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DE L'ABBAYE DE SABLONCEAUX.

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en pierre, et transporta à Saint-Jean-d'Angély trois 1633. tonnes pleines de papiers et parchemins provenant des archives du monastère.

Gabriel Martel, dernier abbé régulier de Sablonceaux, avait entrepris de relever l'église et les bâtimens de l'abbaye, lorsqu'en 1621, le prince de Soubise acheva de les réduire en cendres. Trois ans après, Raimond de Montagne, président à la sénéchaussée de Saintes, fut nommé abbé séculier de Sablonceaux, à la charge de restaurer cette abbaye. Il n'avait pas encore songé à remplir cet engagement, lorsqu'en 1630 il fut nommé à l'évêché de Bayonne. Enfin, Henri Descoublan de Sourdis, archevêque de Bordeaux, fit relever à grands frais la maison abbatiale et la principale chapelle de l'église de Sablonceaux, et le 25 octobre 1633, il traita de cette abbaye avec messire de Salminiac, abbé de Chancelade, qui envoya aussitôt une colonie de douze chanoines réguliers pour en prendre possession. 1

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Il se passa, à cette occasion, un fait singulier. Les nouveaux venus étaient à peine installés dans le monastère, que les religieux séculiers de Raimond de Montagne s'y introduisirent furtivement pendant la nuit, et forcèrent les chanoines réguliers de Salminiac à vider la place. Ceux-ci, moins nombreux que leurs adversaires, reprenaient déjà le chemin de Chancelade, lorsqu'ils rencontrèrent un seigneur du

1 Gall. Christ. Eccl. Santon., tom. II, p. 1131 et seq. Hugues du Tems, Clergé de France, tom. II, p. 386.

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1633. voisinage qui leur offrit son appui et les engagea à retouraer sur leurs pas, promettant de les rétablir dans l'abbaye. Ce gentilhomme ayant rassemblé quelques cavaliers, se présenta, à leur tête, sous les murs du monastère, et somma ceux qui l'occupaient de vider les lieux, menaçant de mettre le feu à la maison s'ils ne se retiraient. Les moines firent bonne contenance et se montrèrent résolus à défendre vaillamment leur poste. Mais à la première décharge de mousqueterie qui vint ébranler les vitraux de l'abbaye, ils perdirent courage et se hatèrent de capituler. Les portes furent aussitôt ouvertes, et la garnison monastique, sortant en bon ordre, céda la place aux vainqueurs.

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1636. Une lutte d'une autre nature et beaucoup plus sérieuse s'engagea, trois ans après, dans la Haute-Saintonge. Louis XIII et Richelieu, en guerre contre l'Espagne et les Etats-Germaniques, étaient trop occupés pour entendre les doléances des populations écrasées d'impôts et s'agitant sous le poids toujours croissant des édits bursaux et des mesures fiscales. Ces plaintes se changèrent bientôt en cris de colère et de désespoir. De violentes émeutes éclatèrent à l'occasion de l'impôt sur les boissons, et se propagèrent rapidement dans toutes les provinces aquitaniques. Les vignerons de la Haute-Saintonge, de la Guienne, de l'Angoumois et du Poitou se levè

1 Hugues du Tems, Clergé de Fr., tom. II, p. 387. — Dulaure, Descr. de la Saintonge.

DE L'IMPOT SUR LES BOISSONS.

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rent en masse, excités par les Espagnols qui rassem- 1636. blèrent des forces dans la Biscaye et la Navarre, pour franchir les Pyrénées à la faveur de ces mouvemens populaires. L'insurrection, passant des campagnes dans les villes, avait déjà pris un grand développement, lorsque Richelieu lança contre ces nouveaux croquans des troupes commandées par le duc de la Valette. Cette armée, réunie à la noblesse du pays, attaqua les insurgés sur tous les points. Ces malheureux furent massacrés et dispersés après une résistance désespérée, abandonnés par les Espagnols qui ne tentèrent point de les soutenir. 1

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1638. Le soulévement ainsi comprimé laissa après lui une longue irritation dans les provinces, et le mécontentement populaire se manifesta long-temps encore par des luttes partielles et isolées. Ce n'était pas seulement contre l'impôt royal que s'élevaient les murmures du peuple : il avait bien d'autres causes de malaise. Dans plusieurs localités, une pareille résistance fut souvent opposée à l'exercice des droits concédés par la royauté aux corps municipaux.

Des mouvemens de cette nature éclatèrent, en 1638, dans la paisible ville de Saintes, à l'occasion du vieux droit de Souchet ou de Courte-Pinte (quinze sous par tonneau) que la municipalité percevait sur les aubergistes et les taverniers de la ville et de la banlieue. En perdant ses murailles par une mesure de

↑ Mém. du card. de Richelieu, liv. XXVII, ap. Petitot, Coll. tom. om. XXIX, p. 323.

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1638. politique générale, la commune de Saintes avait conservé ses antiques priviléges, n'ayant rien fait qui pût lui attirer le châtiment infligé par Louis XIII aux villes rebelles de la Rochelle et de Saint-Jean-d'Angély. Le 15 avril 1634, maître Pierre Huon, procureur de la maison de ville, avait obtenu de la chambre du conseil de l'Election un mandement pour contraindre les hôteliers réfractaires à payer le droit au receveur des deniers de la commune pour le vin par eux débité dans la cité et les faubourgs. Ce mandement étant demeuré sans exécution par la résistance opiniàtre des taverniers, un nouvel exécutoire fut rendu le 17 février 1658; mais il n'eut pas plus d'effet que le précédent. 1

Les débitans, soutenus par la multitude des consommateurs, se montraient décidés à repousser par la force les mesures de contrainte qui seraient déployées contre eux, et tout faisait craindre une collision funeste. La municipalité ne céda pas néanmoins. L'autorité du bureau de l'Election étant méconnue, elle eut recours à un pouvoir supérieur, et le 1er août, elle fit présenter une requête à M. François de Villemontée, intendant de la justice, police et finance ès pays d'entre Loire et Garonne.

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« Les maire, pairs et échevins de la ville de Sain

1 Mss. archiv. de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély.

2 Nous possédons une médaille en bronze, frappée en 1632 en l'honneur de cet intendant. Elle représente d'un côté la ville de la Rochelle vers laquelle se dirige un vaisseau, avec cette légende : Capiet rursùs hoc auspice portum. De l'autre côté sont les armes

A L'OCCASION DU DROIT DE SOUCHET..

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tes, était-il dit dans cette requête, sont en posses- 1658. sion de percevoir le droit de souchet sur les hôteliers et cabaretiers qui débitent des vins en détail en ladite ville et faubourgs. Néanmoins les hôteliers et cabaretiers ont fait difficulté d'en faire le paiement depuis l'année 1633 jusqu'à présent, parce que les commis des fermes des Aides ont, pour quelque temps, cessé de marquer les vins vendus en détail. A raison de ce, les supplians ont souffert de grands dommages, les habits et livrées des gagés de ladite ville, qui sont payés sur les deniers provenant dudit droit de souchet, n'ayant été payés depuis ledit temps. Ce considéré, il vous plaise, de vos graces, monseigneur, ordonner que les cabaretiers seront contraints, par toutes voies dues et raisonnables, même par corps, au paiement dudit droit, et les supplians prieront Dieu pour votre prospérité. >>

L'intendant de la justice, police et finance écrivit au bas de cette requête : « Soit fait comme il est requis, et les opposans, si aucuns y a, assignés par devant les président, lieutenant et élus de Saintes, les jugemens desquels seront exécutés nonobstant oppositions ou appellations quelconques. Fait à la Rochelle, le quatrième d'août 1638. » L'inter

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de l'intendant avec cette inscription en spirale : Mre F. de Villemontée, cher seigneur de Montaiquillon et de Villenauxe, conseiller d'élat, maître des requêtes el intendant de la justice, police, finance et marine à la Rochelle, provinces et îles d'entre Loire et Garonne.

Mss. archiv. de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély.

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