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gements plus ou moins considérables à subir pour acquérir leur costume définitif.

Jadis le Tétras urogalle était largement répandu dans les grandes forêts de l'Europe et de l'Asie septentrionales; mais les déboisements, qui sont la conséquence des progrès de l'agriculture, aussi bien que le zèle immodéré des chasseurs, ont déjà fait disparaître ce magnifique gibier de plusieurs contrées et le menacent d'une destruction totale. Il est probable que le Coq de bruyère n'existe plus, à l'heure actuelle, dans la région du Mont-Dore et sur d'autres points de l'Auvergne où les anciens auteurs signalaient sa présence; dans les Pyrénées françaises, il est devenu presque introuvable; et dans les Vosges, comme dans le Jura, ses jours sont désormais comptés. En Irlande, il était déjà très rare vers 1749 et il a été totalement anéanti quelques années plus tard; en Ecosse, le dernier représentant de l'espèce a été tué aux environs d'Inverness vers 1780, de sorte que le Tétras urogalle serait aujourd'hui rayé de la liste des oiseaux de la Grande-Bretagne s'il n'avait été introduit de nouveau, dans les forêts des Highlands, par les soins de quelques grands seigneurs. Ainsi nous lisons, dans l'ouvrage que sir William Jardine a consacré à l'ornithologie du Royaume-Uni, que, dès 1827, lord Fyfe essaya de repeupler les bois de son domaine de Mars Lodge avec des Coqs de bruyère qu'il avait fait venir de Suède. Cette première tentative, cependant, ne fut pas couronnée de succès, le seul màle du troupeau n'ayant pu supporter les fatigues d'un aussi long voyage. L'année suivante, en revanche, de nouveaux oiseaux, importés en Grande-Bretagne, donnèrent naissance à des jeunes qu'on parvint à élever, non sans peine. Quelque temps après, en 1838 et en 1839, lord Breadolbone reçut à son tour, de M. Lloyd, quarantequatre Coqs de bruyère dont quelques-uns furent mis en liberté tandis que les autres furent conservés en captivité. Les uns et les autres prospérèrent, si bien que dès 1839 le nombre des jeunes issus de ce troupeau s'élevait à soixante-dix-neuf. En même temps la duchesse d'Athole acquérait quelques individus de la même espèce, dont l'élevage réussissait à la fois dans la célèbre ménagerie de Knowhley et dans les volières de M. Thomas Fowel Buxton.

De ces différents exemples sir W. Jardine tire cette conclusion que l'éducation du Coq de bruyère en captivité est chose relativement facile, et qu'on peut, au prix de quelques soins, obtenir un troupeau qui, lâché dans une forêt et convenablement protégé, se multipliera rapidement. Il s'appuie, pour soutenir cette opinion, sur l'autorité de MM. Lloyd et Nilsson qui citent différents cas où le Coq de bruyère aurait été gardé dans un état de domesticité, soit en Suède, soit dans d'autres contrées du nord de l'Europe. Brehm rapporte aussi qu'en Scandinavie on a fait reproduire plusieurs fois des Tétras urogalles en captivité et qu'on les a même croisés avec des Tétras birkhans; mais il ajoute qu'on n'a pu réussir qu'en donnant à ces oiseaux

un vaste enclos dans un bois bien exposé, et leur fournissant un régime convenable et surtout en se gardant de les déranger. Un autre auteur, le forestier allemand Geyer, conseille de dénicher des œufs de Coq de bruyère, de les faire couver par des Dindes et d'élever les jeunes comme des Faisans. Il recommande de nourrir ces poussins avec des œufs frais de fourmis et de les tenir dans un parquet traversé par un ruisseau d'eau claire, où ils puissent se baigner fréquemment. Au bout d'un mois environ, on pourra, dit-il, les placer, avec leur mère d'adoption, dans le voisinage d'une grande forêt renfermant des pins, des sapins, des hêtres, des bouleaux, en un mot les différentes essences que les Coqs de bruyère trouvent dans leur pays natal. Cette forêt devra être arrosée par des sources limpides et parsemée de clairières exposées au soleil; elle sera suffisamment éloignée des endroits habités pour que les jeunes oiseaux jouissent de la tranquillité la plus complète, et, pendant quelque temps, on se gardera de pratiquer la moindre coupe dans la haute futaie, car la chute de quelques arbres éloignerait à jamais les Tétras du domaine qu'on leur aurait assigné.

Nos éleveurs sont donc prévenus: s'ils veulent suivre l'exemple qui leur a été donné par quelques riches propriétaires de la Grande-Bretagne, il faudra qu'ils s'arment de patience, qu'ils n'économisent ni le temps, ni l'argent; car, quoi qu'en dise sir William Jardine, ils rencontreront dans l'élevage du Coq de bruyère des difficultés bien plus grandes que dans l'élevage des Faisans. Mais il serait si beau de rendre à nos grands bois de l'est et du centre de la France les hôtes qu'ils ont perdus, on s'assurerait ainsi une telle reconnaissance de la part des disciples de Saint-Hubert, qu'il se trouvera peut-être, dans notre pays, quelque émule des Fyfe et des Buxton. E. OUSTALET.

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LE CHEMIN DE FER DE COSTA-RICA

Un de nos lecteurs de l'Amérique centrale nous a adressé récemment de San-José de Costa-Rica, quelques intéressantes photographies relatives aux travaux qui s'exécutent dans ces régions voisines du canal de Panama, et qui sont appelées à prendre dans l'avenir un développement industriel considerable. C'est la culture de la canne à sucre qui est surtout l'objet de l'activité des habitants et des colons, dans les environs de San-José; mais les transports difficiles à travers des pays sans chemins offraient les plus grands obstacles. Il fallait un chemin de fer pour donner l'essor commercial à la République de Costa-Rica. Ce chemin de fer est en voie d'exécution, à travers un pays des plus accidentés, où des Indiens primitifs habitent encore plusieurs régions. La voie ferrée est construite à l'américaine; elle franchit les ravins sur de simples poutrelles comme le montre la curieuse gravure

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ci-contre, fidèlement reproduite d'après une belle photographie que nous a adressée notre correspondant. Cette locomotive l'on voit que au milieu passer des végétations de la forêt vierge, produit un effet saisissant on dirait un tableau composé par un peintre qui a voulu figurer la civilisation faisant la conquête du monde. C'est du moins l'impression que nous a produite cette composition; nous avons pensé que nos lecteurs l'accueilleraient aussi avec intérêt et qu'ils sauraient gré comme nous au lecteur de Costa-Rica, qui leur a fait connaître ce curieux spécimen des travaux du Nouveau Monde. G. T.

EXTRACTION DE L'OR

PROCÉDÉ ÉLECTROLYTIQUE DE M. HENRY R. CASSEL L'or se présente dans la nature soit à l'état de grains plus ou moins gros, soit à l'état d'une poussière assez ténue pour surnager sur l'eau en mouvement, soit de grains enveloppés d'une gangue tellement tenace que l'on ne peut songer à l'amalgamation, soit enfin à l'état de combinaison ou de mélange intime avec le soufre, l'antimoine, l'arsenic et le plomb.

Dans le premier cas, il n'est pas difficile de récupérer l'or au moyen de lavages. Dans le second cas, l'or se retire au moyen du mercure; il faut toujours compter cependant sur une perte dont l'importance dépend de l'installation et du degré de division du métal. Dans le troisième cas, on ne peut procéder à l'amalgamation qu'après un broyage préalable. Mais là aussi il y a à craindre que la matière ne s'échappe en grande partie dans l'eau courante, à cause de son état de division. Le quatrième cas est le plus complexe. Les matières étrangères s'opposent en effet à l'amalgamation de l'or, en s'unissant elles-mêmes au mercure et rendant ce dernier impropre à dissoudre l'or. L'extraction présente, par suite, de grandes difficultés et jusqu'à présent on se contentait de se débarrasser de la plupart des substances nuisibles au moyen d'un grillage préalable, et de traiter ensuite les matières par le mercure ou le chlore.

La difficulté d'obtenir une oxydation complète oppose des obstacles insurmontables au traitement économique de bien des minerais, et c'est à cette circonstance que l'on doit de voir abandonner de nombreux approvisionnements de pyrites aurifères.

C'est la théorie de Becquerel sur la formation de dépôts aurifères sous l'influence de l'eau de mer et des forces électro-chimiques, qui a donné l'idée de recourir à l'électricité pour l'extraction de l'or.

Il parut convenable d'utiliser le chlore à l'état naissant, tel qu'il se présente lorsqu'il se dégage de sa combinaison

avec le sodium dans le sel marin sous l'influence de l'électrolyse. Le chlore qui se dégage au pòle positif, c'est-à-dire à l'anode, constitué par de l'or, le transforme en chlorure d'or qui se dissout aussitôt dans le bain.

Les expériences montrèrent en effet que le chlore dégagé au pôle positif possédait une affinité remarquable pour l'or, qu'il s'y combinait rapidement de préférence aux autres métaux en présence, tels que l'antimoine, l'arsenic, etc. Malheureusement, en poursuivant ces essais on s'aperçut que l'on ne pouvait éviter une seconde réaction donnant naissance à l'acide chlorhydrique et à des oxydes de chlore; le premier acide s'emparait alors

du fer en présence et précipitait l'or au fur et à mesure qu'il était dissous. Telle est la difficulté que ne savaient surmonter les métallurgistes, après qu'ils étaient parvenus à dissoudre tout l'or contenu dans les minerais.

C'est à M. Henry R. Cassel, de New-York, qu'il appartenait de lever ce dernier obstacle, et de trouver un procédé électrolytique qui permit de reprendre ces minerais réputés inexploitables, et d'en tirer parti en transformant ces combinaisons de fer en produits insolubles, sans influence par suite sur l'or dissous. Il obtint ce résultat en ajoutant de la chaux éteinte au mélange de minerais bocardés et de sel marin, laquelle se combinait à l'acide chlorhydrique au fur et à mesure de sa formation. Le chlorure de calcium provenant de celle combinaison régénère de nouveau du chlorure au contact du bain; les autres produits sont du sel marin en excès, du chlorure de calcium, du chlorure d'or, des gangues insolubles à l'anode, et, quand les pôles sont séparés par un diaphragme, du chlorure de sodium et de la soude à la cathode.

L'appareil dans lequel s'effectue cette opération consiste en un cylindre tournant dans une auge en bois. Ce cylindre est isolé au point de vue électrique de l'auge, à l'exception de sa surface qui est constituée par une substance poreuse se laissant traverser par le courant électrique, quand l'appareil est rempli jusqu'à une certaine hauteur d'une solution saline saturée mise en communication avec la source d'électricité. La partie inférieure du tambour constitue l'anode; l'auge doublée de cuivre, l'électrode négative ou cathode. Le fil conducteur traverse l'arbre du tambour et communique avec un grand nombre de baguettes de charbon, ou de faisceaux de baguettes, plantés sur toute la superficie du tambour à un pouce de l'enveloppe poreuse; il va sans dire que toutes les liaisons métalliques doivent être parfaitement isolées du bain pour éviter les corrosions et les interruptions de courant. Aussitôt que la cuve et le cylindre sont remplis de dissolution saline et que le courant y pénètre, il se forme un circuit complet et l'électrolyse s'effectue; le chlore se développe à l'intérieur et l'hydrogène (provenant de l'eau) se dégage par le cuivre dans l'auge, dans laquelle se rassemble également l'hydrate de soude en dissolution.

Le minerai à traiter est déversé dans le tambour au moyen d'une trémie distributrice; le tambour tourne, suivant la quantité de minerais et la puissance de la dynamo, à raison de 10 tours à la minute environ. Le minerai se trouve ainsi bien agité, et tombe d'une façon continue sur les pointes de charbon constituant l'anode où le chlore vient sans cesse se concentrer grâce à l'agitation du liquide. Au bout d'une heure environ, on arrète la rotation du tambour et l'on ajoute une quantité convenable de chaux éteinte avant de tourner de nouveau. Le fer qui s'était dissous par la réaction de l'acide chlorhydrique et d'autres acides, est précipité, et le chlore réapparaît de nouveau, tandis que l'on évite la formation de nouveaux acides en liberté, grâce à la présence de la chaux alcaline.

L'or de nouveau dissous persiste dans cet état tant que le bain reste alcalin; ce à quoi il faut faire bien attention sous peine de voir l'or se déposer. L'extraction de l'or se trouve terminée au bout de quatre heures environ ; il suffit alors de recueillir le liquide par décantation ou par filtration; on reprend cette liqueur, on y précipite l'or au moyen du fer ou d'autres procédés connus, on réunit ce dernier sur un filtre et on peut le fondre.

Si l'enveloppe du tambour est constituée par de l'amiante

ou toute autre substance à travers laquelle la solution peut
filtrer sans entraîner de matières étrangères, l'or se
dépose dans l'auge au pôle négatif constitué par les dou-
blures de cuivre, à l'état de poudre noire, à l'état métal-
lique, que l'on peut fondre immédiatement. Cette dernière
methode est considérée comme la
plus pratique et la plus
convenable. On évite ainsi de longues manipulations
ultérieures, et par suite de grands frais; quant à l'or qui
reste adhérent aux plaques de cuivre ou au filtre, on
peut toujours le reprendre au creuset.

On peut ainsi desservir un certain nombre de tambours pareils de 4 pieds de diamètre et 3 pieds de long, à l'aide d'une seule dynamo dont la puissance doit répondre à la résistance électrique des tambours et à la quantité de la solution.

VITESSE DES VÉLOCIPEDES

Nous avons signalé précédemment (n° 642 du 19 septembre 1885, p. 255) le fait de chemins de 120 et même 128 kilomètres, parcourus par des cavaliers en vingt-quatre heures. Un de nos lecteurs, M. F. Burgay de Pau, nous cite à ce propos les prouesses de quelques vélocipédistes. Nous reproduisons in extenso l'intéressante communication de notre correspondant :

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A côté des Gastropodes, on trouve dans les grands fonds, des Mollusques lamellibranches, animaux tirant leur nom de la disposition des branchies, qui au nombre de deux de chaque côté du corps, se présentent sous la forme de lames très minces parcourues extérieurement par des lignes transversales. Ils possèdent une coquille formée de deux valves, et tout le monde connaît plusieurs de leurs genres très communs sur nos côtes, l'Huître, les Moules, les Peignes, les Vénus, par exemple. Les lamellibranches sont répandus depuis le bord des mers, où quelques-unes de leurs espèces vivent enfouies dans la vase ou le sable, jusqu'à 5000 mètres. A cette profondeur le Challenger a recueilli trois genres différents (Arca, Limopsis, Leda), et à bord du Talisman nous avons pris une Neœra (Neœra lucifuga), d'un beau blanc mat, par 5005 mètres.

Les Scaphopodes sont des Mollusques fort singuliers, regardés par les premiers zoologistes qui les observèrent comme des Vers et dont la structure, le développement et la place zoologique nous sont connus par les remarquables études qu'en a faites M. Lacaze Duthiers. Ces animaux vivent à partir de profondeurs voisines de la surface jusqu'à 4225 mètres. Ils sont répandus dans toutes les mers du globe, et nous retrouvons leurs espèces fossiles dans les dépôts du Dévonien.

Depuis quelque temps déjà, il s'est fait beaucoup de records sur route, soit en bicycle soit en tricycle, pour toute distance et pour tout temps jusqu'à vingt-quatre heures inclusivement. Ces derniers étant les plus longs, sont par conséquent les plus propres à frapper l'imagination. Je vous dirai donc en abrégé qu'il a été fait, sur roule, 423 (quatre cent vingt-trois) kilomètres en bicycle et 372 (trois cent soixante-douze) en tricycle en vingtquatre heures. Ces résultats sont les derniers qui ont été Les Dentales, qui font partie de la classe des Scaobtenus en Angleterre, et rien ne dit que ces records ne phopodes, possèdent une coquille symétrique, allonseront pas dépassés, comme ils avaient dépassé les précégée, ayant la forme d'un cornet plus ou moins dents. Il y a d'autres genres de records qui consistent à accomplir une longue distance, dans le moins de temps possible telle la traversée complète de l'Angleterre et de l'Ecosse, du sud au nord, soit environ 1400 kilomètres, accomplis en sept jours environ. Telle aussi la même traversée et retour, plus un parcours additionnel, soit dans les 5000 kilomètres, parcourus en 16 ou 18 jours. Tel enfin le record de vingt-six heures consécutives en bicycle sans descendre, dans lequel notre compatriote Ch. Terront se distingua, il y a quelques années, sur une piste de Londres.

«En France nous ne sommes pas aussi avancés ou aussi ardents. Notre région du sud-ouest a cependant été l'année dernière le théâtre de la concurrence de deux tricyclistes, MM. Rousset, de Bordeaux, et Baby, de Pau, qui ont débuté par 200 kilomètres, puis sont arrivés successivement à courir, comme on dit, 500, puis 318, puis 353, puis 3559, puis 354 kilomètres en vingt-quatre heures. C'est M. Rousset qui a eu le record de 339 kilomètres et qui s'est battu lui-même par 354. Dans ce dernier record il a continué jusqu'à 400 kilomètres qu'il a achevés en vingt-huit heures.

A ce propos, et tout à fait incidemment, ajoute non sans raison M. Burgay, n'y aurait-il pas moyen de remplacer les expressions anglaises record, high-life, interviewer, par des équivalents français? Encore le mot record est-il plus abordable. »

courbé et, suivant les espèces, lisse ou strié.

Ils vivent toujours sur des fonds de sable ou de vase où ils s'enfoncent, verticalement, la petite extrémité de leur coquille étant tournée en haut.

Les espèces de Dentales qui habitent l'Atlantique paraîtraient, d'après les dragages actuellement effectués, avoir une distribution différente suivant leurs espèces.

Les Brachyopodes sont de tous les Mollusques ceux dont les espèces possèdent la plus grande extension géographique. On les a trouvés, d'autre part, dans les plus grandes profondeurs explorées par la drague. Les naturalistes du Challenger ont pris la Terebratulina Wyvillei par 5500 mètres. Les Brachyopodes vivent dans les mers chaudes et dans les mers froides, dans les flaques d'eau laissées à marée basse sur les côtes et dans les abîmes. Il y a quelques années on n'en connaissait pas plus de 90 espèces vivantes; ce nombre s'est élevé à 120 à la suite des explorations sous-marines.

Durant les dragages, on trouve souvent, prises dans les échantillons de fonds remontés, des quan tités quelquefois très considérables de coquilles de Mollusques n'ayant jamais vécu sur les fonds explorés. Ces débris proviennent d'animaux existant dans le voisinage de la surface, dont les restes

sont descendus au fond après la mort. Les coquilles découvertes ainsi dans les grandes profondeurs appartiennent surtout au groupe des Ptéropodes. Les débris de Pléropodes forment en certains points du globe d'énormes accumulations dans le fond des mers. Une des parties de l'Océan où leurs amas sont des plus remarquables, est la mer des Antilles. La multiplicité de ces Mollusques en divers points du globe s'est manifestée dès les temps géologiques, ainsi que le montrent les dépôts miocènes à Pléropodes de Serravalle-di-Scrivia. Avec les coquilles de Ptéropodes on en rencontre quelquefois d'autres provenant d'un groupe différent de Mollusques, celui des Hétéropodes.

Les Hétéropodes sont de jolis animaux, possédant la transparence du cristal et ornés de vives couleurs sur différentes parties de leur corps. Quelques-unes de leurs espèces sont dépourvues de coquilles. D'autres, comme les Atlantes, en possèdent une assez grande pour pouvoir s'abriter dans son intérieur. Ils vivent tous au large, près de la surface, et quelquefois sous les tropiques on les observe en nombre considérable.

Durant la dernière campagne

Pourtant il est bien loin d'en être ainsi, car c'est peut-être parmi les Vers que se rencontrent les animaux marins les plus élégants, les plus gracieux, et ceux dont le coloris est à la fois le plus riche, le plus varié et le plus éclatant.

Fig. 1. - Hyalinacia Maiheuxi. 2000 mètres
de profondeur. Campagne du Talisman.

Les Vers ont des modes d'existence fort dissemblables; les uns sont casaniers, les autres vagabonds. Les premiers se créent une demeure en construisant des tubes plus ou moins résistants. qu'ils sécrètent ou qu'ils façonnent eux-mêmes.

Durant la campagne du Talisman nous avons recueilli sur les côtes du Maroc, entre 700 mètres et 2000 mètres de profondeur, une espèce d'Annélide habitant la plus singulière demeure qu'on puisse imaginer. Au lieu d'être logée dans un tube calcaire ainsi que les Serpules ou dans un fourreau tapissé extérieurement de divers petits corps solides, comme les Térébelles, les Hermelles, elle vit placée dans un tube constitué par une substance cornée ayant la plus grande ressemblance avec cette partie de la plume d'oie qu'on taille pour écrire. Cette identité d'aspect est tel que lorsque nous avons pris ces étranges demeures, les personnes inexpérimentées se figuraient que nous avions dragué

du Travailleur dans le golfe de Gascogne, la drague des tuyaux de plume d'Oie tombés à la mer. La

s'abriter ainsi, paraît être extrèmement abondante en divers points vaseux du fond de l'Océan, car là où nous en avons trouvé, il en a été pris des centaines d'exemplaires.

a rapporté de grands fonds une coquille en bon état | Hyalinæcia Maiheuxi, qui a le singulier pouvoir de de Carinaria et un fragment d'Atlanta, dévoilant ainsi dans cette partie de l'Océan la présence d'Hétéropodes qu'on n'y avait pas encore signalés. Les dragages sousmarins ne nous instruisent donc pas seulement sur les habitants des grands fonds.

Les zoologistes ont appelé du nom de Ver des animaux dont le corps est latéralement symétrique, annelé ou formé de segments semblables et enfin dépourvu de membres, d'appendices articulés. L'expression du Ver éveille généralement chez les personnes, devant lesquelles elle est émise, un sentiment de répugnance. Il semble

Les Echinodermes sont des animaux marins à symétrie rayonnée, possédant un squelette dermique incrusté de calcaire, couvert dans certaines formes de piquants, disposition qui leur a fait donner par les naturalistes le nom qu'ils portent (peau de Hérisson). Ils sont de tous les animaux vivant à de grandes profondeurs ceux dont les espèces et les individus s'offrent généralement en plus grande abondance. On les a trouvés jusqu'à plus de 5000 mè tres et la variété de leurs formes paraît infinie.

Fig. 2.Machæraster Talismani (E. Perr.).
1500 mètres de profondeur. Campagne du
Talisman.

que tous les êtres ainsi désignés doivent être, au point de vue de leurs formes, de leurs couleurs, des déshérités de la nature et que rien dans leur vie, dans leurs mœurs, ne mérite d'appeler l'attention.

Un de leurs groupes les plus importants, dont nous avons eu antérieurement à nous occuper en

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