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ai envoyé depuis, Monfieur, un Duplicata par Mr. de Monafterol, & trois autres par la Pofte.

Voilà une Lettre de Mr. le Maréchal de Tallard, que je me fuis chargé de vous faire paffer par celui-ci que j'efpere qui fera plus heureux. Comme les Bataillons qui compofent cette Armée font meilleurs que plufieurs de ceux de la fienne, il m'a propofé d'en laiffer quatre de cette efpece à Ulm, à la place de pareil nombre de ceux que j'y avois mis, à quoi j'ai confenti fans aucune difficulté, per. fuadé que cette Place n'étant plus mena, cée préfentement, c'étoit le bien du fervice que l'on doit toujours avoir en vue préférablement à de petits intérêts particuliers, qu'il faut toujours mépriser ; de forte qu'il a dans fon Armée les deux Ba taillons d'Artois, & les deux de Provence, à la place de quatre nouveaux très fuceincts, comme Trecejon & 3 autres femblables qu'il a mis à Ulm. Il m'a re mis auffi les 2 Efcadrons nouveaux de Condé & du Prince Charles, qui font venus dans fon Armée, à la place desquels je lui ai donné les 2 du Régiment de Forfac.

La confervation d'Ausbourg étant d'une importance infinie, préfentement que

nous fommes en force pour y laiffer une Garnifon, nous l'avons fait réparer le moins mal qu'il nous a été poffible, & nous laiffons 6 Bataillons 3 de l'Ar

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me de Mr. le Maréchal de Tallard, & 3 de celle-ci, fans compter les 2 que nous avions toujours dans le Fort, que j'avois fait faire ce printems dernier, n'ayant pas alors affez de Troupes pour pouvoir garder la Ville. Mr. de Chamarande à qui j'en avois donné le commandement, pendant le tems que nous y étions en Quartier-d'hyver, y eft refté pour y commande rien n'étant, plus, convenable, y étant connu & généralement estimé. Il y a un tems infini que je n'ai reçu de vos Lettres, Monfieur, excepté celle que m'a apportée Mr. de Legal, datée du 3 du mois de Juillet. Je fuis bien fàché que nous n'ayons pas pu égargner davantage les deniers du Roi pendant le Quartier-d'hyver dernier; mais vous en connoîtrez vous-même l'impoffibilité, Monfieur, fi vous voulez bien confidérer qu'il s'eft établi dans un Pays ruiné, l'Armée y ayant paffé toute la Campagne; que je n'en pouvois pas connoître la force, n'y étant arrivé qu'à la fin de Novembre; que tous ceux à qui je m'en

fuis informé, qui le devoient mieux connoître que moi y étant arrivés avant l'Armée du Roi, le croyoient abfolument hors d'état de porter un fi grand nombre de Troupes, dans un fi petit espace, pendant tout l'hyver; de forte que ce n'eft qu'au jour la journée, que Fon y a vécu, & qu'on l'a trouvé moins ruiné que l'on ne s'y étoit attendu.

Je vous prie, Monfieur, d'ajouter à toutes ces confidérations les befoins preffans de tous les Officiers, tant fupérieurs que fubalternes, qui avoient confommé tout ce qu'ils avoient pu apporter de France avec eux pour leur fubfiftance, & qui font fans aucune Communication, & fans pouvoir rece; voir aucun fecours de chez eux depuis leur arrivée en ce Pays-ci. Comme il y a lieu de croire qu'étant plus en force nous ferons moins ferrés dans le Quartier d'hyver prochain, & qu'on le pourra prendre dans un Pays que l'on n'aura point mangé pendant tout l'été, j'efpere que l'on pourra être en état de le régler, fuivant ce que vous me faites l'honneur de me marquer par votre der niere Lettre. Au moins, Monfieur, ne tiendra-t-il pas à mes foins, ni à ma

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bon

bonne volonté, vous pouvant affûrer encore que je n'ai en vue que le bien du fervice du Roi, & que l'unique profit que j'ai retiré du Quartier d'hyver dernier, a été la peine & le travail infupportable de pouvoir fubvenir aux befoins de tout le monde ; c'est une vérité fi connue, que je ne vous la répete qu'avec la dernière répugnance.

L'état des Quartiers-d'hyver dépendra de la fituation, où l'on fe trouvera à la fin de la Campagne. Il m'eft impoffible de fatisfaire pour le préfent à l'ordre que vous me donnez, Monfieur, par vo tre Lettre, de vous mander au plutôt, fi l'on peut espérer de faire vivre les Troupes du Roi, pendant tout l'hyver prochain aux dépens du Pays où elles feront, enforte que pour toutes chofes, il n'en coûte à S. M. foit pour la Cavalerie ou pour l'Infanterie, que l'uftencille entiere. Trouvez bon que je vous répete encore, Monfieur, que les affaires tournant bien, comme il y a apparence, il y a tout lieu de l'efpérer. L'Exprès chargé de ces Lettres en attendra la réponse à Huningue, puifque je vois que toutes les adreffes dont je vous ai envoyé les. Mémoires font inutiles. Ce n'eft que par

furérogation que j'ai l'honneur de vousdire, Monfieur, que vous pouvez être certain d'une intelligence parfaite entre Mr. le Maréchal de Tallard & moi. Sans compter que je l'honore infiniment, que j'ai toute la déférence poffible pour fes fentimens, & que je fuis perfonnellement fon ferviteur, je fais que rien n'est meilleur pour le fervice du Maître, que l'union entre ceux qui ont l'honneur de commander. J'ai celui d'être avec un très respectueux attachement &c.

NOUVELLES.

De Stutgard, du 13 Août 1704. Aujourd'hui avant midi, Mr. le Baron

d'Eftem eft venu ici, venant de l'Armée de Minhoffen, avec avis que Mr. de Baviere avoit repaffé le Danube, & que fon deffein étoit de furprendre Mr. le Prince Eugene, comme on a fait l'année paffée au Comte de Styrum; mais que Mr. le Prince Eugene ayant été averti de cela,. il avoit pris le parti de fe retirer vers Schelemberg, & qu'il avoit prié Mr. le

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