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Orefte ne peut résister à des transports fi doux & & preffans; il laiffe échapper fon fecret, il s'écrie :

Ah! ma fœur!

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Mon amitié trahit un important myftere :
Mais hélas ! que ne peut Electre sur son frere!

La beauté de ce morceau nous a engagés à le rapporter ici tout entier, quoiqu'il n'appartienne pas tout entier à l'ob⋅ fécration; mais cette figure y domine, c'eft elle qui anime les tranfports d'Electre & qui attendrit Orefte. Il fera aifé de reconnoître cette figure par tout où elle fe trouve, fans que nous prenions la peine fuperflue de marquer où elle commence & où elle finit. Nous avons déja dit que cette Scène prife dans une certaine généralité, appartenoit auffi à la gradation: (voyez l'article de la Gradation.)

!Quelle vivacité de fentimens dans ces inftances de Rhadamisthe à Zenobie!

Quoi loin de m'accabler, grands Dieux ! c'eft
Zénobie

Qui craint de me hair & qui s'en justifie!
Ah! punis-moi plutôt : ta funefte bonté

Même en me pardonnant tient de ma cruauté. N'épargne point mon fang, cher objet que j'adore! Prive-moi du bonheur de te revoir encore.

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(Il fej tte à genoux.)

Faut-il pour t'en preffer, embraffer tes genoux,
Songe au prix de quel fang je devins ton époux,
Jufques à mon amour tout veut que je périffe;
Laiffer le crime en paix, c'eft s'en rendre complice.
Frappe, mais fouviens-toi que malgré ma fureur,
Tu ne fortis jamais un moment de mon cœur ;
Que fi le repentir tenoit lieu d'innocence,
Je n'exciterois plus ni haine, ni vengeance;
Que malgré le courroux qui te doit animer,
Ma plus grande fu eur fut celle de t'aimer.

On pourroit trouver feulement que ces inftances prifes à la lettre ne font point finceres, mais elles peignent le dé lire de la paffion."

NONE a Phedre.

Madame, au nom des pleurs que pour vous j'ai 、verfés,

Par vos foibles genoux que je tiens embraffés, Délivrez mon efprit de ce funefte doute.

CHIMENE à Rodrigue.

Si jamais je t'aimai, cher Rodrigue, en revanche Défens-toi maintenant pour m'ôter à Don Sanche.

Combats pour m'affranchir d'une condition
Qui me livre à l'objet de mon averfion.

Te dirai-je encor plus ? va, songe à ta défense;
Pour forcer mon devoir, pour m'impofer filence;
Et fi jamais l'Amour échauffa tes efprits,

Sors vainqueur d'un combat dont Chimene eft le prix.

Les inftances de Pauline à Felix en faveur de Polyeucte font du même ton; & le modele de toutes ces obsécrations se trouve dans le quatrieme livre de l'Enéide, lorfque Didon implore l'amour & la pitié d'Enée pour l'engager à refter.

De Poptation.

L'Optation eft une figure qui exprime

le defir.

EXEMPLES.

Pleaume 54.

» Qui me donnera les aîles de la Co» lombe pour m'élever vers le lieu de » mon repos !

Fléchier, Oraifon funebre de M. de Lamoignons

Que ne puis-je vous le repréfenter » tel qu'il étoit, lorfqu'après un long &

» pénible travail, loin du bruit de la Ville & du tumulte des affaires, il al»loit fe décharger du poids de fa digni» té, & jouir d'un noble repos dans fa retraite de Baville!

ATALIDE parlant de Bajazet & de Roxane. Qu'il l'appaife. Ces mots ne me fufflent pas:

Que fa bouche, fes yeux, tout l'affure qu'il l'aime? Qu'elle le croie enfin. Que ne puis-je moi-même » Echauffant par mes pleurs fes foins trop languif

fans,

Mettre dans fes difcours tout l'amour que je lens !
Roufeau, Ode à Duché.

O! que ne puis-je fur les aîles
Dont Dédale fut poffeffeur,
Voler aux lieux où tu m'appelles,
Et de tes chansons immortelles
Partager l'aimable onceur.

M. Greffet, dans la Chartreufe.

Dans ces folitudes riantes,

Quand me verrai-je de retour a
Courez, volez, heures trop lentes,
Qui retardez cet heureux jour!

Monime s'entretenant avec fa confi dente, de la crainte qu'elle a d'avoir expofé Xipharès à la fureur de Mithridate,

en déclarant à ce Roi jaloux fes fentimens pour ce Prince, témoigne ainfi la vivacité de fa tendreffe & l'impatience de fes defirs.

Ma Phœdime, & qui peut concevoir ce miracle?
Après deux ans d'ennuis dont tu fais tout le poids,
Quoi! je puis refpirer pour la premiere fois!
Quoi, cher Prince avec toi je me verrois unie!
Et loin que ma tendreffe eût exposé ta vie,
Tu verrois ton devoir, je verrois ma vertu
Approuver un amour fi long tems combattu?
Je pourrois tous les jours t'affurer que je t'aime!
Que ne viens tu?

De la Figure appellée Parallele.

Cette figure a quelque rapport avec la fimilitude, un des lieux oratoires dont il eft parlé au premier Livre. Elle en differe en ce que dans les paralleles la comparaison regne bien plus long tems que dans la fimilitude, & fe foutient fur beaucoup plus de membres. Ce font deux objets que l'on pese dans une jufte balance, dont on apprécie la valeur relative, dont on examine tous les rapports & toutes les contrariétés.

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