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On voit encore les veftiges de cette fortereffe au village de Luaige fur la rivière de Jaer ou de Jecker, Je-v cora. Il falloit déloger les Romains de ce pofte & foumettre les Barbares , pour pofféder en toute fouveraineté la cité qui étoit comme le berceau de la Monarchie. Clovis réuffit dans cette double entreprise. LA profeffion qu'il fit enfuite de la Religion catholique, lui attacha les Armoriques qui étoient auffi Chrétiens, & lui fraya le chemin des autres contrées jufqu'à la Loire. Procope, de qui nous tenons ce fait important, [d] raporte les hoftilités qui l'ont précédé, & qui probablement regardent plufieurs années. Les Armoriques, depuis l'an 416. qu'ils étoient rentrés pour la plupart fous l'obéiflance de l'Empire, lui étoient demeurés fidèles, dit Procope, & avoient continué à lui fournir des troupes auxiliaires.,, Les Francs, qui confinoient avec les Armoriques, pour les en dé tacher & les foumettre à leur domination, fe préva. lurent de la confufion où étoient les affaires de Ro,, me. D'abord ils fe contenterent de les vexer par ,, des courfes, afin de les amener au but. Mais voy,, ant bien que ces incurfions ne fuffiroient point pour cela, ils leur firent la guerre dans toutes les for,, mes. Tant qu'elle dura, les Armoriques montre,,rent beaucoup de courage & d'attachement aux intérêts de l'Empire. Enfin les Francs s'étant convaincus qu'ils ne pouvoient point exécuter leur pro., jet par la force des armes, ils eurent recours aux ,, voies de la négociation, & ils leur propoferent d'unir les deux nations par une alliance qui les rendit ,, en quelque forte un feul & même Peuple. La pro,, pofition fût acceptée, parce que les Francs qui la faifoient étoient Chrétiens, & que les Armoriques ,, auxquels on la faifoit étoient auffi Chrétiens. La

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(d) Procop. Lib. 1. de bello Goth. Cap. 12.

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puiffance, où cette nation jumelle fe trouve parve, ,, nue aujourd'hui, eft le fruit de l'union dont je parle. Les troupes romaines, qui étoient postées fur la frontière du pays que l'Empire tenoit encore ,, dans les Gaules, fe voyant ainfi coupées, & ne ,, pouvant pas d'un autre côté fe réfoudre à fe jetter entre les bras des Ariens à qui elles faifoient tête, elles prirent le parti de capituler avec les Francs & les Armoriques, au fervice de qui elles pafferent & à qui elles remirent le pays confié à leur garde.,, Il eft yrai que dans le texte de Procope, on lit Arboryques & non Armoriques: mais c'est une faute de copiste, comme le reconnoiffent le Pere Boucher, M. de Valois, M. l'Abbé Dubos & la plupart des fçavans qui ont eu occafion de parler des Armoriques.

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CLOVIS, quelques grands que fuffent fes fuccès, prévit bien qu'il ne regneroit point paisiblement sur la partie des Gaules qu'il avoit foumife, tandis qu'il ne feroit pas Roi de toutes les tribus des Francs. Chacune avoit eu jufqu'alors fon Souverain, qui étoit bien allié, mais non pas fujet du Roi des Saliens. Sigebert regnoit à Cologne, Ragnacaire à Cambrai, Cararie, à ce qu'on croit, dans le pays des Morins; & d'autrés que nous ne connoiffons pas, exercoient ailleurs leur autorité. Clovis vint à bout de s'en défaire & d'engager chacune des tribus françoifes de fe foumettre à lui.

PENDANT qu'il étendoit les limites de fon Royaume, Saint Remi métropolitain de la feconde Belgique, [*] s'appliquoit à rétablir l'ordre dans celui de JefusChrift. Les Huns, les Vandales & les Alains l'avoient cruellement défiguré par leurs ravages. Il ne voyoit dans la plupart des endroits d'autres veftiges du

(*) Voyez Tom. 1. A&t. SS. Belgii pag. 533. & suiv.

Chriflianifme, que les ruines des Eglifes que ces barbares avoient renversées. Un fi triste spectacle animoit fon zèle: mais des obftacles en arrêtoient l'activité. Le baptême de Clovis les rompit. Le faint Evêque fit ufage de la protection que le Monarque des François accordoit à la Religion; il ordonna des Evêques & les envoya dans les Cités de fa Province. Ceux de la première Belgique & des deux Germanies travaillerent également à rétablir les bonnes mœurs & à convertir les idolâtres.

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DE LA FRANCE GAULOISE ET DES
SES DIVISION S.

ARTICLE I.

DE LA FRANCE GAULOISE.

TEL étoit l'état de la Gaule-belgique l'an 511. à la

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mort de Clovis. Ses quatre fils Thierri, Clodomere, Childebert & Clotaire partagerent fes Etats entre-eux. Ce partage, dit Agathias, (e)" se fit en attribuant à chacun des Princes un certain nombre de Cités & ,, un certain nombre de fujets, qui reconnoiffoient l'autorité de Clovis. A ce que j'ai oui dire, les par,, tages furent fi bien faits, que les lots fe trouverent ,, égaux" c'est à dire, que chacun des quatre freres eut dans fon lot autant de territoire & autant de Francs que fes compartageans.

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(e) De rebus Juftiniani Lib. 1.

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