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Reçoive d'autres ornements :

Car, dans mes craintes pour sa gloire,

Je ne regrette point ici

L'astrologique observatoire
Que Médicis avoit bâti

Pour le chimérique grimoire
De Gauric et de Ruggéri;

Non, c'est déja trop de l'histoire
Pour ces faits dignes de l'oubli,

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Et

que Lawfelt ou Fontenoi

Y gravent l'immortelle gloire

Et les travaux du plus grand roi.
La colonne qu'Apollodore

Jadis érigea pour Trajan

De celle qui nous reste encore
Nous dicte l'usage et le plan ;
Rivale du culte héroïque
Dont Rome honora les vertus,
Que la COLONNE LODOÏQUE

Offre d'aussi justes tributs.

Trop étranger dans l'apanage
Et du Bramante et du Bernin,
Oserai-je de cet ouvrage
Ébaucher un foible dessein?

C'est peut-être une rêverie
Que ma muse crayonnera;
Mais c'est rêver pour la patrie,
Et l'objet me justifira.

Au lieu de la sphere armillaire
Que la colonne éleve aux cieux,
Plaçons l'image auguste et chere
D'un monarque victorieux,
Et que ce phare lumineux
Au-dessus du rang ordinaire
Des monuments de nos aïeux,
Sur le bronze et l'or, à nos yeux
Présente l'astre tutélaire

De tant de triomphes fameux.
Et tandis que ce noble hommage,
Trophée unique en nos climats,
Et digne du goût de notre âge,
Peindra les héros des combats,
Qu'ailleurs une place immortelle
S'éleve au héros de la paix,

Monument brillant et fidele

De l'amour, du respect, du zele,
Et des talents de ses sujets;
Les ministres de Calliope
Y graveront le nom sacré

D'un monarque heureux, adoré,

Et le bienfaiteur de l'Europe.

ÉPITRE

SUR L'ÉGALITÉ.

Tour est égal après les dieux.

OUT

Le même jour, la même argile
Nous donna les mêmes aïeux;
Et malgré ces tributs honteux
D'une dépendance servile,
Que l'opinion imbécille
Paye à des titres fastueux,
Exempte d'un culte hypocrite
La raison ne connoît de rangs
Que ceux que donne le mérite,
Et de titres que les talents.
Sur la liste qu'elle a des hommes,
Peu de noms se trouvent écrits.
Trop souvent les riches lambris
N'enferment que de vains fantômes,
Le vil objet de ses mépris,
Tandis que sous un toit vulgaire,
Loin de l'insolence et des grands,
Aux pieds d'un mortel solitaire

Elle va porter son encens.

Toi, qu'elle suit et qu'elle éclaire,

Toi, qui ne t'es jamais prêté

Aux bassesses de l'imposture;
Toi, dont l'inflexible droiture
N'a jamais encore écouté
Que les regles de la nature

Et que l'austere vérité;

Viens, ami, fuyons les idoles
Que fabriqua la vanité :

Convaincus de l'égalité,

Vengeons contre des dieux frivoles
L'injure de l'humanité;

Et, libres d'un hommage infâme,
Loin de la foule relégués,

Ne distinguons que ceux que l'ame

Et les talents ont distingués.

Quels sont donc aux yeux des vrais sages

Les talents, ce céleste don?

Tout en usurpe les hommages,
Et tout en profane le nom.
Appartient-il ce nom sublime
A tous ces arts laborieux
Nés du luxe qui les anime,
Et du besoin industrieux ?
Ainsi donc confondus sans cesse,
Le hasard, l'instinct et l'adresse,

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