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quafi femiftertius. Sed auctus eft bello Punico fecundo. Apud antiquos autem denarius, & quinquefis in ufu erant, & valebant denarius denos affes, quadrigati, bigati, quinquefis quinos, fed uterque auctus eft. Numerum æris perductum (productum) effe aiunt lege Flaminia minus folvendi, cùm are alieno premeretur populus Romanus. Le Conful Caius Flaminius fut tué à la bataille de Trafimene, la feconde année de la feconde guerre Punique, l'an 537 de la fondation de Rome, & 217 avant l'Ere Chrétienne; par conféquent c'est à cette année qu'il faut rapporter la réduction de l'as du poids d'une livre à celui de deux onces, & le changement du numéraire qui fe fit la feptieme année d'après, conviendra à l'an 544.

L'an 544 de la fondation de Rome, 210 ans avant l'Ere vulgaire, fix ans après la bataille de Cannes, Scipion faisant le siege de Carthagene en Espagne, les as furent réduits au poids d'une once de cuivre, & ce fut à cette époque que l'on régla que le denier vaudroit seize as, le quinaire huit, & le fefterce quatre. Ce nouveau numéraire demeura fixe, & ne fut plus changé dans la fuite. Pline obferve que dans ce changement la République gagna moitié; mais cela ne peut être, 1°. parce qu'alors au lieu de dix as, on en donna feize pour un denier; 2°. parce que le denier ne fut point diminué de moitié comme l'as, autrement il auroit été à la taille de 144 à la livre: Pofteà Annibale urgente, Q. Fabio Maximo Dictatore affes unciales facti : placuitque denarium xvj affibus permutari, quinarium octonis, feftertium quaternis. Ita Refpublica dimidium lucrata eft. Vitruve (lib. 111, cap. I.) parle de l'inftitution de ce nouveau numéraire en ces termes : Nos ancêtres établirent d'abord le nombre décennaire pour l'usage de la monnoie; ils arrêterent que le denier contiendroit dix as de cuivre, & c'est delà que la principale piece d'argent porte encore aujourd'hui ce nom de denier. Ils appellerent fefterce la quatrieme partie du denier , parce qu'il contenoit deux as & demi. Mais dans la fuite ayant remarqué que fix & dix faifoient un nombre parfait, ils les ajouterent ensemble, & en compoferent le nombre de feize. Ils tirerent cette analogie du pied: car retranchant de la coudée deux palmes, refte le pied compofé de quatre palmes; or le palme contient quatre doigts, d'où il fuit que le pied en comprend seize autant que le denier comprend d'as de cuivre : Noftri autem primò decem fecerunt antiquum numerum, & in denario denos areos affes conftituerunt, & ea re compofitio nummi ad hodiernum diem denarii

nomen retinet: etiamque quartam ejus partem, quòd efficiebatur ex duobus affibus & tertio femiffe, feftertium vocitaverunt. Pofteà quoniam animadverterunt utrofque numeros effe perfectos, & fex & decem, utrofque in unum conjecerunt & fecerunt perfectiffimum decuffiffexis. Hujus autem rei autorem invenerunt pedem. E cubito enim cum dempti funt palmi duo, relinquitur pes quatuor palmorum. Palmus autem habet quatuor digitos, ita efficitur uti habeat pes fexdecim digitos, & totidem affes areos denarius.

Bientôt après, par une loi de Papyrius l'an de Rome 586, fur la fin de la guerre de Perfée, 168 ans avant J. C., l'as fut réduit au poids d'une demi-once. On ne peut guere douter que ce ne foit à cette époque que le denier fut fabriqué à la taille de quatre-vingt-quatre à la livre, ce qui fit qu'alors une livre d'argent valut cinquante-fix livres de cuivre : Mox lege Papyriand femunciales affes facti (Plin. lib. XXXIII, cap. III.).

Enfin nous voici arrivés à une époque où l'as fut réduit au poids d'un sicilique ou du quart de l'once. « Il n'eft pas facile, dit M. Dupuy,» d'en fixer le temps avec précision, l'Hiftoire n'en » difant rien; mais on ne peut prefque douter qu'il ne foit pofté»rieur au fiecle de Pline. Cet Auteur dans le récit qu'il fait des » variations que nous avons décrites après lui, s'arrête à celle qui » réduisit l'as au poids d'une demi-once. Si de fon temps ou au» paravant il y en avoit eu une autre qui eût encore porté l'as à » la moitié de la demi-once, il n'auroit certainement pas manqué » de nɔus en inftruire; fon filence eft une preuve que ce dernier » affoibliffement de l'as n'exiftoit pas encore lorfqu'il écrivoit. C'est » donc au temps qui fuivit le regne de Vefpafien, qu'il faut rap> Porter ce que difent les Anciens, quand ils témoignent que le » denier valoit quatre nummus ou fefterces, & que le nummus » avoit le poids d'une once de cuivre ». Les autorités alléguées par M. Dupuy font Eusebe Pamphyle, qui dit, dans fon Eglogue fur les poids & mefures, que le denier eft de la valeur de quatre onces de cuivre, & le fefterce d'une once vapor ogniwr N. vouμMos dvynias á; & Julius Africanus qui dit que le denier chez les Romains contient deux victoriats, quatre fefterces, seize as, & que le fefterce (de cuivre) eft du poids d'une once: To Devaprov κατά Ρωμαίους ἔχει τροπαϊκὰ δύο. νούμμους δ'. ἀθάρια κ'. ὁ δὲ νοῦμ μος ἔχει συγκίας τὸν σαθμὸν.

Quoique les raifons de M. Dupuy paroiffent très-plausibles, je

pense que le filence de Pline fur la réduction de l'as à un quart d'once, n'eft point une preuve fuffifante que ce changement ne fût pas arrivé de fon temps. Pline a parlé de toutes les variations qui avoient précédé le temps où il vivoit, fans rien dire de l'état actuel où étoit la monnoie de fon temps, qui étoit connu de tout le monde. Il faut confidérer d'ailleurs que Pline fait des compilations, & que rarement il dit autre chofe que ce qu'il trouve dans les ouvrages des Ecrivains qui l'ont précédé. Je croirois donc plus convenable de placer l'époque de la réduction de l'as à un quart d'once, dans les temps qui fuivirent l'empire de Tibere, foit fous celui de Caligula, foit fous celui de Claude, foit fous celui de Néron ; & c'eft à l'époque, quelle qu'elle soit, de cet affoibliffement, que je crois devoir auffi rapporter la ré-duction du denier à la taille de quatre-vingt-feize à la livre, en forte que la livre d'argent ne valut plus que trente-deux livres de

cuivre.

Les révolutions progreffives arrivées dans la puiffance de la République Romaine, fe manifeftent de diverfes manieres. Souverain au commencement d'un très-petit territoire, ce Peuple étend bientôt fa domination fur toute l'Italie, puis fur l'Europe entiere, fur l'Afrique & fur l'Afie. Le Citoyen à qui deux jugeres de terre fuffifoient d'abord, en veut quatre enfuite, puis fept, puis cinq cents, puis davantage, & enfin il n'y a plus de mefure. L'an 365 de la fondation de Rome, on trouve à peine dans le tréfor public mille livres d'or (1087000 liv.) pour remplir les conditions du Traité conclu avec Brennus; l'an 586, après la défaite de Perfée, la maffe de l'or eft augmentée; Paul-Emile la groffit de trois mille livres pefant (3261000 liv.). L'an 594, fous le confulat de Sextus -Julius & de Lucius-Aurélius, on ne trouva dans le tréfor que fept cents vingt-fix liv. pefant d'or (789162 liv.): les deux premieres guerres Puniques l'avoient épuisé; on y trouva néanmoins de plus 92375 liv. pefant d'argent (6928125 liv.). L'an 663, au commencement de la guerre fociale, fous le confulat de Sextus -Julius- Céfar & de Lucius-Martius - Philippus, on ne trouva dans le tréfor public, fi les calculs de Pline font exacts, que 746 livres pefant d'or (919602 liv.); apparemment qu'il avoit été pillé. L'an 672, la République fe trouva en poffeffion de vingt-huit mille livres pefant d'or (30436000 liv.) & de cent vingt-deux mille livres pefant d'argent (8677500 liv.), Enfin

l'an

T'an 703, au commencement de la guerre civile, Caius Céfar enleva du tréfor vingt-fix mille trois cents liv. pefant d'or. Pline ne parle point de l'argent, mais il ajoute que jamais la République ne fut plus riche qu'à cette époque. Voyez cet Auteur ( lib. XXXIII, cap. , cap. I & III). La même progreffion fe fait remarquer Par rapport à la proportion des métaux. Dans les premiers fiecles de la République, le cuivre, comme l'obferve fort bien M. Dupuy, étoit prefque la feule monnoie qui fervît aux befoins ordinaires de la fociété. L'argent étoit rare, par le défaut de commerce, & d'un prix extrêmement fupérieur à celui du cuivre; mais il en perdit à mesure qu'il devint abondant. Abjecta funt deindè hæc, & fordefcere cæpêre, & auri argentique nimium fuit. Son ufage devenu général, l'avilit en quelque forte, & redonna du prix au métal qui avoit fuffi à la noble médiocrité des miers Romains. Les différentes mutations que fubit la monnoie à chaque refonte, nous montrent la marche de ces viciffitudes progreffives du prix refpectif de l'argent & du cuivre. La premiere & la feconde époque nous font voir une once d'argent appréciée à vingt onces de cuivre; la troifieme époque, une once d'argent appréciée à quatre-vingt-feize onces de cuivre; la qua trieme, une once d'argent appréciée à cinquante-fix onces de cuivre; & la cinquieme époque enfin, une once d'argent appréciée à trente-deux onces de cuivre.

cent

cité

pre

Gronovius, dit M. Dupuy, développa avec beaucoup de fagal'art qui dirigeoit les Romains dans leurs calculs. Quoique ce Savant fuppofe qu'il y eut toujours cent deniers de taille à la livre pondérale d'argent, cela n'empêche pas qu'il ne faffe une expofition jufte & exacte de la méthode que les Romains fuivoient dans le calcul de leurs monnoies. Celui du fefterce, fefterlius numus, ou feulement feftertius, numus ou nummus, étoit fimple, & pouvoit s'étendre aux plus grands nombres, fans donner lieu à la moindre équivoque.

Ils difoient donc, decem, centum, ducentifes tertii numi : dix, cent, deux cents fefterces. Mille feftertiüm, mille nummûm, mille Seftertia, mille fefterces. Bis mille, ter mille, ou triq millia fefterou nummum, deux mille, trois mille fefterces. Centena millia nummum ou feftertia, cent mille fefterces. Deciès centena millia Seftertia ou nummum, ou nummum, ou fimplement deciès nummûm en foufentendant centena millia, un million de fefterces. Viciès nummûm

tia

Ddd

foufentendant centena millia, deux millions de fefterces, &c. il faut encore remarquer que deciès, deciès centena & deciès centena millia feftertium, font des expreffions qui rendent absolument la même fomme. On en trouve un exemple de la feconde dans Horace (Sat. lib. I, fat. III, verf. 15.) qui dit:

Decies centena dediffes

Huic parco, paucis contento; quinque diebus

Nil erat in loculis.

Ce qui fit imaginer aux Romains la fuppreffion de centena millia, c'eft qu'au rapport de Pline, (lib. XXXIII, cap. X.) leur arithmétique n'alloit pas anciennement au-delà de cent mille; & ce

fut

par la multiplication de ce nombre qu'ils formerent dans la fuite un calcul plus étendu : non erat apud Antiquos numerus ultrà centum millia: itaque & hodie multiplicantur hæc, ut deciès centena millia aut fæpiùs dicantur. On n'a pas fait affez d'attention à ces paroles, qui rendent raison d'un usage qu'on a eu bien de la peine à comprendre. Elles nous font connoître que les adverbes numériques deciès, viciès, centiès, &c. furent deftinés à multiplier le nombre de cent mille. Voici une table de quelques-uns de ces adverbes avec les caracteres numériques auxquels ils répondent.

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