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côté résolut de vivre dans une continence perpétuelle. Comme il avoit beaucoup de dévotion à saint Victor de Milan, il implora sa protection pour obtenir de Dieu la grâce de mener une vie sainte jusqu'à sa mort. C'est de lui-même (2) que nous apprenons cette particularité.

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Ayant été ordonné diacre par saint Epiphane évêque de Pavie, il tourna toutes ses études du côté de la religion. Il fit l'apologie du pape Symmaque, et celle du concile de ce souverain pontife contre le schisme qui s'étoit élevé en faveur de Laurent. La haute idée que l'on avoit de son mérite détermina à le choisir pour composer le panégyrique de Théodoric, roi d'Italie. Il s'acquitta supérieurement de cette commission, et donna au prince les louanges qu'il méritoit pour le succès de ses armes et pour ses victoires. On vit encore sortir de sa plume la vie de saint Epiphane de Pavie, qui mourut en 497, et qui eut Maxime pour successeur, ainsi que celle de saint Antoine de Lérins, qui est nommé dans le martyrologe romain sous le 26 de Décembre. Il écrivit aussi plusieurs lettres et divers ouvrages tant en vers qu'en prose, qui sont parvenus jusqu'à nous.

Il nous apprend dans une de ses lettres (3), que durant une maladie qui étoit regardée comme incurable par les médecins, il avoit eu recours à Dieu par l'intercession de saint Victor, et qu'à l'instant il avoit recouvré une santé parfaite. Pour éterniser sa reconnoissance, il composa son Eucharisticon. Après avoir donné dans cet ouvrage un abrégé de sa vie et de l'histoire de sa conversion, il raconte comment il avoit obtenu de Dieu, par l'intercession de saint Victor, que sa femme entrât dans ses vues, et fit conjointement avec (2) Euchar. (3) L, 8, ep, 24 ad Faust.

lui, le vœu de vivre dans une continence perpétuelle.

Ce fut vers l'an 510 qu'Ennode succéda à Maxime sur le siége épiscopal de Pavie (a). Il se montra par sa conduite véritablement digne d'être le disciple de saint Epiphane. Il gouverna son église avec un zèle et une autorité apostoliques. Le pape Hormisdas jeta les yeux sur lui pour travailler à la réunion des églises d'Orient et d'Occident. L'empereur qui régnoit alors étoit Anastase. Il fomentoit la division en favorisant l'hérésie d'Eutychès. Il avoit banni plusieurs prélats orthodoxes, et accordé sa protection aux évêques schismatiques de Constantinople. Il employoit encore contre l'église la dissimulation, vice détestable, sur-tout dans les personnes qui commandent.

L'évêque de Pavie fit deux voyages à Constantinople, l'un en 515 avec Fortunat, évêque de Catane, et l'autre en 517 avec Pérégrin, évêque de Misène. Les instructions données par le pape portoient qu'on travaillât à faire recevoir les décrets du concile de Calcédoine, et les lettres de saint Léon contre Nestorius, Eutychès, Dioscore et leurs sectateurs; à faire souscrire l'anathême prononcé contre Acace de Constantinople et Pierre d'Antioche; à demander à l'empereur le retour des évêques qui avoient été exilés pour leur attachement à la foi. Anastase témoigna à l'extérieur un grand désir de la paix. En congédiant les légats, il leur donna une lettre pour le pape, dans laquelle il déclaroit qu'il condamnoit Nestorius et Eutychès, et qu'il recevoit le concile de Calcédoine.

(a) Et non en 490, comme le prétend le P. Labbe. Saint Ennode dit lui-même dans son Eucharisticon, qu'il n'avoit que 16 ans, lorsque Théodoric vint en Italie, c'est-à-dire, en 489. Il n'a donc pu être évêque en 490.

Tome VI.

N

Il promit d'envoyer des ambassadeurs à Rome pour terminer les autres articles; mais son unique but étoit de gagner du temps. Il bannit même quatre évêques d'Illyrie pendant qu'Ennode étoit à Constantinople. Il différa d'envoyer ses ambassadeurs jusqu'au milieu de l'année suivante; en-. core n'envoya-t-il point d'évêques, comme il l'avoit promis, mais deux laïques, dont l'un se nommoit Théopompe, et l'autre Sévérien (b). Cette ambassade n'aboutit, du côté des Orientaux, qu'à faire des protestations vagues pour le bien et la paix de l'église. Hormisdas répondit qu'il n'avoit rien plus à cœur; qu'il se jetoit même aux pieds de l'empereur, afin d'implorer sa protection pour que le bon ordre fût rétabli par-tout.

Le second voyage qu'Ennode fit à Constantinople ne produisit pas plus d'effet que le premier. Anastase ne voulut point admettre le formulaire que le pape avoit dressé pour l'union des deux églises; il essaya même de corrompre les légats par argent: mais voyant qu'ils étoient à l'épreuve d'une pareille tentation, il les fit embarquer secrètement sous la garde de deux préfets et de quelques autres officiers (c) qui avoient ordre de ne les laisser entrer dans aucune ville. Les légats trouvèrent cependant le moyen de distribuer partout leurs protestations contre ce qui s'étoit fait. Les évêques qui en reçurent des exemplaires, les envoyèrent à Constantinople, de crainte de se

(b) Théopompe étoit comes domesticorum, ou capitaine des gardes de l'empereur, et Sévérien, comes consistorii, ou chancelier de l'état.

(c) Ces officiers, appelés magisteriani, avoient pour chef le magister officiorum, qui occupoit une des premières places de la cour de l'empereur. Ce magister officiorum avoit sous sa dépendance les palatins, les bas-officiers du palais, les écoles ou les académies de la cour et certains gouverneurs. Voyez le glossaire de Ducange.

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voir accusés, ce qui aigrit encore davantage l'empereur. Le premier effet de son ressentiment fut de renvoyer chez eux près de deux cents évêques, qui étoient sur le point de s'assembler à Héraclée pour pacifier les troubles de l'Orient. Voilà où aboutit la parole qu'il avoit donnée de concourir au rétablissement de la paix entre les deux églises. Le sénat et le peuple lui ayant reproché la violation du serment qu'il avoit fait, il répondit froidement qu'il y a des circonstances où il est permis à un prince de se parjurer. Une telle réponse confirma dans tous les esprits les soupçons que l'on avoit de l'attachement secret d'Anastase aux opinions impies des Manichéens.

Cependant Ennode, à qui tous les ports de l'Orient étoient fermés par l'ordre de l'empereur, couroit un danger imminent de périr. Le vaisseau sur lequel il avoit été forcé de s'embarquer étoit vieux et vermoulu; on ne pouvoit guère espérer qu'il suffit pour faire le trajet. Il le fit pourtant, et le saint évêque aborda sain et sauf en Italie.

De retour dans son diocèse, il s'appliqua plus que jamais à la sanctification de son troupeau. On eût dit que ce qu'il avoit souffert pour la foi avoit donné plus d'activité à son zèle, en donnant un nouveau lustre à ses vertus. La conversion des pécheurs, le soin des pauvres, l'ornement des églises, la composition de quelques poëmes sur des sujets de piété (d), partagèrent tout son temps

(d) Ces poëmes sont sur la sainte Vierge, saint Cyprien, saint Etienne, saint Denis de Milan, saint Ambroise, sainte Euphémie, saint Nazaire, saint Martin, etc., sur les mystères de la Pentecôte et de l'Ascension, sur un baptistère orné de plusieurs tableaux de martyrs, dont les reliques y avoient été déposées. Saint Ennode écrivit aussi deux nouvelles formules pour la bénédiction du cierge pascal. Il implore la bénédic tion du ciel pour les fidèles, contre les vents, les tempêtes,

jusqu'à sa mort, qui arriva le premier Août 521. Il étoit âgé de quarante-huit ans. Les papes Nicolas I et Jean VIII lui donnent le titre de grand et de glorieux confesseur. Il est nommé dans le martyrologe romain sous le 17 de Juillet.

Voyez ses écrits, les lettres du pape Hormisdas, les pièces données par le P. Sirmond, et Sollier, un des continuateurs de Bollandus, t. IV, Julii, p. 271.

S. LEON IV, PAPE.

SAINT LEON naquit à Rome, et y fut élevé dans le monastère de Saint-Martin, situé hors les murs de la ville. Il fut ordonné prêtre des quatre martyrs couronnés, par le pape Serge II, auquel il succéda en 487. Son pontificat fut de huit ans trois mois et quelques jours.

Les Sarrasins avoient pillé depuis peu l'église de Saint-Pierre du Vatican, et sembloient encore dans la disposition de tourner leurs armes contre Rome. Le saint pape commença par réparer l'église, et par faire de nouveaux embellissemens à la Confession ou au tombeau du prince des apôet tous les maux dont ils sont menacés de la part de leurs ennemis invisibles.

La cérémonie dont il s'agit étoit déjà fort ancienne du temps de saint Ennode. Alcuin et Amalaire en attribuent l'institution au pape Zozime; mais d'autres la font remonter encore plus haut. A Rome, l'archidiacre bénissoit, le samedi saint, de la cire mêlée avec de l'huile, et l'on en faisoit de petites figures d'agneaux que l'on distribuoit au peuple ; de là vint l'usage des Agnus Dei faits de cire, où l'on mêloit quelquefois des reliques de martyrs, et que le pape bénissoit solennellement. Voyez saint Grégoire de Tours, de Vit. patr. c. 8. Ordo Romanus; Alcuin et le P. Sirmond, not. in Ennod.

Le P. André Schot, jésuite, publia les œuvres de saint Ennode à Tournai, en 1610. Le P. Sirmond, aussi jésuite, les fit réimprimer à Paris, avec des notes, en 1611; mais le recueil en est plus complet dans l'édition générale de tout ce qui est sorti de la plume du second éditeur, lequel parut à Paris en 1696, t. 1.

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