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Oui, toute mon amie elle est ; et je la nomme

Indigne d'asservir, etc..... (1).

C'est ce qui a causé son erreur, qu'un peu de réflexion eût promptement dissipée. Il est bien fâcheux que Voltaire eût si peu de patience, et qu'il ait mis tant de précipitation à condamner des hommes comme Corneille et Molière. On l'accuse de perfidie calculée envers le premier; je suis persuadé qu'il n'est coupable que de légèreté et d'impétuosité dans sa critique: mais c'est déjà beaucoup trop quand on est Voltaire, et qu'on juge Corneille devant l'Europe attentive.

TRACER L'IMAGE DES CHANSONS, danser aux chan

sons:

Et tracez sur les herbettes
L'image de vos chansons.

(Am. magn. 3 intermède.)

Métaphore outrée. On sait comment la parodie de Benserade en faisait ressortir le ridicule :

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(Voyez MÉTAPHORes vicieuses.)

TRADUIRE EN RIDICULE (SE):

J'enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicule malgré leur qualité. (Crit. de l'Éc. des fem. 6.)

TRAHIR SON AME :

Non pas dans le sens où l'on dit trahir sa pensée, c'est-àdire la révéler involontairement; mais, au contraire, dans le sens de la contraindre, la contenir, lorsqu'elle voudrait s'échapper; véritable trahison contre la nature et la vérité :

Morbleu! c'est une chose indigne, lâche, infâme,

De s'abaisser ainsi jusqu'à trahir son áme!

Et si, par un malheur, j'en avais fait autant,
Je m'irois de regret pendre tout à l'instant.

TRAINER, entraîner :

(Mis. I. 1.)

Don Juan, l'endurcissement au péché traîne une mort funeste!

(D. Juan. V. 6.)

(1) C'est effectivement ainsi que le vers est ponctué dans la citation.

TRAIT, atteinte; DONNER LE PREMIER TRAIT, figu

rément :

Je m'en vais là-dedans donner le premier trait. C'est-à-dire, entamer l'affaire.

(L'EL. IV. 1.)

- TRAIT, épigramme, parole mordante. Orgon dit à Dorine:

Te tairas-tu, serpent, dont les traits effrontés...

(Tart. II. 2.)

Premièrement, un serpent ne lance point de traits; ensuite des traits n'ont point de front, par conséquent ne peuvent être effrontés. C'est Dorine qui est un serpent et une effrontée, et dont les mots sont autant de traits. Ces trois expressions, qui sont justes prises séparément, fondues en une seule métaphore sont fausses, à cause de l'incohérence des images, qui devraient former un ensemble.

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Et sans doute il faut bien qu'à ce becque cornu

Du trait qu'elle a joué quelque jour soit venu, (Ec. des fem. IV. 6.)

Et vous avez eu peur de le désavouer

Du trait qu'à ce pauvre homme il a voulu jouer.

TRAIT D'AVENTURE:

Ah! fortune, ce trait d'aventure propice

(Tart. IV. 3.)

Répare tous les maux que m'a faits ton caprice. (Ec. des fem. V. 2.) «< Molière dit souvent jouer un trait et faire un tour. L'usage actuel est inverse; on dit communément faire un trait et jouer

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TRAITER, mis absolument comme agir, se conduire :

On détruiroit par là, traitant de bonne foi,

Ce grand aveuglement où chacun est de soi.

(Mis. III. 5.)

Bossuet dit fréquemment traiter avec quelqu'un, pour avoir des relations avec quelqu'un :

<< Sous un visage riant..

qui traitoient avec elle étoient surpris.

сс

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Quand quelqu'un traitoit avec elle, il sembloit qu'elle eût oublié son

«rang...

....

(Ibid.)

TRAITER DE MÉPRIS, D'ÉGALITÉ, avec mépris, avec

égalité :

Et, traitant de mépris les sens et la matière,

A l'esprit, comme nous, donnez-vous tout entière. (Fem. sav.

.I. 1.)

Ils sont insupportables avec les impertinentes égalités dont ils traitent (Comtesse d'Esc. 11.)

les gens.

Cette façon de parler me paraît de celles qu'il n'est pas bon de prendre à Molière.

(Voyez DE exprimant la cause, la manière.)

TRAITER DU HAUT EN BAS:

Ces honnêtes diablesses,
Se retranchant toujours sur leurs sages prouesses,
Qui, pour un petit tort qu'elles ne nous font pas,
Prennent droit de traiter les gens du haut en bas.

(Voyez DE exprimant la manière, la cause.)

(Éc. des fem. IV. 8.)

TRAITER LES CHOSES DANS LA DOUCEUR:

Mais nous sommes personnes à traiter les choses dans la douceur.

(Mar. forc. 16.)

TRANCHER AVEC QUELQU'UN, en finir tout net

avec lui :

Car, tranchant avec moi par ces termes exprès.....

(Ec. des fem. III. 4.)

TRANCHER SON DISCOURS D'UN APOPHTHEGME:

PANCRACE. Tranchez-moi votre discours d'un apophthegme à la laco

nienne.

(Mar.for. 6.)

Soyez bref, supprimez les longs discours au moyen d'un

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[Tredame, monsieur, est-ce que madame Jourdain est décrépite?...

TREUVE, archaïsme, pour trouve :

Mais, encore une fois, la joie où je vous treuve

(B. gent. III. 5.)

M'expose à la rigueur d'une trop rude épreuve. (D. Garcie. V. 6.)
Non, l'ardeur que je sens pour cette jeune veuve

Ne ferme point mon âme aux défauts qu'on lui treuve. (Mis. I. 1.) Il était de règle, dans l'origine de la langue, que tout verbe ayant à l'infinitif la diphthongue ou, la changeait en eu à l'indicatif. Mouvoir, mourir, pouvoir, couvrir, secourir, se douloir, etc., faisaient à l'indicatif je meus, je meurs, je peux, je cueuvre, je sequeurs, je me deuls, etc.

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Je n'ai jamais vu, dans les monuments primitifs de notre langue, d'exemple de l'infinitif treuver; c'est toujours trover, trouver. (Voy. des Var, du lang. fr., p. 179.)

Au xvIe siècle, que déjà les traditions originelles commençaient à se perdre, on rencontre quelquefois treuver. Olivier de Serres, par exemple, n'emploie pas d'autre forme ; mais elle est évidemment déduite, par erreur, de celle du présent. C'est ainsi que, de la forme contractée ci-gít, certains lexicographes modernes ont conclu l'infinitif GIR, au lieu de Gésir. (Voyez le Dict. de M. N. Landais.)

TRIBOUILLER, patois, agiter, secouer violemment : Je me sens tout tribouiller le cœur quand je te regarde.

LUBIN.

(G. D. II. 1.)

Racines, brouiller et tri, pour tres, communiquant la force du superlatif au verbe ou au nom avec lequel il se compose. Tribouiller, tribouilleur, ont été jadis des mots d'un français très-correct:

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TRIBUTS, tribut d'hommages:

Le plus parfait objet dont je serois charmé

N'auroit pas mes tributs, n'en étant point aimé. (Dép. am. I. 3.)

TRIOMPHER DE QUELQUE CHOSE, à l'occasion de quelque chose:

Jamais on ne m'a vu triompher de ces bruits.

Et, d'autre part aussi, sa charmante moitié

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(Éc. des fem. I. 1.)

(LA FONTAINE. Joconde.)

(Voyez DE exprimant la manière, la cause.) Vous ne triompherez pas, comme vous le pensez, de votre infidélité. (B. gent. III. 10.)

C'est-à-dire, votre indifférence ne vous procurera pas le triomphe que vous espérez. Mais cette phrase, dans les usages de la langue moderne, signifierait vous ne surmonterez pas votre infidélité, vous ne pourrez la vaincre, en triompher.

Probablement l'équivoque de cette locution est ce qui a déterminé à l'abandonner.

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On disait aussi triompher sur, c'est-à-dire au sujet de :

<< Ils triomphoient encor sur cette maladie. »

(LA FONT. Les Médecins.)

Mais, poursuivit-il, notre père Antoine Sirmond, qui triomphe sur cette matière... »

(PASCAL. 10 Prov.)

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