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bres choifis & faciles pour la numération : ayant beaucoup de multiples & sous-multiples or en admettant l'un ou l'autre des deux premiers rapports ci-deffus, le numéraire monétaire de l'Afie deviendroit extrêmement fractionnaire, ce que je ne crois avoir été. Ma feconde raifon eft que ceux qui établiffent la proportion entre l'argent & l'or comme 1 à 12, ne me semblent le faire que fur ce principe; favoir, que la mine d'argent ne valoit que quatre aureus: or, difent-ils, la mine eft de cent deniers ou drachmes d'argent, donc l'aureus valoit 25 deniers; & comme l'aureus étoit du poids de deux deniers, il s'enfuit que la proportion entre l'argent & l'or eft comme i à 12. Mais il peut y avoir confufion de mines dans ce raifonnement: car en admettant la proportion de 1 à 12, la mine commune ou rotule contient véritablement 4 aureus; mais elle n'eft compofée que de 96 deniers d'argent, tandis que dans la même hypothese la mine Talmudique contient 100 deniers d'argent ou 4 aureus. Il est donc poffible que l'on n'ait tiré cette conféquence qu'en appliquant à une même mine les quatre aureus qui ne convenoient qu'à la rotule, & les 100 deniers d'argent qui ne convenoient qu'à la mine Talmudique. Enforte qu'avec cette explication toutes les autorités se réuniffent pour établir la proportion de 1 à 12, n'y ayant que l'autorité d'Hérodote qui y foit contraire; mais comme cet Hiftorien étoit étranger dans la Perfe, il n'est pas impoffible qu'il fe foit trompé fur quelques points des ufages de cet Empire. Ainfi j'évalue l'or fur l'argent à raison d'une once d'or pour douze onces d'argent.

La drachme ou denier d'or valoit 1octodrachme, 2 hexadrach mes, 3 tétradrachmes, 4 tridrachmes, 6 didrachmes, 6 livres tournois, 12 drachmes, 24 rébiites, 60 gerâhs, 72 meas, 125 fous tournois, 144 pondions, 288 phollis, 1152 kodrantès, 1500 deniers tournois, 2304 prutas.

Il eft parlé d'une monnoie appellée adarcon, darcon ou darcemon dans le premier Livre des Paralipomenes (XXIX, 7.), que la Vulgate rend par le mot folidus : dederuntque in operá domus Dei auri talenta quinque millia, & folidos decem millia: argenti talenta centum millia, &c. Les Septante, Pagninus & d'autres traduisent ce mot par celui de drachme. Il eft encore fait mention de la même monnoie dans Efdras (II, 69.): fecundùm vires fuas dederunt impenfas operis, auri folidos fexaginta millia & mille, argenti mnas

quinque millia; & dans Néhémie (VII, 70.): Atherfata dedit in thefaurum auri drachmas mille. Il eft évident qu'il s'agit là d'une monnoie d'or, puifque le texte le dit; mais de quel poids étoitelle? Le nom de la piece femble donner la réponse, tant dans le texte original que dans la verfion du troifieme paffage; mais raifonnons elle n'étoit pas du poids d'un ficle, car 10000 adarcons d'or auroient valu 3 talens d'or; enforte que dans le premier Livre des Paralipomenes on auroit dit probablement cinquantetrois talens d'or & mille adarcons. On peut faire le même raisonnement par rapport au demi-ficle; il faut donc conclurre que l'adarcon étoit du poids de la drachme. Par-là il paroît que le zuz qui eft une dénomination des Rabbins, s'appelloit en Hébreu darcemon, darcon, adarcon, c'eft-à-dire, drachme, & qu'il y en avoit également en or & en argent. J'ajouterai de plus que ce n'eft point une conjecture qu'il y avoit des drachmes d'or. Nous venons de voir tout-à-l'heure en parlant du tétradrachme qu'il étoit d'un poids quadruple du denier d'or des Arabes. Héfychius parle auffi de drachmes d'or, & le denier d'or étoit le demichryfos ou le demi-aureus, felon d'autres Ecrivains. Ainfi les anciens peuples de l'Afie avoient des drachmes ou deniers d'or, des didrachmes d'or & des ftateres ou ficles d'or.

Le tétraftatere, tétraftérion valoit 1 drachme ou denier d'or, 2 octodrachmes, 2 hexadrachmes, 4 tétradrachmes, stridrachmes, 8 didrachmes, 8 livres tournois, 16 drachmes, 32 rébiites, 80 geráhs, 96 meas, 166 fous tournois, 192 pondions, 384 phollis, 1536 kodrantès, 2000 deniers tournois, 3072 prutas.

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Le didrachme d'or valoit 1 tétraftateres, 2 drachmes d'or, 3 octodrachmes, 4 hexadrachmes, 6 tétradrachmes, 8 tridrachmes, 12 didrachmes, 12 livres tournois, 24 drachmes, 48 rébiites, 120 geráhs, 144 meas, 250 fous tournois, 288 pondions, 576 phollis, 2304 kodrantès, 3000 deniers tournois, 4608 prutas. Plufieurs Savans ont pefé des didrachmes d'or de Perfe & de Macédoine, auxquels ils n'ont pas trouvé le poids précis qui réfulte de nos recherches, foit que ces pieces foient véritablement altérées par l'ufer, foit qu'elles n'aient pas été faites de poids. Eifenfchmid a pefé des didrachmes d'Alexandre le Grand, je ne fais s'ils étoient d'or, mais ils ne contenoient, fuivant fon témoignage, que 80 grains de la livre de Paris, quoiqu'ils euffent dû en contenir 87. Il obferve que dans cet examen il faut

choifir les plus pefans, parce qu'il eft probable qu'ils ont perdu de leur poids plutôt qu'ils n'en ont acquis par le temps.

La ftatere ou le ficle d'or, chryfos, chryfinos, nomifma, hyperpyron, daricon, darique, cyzicene, aureus, folidus, tétradrachme d'or valoit 2 didrachmes d'or, 3 tétraftateres, 4 drachmes d'or, 6 octodrachmes, 8 hexadrachmes, 12 tétradrachmes, 16 tridrachmes, 24 didrachmes, 25 livres tournois, 48 drachmes, 96 rébiites, 240 gérahs, 288 meas, 500 fous tournois, 576 pondions, 1152 phollis, 4608 kodrantès, 6000 deniers tournois, 9216 prutas. Grand nombre d'Auteurs évaluent le poids du chryfos des Hébreux & du darique des Perfes à celui de deux drachmes, ce qu'il faut entendre de deux drachmes Attiques. Jofephe Ant. Jud. lib. III.) dit que le chryfos ou aureus de Moïfe étoit de même valeur que le darique. Il faut encore rapporter ici les Alexandre le Grand & les Philippe de Macédoine ; car je penfe que les Macédoniens & les Thraces faifoient ufage des mêmes poids & des mêmes monnoies que les Perfes, ce que j'infere des obfervations d'Edouard Bernard que nous avons rapportées au commencement du Chapitre précédent. Cependant les monnoies d'or de Macédoine fe rapportent davantage pour le poids à celles de la Grece qu'à celles de l'Afie. Eisenschmid a pelé des ftateres d'Alexandre le Grand qui contenoient 158 grains de la livre de Paris. Edouard Bernard a pefé des aureus dariques, des Philippe & des Alexandre le Grand, contenant tous également 134 grains du poids de Troy ou 163 du poids de Paris; ils auroient dû en contenir 175. Le Pere Merfenne (de Menf. & Pond. pag. 26.) a auffi pefé des monnoies d'or d'Alexandre le Grand qui contenoient 324 grains; c'étoient des doubles ftateres d'or. Ôn lit dans l'expédition des dix mille de Xénophon, que le jeune Cyrus ayant fait venir le devin Silanus d'Ambracie, lui donna trois mille dariques, parce que onze jours auparavant, faisant un facrifice, Silanus avoit annoncé au Prince que le Roi ne lui livreroit pas bataille dans les dix jours fuivans. Cyrus avoit répondu alors: Il ne me la préfentera plus, fi ces dix jours se passent fans combattre; & fi vous me dites la vérité, je vous promets dix talens. Ce terme expiré, le Prince paya cette fomme. Cet endroit prouve que dix talens valoient trois mille dariques, & que le talent en valoit trois cents; il s'agit ici du talent de Babylone. La statere d'or ou le darique s'appelloit encore Cyzicene, parce que

monnaies

c'étoit à Cyzique, Ville de Myfie, qu'on fabriquoit les plus belles monnoies de l'Afie; enforte que, felon Suidas, quand on vouloit faire un grand éloge d'un ouvrage de fculpture ou de gravure, on le comparoit aux ftateres de Cvzique pour le poli & la fineffe du travail. Démofthenes (pós popμiova) nous contrarie ici; car felon cet Orateur, la cyzicene valoit vingt-huit drachmes Attiques: ὁ δὲ κυζικηνος ἐδυνάτο ἐκεῖ είκοσι καὶ ὀκτώ δραχμὰς Ατλικὰς. Mais on voit dans Xénophon que les Grecs ftipendiés tantôt par les Perfes, tantôt par les Thraces, & tantôt par les Lacédémoniens, reçoivent indifféremment pour leur folde d'un mois, foit le darique, soit la cyzicene, ce qui fuppofe égalité entre ces deux monnoies. On en trouve une nouvelle preuve dans le feptieme Livre de l'Expédition de Cyrus. Scuthès, Roi de Thrace, qui prend les Grecs à fa folde, promet à chaque foldat une cyzicene par mois, le double à un Cohortaire ou Capitaine, & le quadruple à un Général. Il fe trouve deux mois & dix jours de folde échue, & ils étoient fix mille hommes: on ne fait combien il y avoit de Chefs; mais il eft affez visible que la fomme due doit fe monter à environ quinze mille cyzicenes: or cette même fomme eft évaluée à cinquante talens; donc le talent valoit trois cents cyzicenes, comme il valoit trois cents dariques. Le paffage de Démofthenes s'accorderoit avec ce que nous inférons du récit de Xénophon, s'il étoit écrit ainfi: ὁ δὲ κυζικηνος ἐδυνάτο ἐκεῖ ἔικοσι δραχμάς και ὀκτὼ δεκάτας ̓Ατικας. Le chryfos des Pharifiens fe di vifoit en moitié & en tiers.

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Le pérèse valoit 1 ftatere d'or, 2 didrachmes d'or, 3 1⁄2 tétraftateres, 4 drachmes d'or, 6 octodrachmes, 8 hexadrachmes, 12 ¦ tétradrachmes, 16 tridrachmes, 25 didrachmes, 264 livres tournois, 50 drachmes, &c. Cette monnoie de compte apparemment étoit la moitié de la mine Talmudique (Maimonides, Bartenor. Godolias, &c.).

La litre, manéh fchélchól, rotulos, rotalos, ratelos, rhettos, rhyt los, valoit une once d'or, 1 pérèse, 2 ftateres d'or, 4 didrachmes d'or, 6 tétraftateres, 8 drachmes d'or, 12 octodrachmes, 16 hexadrachmes, 24 tétradrachmes, 32 tridrachmes, 48 didrachmes, so livres tournois, &c.

Le grand cefeph, grand argyre, grand argenteus, la mine Talmudique, valoit once d'or, 2 pérèses, 2 ftateres d'or, 4 didrachmes d'ar, 6 tétraftateres, 8 drachmes d'or, 12 o&to144 13

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drachmes, 16 hexadrachmes, 25 tétradrachmes, 33 tridrach413 mes, so didrachmes, 52 livres tournois, 100 drachmes ou deniers, 200 rébiites, 500 geráhs, 600 meas ou oboles Talmudiques, &c. Il contenoit 100 drachmes (Patres Pea, c. 8.), 100 deniers (Iidem ici febiit, c. 6.), 100 zaza (Jarchius.), 600 meas, $600 kodrantès, 2 pérèses (Maimonides, Bartenorius, Godolias, Feftus feu Ritha.). Dans un paffage de S. Epiphane, fort corrompu dans le Grec, mais rétabli par Saumaise fur de vieux manuscrits & fur une ancienne verfion, le grand argyre ou argenteus eft évalué à 100 deniers: Centum autem denaria argyrus, id eft argenteus exiftebat. On lit auffi dans un fragment de Héron le Jeune ou le Martyr, publié par le même Saumaife, que le grand argyre valoit cent deniers, & que c'étoit une monnoie réelle d'argent : μéya DÉ, ÉTIV aрrúpov & Exλnen aprupous, dyvaplav exatov; & encore: dpγύριον καλείται διὰ τὸ ἐξ ἀργύρου τετύφθαι. μέγα δὲ ἐσιν ὅς ἐκλήθη ¿prupous Invagiwv p. S. Maxime s'exprime presque en mêmes termes, auffi-bien que l'Auteur inconnu d'un fragment ancien publié par Camerarius: l'argyre étoit une piece de monnoie réelle, ainfi appellée parce qu'il étoit frappé en argent, avec l'effigie & les caracteres fymboliques des Princes ou des Rois de l'Afie qui en avoient ordonné la fabrication : Τὸ κληθὲν νόμισμα παρὰ τῆς βασιλεῦσι (ἀργύρεος δὲ καλούμενος διὰ τὸ ἐξ ἀργυρίων Τότε τετύφθαι εικόνα ἔχων βασιλικὴν) μέγα μὲν ἐν τῷ χαράγματι καὶ τῇ ὁλκῇ, ὅ ἐκλήθη ἀργυροῦς, ὥσε ἔχειν αυτὸν δηνάρια θα

v.

Le grand & le petit argyre, c'est-à-dire, le ficle & la mine Talmudique, font défignés dans l'Ecriture par le mot kefeph, fans aucune diftinction de grand ou de petit, enforte que c'est au Lecteur à examiner quel eft celui dont il s'agit à chaque endroit. La différence entre ces deux monnoies eft affez grande pour qu'on puiffe prendre fon parti chaque fois qu'il en fera question. Le grand argyre en contient 25 petits; le premier vaut 52 livres tournois, & le fecond 2 livres feulement. Nous allons en examiner quelques exemples.

Un homme ou une femme qui s'étoit voué à Dieu, étoit obligé de fe racheter fuivant le tarif arrêté par la loi de Moïfe (Levit. XXVII, 3, &c. ). Si c'étoit un homme qui fe fût engagé pour fervir dans le Temple depuis l'âge de vingt jufqu'à foixante ans, il falloit payer cinquante ficles, qui font 104 livres tournois, pour le prix de fa rançon; & fi c'étoit une femme,

elle

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