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Mais comment concevoir, difoit-on, que cette fille qui avoit été fi long-tems fans prendre aucun aliment, ni folide ni liquide, ait pu avoir du fang en aflez grande quantité pour pouvoir pouffer fon action du centre à la circonférence, & occafionner une tranfpiration de fang; cela eft aisé à comprendre, fi l'on fait attention que c'eft une payfanne forte, robufte, pleine de fang & de feu, fanguine, & accoûtumée au travail, qui perd fes regles, qui étoient abondantes auparavant, fans qu'elle en foit incommodée, qui les vomit pendant quelque tems, & que tout fe trouve fupprimé. Comment donc le fang ne l'auroit-il pas é buffe par le défaut de mouvement, le n an quement de force, la privation d'élafticité, s'il n'eût fait à la nature un dernier effort pour évacuer fes fuperfluites par la voye de tranfpiration, dont elle fe fert en cette occurrence de maladie, comme d'une route extraordinaire. Tout étoit en preffe & en contrainte dans ce corps; le fang ferré par fon épaiffiflement, les vaiffeaux n'ayant pas affez de diametre, il eft chaffé de toutes parts fans régle & fans rétraite, ne cherche qu'à s'échapper & à s'ouvrir des iffuës, foit par les fueurs de fang, foit par le nez, par la bouche, foit par les felles & par les urines; tout cela reflemble-t-il fi mal à ce qui eft naturel à l'homme? On peut rapporter à cela quelques exemples de faits certains arrivés à Nancy, dans le tems que cette fille d'Eumont tranfpira le fang: Madame de Gerbéviller en rendit une palette par l'orteil droit, fans douleur: combien feu M....... Secrétaire de l'Hôtel de Ville de Nancy, n'en a-t-il pas fué dans fa goutte, accompagnée de Fluxion de poitrine? Le 24. de Mars 1734. une pensionnaire de douze ans chez les Dames de la Congrégation de Nancy, en a rendu une once par le front. On fera encore furpris lorfqu'on apprendra que deux Dames de la même Ville, étant dans des transpirations fortes, lorsqu'on les changeoit de linges en remuant leurs couvertes, certaines matieres fulphureuses, affinées & volatiles forties de leurs corps, lors qu'on les agite, font paroître leurs lits en flammes.

Depuis que feu S. A. R. Léopold I. fit enlever Marie Virion de fon Village, pour la mettre fous une garde sûre à l'Hôpital faint Charles de Nancy, dans une chambre grillée & fermée à la clef, avec une infirmiere qui l'observoit avec foin, tout ce grand concours de monde difparut, parce qu'il y eut deffenfe de la vifiter davantage. M. Mengin, premier Médecin ordinaire de S. A. R. qui fut chargé de la conduite de cette maladie, peut répondre qu'elle n'ufa d'aucun aliment pendant deux mois: lorfqu'il lui faifoit ava

ler deux cuillerées d'eau, une demi heure après elle les rendoit avec convulsion, auffi claire qu'elle l'avoit prife. Cette expérience a été répétée plufieurs fois.

Le 18. Octobre 1722. cette fille refta toute la nuit dans fon catalepfis, qui dura jufqu'à neuf heures du matin: fon Médecin l'interrogea, ce qu'il n'avoit pû faire depuis six femaines, parce qu'elle tomboit continuellement dans fes accès. Il examina les symp tomes les plus facheux qui la fatiguoient, il remarqua que fa douleur étoit à l'orifice inferieur de l'eftomac qui s'étendoit dans le ventre; il jugea que c'étoit le ver folitaire, (en latin folium) qui formoit cette fcêne la plus tragique, en irritant les parties nerveules des inteftins. Salmuth cent. 2. obferv. 43. Auteur fort accrédité en médecine, rap. porte un exemple de convulfion, de paralifie occafionnées par les vers.

On avoit déja employé mais inutilement, plufieurs antivers lors de la naissance, dans l'état & l'augmentation de fa maladie. Sur les indications, le Médecin lui donna six prifes de dragées antivers de fa compofition; la premiere prife la travailla beaucoup, jusqu'au point qu'elle revint de fon catalepfis, qui fut le 23. dudit mois. Sur le foir cette fille étant dans fon bon fens, elle reçut un remede de lait, avec lequel elle rendit, à fept heures, une portion de ver folitaire d'une aulne de longueur, avec la tête : on continua les dragées jufqu'au 28. qu'elle prit les dernieres ; il n'y eut point de jour qu'elle n'ait jetté des vers fanguins, jusqu'à 24. avec le reftant du ver folitaire qu'elle rendit par lambeaux.

La catalepfie fut guérie radicalement par ces dragées. Il s'agilloit de faire prendre de la nourriture à la malade. De quelle façon pouvoit-on lui en propofer? les folides ne lui convenoient nullement, parce que fon cftomac en avoit perdu l'habitude; il étoit trop foible, elle ne les auroit jamais foutenu. On lui fit préparer de l'eau de poulet ; elle vomit les premieres cuillerées on lui en rendit, elle n'en vomit que la moitié. On fuivit cette méthode jufqu'à ce qu'elle en foutint fix Cuillerées, qui rouvrirent les conduits. On pafla de là à quelques pâtes d'Abricots, à une ptifanne pectorale, à des purgatifs antivers, parce que la gorge un peu échauffée par l'effet des dragées ; infenfiblement elle fe remit à l'ufage des alimens folides & à la vie commune. Le 20. Janvier 1723. fes pieds, fes genoux & fes mains furent redrelles par des bains aroma→ tiques & nervalles. Le lait qu'elle prenoit par intervalle étoit encore de fon goût.

étoit

Je fuis témoin que cette fille d'Eumont prenoit

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prenoit de tems en tems un peu de miel & d'eau qu'elle recevoit la fainte Hoftie dans la communion, & elle m'a avoué qu'elle pourroit prendre de même par intervalle des hofties non confacrées. Je fuis témoin auffi que faifant femblant de toucher fa coëffe, quoique je ne la touchasse pas, elle s'élevoit & fuivoit la main qu'elle croyoit qui la touchoit.

Toutes les chroniques de Lorraine fous l'an 825. parlent d'une fille des environs de Commercy, âgée de douze ans, qui demeura trois ans fans prendre aucune nourriture; en 825. clle commença à manger à

l'ordinaire.

Une fille nommée Catherine Charpy, âgée de 22. ans, tomba le famedy veille de Pâques 1662. enfuite d'un grand mal de gorge; dans l'impuiffance de pouvoir rien avaller de folide ni de liquide. M. Ban Médecin à Troyes en Champagne, a écrit à M. Dodart Médecin de Madame la Princeffe de Conty, le détail de cette maladie, & M. Dodart à écrit une longue lettre fur le même fujet, pour montrer qu'il n'y a rien de furnaturel ni de miraculeux dans tout cela, & M. Gauthier a encore écrit fur le même fujet le 26. Novembre 1670. Enfin M. Mallere Evêque de Troyes donna fa déclaration le 19. Juillet 1673. par laquelle il dit qu'il n'y a dans toute la conduite de Catherine Charpy, qu'illufion, déguisement & menfonge, &c.

me 3.

On peut voir toutes ces piéces dans le todes nouveaux mémoires d'Hiftoire & de Critique de M. l'Abbé d'Artigny, Article LV. pag. 169. & fuivantes.

SAINT E VRE. Village, ou Fauxbourg de Toul. Léproferie de Valcourt, ou Valcô. J'ai parlé de l'Abbaye de faint Evre, à la fuite

de l'Article de Toul.

Le Village de faint Evre eft aujourd'hui regardé comme Fauxbourg de la Ville de Toul. Mais anciennement, c'étoit un Village fitué dans la Ban-lieu de cette Ville. Les anciens monumens en parlent ainfi; il cft conftruit fur le terrain dépendant de l'Abbaye, à laquelle toutes les Maifons doivent un cens de reconnoiffance.

tiers; cette Paroiffe eft très ancienne, l'Evêque Frotaire en 825. régla l'etenduë du diftrict de cette Eglife, & l'Empereur Charles le Chauve, confirma la donation faite de cette Eglife, à l'Abbaye de faint Evre.

L'Eglife Paroiffiale eft dédiée fous le nom de faint Maximin, Archevêque de Tréves; cette Eglife eft dans l'enclos de la baffecour de l'Abbaye, & fort près de l'Eglife du Monaftère. Elle eft défervie par un Prêtre féculier, qui est nommé par l'Abbé, & poffede le tiers des groffes & menuës dixmcs, contre les Religieux pour les deux autres

VALCOURT où VALCO.

Valcourt, Chapelle fituée à une heure de diftance au midy de faint Evre, eft dédiéè à l'Annonciation de la fainte Vierge. C'étoit originairement une Léproferie, fondée au douzième Siècle par les Bourgeois de Toul, pour y entretenir un Prêtre & douzè Lépreux, aufquels on devoit donner tous les jours, du pain, du vin, de la viande fraiche, & à chacun douze gros Toulois; les Citoyens de Toul donnerent l'administration de cet Hôpital aux Abbés & Religieux de faint Evre, comme plus voifins. Mais cet Hôpital ayant été ruiné par les malheurs des guerres, les Abbés & Religieux qui étoient demeurés Maîtres des fonds de cet Hôpital, ont été condamnés par Arrêt du Parlement de Metz, de l'an... à payer annuellement à l'Hôpital de Toul quinze cens livres dont l'Abbé donne les deux tiers, & les Religieux l'autre tiers. Il y avoit autrefois un Village fur la hauteur au-deffus de Valcourt, comme on la remarqué par les ruines qui s'y font trouvées, lorsqu'on y a travaillé.

CCXCIV.

La Maison de Valcourt étoit autrefois Hiftoire de fort.confidérable en Lorraine. Viric de Val- Lorraine court eft reconnu pour Fondateur de l'Ab- . 2. page baye de Freiftroff, proche Bouzonville. Ce même Seigneur a fait auffi quelques donations de terres à l'Abbaye de Chaumousey.Je ne connois en Lorraine point d'autre Village de Falcourt, que celui dont nous venons de parler. Et dans un titre de Chatenoy, Humbert Prêtre de Vallencourt, donne un Pré à ce Prieuré. En 1129. & en 1136. Thierri P. cccxL fils de Vidric de Valcour, figne en un titre de l'Abbaye de faint Manfuy.

La Chapelle de Valcourt eft entretenuë & ornée par quelques Bourgeois de Toul, qui ramaffent les offrandes & les aumônes, pour y faire dire la Meflè les Fêtes & Dimanches. On voit dans cette Chapelle quelques Statues des Abbés de faint Evre, qui y furent apparemment transferées en 1552. lorsqu'on renverfa l'Eglife de l'Abbaye, au tems du Siége de Metz, par l'Empereur Charles V.

Et t. 2. p.

CCCLXXXIV.

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P. Benoit Pouillé de Toul, Pré

24. 2·5.

une espèce de Fort, où les habitans fe peuvent retirer pendant la guerre. La Chapelle de faint Pierre eft dans le Cimetière.

Il y a auffi un Oratoire à quelque diftance du Village. Les anciens Seigneurs du Château haut de Commercy, fe nomment ordinairement Souverains d'Euville, & leuts Officiers leurs donnent le même titre dans les Actes publics.

une au Fauxbourg de faint Manfuy, fous le nom de Léproferie de St. Simeon de la Borde, fondée au treizième Siècle par la piété des Religieux de faint Manfuy & des Bourgeois de Toul. On y gardoit les mêmes réavoit auffi une glemens qu'à Valcourt. Il y avoit auffi une faces pages Léproferie à Velaines près Ligni, une à la Ma deleine près Nancy, une à Varangéville, à -Neuf château, à Vaucouleurs, à St. Aubin. Il y en avoit plufieurs autres dans l'étendue du Diocèfe de Toul; on en donna la direction aux Religieux du faint Efprit de Toul. Pour l'ordinaire, les Léproferies étoient fituées hors les Villes, pour éviter l'infection de la lépre, qui fe communique ailement. On voit dans l'ancien & le nouveau Teftament, que les lépreux vivoient hors des Villes, éloignés de la fociété des autres hom

monum.

e.

. 2. pag.

673.

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mes.

Mais depuis qu'on a trouvé le fecret de guerir par l'Art de Médecine, cette maladie, qui eft d'ordinaire l'effet de l'incontinence, les Léproferies ont été fupprimées, & leurs revenus unis à d'autres Hôpitaux, & en particulier, aux Chevaliers de l'Ordre de St. Lazare ou de Notre-Dame du Mont-Carmel, par Edit du Roi, de l'an 1664. renouvellé & confirmé en 1672.

On voit par un titre du Duc Ferri III. de l'an 1280. qu'il y avoit à l'Aitre-fous-Amance, une Léproferie, où l'on devoit recevoir & nourir toute leur vie, tous les mufels, ou lépreux d'Amance & des environs. Voyez

Amance.

Hugo faVoici les principales cérémonies que l'on cra antiq. obfervoit en quelques lieux, à l'expulfion d'un lépreux de la Compagnie des autres Perfonnes. Avant que de le renfermer dans de le renfermer dans fa Cellule, on célébroit la Meffe, à l'offrande de laquelle le l'épreux baifoit le pied du Prêtre, au lieu que les affiftans lui baifoient la main puis on célébroit pour lui, l'Office des morts; lorfqu'on étoit arrivé à la Leproferie, où il devoit être renfermé, on obfervoit fur lui à peu près les mêmes cérémonies qu'à l'Enterrement d'un mort.

EUVILLE.

EUVILLE, petit Village du Diocèle de Toul, fur la Meuse, au midy de Commercy, dont il dépend, & à titre de Souveraineté, dépendante de la Principauté de Commercy. La Paroiffe a pour Patron faint Pierre. Collateur, l'Abbé de Rengéval, Ordre de Prémontré, qui fait deffervir la Cure par un de ses Religieux, il est décimateur avec le Commandeur de Marbotte, pour les deux tiers de la dixme, & le Curé pour l'autre ziers. L'Eglise est renfermée comme dans

En 1482. le huit May, Emich Comte de Linange, & d'Asbourg Seigneur d'Apremont, & Robert de Sarbruche Comte de Brouck, Seigneur de Commercy & d'Euville, conviennent entr'eux que ledit Comte de Linange à caufe de fa Seigneurie d'Apremont, eft Seigneur Souverain de toutè la Ville, Ban & Seigneurie d'Euville. Et que tous les habitans d'icelle, doivent le recon noître pour leur Souverain en fon Château d'Apremont, tant en reffort qu'en cas d'appel, & autrement.

Et ledit de Sarbruche fon Coufin, eft reconnu Vaflal & Fieffe dudit Sr. d'Apremont, & Seigneur foncier & bas Jufticier de toute la Ville, Ban & Finage dudit Euville, fans part d'autruy.

En 1430. le treize Février Gerard de la Garde Chatelain de Mandre-aux-quatreTours, reconnoit que Jean d'Autel & d'Apremont, & Jeanne fa femme, lui ayant mis en mains les droits qu'ils avoient en la Ville d'Euville, Ban & Finage d'icelle qu'il avoit acquife pour la fomme de cinquante pefans florins de bon or, qu'il a payé audit Seigneur d'Apremont. Il reconnoit què lefdits Seigneurs & Dames, peuvent les rachetter toute & quante fois qu'il leur plaira, en lui rendant pareille fomme.

Et en 1545. le dix Juin, Philippe Comte de Linange & d'Asbourg, reconnoit que fes Prédécefleurs Seigneurs d'Apremont, ont vendu pour toujours aux Seigneurs de Commercy, la Terre & Seigneurie d'Euville, en toute haute, moyenne & bafle Justice, & fes appartenances, pour la fomme de quatre cens écus d'or fol.

Et en 1447. & 1527. on trouve les fois & hommages rendus au Seigneur d'Apremont, pour la Seigneurie d'Euville.

Et en 1360. Renaut d'Aunoi, Moine de Rengévaux, Curé d'Euville, reconnoit qu'il eft, & doit être à la garde, pour raifon de ladite Cure, de haut & noble homme, fon très cher Seigneur Geofroi, Seigneur d'Apremont & de Dun, duquel il a toujours été dépendant, & de fes Prédéceffeurs.

Eten 1342. Philippe Curé d'Euville, donna les mêmes reconnoiffances avec fon Ab bé Pierre de Rangéval.

En 1545. Philippette de Sarbruche acquit la Souveraineté de la Terre d'Euville, qu'elle tenoit en Fief du Seigneur d'Apremont.

F

FAILLI

AILLI, il y a deux Villages de ce nom, tous deux fur la riviere d'Ottain, fous la Chatellenie de Longwi: repondant à Villers-la-Montagne, Diocèfe de Tréves,

dans le Barrois non-mouvant.

V.

tus & Fan

gia.

vons tant de lieux qui commencent par Ducan-
Faing, comme Fain-mont Fain-pourri, Fain- 8, Pon-
prey, Fain-protot, Fain-hazard, &c. & tant
d'autres qui finiffent par Fain, comme Plain-
fain, Herval-fain, Lafeigne, Fein-goutte,
Fin-menil, Remelfing, &c. Tous ces noms
viennent fans doute de Fangia, marais, fan-
ge, &c. Fains eft fituée dans un lieu bas,
aquatique, marécageux. On y voit un Pont
fur l'Orney.

Si c'est là vraye etimologie de Fains
comme il y a
ré-
beaucoup d'apparence, tou-
tes les conjectures fondées fur ce que Fain à
pris fon nom de Fanum, un Temple; ou de
Fines, les Frontieres, par ce qu'il eft Fron-
tière de Champagne: portent à faux. Sa vé-
ritable étimologie vient du Pont, près le
quel il étoit fitué, & des marais dans lefquels
il étoit bâti,& qui font aujourd'hui defléchés.

Le Grand Failli, Recette & Bailliage d'Etain, Cour Souveraine de Nancy. Il y a cent ou cent un habitans.

Le petit Failli eft de même, du Diocèse de Tréves; Office de Villers-la-Montagne ; Jurifdiction des Juges des Seigneurs Recette & Bailliage d'Etain; Cour Souveraine de Nancy. Il y a cinquante-trois ou cinquante quatre habitans.

La Maison de Failli très ancienne & très connue en Lorraine, portoit d'argent à un rameau de trois feuilles de gueule, accompagné de deux merlettes affrontées de fable. D'autres de la même Maison portent un choux fimple; d'autres trois maillets.

FAIN S.

FAINS, en latin Fanum, ou felon quelques uns, Fines, ou plutôt, Fangia, fuivant les anciens titres, Village à une lieuë de Bar le-Duc au midy, du Diocèfe de Toul; Bailliage de Bar-le-Duc, Préfidial de Châlonsfur-Marne, Parlement de Paris, Office & Recette de Bar. Le Roi en eft feul Seigneur haut & moyen Jufticier. Mr. le Comte de Nettancourt, Seigneur Foncier ce lieu eft fitué fur l'Orney, où il y a un Château appartenant à la Maifon de Beauvaux; l'Eglife eft confacrée à Dieu, en l'honneur de Ste. Catherine; Patron, l'Abbé de faint Evre. Les dixmes font poffédées partie par l'Abbé de faint Evre, & partie par le Chapitre de faint Maxe de Bar, & par le Curé. Il y a dans la Paroiffe une Chapelle, dont la collation appartient au Curé & aux habitans. Il y a environ 200. habitans dans Fains. Hiftoire Fains eft nommé Fangia, dans un titre de de Lorr. l'Empereur Othon, de l'an 965. alodum £1.p.375. uniusmansi in ponto, juxta caftrum Fangia fu per fluvium orna. Ce qui eft répêté dans un diplome de l'Empereur Conrade, de l'an 1033. Dans la moyenne & baffe latinité, Pontus fignific un Pont, & Fangia, de la boue, de la vale, un marais. D'où vient que dans ces Pays de Montagnes, nous trou

Ibid. page

40.

Je ne nie pas toute fois qu'il n'y ait eu autrefois un Château ou un Camp Romain, fitué fur la hauteur voifine de Fains, où l'on trouve encore de tems en tems des médailles & d'autres antiquités. Il y a même beaucoup d'apparence que le grand chemin qui venoit de Ligni à Naix, & de Naix à Bar & pafloit derrière l'Eglife de Notre-Dame Paroiffiale de Bar, venoit pafler fur le Pont de Fains, & de là montoit au Camp, ou au Château bâti au-deflus de Fains, d'où il alloit à Leimont.

Il eft certain que Frideric Duc de Lorrai- Flodeardiz ne, frere d'Adalberon Evêque de Metz, ap- Chron. ad puyé de l'autorité de Hugues Capet, Roi de an.951. France, dont il avoit époufé la four Beatrix, fonda un Château à Fains, en 951. ce Château eft fort différent de celui de Bar, qui ne fut fondé que treize ans après, c'està-dire, en 964. la deuxième année de faint Gerard, Evêque de Toul, qui fe plaignit de cette entreprise à l'Empereur, qui obligea le Duc Frideric à donner à faint Gerard, certaines Terres, en indemnité de celles qu'il avoit prifes pour former la Ban-lieuë de ce Château, qu'il avoit conftruit pour tenir en brides les troupes de Champagnes ; qui faifoient de fréquentes courfes fur les Terres.

Pour revenir au Château fitué au-dessus de Fains, Flodoard raconte que le Duc Frideric ayant conftruit le Château de Fains; Fanis, (quelques manufcrits lifent Banis.) Le Roi Louis furnommé d'outre-mer, en porta fes plaintes à l'Empereur Othon III. difant que le Duc Frideric n'avoit pas dû faire ce Château fans fon agrément. L'Empereur répon dit qu'il n'avoit pas prétendu que le Duc Frideric fit aucune fortereffe fur les Terres de France, fans le confentement du Roi.

On ignore qui eft le Fondateur du Châ teau qu'on voit aujourd'hui à Fains, il est

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d'un goût moderne; il y a apparence qu'il a été bâti par les Seigneurs de la Maifon de Beauvau. Il fubfiftoit déja en 1508. puifque le Roi ou le Duc René II. y mourut cette année-là, y étant allé pour faire une partie de chaffe au loup. L'Auteur manufcrit de fa vie, dit qu'il mourut dans la Maifon d'un Seigneur nommé Fains, Symphorien Champier le dit de même : c'eft une bévue manifefte.

Morhof. On raconte que ce fut à Fains qu'arriva Polyhiftor. une avanture fingulière dans le tems que Mi.95.96. chel Noftradamus étoit à Bar-le-Duc. Se Item dans trouvant à Fains avec un gentilhomme nomL'éclaircifmé Florainville, & fe promenant, ils virent fement des deux cochons de lait, l'un blanc l'autre quatrains. noir. Florainville demande à Nostradamus quel feroit le fort de ces deux animaux. Noftradamus répondit fans héfiter que le noir feroit fervi à table, & que le blanc feroit mangé du Loup. Le Seigneur du Château où il étoit, fit incontinent prendre le cochon blanc, on le tua, on l'accommoda, on le mit en broche, & on le difpofa pour être fervi fur la table devant la compagnie, qui foupoit au Château. On nourrifloit un loup dans la maison : cet animal s'étant glissé dans la cuifine, enleva fubtilement le cochon blanc tout roti, & l'alla manger où il put: On demanda qu'on fervit le cochon de lait; mais on s'apperçut trop tard qu'il avoit été enlevé par le loup: alors on prit le cochon noir, on le mit en broche, & on le fervit à table: ainfi fut vérifiée la prédiction de Noftradamus. La chofe m'a été racontée fort sérieufement par différentes perfonnes. Il eft certain que Noftradamus a été pendant quelque tems à Bar-le-Duc, proche Fains; pour la prédiction & ce qui l'a fuivi, je ne les garantis point. Quant au Château, il fubfifte encore, mais beaucoup moins grand & moins beau qu'autrefois : on l'a reduit au logement néceffaire, pour éviter les dépen

fes de l'entretien.

Les Peres Tiercelins ont une Maison à Fains, qu'ils y ont bâtie proche le Château elle fut fondée en 1633. par M. de Florainville Seigneur dudit lieu. L'Eglife eft dédiée fous le nom de Notre-Dame de Bonfecour, les bâtimens en furent achevés en 1635. Il y a dans le Château une Chapelle caftrale, & une autre dans l'Eglife paroiffiale; l'une & l'autre appartenante au Seigneur.

Le R. P. Benoît Picart dans fon hiftoire de Toul, p. 8. 9. dit que l'itineraire attribué à Antonin, met un lieu nommé Fines, qu'il croit être le Village de Fains, fur la route de Reims à Toul, de cette forte:

Durocorto. Reims. Caturices M. P. IX,

Ad Fines M. P. V. Fains.

Nafio. M. P. IX. Naix Tullo M. P. XVI. Toul. Nous croyons que Caturices pourroit être S. Dizier, ou plutôt Chatrice près de là, où il y a une Abbaye de Chanoines Réguliers. Quant ad Fines, il ne fe trouve en cet endroit dans aucun Géographe ancien, que je fache. C'est donc une faute de mémoire, ou d'exactitude du R. P. Picart.

FALKENSTEIN. FALKENSTEIN, ( le Comté de) petitè contrée d'Allemagne, fituée aux confins dú Palatinat; c'étoit autrefois un Fief immédiat de l'Empire; mais l'an 1458. le lundi d'après la faint Erafme, l'Empereur Frideric d'Autriche, donna ce Fief au Duc Jean dè Lorraine, en reconnoiffance de fervices, à la charge de laiffer jouir de la Seigneurie utile, les mâles de la Maison de Falkenstein.

En 1467. le 9. Juin, Jean II. Duc de Lorraine, reprit Falkenftein de l'Empereur. En 1495. le 15. May, le Duc René II. reprit en perfonne, à Worms, Falkenstein, de l'Empereur Maximilien.

En 1609. le premier Octobre, l'Empereur Mathias, donna l'inveftiture de ce Comté au Duc Henri; l'Empereur Rodolphe en fit de même en 1613. & en 1627. l'Empereur Ferdinand II. en inveftit encore Charles IV. le fixième d'Août.

Depuis la donation de Frideric d'Autriche à Jean Duc de Lorraine, Falkenstein devint arriere Fief du Duché de Lorraine, & les Comtes ou Seigneurs de Falkenstein, reçurent l'inveftiture des Ducs de Lorraine. Guillaume Wirich de Falkenftein la reçut folemnellement du Duc Charles IV. dans la Vide de Ville de Worms, l'an 1641. Le Comte de Honthem Manderscheid s'y oppofa, prétendant que ce Hift. TreComté lui appartenoit à cause de fa femme, fille de Stenon Lovenhaupt, & petite fille de P.293. ruë def

Sidonie de Falkenftein.

virenf.i.2.

Longue

Il porta fes plaintes à la Chambre de Spi- cription de re, à la Diéte de Ratisbonne, & au Con- la France grès d'Ofnabrug. Par le traité, on arrêta que partie 2. le Comté de Falkenstein seroit reftitué à qui PP. 411. il appartenoit de droit. Le Comte de Man- 413. C derfcheid entreprit de s'emparer de ce Com- Lorr. t. 3. té par la voye de fait, & en jouit quelque pp. 632. tems.

s'ê

François, Comte de Falkenstein & d'Oberftein, ayant été déclaré felon pour tre ligué avec le Prince Palatin; fut attaqué dans fon château de Falkenstein, pris & dépouillé de ce Comté en 1646. La Reine de Suede intercéda pour fon rétablissement, plufieurs Princes en firent de même, & il fut rétabli dans fa Terre.

Le

Hift. de

644.

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