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DU XII, DU XIII ET DU XIVE SIÈCLE,

PAR

CH.-V. LANGLOIS.

(3° article (1).)

NOTICES ET EXTRAITS DE TROIS FORMULAIRES ORLÉANAIS.

A Orléans, à Tours, dans les villes de la Loire, l'art épistolaire fut cultivé dès le commencement du xır° siècle avec prédilection. C'est ce suffiraient à attester, si l'on n'en avait que pas d'autres les preuves, nombreux artes dictaminis d'origine tourangelle ou orléanaise qui nous ont été conservés. Nous n'avons pas à étudier ici ces traités théoriques, dont l'importance pour l'histoire de la rhétorique latine au moyen âge est considérable; mais, comme c'était la coutume des maîtres in arte dictandi de compiler des recueils (epistolaria) de modèles d'actes ou de lettres missives en même temps qu'ils enseignaient l'art d'en rédiger,

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il est a priori vraisemblable que les dictatores orléanais et tourangeaux ont dû composer des formulaires. Effectivement, MM. Delisle (1) et DU XIIo, DU XII° Auvray (2) en ont déjà fait connaître deux. En voici d'autres.

FORMULAIRES
DE LETTRES

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Le volume 279 de la Collection des papiers de Baluze, à la Bibliothèque nationale, renferme un cahier (fol. 195-210) qui paraît avoir échappé jusqu'ici à l'attention des érudits (3). C'est un formulaire d'origine orléanaise et de la fin du règne de Philippe Auguste. Baluze l'a copié dans un manuscrit de la bibliothèque Sainte-Geneviève, jadis conservé à l'abbaye du Jard: Ex veteri codice ms. S. Genovefæ Parisiensis, qui fuit olim Sancti Johannis de Jardo.

La bibliothèque Sainte-Geneviève possède encore aujourd'hui beaucoup de manuscrits du Jard. Toutefois celui dont s'est servi Baluze ne s'y retrouve pas. Tel a été le résultat des recherches que M. Kohler a bien voulu faire pour nous dans le dépôt dont il publiera très prochainement le catalogue.

Il faut donc se contenter de la copie de Baluze, qui d'ailleurs est très bonne. Seulement, il est impossible de savoir si elle est complète ou si Baluze s'est contenté de faire un choix.

Le formulaire, dans le volume 279, se compose de trois parties. La première (fol. 195-196) et la troisième (fol. 203 vo-210) contiennent des actes divers; la seconde (fol. 196-203) est tout entière formée des pièces d'un procès ecclésiastique.

(1) L. Delisle, Le formulaire de Tréguier et les écoliers bretons des écoles d'Orléans au commencement du XIV' siècle, Orléans, 1890, in-8°. (Extr. du tome XXIII des Mémoires de la Soc. hist. et arch. de l'Orléanais.)

(2) L. Auvray, Documents orléanais du XII et du XIIIe siècle, extraits du formulaire de Bernard de Meung. (Extr. du t. XXIII des Mémoires de la même Société.)

M. Auvray n'a utilisé que les epistolaria de deux manuscrits de l'ars dictaminis de Bernard (Bibl. nat. lat. 15170; bibl. d'Agen, no 4); il s'est contenté de signaler (p. 5, note 3) ceux qui se trouvent joints aux autres exemplaires connus du même ouvrage et qui offrent moins d'intérêt.

(3) C'est à M. L. Auvray que nous devons l'indication de la copie de Baluze.

Examinons d'abord les actes divers, dont plusieurs, tant à cause du contenu des que noms des dont ils émanent (1), présentent personnages un véritable intérêt.

Le roi Philippe Auguste aurait voulu voir conférer à l'un de ses familiers, « maître Étienne de Paris », un canonicat à Sainte-Croix d'Orléans. Le chapitre ne se souciait point de lui complaire en cela. Cette affaire donna lieu à la correspondance suivante :

1. Innocentius, episcopus, servus servorum Dei, dilectis suis decano et capitulo Aurelianensibus, salutem et apostolicam benedictionem. Licet personarum nos non esse deceat acceptores, indignum tamen [non] esse credimus si, gratiam interdum alicui faciendo, personam et meritum attendimus, ut tanto potiori favore prosequamur utrumque, quanto magis unum ex altero redditur honorandum. Cum igitur magister Stephanus Parisiensis ea meritorum dote juvetur ut karissimo filio nostro P., illustri Francorum regi, familiari gratoque sit dignus obsequio ministrare, et super sui provisione ab Aurelianensi ecclesia obtinenda tam ad vos quam ad nos et ad episcopum vestrum ipsius regis interventum habere meruerit, nos condignum reputantes ut (2) preces tanti principis dictique magistri virtutes tam ab episcopo vestro quam a nobis vacue repellantur, in subsidium utrumque preces nostras duximus adjungendas. Eapropter universitatem vestram rogamus attentius et monemus, per scripta mandantes apostolica ut, ob reverentiam apostolice sedis et nostram, ad ejusdem precamina respectum habeatis, cum omni devotione magistrum memoratum in fratrem admittentes et canonicum, et eidem stallum in choro et locum in capitulo secundum vestram consuetudinem assignantes. (Fol. 203 v°.)

2. Sanctissimo patri ac domino Honorio (3), Dei gracia summo pontifici, P., eadem gratia rex Francorum, salutem et devotum cum omni humilitate famulatum. A vestre benignitatis memoria, sicut credimus, oblivio non abrasit quod preces

(1) Voici les noms des personnages cités dans les actes que nous n'avons pas jugé à propos d'imprimer :

P. Senonensis archiepiscopus (fol. 195).
M. Autissiodorensis episcopus (ibid.).
R. civis Bituricensis (ibid.).

F. Sancte Crucis Aurelianensis decanus (fol. 204 vo).

Blesensis comes (fol. 205 v°).

(2) A la marge: ne.

(3) A la marge: Innocentio.

FORMULAIRES

DE LETTRES DU XII, DU XIII®

ET

DU XIV SIÈCLE.

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