ne se laisse jamais garrotter dans ces entraves, et c'est là peutêtre le caractère essentiel de leur langue, et ce qui lui donne tant d'ampleur. Les Espagnols emploient de même por devant un adjectif. Tirso de Molina intitule une de ses pièces : « El condemnado por desconfiado. » Le damné pour déconfès, pour être mort sans confession, en qualité de déconfès. POUR (un infinitif) marquant, non le but, mais la cause, comme parce que : Moi... Trahir mes sentiments, et, pour être en vos mains, (D. Garcie. II. 6.) Parce que je suis en vos mains, et non afin d'étre en vos mains. Je hais ces cœurs pusillanimes, qui, pour trop prévoir les suites des choses, n'osent rien entreprendre. (Scapin. III. 1.) Parce qu'ils prévoient trop. Tous les désordres, toutes les guerres n'arrivent que pour n'apprendre pas la musique. (B. gent.) Parce qu'on n'apprend pas, et non, afin de ne pas apprendre. C'est pour nous attacher à trop de bienséance Qu'aucun amant, ma sœur, à nous ne veut venir. (Psyché. I. 1.) Parce que nous nous attachons, et non, afin de nous attacher. Et je ne fuis sa main que pour le trop chérir. (Fem. sav. V. 5.) On ne s'avise point de défendre la médecine pour avoir été bannie de Rome, ni la philosophie pour avoir été condamnée publiquement dans Athènes. (Préf. de Tartufe.) Parce qu'elle a été bannie, parce qu'elle a été condamnée. Pascal dit de même : « La durée de notre vie n'est-elle pas également et infiniment éloignée « de l'éternité pour durer dix ans davantage ? (Pensées. p. 298.) C'est-à-dire : Notre vie, parce qu'elle aura duré dix ans de plus ou de moins, ne sera-t-elle pas toujours aussi éloignée de l'éternité? Ce tour, dans Pascal, me paraît un peu obscur, peut-être à cause de la désuétude. Et comment est-il possible, reprit Ésope, que vos juments entendent « de si loin nos chevaux hennir, et conçoivent pour les entendre ? » (LA FONT. Vie d'Esope.) —POUR, uni à l'auxiliaire être. (Voyez être pour.) POUR L'AMOUR DE, en mauvaise part: Que tous ces jeunes fous me paroissent fâcheux! Je me suis dérobée au bal pour l'amour d'eux. (Ec. des mar. III. 9.) POUR CERTAIN : Tous les bruits de Léon annoncent pour certain Qu'à la comtesse Ignès il va donner la main. (D. Garcie. I. 2.) POUR CE QUI EST DE CELA, sans relation à rien, et en forme d'exclamation, comme en vérité : Pour ce qui est de cela, la jalousie est une étrange chose! (G. D. I. 6.) POURQUOI..., ET QUE...: GEORGETTE. Oui; mais pourquoi chacun n'en fait-il pas de même, Lorsque leurs femmes sont avec les beaux monsieux ? (Ec. des fem. II. 3.) Le second vers répond à cette tournure : et comment se fait-il que... Rien n'est plus naturel que ce changement subit de construction au milieu d'une phrase, comme rien n'est plus fréquent dans le discours familier. Néanmoins, ce qui peut passer dans la bouche de Georgette n'est-il pas trop abandonné sous la plume de Voltaire commentant Corneille? Pourquoi dit-on préter l'oreille, Et que préter les français ? כל POURSUIVRE A, continuer à: Il ne faut que poursuivre à garder le silence. POUR UN PEU, pour un moment : (Mis. V. 3.) (Impromptu. 3.) (G. D. I. 6.) POUSSER, absolument, insister: Pousse, mon cher marquis, pousse. Poussez, c'est moi qui vous le dis. POUSSER LES CHOSES: (Critique de l'Ecole des fem. 7.) (G. D. I. 7.) N'allez point pousser les choses dans les dernières violences du pouvoir paternel. Voilà, mon gendre, comme il faut pousser les choses. (L'Av. V. 4:) (G.D.I.8.) Mais, mon père, qui voudroit pousser cela vous embarrasseroit. » (PASCAL. 9e Prov.) - POUSSER QUELQU'UN, au sens moral; le pousser à bout: Vraiment vous me poussez ; et, contre mon envie, (Dép. am. I. 3.) (Les Plaideurs. I. 7.) – Bonhomme, allez garder vos foins. POUSSER DES CONCERTS: Poussons à sa mémoire Que du haut de sa gloire Il (1) écoute nos chants. (Am. magn. 6° intermède.) Corneille a dit pousser des harmonies : «Des flûtes au troisième (2), au dernier des hautbois, Qui tour à tour en l'air poussoient des harmonies Dont on pouvoit nommer les douceurs infinies. » (Le Ment. I. 5.) Et Pascal, pousser des imprécations: D'où vient, disent-ils, qu'on pousse tant d'imprecations... » (3o Prov.) POUSSER LA SATIRE: Les rieurs sont pour vous, madame, c'est tout dire; Il nous feroit beau voir, attachés face à face, (1) Le soleil, c'est-à-dire Louis XIV. (2) Bateau. (Mis. II. 5.) - l'amusement: (Amph. I. 4.) (Ibid. II. 2.) POUSSER SA CHANCE, SA FORTUNE, SON BIDET : J'avois beau m'en défendre, il a poussé sa chance. (Fâcheux. I. 1.) Elle se rend à sa poursuite: il pousse sa fortune; le voilà surpris avec elle par ses parents. (Scapin. I. 6.) Moquez-vous des sermons d'un vieux barbon de père; (L'Et. I. 2.) - POUSSER UNE MATIÈRE, creuser un sujet : Nous sommes ici sur une matière que je serai bien aise que nous pous(Crit. de l'Ec. des fem. 7.) sions. POUSSEUSES DE TENDRESSE: Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments... (Voyez POUSSER.) (Ec. des fem. I. 5.) POUVOIR, verbe; IL NE SE PEUT QUE NE... : Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise? (D. Juan. III. 2.) Pacuvius et Lucrèce ont dit potestur, au passif. Non potestur quin traduirait exactement il ne se peut que ne. (Voyez que dans cette formule IL N'EST PAS QUE, p. 333.) POUVOIR MAIS, sans exprimer en : Sur la tentation ai-je quelque crédit, Et puis-je mais, chétif, si le cœur leur en dit? (Dép. am. V. 3.) Mais conserve dans cette locution le sens du latin magis. Je n'en puis mais, je ne puis davantage de cela, c'est-à-dire, touchant cela, de hoc. -- POUVOIR, Substantif. (Voyez FAire son pouvoir.) PRATIQUE, manière de se conduire, intrigue, sour des menées : O la fine pratique! Un mari confident! Taisez-vous, as de pique. (Dép. am. V. 9.) Rentrez, pour n'ouïr point cette pratique infâme. (Ec. des már. I. 2.) Dans un petit couvent, loin de toute pratique, Je la fis élever selon ma politique. (Ec. des fem. I. 1.) Ses pratiques, je crois, ne vous sont pas nouvelles. (Amph, prol.) PRATIQUER DES AMES, les travailler par des in trigues : Il a tenté Léon, et ses fidèles trames Des grands comme du peuple ont pratiqué les âmes. PRÉALABLE; AU PRÉALABLE: (Don Garcie. I. 2.) Je ne prétends point qu'il se marie, qu'au préalable il n'ait satisfait à la médecine. (Pourc. II. 2.) PRÉCIEUSE, substantif. Molière prend toujours ce mot en mauvaise part: (Ec. des fem. V. 4.) Voyez comme raisonne et répond la vilaine! Peste! une précieuse en diroit-elle plus? On voit que Molière avait déterminé de ruiner ce titre ; mais il n'y va point brusquement; il garde quelque ménagement pour l'opinion publique, au moyen d'une distinction que tantôt il rappelle, tantôt il a soin d'oublier: Est-ce qu'il y a une personne qui soit plus véritablement ce qu'on appelle précieuse, à prendre le mot dans sa plus mauvaise signification? (Crit. de l'Ec. des fem. 2.) Le bel assemblage que ce seroit d'une précieuse et d'un turlupin! (1bid.) Et cette dernière précieuse se trouve être « la plus grande façonnière du monde, » une femme d'un ridicule accompli dans ses manières comme dans son langage. Molière avait porté le premier coup aux précieuses en 1659; il revient à la charge quatre ans après la Critique de l'École des femmes est de 1663. PRÉCIPITÉ D'UN ESPOIR : Ah! madame, faut-il me voir précipité : De l'espoir glorieux dont je m'étois flatté ? (D. Garcie. III. 2.) PREMIER; QUI PREMIER, qui le premier : Maudit soit qui premier trouva l'invention De s'affliger l'esprit de cette vision! Latinisme qui primus. : « Nous verrons, volage bergere, (Sgan. 17.) ་ Qui premier s'en repentira! כל (DESPORTES.) |