Lenormant, membre de l'académie des inscriptions, me chargea d'y pratiquer des fouilles. De son côté, M. le maire de Saint-Brieuc voulut bien, avec une bonne grâce parfaite, mettre à ma disposition les ouvriers et les outils de l'atelier de la ville.

En conséquence, le 5 novembre, je me rendis sur les lieux avec M. Saullay de Laistre, président de la société archéologique des Côtes-du-Nord, . et M. Auguste Bourel-Roncière, membre de cette société.

Péran 1 est un hameau de la commune de

(1) Péran ou Pérann, dans le dialecte de Vannes, veut dire quart, quarteron, quartier (Le Gonidec).

Plédran, situé à environ 10 kilomètres au midi de Saint-Brieuc. L'enceinte dont il est ici question est assise près de la croupe d'un plateau élevé, qui domine la petite rivière de l'Urne. Cette enceinte forme une ellipse assez régulière (planche V, fig. 1) dont le grand axe est de 134 mètres et le petit de 110 mètres. Elle se compose de deux enceintes concentriques et contiguës, formées chacune d'un parapet et d'un fossé; je crois même, sans en être certain, que le fossé extérieur était couvert par un troisième talus. Une moitié de ce monument est encore à peu près intacte; l'autre moitié, plus ou moins dégradée, est partout, néanmoins, visible sur le sol, sauf une portion de l'enceinte extérieure, au midi, qui a disparu pour donner passage à un chemin. J'ai indiqué sur le plan par des lignes ponctuées la partie endommagée. Plusieurs ouvertures coupent aujourd'hui l'enceinte, et deux d'entre elles donnent passage aux charrettes. Mais il est évident (et ceci m'a été confirmé par un vieux paysan dont la vie entière s'est passée dans la ferme qui jusqu'à ces dernières années était établie dans l'enceinte même), il est évident, dis-je, que ces ouvertures sont modernes ; celle qui se trouve au midi, seule, est primitive; elle est cotée M sur le plan. Elle est opposée à une voie romaine qui passe à environ 300 mètres au nord. Cette voie est celle de Reginea (Erquy) à Ker-ahès (Carhaix); elle porte encore le nom de chemin

A

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