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tom. X, pag. 216.)

On comprend qu'il s'agit ici d'un ours | disoit de grandes sottises quand il se mal léché. Tallemant a dit d'un avocat: mettoit sur le bien dire. » (Historiettes, « Joubert, qui a eu de la réputation, et qui, en effet, plaidoit bien pour le fond quand on lui avoit donné tout le temps qu'il lui falloit pour lécher son ours,

PACCANT, S. m. Passant.

P

OUVRAGE, S. m. Vol, curage des fosses d'aisances, gadoue. Voyez Mousse. Ouvrier, Èke, s. Voleur, euse.

PAF, adj. Gris, ivre.

Vous avez été joliment paf hier. (Un grand Homme de province à Paris... par H. de Balzac, chap. xix. Paris. Hippolyte Souverain, 1839, in-8°, tom. Ier, pag. 338.)

Ce mot, qui existe dans le langage populaire avec un autre sens, celui de lourdaud, d'homme sans intelligence, sans pénétration, d'un sens et d'un esprit très-bornés ', me paraît dériver de PAFFE, s. m. Soulier. Voyez Passant. pagus, comme paysan et page2, et avoir Quelqu'un pourrait-il me dire ce que eu, dans le principe, la même significa- l'on doit entendre au juste par le mot que le second de ces derniers mots, paffut, que je trouve dans un poëme du qui, au figuré, a bien le sens que le bas-xive siècle?

tion

Et tenoit en ses mains ung paffut boin et bel
Qui aussy bien trençoit que raisoir ou coutiel.

langage prête à pacant. Quant au mot Il estoit tout à piet, tint l'escut en cantiel,
d'argot, il vient sans nul doute de la res-Où la couronne d'or fu pointe de nouviel,
semblance qu'à passant avec paysan.
Dans le patois normand, il y a le mot
pagnant, adjectif qui correspond à lourd,
grossier. Il n'y a pas à douter que nous
n'ayons ici un troisième dérivé de pagus,
par paganus.

PACCIN, s. m. Paquet.

PACQUELIN, s. m. Pays.

Le Chevalier au Cygne, tom. II, pag. 137, v. 6823.

PAGNE, s. m. Assistance que les voleurs reçoivent de leurs camarades lorsqu'ils sont prisonniers.

Sans doute, dans le principe, ce se

PACQUELIN DU RABOUIN, s. m. Pays cours consistait en un petit pain, appelé

du diable, enfer.

En fourbesque, au lieu de pays chaud, on dit maison chaude (casa calda). Voyez Moulin.

PACQUELINAGE, s. m. Voyage.
PACQUELINER, v. n. Voyager.
PACQUELINEUR, EUSE, S. Voyageur, euse.

1 Dictionnaire du bas-langage, tom. II, pag 181. * Voyez, sur ces deux mots, les longs articles du Dictionnaire étymologique de Ménage, édition de Jault, tom. II, pag. 270, 271 et 274.

en italien pagnotta, dérivé de pane, et
en ancien français paingnon, pagnon,
paignon:

Aions d'ore en avant paingnon
Et pains, fouache et encor vins.

Le Roman du Renart, tom. IV, pag. 42,
v. 1138.

Pren de ce fruit ysnellement,

Et en fay tost incontinaut
Mengier à Adam...

Si fort giteray mon pagnon,

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L'italien pagnotta a également donné naissance à notre mot pagnotte, aujourd'hui à peu près tombé en désuétude, et qui avait cours autrefois avec le sens de láche, sans cœur'. Sergestus, au liv. V du Virgile travesti, crie à ses rameurs :

Et qui m'a donné ces pagnottes,
Avec leurs bras de chenevottes?

Plus loin, au livre VII, parlant des peuples qui firent la guerre aux Troyens dans le Latium, il dit qu'il en vint un grand nombre,

Quelques-uns des franches pagnottes,
Quelques autres grands spadassins.

Enfin, Brebeuf dit, dans un poëme moins connu que celui qui a fait sa réputation:

Tout le bourgeois étonné,
De crainte d'estre échiné
Et de mourir en pagnote,
Saute du lit dans la crote.
Lucain travesty, liv. Ier,

Que seroit-ce, mes soldats,
Si l'on eust dans les combats
Veu Cesar en franc pagnote
Profaner la bourguignote?

pag. 110.

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PAIX-LA, S. m. Huissier-audiencier.
PALETTE, S. f. Dent.

Allusion aux palettes de moulin. Ce mot est encore employé, avec le sens de main, par les voleurs italiens et proven

çaux.

PALLADIER, S. m. Pré.

Ce terme, qui est une altération de pelardier, que je trouve dans le Dictionnaire blesquin de la Vie genereuse des mattois et dans ceux du Jargon, est de la même famille que notre pelouse, s'il n'a point été formé de ce mot; et tous deux viennent de l'adjectif pelu (pilosus):

Il avoit beau d'amour malade
Luy lancer amoureuse œillade,
Trepigner, et d'un pied velu
Battre le champ du pré pelu, etc.

L'Ovide en belle humeur de Mr Dassoucy,
etc., édit. in-4o, pag. 133. Les amours
de Jupiter et d'lo.

Au reste, pour vous donner j'ai
Ce que les rats n'ont pas mangé...
Une camisole pelue, etc.

Le Virgile travesti, liv. VII.

PALLAS (Faire). Faire le grand seigneur, de l'embarras avec peu de chose.

Terme des camelots et saltimbanques, emprunté à l'ancienne germania espagnole, où hacer pala (faire pala) se disait quand un voleur se plaçait devant la personne qu'il s'agissait de voler, dans le but d'occuper ses yeux. Voyez le Vocabulario de Germania de Juan Hidalgo, dernière édition, pag. 186.

Oudin, qui rapporte faire le palalan et l'explique par faire le grand, comme faire du paladin, qu'on lit auparavant,

montades espaignoles de Brantôme, parmi ses Œuvres complètes, edit. du Panthéon littéraire, tom. II, | pag. 21, col. 1.

ajoute: «Le mot semble composé de pal-] allant, un qui marche droit comme un pal.» Faire le palalan est une corruption de faire palas, ou palla, la chose ne me paraît pas douteuse ; et cette dernière expression doit venir du jeu de paume, palla signifiant en italien la balle avec laquelle on joue.

PALLOT, s. m. Paysan.

Ce mot, qui nous est fourni par le Jargon, vient sans aucun doute de la paille (palea) sur laquelle couchaient les gens de la campagne :

Peu se rencontrent dans les cours
De Saint-Agnans et de Harcours,
Peu de soleils qui scachent luire
Pour vertu guider et conduire :
Et quoy doneques? force falots,
Force coquins, force palots.

La Guespe de cour, v. 37. (Le Ravisse-
ment de Proserpine, de monsieur Das-
soucy, etc. A Paris, chez Pierre David,
etc., M. DC. LIII., in-4°, pag. 71.
Poësies et Lettres de Mr Dassoucy, etc.
A Paris, chez Jean Baptiste Loyson,
M. DC. LIII., petit in-12, pag. 130.)

Chacun sur ce qu'il peut trouver
Essaye en vain de se sauver...
Le palot dessus son fumier.

L'Ovide en belle humeur, de Mr Das
soucy. A Paris, chez Charles de Sercy,
M. DC. L., in-4o, pag. 71. Le Deluge,
fable VIII.

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Ce mot, je le répète, doit venir de la paille sur laquelle couchaient les gens de la campagne; toutefois, il ne serait pas impossible qu'il dérivât du paliot, espèce de chape commune aux hommes et aux femmes, que peut-être ils portaient exclusivement à une certaine époque. Dans la seconde journée du Mistere de la passion de Jhesus-Christ, sc. de la Confession de Magdaleine, Marthe dit de sa sœur :

Qui luy a baillé ceste guimple
Sur son paliot si terny?

Édit. de Verard, 2e feuillet recto, col. 1
et 2, après la signature 1 iiii.

Dans la troisième journée, un sergent, parlant de saint Jean qui fuit, dit:

Nous en aurons tantost coppie,
Je le tiens par son paliot.

Ibid., 2o feuillet verso, col. 1, après la
signature t iiii.

Quelque vraisemblance que présente cette seconde étymologie, je n'ai point hésité à me décider pour la première. En effet, pallot me paraît être synonyme d'homme de paille, qui signifie encore un homme de néant, de nulle consideration:

Je suis de si petite taille

Pour pendre au col ce beau collier,
Prenez que d'un homme de paille
L'on en façonne un chevallier.

Hommes illustres et grands capitaines fran-
çois M. de Tavannes. (OEuvres com-
plètes de Brantôme, édit. du Panthéon
littéraire, tom. Ier, pag. 508, col. 2.)

Afin que vous ne pensiez point que je sois un

le sens d'ami ou compagnon, comme il le traduit en
note :

Mais, oncore un coup, man palot.
Le Coup d'œil purin, pag. 64.

homme de paille, scachez que j'ay fait acquisi- | qui couchaient dans les fours à chaux ou tion... d'une maison qui vaut deux mille escus. à plâtre, dont les environs de Paris sont (L'Histoire comique de Francion, liv. IV, édit.

de Rouen, M. DC. XXXV., pag. 266.)

Il y a bien deux ans et plus

Que certains vers de moy vous prittes,
Pour lesquels quelques carolus,
Grand monarque, vous me promistes...
Qui pouvés du plus miserable
Faire un archiprotonotable,
Et du plus vil frotte-patin
Un noble à gregue de satin,
Un milor d'un homme de paille.

La Guespe de cour, v. 1. (Poësies et Let

tres de Mr Dassoucy, etc., pag. 129.)

Le mot paillard avait autrefois le même sens que pallot, dont il est une variante. L'auteur de li Roumans dou Chastelain de Couci, après avoir rapporté que la dame de Fayel avait chargé un vallet de lui rendre compte des actions de son amant, ajoute:

Et cilz, qui avoit son atour

En habit de paillart changié,
A devant la porte gaitié, etc.

pleins:

Je prins ce paillart totilleur
A Paris, chez ung rotisseur,
Et n'avoit pas vaillant deux blans,
Et couchoit, dont il est si blans,
Au four de quoy la paille on art.
Ancien Theatre françois, publ. par
M. Viollet le Duc, tom. II, pag. 202.

Guillaume Guiart donne à paillart le sens d'enfant perdu :

Houlier et ribaut et paillart,
Qui touz jours la guerre commancent,
En Normandie se relancent.

Branche des royaux lignages, anu. 1204.
(Chron. nat. fr., édit. de Verdière, tom.
VII, pag. 142, v. 3152.)

PALPITANT, S. m. Cœur. PAMPELUCHE, PANTIN, PANTRUCHE. PANTruche.

Paris.

Aucun de ces mots ne me paraît ancien; toutefois, le second me semble

Pag. 132, v. 3978. Voyez aussi pag. 134, avoir précédé le premier. Pantin, qui a

v. 4030.

Quant li pallars le vit entrer...

Si retourna à Saint-Quentin, etc.

Pag. 135, v. 4055.

Au XIIe siècle, la France fut ravagée par des brigands que Geoffroi, prieur du Vigeois, appelle Paillers et Palearii, soit, dit du Cange, qu'en signe de reconnaissance ils portassent une paille à leur tête ou à leur casque, soit qu'ils propageassent l'incendie au moyen de la paille. Voyez Glossarium mediæ et infimæ Latinitatis, édit. in-4°, tom. V, pag. 28, col. 1.

reçu cette forme par allusion à un village de la banlieue de Paris, a été sans aucun doute inventé pour signifier la ville des pantres; à moins que l'on n'aime mieux dériver ce nom de pantière, espèce de filet qu'on tend verticalement pour prendre certains oiseaux :

Par trop rusée est la sorciere;
Elle prendroit à la pantiere
De tous les diables le plus fin.

Le Paranymphe de la vieille qui fit un
bon office. Satyre. (Le Parnasse saty-
rique du sieur Theophile. M. DC,LX.,
petit in-12, pag. 241'.)

Ce passage se retrouve dans l'Espadon satyrique, Un passage d'une ancienne farce donpar le sieur d'Esternod, etc. A Cologne, chez Jean nerait à penser que dans l'origine on don-d'Escrimerie, M. DC. LXXX., petit in-12, pag. 38. La pièce y est intitulée l'Antimariage d'un cousin et

nait le nom de paillard aux vagabonds d'une cousine de Paris, satyre III.

Pampeluche et Pantruche sont des altérations postérieures et volontaires de Pantin, et le second de ces mots peut servir de preuve à l'étymologie que nous venons d'assigner à ce dernier.

Dans les Epithètes de M. de la Porte parisien, folio 303 recto, Pandore est l'une de celles qui sont données à Paris. PANADE, s. f. Chose mauvaise, de peu de valeur; femme de mauvaise tournure, laide, sale.

Ce mot vient de l'ancien verbe depaner, synonyme de déchirer:

Al tierz jur, repairad uns huem del ost Saul; depaned e desired out ses dras, etc. (Li secunds Livres des Reis, pag. 120.)

La péussies veir tant vieus dras depanés.

La Chanson d'Antioche, ch. VIII, coupl. xx1; édit. de M. Paulin Paris, tom. II,

pag. 221.

Cil bastart jugleor qi vont par cez vilax
A ces grosses vieles as depennez forsiax,
Chantent de Guiteclin si com par asenax.

La Chanson des Saxons, coupl. II, v. 3; tom.
Ier, pag. 3.

Quant voit son mantel gris dont ele ert afublée,
Et sa cote qui ert en maint lieu despanée...
Forment se merveilla qui l'ot là amenée.

Li Romans de Berte aus grands piés, st. XLVI,
pag. 68.

Son escu orent mal mené,
Et son blanc hauberc despané.

Le Roumanz de Claris et de Laris, Ms. de
la Bibl. nat. no 75345, folio 70 verso,
col. 1, v. 35.

Et sa robbe dépenaillée,

A ses pauvres gens tous moüillez Et comme elle dépenaillez.

L'Ovide en belle humeur de Mr Dassoucy: le Deluge, fable VIII. (Édit. de M.DG. L., in-4°, pag. 78.)

En même temps, on employait le mot déchiré, qui eut cours, dans le même sens, pendant les xvre, XVII et xvine siècles, et qui n'est pas encore totalement hors d'usage :

J'ay cognu un honneste gentilhomme, et des moins deschirés de la cour, etc. (Des Dames gallantes, premier discours; parmi les Œuvres complètes de Brantôme, édit. du Panthéon littéraire, tom. II, pag. 238, col. 1.)

Je ne suis pas, ce me semble, encore si dechirée. (Le Banqueroutier, dans le Théâtre italien, etc. A Genève, chez Jacques Dentand, M. DC. XCV., in-8°, pag. 52.)

Voilà des mignonnes qui ne sont pas tant déchirées. (Arlequin, roi des Ogres, parade de d'Orneval, sc. xvIII.)

« Elle n'est pas trop deschirée, » dit Oudin dans ses Curiositez françoises, à ce dernier mot, «i. elle est passablement belle. Vulg. » L'Académie, qui a recueilli cette locution, aurait bien fait, ce me semble, d'imiter le vieux lexicographe, et de la signaler comme populaire.

Aujourd'hui, quand le peuple veut parler de quelqu'un depané, dépenaillé, ou déchiré, il emploie le mot pané, et, pour peu qu'il soit en gaîté, il ne laissera point échapper l'occasion de faire un calembour ainsi d'une femme que les voleurs appelleraient panade, il dira qu'elle est panée et très-panée.

Plus tard, depenné fut remplacé par espenaille, que Cotgrave a recueilli, bien Il n'est pas inutile, je crois, d'ajouter que peu usité de son temps; puis par l'on disait autrefois perdre la pane penaillé, dont on ne se sert guère aujour-pour être dépouillé : d'hui :

La pauvre terre à découvert Fit voir sa carcasse mouillée

que

Aussy ceux qui tiennent l'affirmative n'ont peu persuader leur opinion qu'à quelques interessez qui, dans la foule ou les brouilleries, ont perdu le

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