la France. On convint d'une trève de dix ans, et d'une somme de cent mille francs qui seroit payée au roi, pour les frais de la guerre, dans des termes fixés. Cette convention suspendit les hostilités, mais non la haine qui continua entre les deux peuples. 1304. 1305. A Boniface VIII succéda Benoit Election de XI, prélat doux, modéré, et d'une Clément V. grande vertu. Il rétablit la paix dans l'église de France, en interprétant, modifiant, ou annullant les différentes dispositions des bulles de son prédécesseur. Il réconcilia personnellement Philippele-Bel avec le St.-Siége, en laissant cependant quelque chose à désirer pour la plénitude de l'absolution, tant du roi que de ses agens, et pesant scrupuleusement les mots de ses bulles pour ne point flétrir lui-même, ni tacher la réputation de Boniface; mais c'étoit précisément cette flétrissure que Philippe-le-Bel désiroit. Il la demanda avec instance. Le pape temporisoit, éludoit. La mort le tira d'embarras. Il y avoit deux factions dans le conclave; la première des Cajetans ou Italiens, la seconde des Ursins ou Français. Elles étoient égales en puissance, et se combattirent neuf mois. Enfin Nicolas di Prato, évêque d'Ostie, 1305. leur proposa un expédient qui paroissoit devoir concilier les intérêts : ce fut que les Italiens proposeroient trois sujets, qui ne seroient pas de leur pays, et que les Français en choisiroient un des trois sous quarante jours. Cette convention étant arrêtée, Nicolas, qui étoit attaché secrètement à la France 9 envoie au roi un courier avec le nom des trois candidats, afin qu'il indique à la faction française celui qu'elle devra choisir. Entre les trois se trouvoit Bertrandde-Got, archevêque de Bordeaux, qui avoit eu de vifs démêlés avec Philippele-Bel, et que les Italiens croyoient son ennemi irréconciliable; c'est pour cela qu'ils l'avoient mis entre les éligibles, persuadés que si le choix tomboit sur lui, ils auroient un pape dévoué à leurs volontés. Mais rien ne tient contre l'appât d'une couronne. Le roi, après avoir examiné ce qu'il pouvoit craindre ou espérer des trois candidats, se détermina pour Bertrand. Il lui écrit de se rendre promptement, et en grand secret, pour affaire qui l'intéresse, dans une abbaye située au milieu d'une forêt, près de St.Jeand'Angély il s'y transporte aussi avec les mêmes précautions. En abordant l'archevêque, illui dit : Voulez-vous être pape? Le prélat proteste de sa soumission et de sa correspondance à tous les désirs du monarque, s'il lui procure cette dignité. Philippe lui expose les moyens qu'il a de réussir; mais à cinq conditions: la première, lui-dit-il, que vous me reconcilierez parfaitement avec l'église; la deuxième, que vous révoquerez toutes les censures contre ma personne, mes ministres, sujets et alliés; la troisième que vous m'accorderez pour cinq ans les décimes de mon royaume; la quatrième, que vous condamnerez authentiquement la mémoire de Boniface; la cinquième, je me la réserve et vous la déclarerai en temps et lieu. Le prélat promit tout. Le roi écrivit à Rome, et il fut élu. Son sacre se fit à Lyon avec beaucoup de magnificence. Le roi y assista. Le pape prit le nom de Clément V, et déclara qu'il fixoit son séjour à Avignon, sujet de mécontentement et de regret pour les cardinaux Italiens. Voici comme les quatre articles connus furent exécutés : 1°. le roi personnellement fut entièrement réhabilité déchargé de toutes censures et anathêmes, reconnu bon catholique, et roi très-chétien; 2°. ceux qui avoient écrit, agi, travaillé de quelques manières que ce fût dans cette affaire, reçurent l'ab 1305. 1305. exactement et une solution sans aucune condition oné- La quatrième condition que Clément avoit acceptée, l'embarrassa plus que les trois premières. C'étoit de faire le procès de la mémoire de Boniface, Philippe-le-Bel pressoit. Le pape différoit. Enfin il imagina cet expédient. Vous avez, dit-il au roi, appelé au futur concile; j'en assemblerai un où cette cause sera portée, et en effet il le convoqua pour être tenu à Vienne en Dauphiné. On n'a jamais su positivement quel étoit le cinquième article de leur convention; mais tous les historiens ont conjecturé, peut-être par les faits qui suivirent, que c'étoit la destruction de l'ordre des Templiers. 1305. pliers. Ces religieux possédoient de grands Destrucbiens, objet de convoitise. L'ordre tion des Temn'étoit composé que de gentilshommes. Il pouvoit dans les occasions donner le 1306-7. ton au reste de la noblesse du royaume. C'étoit un état dans l'état, une cause perpétuelle d'ombrages et d'inquiétudes pour un roi qui ne pouvoit se dissimuler que la charge des impôts lui retiroit l'affection de son peuple. Philippe avoit éprouvé la mauvaise volonté de ces religieux, lorsqu'ils l'abandonnèrent aux insultes de la populace, quand il s'étoit retiré dans leur citadelle du Temple, comme sous leur protection. Tenter de réformer un corps armé et l'avertir par des reproches publics, c'étoit l'avertir de |