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sur Molière, page 15, ne les comprend pas au nombre des acteurs qui faisaient partie de la troupe de Molière à son arrivée à Paris en 1658. Ils n'y entrèrent qu'à Pâques 1659. Ce fait a été vérifié sur l'ouvrage manuscrit intitulé: Extrait des recettes et des affaires de la comédie depuis Pâques de l'année 1659 jusqu'au 31 août 1685, apparte nant au sieur de La Grange, l'un des comédiens du Roi, faisant partie des archives de la Comédie Française.

Nous ferons remarquer ici que nous ne donnons dans cette Histoire, même aux actrices mariées, que la qualification de mademoiselle, parce que c'est la seule qu'on leur donnât alors. Le titre de madame n'appartenait qu'aux femmes de qualité. Molière, dans l'Impromptu de Versailles, nomme sa femme Mademoiselle Molière, et La Fontaine dit toujours dans sa correspondance, en parlant de sa femme: Mademoiselle La Fontaine; nous pourrions encore citer pour preuve les Satyres sur les femmes bourgeoises qui se font appeler MADAME, par le chevalier D*** (de Trissart), réimprimées en 1713, Paris, Beugnié. Si nous eussions pris un autre parti, notre texte et les citations d'auteurs contemporains qu'il renferme eussent offert des disparates désagréables, quelquefois même embarrassantes pour le lecteur.

(28) Grimarest prétend que Madeleine Béjart et le comte de Modène avaient contracté un hymen secret ; il n'y a rien de plus in · vraisemblable que cette assertion; car s'il en eût été ainsi, en admettant que le comte de Modène n'eût pas voulu cohabiter avec sa femme de peur de s'attirer des reproches de sa famille, il l'eût du moins soustraite à l'existence précaire d'une comédienne de province, et ne l'eût point laissée au théâtre jusqu'à sa mort.

Le comte de Modène se nommait Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène; il était né dans le comté Venaissin, à Sarrians, près Carpentras, le 19 novembre 1608. Il est auteur d'une Histoire des révolutions de la ville et du royaume de Naples, 3 vol. in-12, Paris, 1665-1667. ( Histoire de la noblesse du comté Venaissin d'Avignon et de la principauté d'Orange ( par Pithon-Curt), Paris, 1750, tome III, pages 19 et suiv.; Biographie universelle, article Modène (par M. Hippolyte de la Porte); Dissertation sur le mariage du célèbre

Molière, par M. le marquis de Fortia d'Urban, à la suite de la troisième édition de sa Dissertation sur le passage du Rhône et des Alpes, par Annibal, Paris, novembre 1821, pag. 131 et suiv.)

Nous avons dit que Madeleine Béjart était aussi àgée que Molière. Elle ne pouvait être plus jeune, puisqu'elle donna le jour, le 3 juillet 1638, à la fille qu'elle eut de son commerce avec le comte de Modène, et qui depuis fut confondue avec la femme de Molière, comme nous aurons occasion de le dire. ( Dissertation sur Molière par M. Beffara, pag. 13.)

(29) Ce fauteuil était, au mois de ventôse an vii, en la possession du sieur Astruc, officier de santé de Pézenas. Ce fait est consigné dans une lettre adressée par un habitant de cette commune, le sieur Poitevin de Saint-Cristol, à Cailhava, qui l'a insérée dans ses Études sur Molière, page 307. Nous avons donné les termes mêmes de la lettre.

M. de Jouy ajoute dans son Hermite en Province: «Plusieurs hommes célèbres, passant par cette ville, ont tenu à grand honneur de s'y asseoir. Dans un séjour de peu de durée que fit ici M. Picard, et pendant lequel les habitans de Pézenas lui donnèrent une fête, on lui offrit à table le grand fauteuil; mais M. Picard se refusa modestement aux vives instances qui lui furent faites d'occuper ce siège vénérable.

Deux faits qui sont également rapportés dans la lettre dont nous venons de parler prouvent l'intérêt que le prince de Conti portait à Molière. Il écrivit aux consuls de Pézenas pour leur ordonner d'envoyer des charrettes à Marseillan, afin de transporter de là à la Grange-des-Prais Molière et så troupe. On voit aussi dans les archives de Marseillan, qu'il fut établi une contribution sur les habitans de ce bourg pour indemniser Molière qui était allé avec sa troupe y jouer la comédie.

(30) Tous les historiens du théâtre ont dit, et dans notre première édition nous avions répété d'après eux, qu'en 1654 Molière s'était rendu auprès du prince de Conti, qui tenait les États de Languedoc à Béziers, et que ce fut là qu'il fit représenter pour la première fois le Dépit amoureux. En 1654 le prince de Conti ne tint pas d'autres

États que ceux ouverts à Montpellier le 7 décembre. Les États de Béziers ne furent tenus que le 17 novembre 1656 par M. de Bezons (voir la Gazette de France à ces deux époques). Le Dépit amoureux aura donc été représenté à Montpellier, et non pas à Béziers.

(31) Outre ces cinq farces, Molière passe encore pour avoir composé les suivantes, dont les titres se trouvent sur les registres de sa troupe. Voici ces titres et les dates des représentations.

Le 14 septembre 1661, Le Fagotier;

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Il est à présumer que le Fagotier, le Fagoteux et le Médecin par force sont des farces qui ont servi de prélude au Médecin malgré lui; Molière donnait souvent lui-même à cette dernière pièce le titre du Fagoteux; que Gorgibus dans le sac est l'idée d'une des scènes des Fourberies de Scapin, et que le grand Bénét de fils a pu servir d'esquisse au portrait comique de Thomas Diafoirus. Voir l'Histoire du Théatre français par les frères Parfait, tome X, pages 108 et suivantes.

(32) L'auteur d'un recueil de prose et de vers, l'Anonymiana, Paris, Pepie, 1700, prétend que Molière était épris des charmes de la fille de son ami, mariée depuis à M. de Feuquières. Nous n'avons découvert aucun passage d'auteur contemporain qui puisse venir le moins du monde à l'appui de cette assertion. On sait seulement qu'elle fut marraine du troisième et dernier enfant de Molière.

(33) La troupe de Molière jouait sur ce théâtre les mardi, jeudi et samedi, et les Italiens les autres jours. La troupe de l'hôtel de Bourgogne ne jouait non plus que trois fois par semaine, excepté lorsqu'il y avait des pièces nouvelles. (Voltaire, loc. cit. page lv.)

Richer donne la description de cette salle, tome IV du Mercure Français, pag. 9 et 10, année 1614; elle est rapportée par les frères Parfait dans leur Histoire du Théatre Français, tome VIII, pag. 239,

note.

(34) C'est à tort que les frères Parfait ont dit que Du Croisy se réunit à la troupe de Molière en province. Il n'en fit partie que le 25 avril 1659.

Après la mort de Molière, Du Croisy, étant goutteux, se retira à Conflans-Sainte-Honorine, bourg près de Paris où il avait une maison. Il s'y fit distinguer par les vertus d'un honnête homme, et s'attira particulièrement l'affection de son curé, qui le regardait comme un de ses plus estimables paroissiens. Il y mourut en 1695. Le curé fut si fort touché de cette perte, qu'il n'eut pas le courage de célébrer lui-même la cérémonie funèbre, et pria un ecclésiastique de remplir pour lui ce ministère. (Histoire du Théatre-Français, par les frères Parfait, tome XIII, page 295.)

La Grange mourut le 1er mars 1692, rue de Bussy, sur la paroisse Saint-André-des-Arcs. Cette date n'est pas sans intérêt, puisqu'elle fait connaitre l'époque à laquelle fut perdue la presque totalité des manuscrits de Molière, ainsi que nous l'avons dit page 108. La Grange avait épousé la fille de Ragueneau, acteur subalterne de la troupe de Molière. Elle en faisait elle-même partie; mais on n'est pas d'accord sur l'époque à laquelle elle y entra. Elle avait été, avant son mariage, femme-de-chambre de mademoiselle De Brie, et n'était connue alors que sous le nom de Marotte. Sa coquetterie et sa laideur lui avaient attiré l'épigramme suivante :

Si, n'ayant qu'un amant, on peut passer pour sage,

Elle est assez femme de bien :

Mais elle en aurait davantage,

Si l'on voulait l'aimer pour rien.

(Histoire du Théatre-Français, par les frères Parfait, tome XIII, page 299.)

(35) L'hôtel de Rambouillet, si souvent cité dans nos mémoires et dans les lettres de madame de Sévigné, était situé rue

des Fossés-Montmartre. Les maisons aujourd'hui numérotées 1 et 3 ont été construites sur le terrain de cet hôtel ( V. le Courrier des Tribunaux du 27 mai 1827.)

(36) L'auteur des Maximes aimait avec passion les romans de la Calprenède et autres.

On lit dans le Longueruana, 1754, tome I, page 104: La comédie des Précieuses ridicules décrédita les romans et ruina le pauvre Joly ( libraire ), qui venait de traiter avec Courbé (autre libraire ) pour son Fonds romanesque, dont l'impression de Pharamond, déjà fort avancée, et qui parut l'année suivante, faisait une partie considérable. Ce Pharamond vint au monde sous cette mauvaise étoile, et fut un enfant mort-né. M. de La Rochefoucauld a été toute sa vie fidèle aux romans. Tous les après-midi il s'assemblait avec Segrais chez madame de La Fayette, et on y faisait une lecture de l'Astrée. » Voir aussi une lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, du 12 juillet 1671.

(37) Ménage dit dans l'édition qu'il a donnée des Poésies de Malherbe (Observations sur le livre 5.):

• Ce mot d'Arthénice, que Malherbe fit pour madame de Rambouillet, lui est demeuré; car c'est ainsi que tous les écrivains l'ont depuis appelée dans leurs ouvrages; et elle s'est elle-même ainsi appelée dans ces vers qu'elle fit pour son épitaphe, quelque temps

avant sa mort :

Ici gît Arthénice, exempte des rigueurs

Dont la rigueur du sort l'a toujours poursuivie;
Et si tu veux, passant, compter tous ses malheurs,
Tu n'auras qu'à compter les momens de sa vie.

C'était au reste une personne d'un mérite extraordinaire que cette madame la marquise de Rambouillet. Voiture l'a traitée de divine.»

Voici ce qu'en dit Segrais : « Madame de Rambouillet était admirable; elle était bonne, douce, bienfaisante et accueillante, et elle avait l'esprit droit et juste : c'est elle qui a corrigé les méchantes coutumes qu'il y avait avant elle: elle s'était formé l'esprit dans la lecture des bons livres italiens et espagnols, et elle a en

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