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SAINT HIPPOLYTE,

ÉVÊQUE ET MARTYR.

Il y a trois saints de ce nom, que les biographes ont quelaquefois confondus; savoir: saint Hippolyte le soldat, que saint Laurent a baptisé; saint Hippolyte, prêtre d'Antioche, et saint Hippolyte, évêque de Porto, celui dont nous donnons ici les œuvres traduites. Saint Hippolyte, évêque d'Ostie ou de Porto, en Italie, était célèbre par sa science et par sa piété ; il souffrit le martyre et fut noyé à Porto, sous l'empereur Alexandre, le 22 août, on ne dit pas en quelle année. Saint Jérôme fait mention de saint Hippolyte et lui donne le nom de martyr, dans la 84e épître à Magnus, et dans le livre de Scriptoribus Ecclesiæ. Nicéphore, dans son histoire, liv. v, chap. 15, l'appelle évêque de Porto. Gélase, dans son livre des Deux Natures, contre Eutichès, dit qu'Hippolyte était métropolitain d'Arabie, ce qui a fait croire à un grand nombre de critiques qu'il était évêque d'Aden, appelée anciennement Portus Romanus. Baronius soutient qu'il a été évêque d'Ostie ou de Porto en Italie, ce qui est conforme à l'opinion générale; et il dit que l'on montre encore la caverne pleine d'eau où il a été jeté, et où il a consommé son martyre. Il dit encore, avec quelques autres auteurs, qu'on a trouvé, en 1551, dans les environs de Rome, un ancien monument de marbre, avec la figure de saint Hippolyte, à l'entour de laquelle était gravé en lettres grecques le cycle pascal, dont il est l'auteur. Une grande partie de cet ouvrage a été perdue. Il avait pour objet

T. VIII.

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la démonstration d'un nouveau calcul, qu'il avait inventé pour trouver le jour de Pâque par le moyen d'un cycle de seize ans. On a encore de cet évêque une partie considérable d'une homélie contre Noétus, hérétique du Ie siècle, dans laquelle il démontre clairement la distinction des personnes dans la Trinité, la divinité du Fils de Dieu, et la distinction des natures en Jésus Christ. On encore de saint Hippolyte quelques fragments de ses commentaires sur l'Ecriture; Du Christ et de l'Antechrist, manuscrit découvert et publié en 1661: Eusèbe, saint Jérôme et Photius en font mention; cet ouvrage diffère entièrement d'un livre intitulé: De la fin du monde et de l'Antechrist, qu'on lui a attribué, production bien moins estimable que celle de saint Hippolyte, dont nous donnons ci-après la traduction. Fabricius a donné une belle édition de ces ouvrages en grec et en latin, 2 yol. in-fol.; le premier publié en 1716, et le second en 1718. On a encore de saint Hippolyte des fragments d'un discours contre deux hérétiques, Béron et Hélicen, et où il traite du mystère de l'Incarnation; nous en donnons ci-après la traduction. Enfin nous offrons encore la traduction d'un autre ouvrage d'un style très-élevé, de ce même saint, qui a pour titre : Homélie sur la Théophanie. Cette homélie roule sur la grandeur des œuvres de Dieu et sur le baptême du Christ par saint Jean dans le désert. Il serait possible que les commentateurs eussent substitué le titre de Théophanie au titre véritable de cet ouvrage. On trouvera encore ici la traduction du discours intitulé : Démonstration contre les Juifs. Dans ce discours, saint Hippolyte reproche aux Juifs leur incrédulité, et cherche à leur ouvrir les yeux sur la réalité de la venue du Messie. Les écrits de saint Hippolyte se font remarquer par un syle élégant et élevé; on lui a reproché une tendance à rechercher le sens mystique dans les Ecritures, ce qui rend quelquefois sa pensée embarrassée et obscure. Malgré ces légers defauts, on remarque dans les écrits de saint Hippolyte une grande vigueur de raisonnement et de dialectique.

DÉMONSTRATION

DU CHRIST ET DE L'ANTECHRIST

PAR SAINT HIPPOLYTE.

Vous m'avez souvent demandé, mon cher frère Théophile, de vous donner des éclaircissements sur les principales propositions que j'avais livrées à vos méditations; je me rends enfin à votre désir, sur un sujet si digne de nous occuper; et c'est en puisant dans les saintes Ecritures, comme dans une source sacrée, les preuves dont j'ai besoin, que je rendrai présents à votre esprit tous les côtés du sujet en discussion. C'est ainsi que, loin de vous contenter de quelques vains sons qui frappent votre oreille, votre esprit pénétrera dans l'essence intime des choses, et votre admiration vous fournira un nouveau sujet de louanges envers Dieu. J'ai lieu d'espérer que cette étude, en fortifiant votre esprit et en jetant dans votre cœur, comme dans une terre toute préparée, une semence féconde, vous servira de sauvegarde à l'avenir contre les dangers du monde; elle vous fournira aussi des armes pour triom

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pher de ceux qui refusent de croire à nos salutaires doctrines. Prenez garde, toutefois, de vous exposer aux morsures des langues méchantes des incrédules, (car c'est un redoutable écueil ;) mais ayez soin de ne livrer vos enseignements qu'à des hommes religieux et fidèles, et qui ont le désir de marcher saintement dans les voies de la justice et de la crainte de Dieu; car c'est avec raison que le bienheureux apôtre saint Paul, s'adressant à Timothée, a dit: «< O Timothée (1)! gardez bien le dépôt qui vous a été «< confié, évitant avec soin les paroles vaines et profanes, <«<et les disputes qu'on décore du faux nom de science; car plusieurs ont erré en s'y abandonnant. » Et plus loin il ajoute : « Quant à vous, mon fils, fortifiez-vous par la «grâce qui est en Jésus-Christ, et ayez soin de recom«< mander aux hommes fidèles, qui seront capables de les <«< communiquer à d'autres, les choses que je vous ai dites <«< dans mes exhortations particulières (2). » Lors donc que le bienheureux Apôtres ne livrait qu'avec précaution et crainte la connaissance des choses qui sont à la portée de tous, prévoyant qu'elles ne trouveraient pas créance dans tous les esprits, à quels plus grands dangers ne nous exposerions-nous pas, si, légèrement et sans nécessité, nous allions révéler aux profanes et aux indignes les plus hauts mystères de la Religion (3) !

Nous prendrons pour guides et pour flambeaux les saints prophètes qui, par leur foi dans le Verbe, ont entrevu les mystères, qui ont raconté le passé, le présent et l'avenir; c'est par là qu'ils ont été non-seulement les hommes de leur siècle, mais encore les hommes des âges futurs. Remplis de l'esprit de prophétie, inspirés par le Verbe, ils étaient eux-mêmes comme un instrument harmonieux que Dieu faisait résonner, et dont il se servait pour annoncer au monde ses volontés et ses desseins. Et certes, il ne faut point croire que, s'ils parlaient de l'avenir, ce fût de leur

(1) II Timothée, VI,

20.

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(2) II Ib. 11, 4. (3) II Thess. !, 2.

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