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Bacchus. Certains auteurs la font de laurier, d'autres de lierre avec sa grappe, ceux-ci, radiée, ceux-là de mélilot3 ou de la même plante dont était composée celle qu'Isis trouva sur le bord de la mer en cherchant Osiris qu'elle venait de perdre. Voici quelles sont les traditions crétoises. Voici celles d'Argos: On dit que Bacchus, ayant obtenu de son père de ramener des enfers Sémélé sa mère, vint dans l'Argolide, cherchant un lieu par où il pût descendre au séjour de Pluton. Il rencontra un certain Hypolipnus qui lui en marqua la route; c'est celui que d'autres nomment Prosymnus. Mais son guide exigea de lui une promesse qui ne fait point honneur à ses moeurs; ni à celles du Dieu qui la lui fit. Bacchus, avant de descendre, déposa sa couronne dans la constellation appelée stephanos; il ne voulut pas l'emporter avec lui, dans la crainte, qu'elle ne fût souillée dans l'empire des morts. Après qu'il eut ramené sa mère il plaça aux cieux sa couronne pour y perpétuer le souvenir de son nom.

Il est à propos de remarquer iei que Bacchus est le soleil, et que sa descente aux enfers est son pas sage aux signes inférieurs, ce qui arrive lorsqu'il s'unit au serpent d'automne sur lequel est placée la couronne boréale, schemali", dont peut-être on a fait Sémélé, à moins que Sémélé ne soit, comme nous l'avons pensé, une des hyades, Thyone, fille de Cadmus comme Sémélé, et une des nymphes Bayer, t. 6. Theon, ibid. Photius Cod. 190. Cod. 190. 4 Plut. de Iside. p. 356.5 Cæs., c. 12, p. 140.

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hyades. Ces étoiles reparaissent le soir à l'orient, au coucher du soleil en automne, lorsqu'il s'unit à la couronne boréale et qu'elle devance le matin son char.

La couronne boréale précède aux cieux l'Hercule Ingéniculus, connu sous le nom de Thésée; aussi l'appelle-t-on la couronne de Thésée, et elle est placée à côté de lui. C'est elle qui le tira du labyrinthe et qui le ramena à la lumière, comme la couronne ramène tous les jours Hercule şur l'horizon. On rapporte, dit Hygin, que Thésée étant venu en Crèté chez Minos, accompagné de six autres jeunes gens et de sept filles, Minos chercha à faire violence à une d'elles, Périboea, qui était d'une éclatante beauté. Thésée dit qu'en qualité de fils de Neptune, il eroyait devoir s'y opposer, et défendre cette jeune fille contre la brutalité du tyran. Minos lui contesta son titre de fils de Neptune, et. pour l'obliger à le prouver il tira de son doigt un anneau d'or qu'il jeta dans la mer, en ordonnant à Thésée d'aller le chercher, s'il voulait qu'on le crût fils de Neptune. Il ajouta que pour lui, il ne lui serait pas difficile de prouver qu'il était fils de Jupiter; et en effet, à sa prière, ce Dieu fit aussitôt briller des éclairset gronder son tonnerre pour annoncer qu'il l'avouait pour son fils. Thésée, sans rien répondre, se précipita au fond des flots, où il fut reçu par une foule de dauphins, qui le conduisirent aux grottes humides des Néréides, lesquels lui remirent l'anneau de Minos, et une

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? Hygin, l. 2, c. 6-7. Arat., v. 71.

couronne de diamans très-brillante, dont Vénus avait fait présent à Thétis, pour ses noces. C'est cette couronne que Thésée donna en présent à Ariadne, dont son courage et ses hauts exploits lui avaient mérité la main. Elle fut dans la suite placée aux cieux par Bacchus, après la mort d'Ariadne.

Le sens de cette fiction n'est pas difficile à saisir quand on sait que la couronne boréale descend au sein des flots avant l'Ingeniculus, Thésée; que celui-ci s'y précipite aussitôt après elle, et qu'il reparaît ensuite à l'Orient précédé de la couronne, qu'il semble rapporteravec lui. Dans la fable du labyrinthe, c'est elle qui guide et qui conduit Thésée; dans celle-ci, c'est Thésée qui se précipe après elle dans la mer comme pour aller la chercher, et qui la ramène ensuite sur la terre ou sur l'horizon. Quelques auteurs font Ariadne fille de Pasiphaë' ou de la pleïade placée sur le taureau céleste, laquelle, pat son coucher, fait lever le serpent sur lequel est placée la couronne. Cette filiation a lieu aussi dans les amours de Jupiter avec Cérès, dont naît Proserpine, à laquelle son père s'accouple également sous la forme duserpent, d'où, naît ensuite, le taureau fameux · dans les amours de Pasiphaë, ou à Ariadne, ajoute Hygin, le nom de libera, qui est le nom de Proserpine. C'est aussi le nom que lui donne Ovide dans ses fastes, où il raconte l'aventure d'Ariadne et les motifs qui firent consacrer aux cieux sa couronne 3. Ariadne,

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1 Hyg., Fab 224. Apoll. Arg., 1. 3., v. 997. — - Hyg. ibid, -3 Ovid. Fast., 1. 3, v. 459-512.

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dans le discours où elle se plaint de Bacchus, rappelle les amours de Pasiphaë sa mère pour un taureau, et elle dit qu'à plus juste titre, elle a pu être elle-même éprise de la beauté des cornes qui ornent le front de Bacchus '. C'est alors que Bacchus, qui caché derrière elle l'écoutait, l'embrasse, sèche ses larmes, et l'enlève aux cieux; où il place sa couronne, et où elle prend le nom de libera, comme Bacchus celui de liber. Cette dénomination nous mène naturellement à une dissertation sur Proserpine, libera, épouse de Pluton. Nous en avous déjà fait imprimer quelques essais dans l'astronomie de Lalande. Nous rappelleronsi ci ce que nous en avons dit, comme pouvant faire suite à notre article Pluton'.

PROSERPINE.

Au-dessus du serpent est une belle constellation qui lui sert comme de couronne, et qu'on appelle en astronomie couronne boréale et couronne d'Ariadne. Ce nom est rendu au chaldéen par celui de phertsephon prononcé le plus souvent persephone par les Grecs et c'est le nom de Proserpine. Nos li vres d'astronomie n'ont conservé que la moitié du nom, c'est-à-dire pher, corona. Mais en ajoutant l'adjectif tsephon ou sephon, boréalis, il en résulte nécessairement phersephon, et c'est le nom de Proserpine dans les Argonautiques d'Orphée et dans Denys d'Halicarnasse. Le nom sephon entre aussi

• ! V. 520. — ¦ ¤i-desɛ, t. 2, c2 14. — 3 Dionys, Halic., p. 173.

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dans la composition du mot Beel Sephon ou Dieu du Nord; nom de l'astre-génie qui veille sur le nord, et de sephon. Elle porte encore chez les Arabes l'é- . pithète de phecca et phetta que Grotius traduit par soluta. Cette épithète jointe au nom pher, couronne, nous donne également pherephatta, corona soluta, le flos solutus de Schikardus, nom de la couronne boréale en astronomie, et autre nom de Proserpine chez les Grecs qui nomment cette déesse tantôt phersephone, tantôt pherephatta.

Ces deux noms que les Grecs donnaient à leur Persefonne sont donc encore des noms que la couronne boréale porte dans les livres d'astronomie. Les latins l'appelaient libera, nom qui a beaucoup de rapport avec alpheta ou soluta et Proserpina qui vient, non pas de proserpere, comme l'a cru Varron, mais de præ serpens, c'est-à-dire antè serpens, celle qui précède le serpent, parce qu'effectivement elle précède immédiatement le serpent sur lequel elle est placée, et qu'elle semble annoncer à son lever. C'est ainsi que le petit chien qui précède le lever du grand s'appelle en grec Procion et en latin antè canis et præ canis 3. Les étymolo gies que nous donnons ici sont toutes littérales, et forment un accord assez parfait entre elles, pour qu'on ne puisse douter que les différentes dénomi→ nations de la couronne boréale aient donné lieu aux

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Ricciol., p. 127. Ulugbeigh, 22. Hyd. Comm., p. 16. Tab. Alph, p. 216.-Varro de Ling. Lat., 1. 4.3 Germ., c. 53. Hygin, l. 2, c. 36. Tab. Alphon., p. 209.

TOME IX.

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